5. Compétition et vacances
The Gardian Fire (12:27) : Salut Akémi ! Alors, ta recherche de trésor, ça a avancé ? :D
Akéchou (19:29) : Salut ! Non, pas du tout T_T J'ai passé toute mon année à chercher, mais je n'ai rien trouvé -_-' J'en ai marre ! En plus, là, je n'ai pas trop le temps d'y penser... Entre la fin d'année, le brevet et tout... Je vais participer à un tournoi de base-ball, donc on multiplie les entraînements. Avec le Kendo en plus, ça me prend tout mon temps libre...
The Gardian Fire (12:29) : Ah ah ah ! Et le mec qui t'avait fait ce poème, c'est bien le brun dans ta liste d'amis sur Facebook ? Celui qui a commenté ton dernier statut à propos des fleurs de cerisiers ?
Akéchou (19:30) : Ouiiiii ! <3 C'est Aaron <3. Il a fait un compliment sur les photos que j'avais prises à Osaka <3 Trop gentil <3. C'est un con, j'le déteste ! Il m'a abandonné ! Pour la peine, j'crois que je vais me faire bonze. Ça m'irait bien, le crâne rasé, non ?
The Gardian Fire (12:31) : Je vois... Non, ça ne t'irait pas ! Ton Aaron, il vient de m'envoyer un message me demandant d'où je te connaissais :D. J'ai pas encore répondu, mais en fouillant, je viens de réaliser quelque chose de particulièrement intéressant à son sujet...
Akéchou (19:31) : Quoi ? Quoi ? Quoi ? Que c'est un sale con qui m'obsède avec son poème à la con ? :@
The Gardian Fire (12:33) : Non, mais d'après Facebook, on a plusieurs amis en commun (dont toi, forcément...) Il connait des gens que je connais, Je crois que lui et moi, nous sommes destinés à nous rencontrer. Et si mon intuition est bonne, nous partageons quelque chose d'important en commun... (mais j'peux pas l'ajouter sur Facebook comme ça, le quelque chose en question s'en rendrait compte...)
Akéchou (19:34) : Mhhhh, j'peux lui dire de t'ajouter sur Skype, plutôt :o Son compte, c'est « Aar'o-the-wisp ». Mais en échange, j'veux un indice sur son poème ! L'année dernière, tu m'avais dit que tu pensais que le Mon doré avait la forme d'un cercle... C'est quoi, ce cercle ? J'ai cru à l'emblème du clan Tokugawa, mais ça marche pô è_é.
The Gardian Fire (12:34) : Oula, c'est super vieux ! Attends que je me souvienne... Non, tu n'y es pas du tout ! Je persiste et signe, c'est bien un cercle, mais si je t'en dis plus, j'te donne la réponse...
Akéchou (19:34) : Mais comment tu peux en être aussi sûr !
The Gardian Fire (12:35) : Parce que je suis un artiste, moi, môssieur ! :D C'est une histoire de couleur ! Et les couleurs, ça se dessine ;-). Bon, pour t'aider : ton trésor revient encore et encore bien qu'il ne puisse pas être trouvé tout le temps, mais seulement à un moment précis ! Après, je crois qu'il voulait que tu l'observes d'un point de vu bien en particulier mais ne me demande pas où, je n'en ai aucune idée ! Bonne chance !
« Sanshin ! »
Trente-trois degrés à l'ombre. Plus encore sous le soleil. La chaleur étouffante qui s'était emparée du terrain n'empêchait pas les adolescents de se donner à fond. La pelouse à moitié desséchée s'était dotée d'une teinte entre le vert et le jaune. À chaque roulement, les joueurs s'aspergeaient copieusement le crâne d'eau gelée. Seul le chant et grésillement de quelques cigales venait parfois couvrir les cris de joies ou les coups de gueules des remplaçants et entraîneurs. Une très légère brise détournait parfois les balles en l'air. C'était déjà le troisième tour du tournoi d'été.
Au premier et deuxième, Akémi et son équipe avaient eu la chance de rencontrer des adversaires à leur portée. Le coach avait naturellement aligné sa batterie préférée dès le début de chaque rencontre. Jean, normalement en première base, était chargé de remplacer Akito en milieu de partie pour qu'il s'économise, avant de faire son retour sur le monticule pour clore le match. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les deux coéquipiers avaient acceptés d'échanger leurs postes plusieurs fois pour le bien du groupe. En dehors des matchs, ils ne se parlaient plus. Mais l'un et l'autre avaient plus la victoire à cœur que leurs différends.
Accroupi derrière l'attaquant, Akémi s'appliquait toujours avec soin. Il considérait de sa responsabilité d'empêcher tout vol de base et se donnait un mal de chien à anticiper sur la stratégie des adversaires. Plusieurs fois, il avait demandé à Akito de lancer à l'extérieur de la zone de prise, pour déstabiliser les batteurs ou provoquer des fausses balles. Le plus agréable avec le Vietnamo-japonais était sa maîtrise de plusieurs types de lancés : être capable d'envoyer des courbes, des fourchettes et même une très étrange fronde particulièrement déstabilisante compensait la lenteur de sa rapide. Quand il faisait ses signes, Akémi avait l'impression d'être un joueur de Shogi professionnel préparant ses attaques plusieurs coups à l'avance. Quand Jean lançait, par contre, il laissait la tactique au placard et se concentrait sur une seule tache : récupérer les boulets de canon à géométrie variable que lui envoyait son camarade. Certains lui avaient même causé quelques bleus, mais la douleur n'était que peu de choses à côté de son sens du devoir.
Son équipe avait ainsi remporté le premier match huit à cinq et le deuxième onze à dix. Les cris d'encouragement d'Ydaï dans les tribunes n'avaient pas servi à grand-chose, mais avaient été plutôt bien accueillis. Tous les clubs n'avaient pas la chance d'avoir un fanclub, quand bien même il n'était composé que d'une seule personne qui hurlait un bandeau noué au front en faisant s'entrechoquer deux bouts de bois.
Puis le troisième match était arrivé, celui que le coach redoutait le plus, et de loin. Les adversaires du jour provenaient d'un très bon collège qui se qualifiait souvent pour les nationales. À côté, son club associatif faisait office de petit poucet. Pourtant, l'espoir était permis. Un match de base-ball se joue toujours en plusieurs manches. Solidité en défense, agressivité en attaque, il suffisait que tout le monde se sente concerné pour qu'un miracle se produise.
Malheureusement, il fallait parfois aussi compter sur le destin. Lors de la deuxième manche, Akito sentit son épaule le faire souffrir. Dès la troisième, il demanda un remplacement qui ne devait intervenir normalement que lors de la quatrième ou cinquième. Cette après-midi-là, il ne revint jamais sur le monticule. La douleur, causée par une bête tendinite contractée à l'entraînement était trop forte. Fièrement, il avait refusé d'en parler au coach en pensant qu'elle ne la gênerait pas pour lancer. Un faux mouvement avait presque bloqué son bras, et ce fut en larmes, une serviette sur la tête, qu'il assista du banc à la fin du match.
Même tous les efforts de Jean ne suffirent pas à empêcher le naufrage. Son style de lancer faisant appel à toute sa force était très exigeant et rapidement éreintant pour l'organisme. S'il était particulièrement efficace sur de courtes manches, plus elles duraient et se succédaient, plus ses balles se faisaient lentes. De par son incapacité à faire varier leur trajectoire, ses adversaires arrivèrent rapidement à déjouer ses lancers, et Akémi ne put qu'assister impuissant à leurs nombreux coups gagnants sans rien pouvoir y faire. Le match se termina sur trois strikes, ceux qu'il subit alors qu'il était à la batte. Mais même s'il avait réussi à frapper, cela n'aurait rien pu changer à la situation. L'écart en point était déjà trop important. Son équipe était éliminée.
Après le match, personne n'osa vraiment prendre la parole. Personne ne chercha à rejeter la faute sur qui que ce soit. Même Jean pleura. C'était la dernière fois qu'ils jouaient tous ensemble, et même lui ressentait quelque chose de douloureux. En seconde, il rentrerait en France. Il en était sans doute fini du base-ball pour lui. De son côté, Akito fut inconsolable. Il culpabilisait et prenait sur son compte la défaite collective. On lui avait fait confiance et il avait déçu ses partenaires. Même si personne ne le pensait vraiment, les langues ne se délièrent pas pour le réconforter. La défaite avait été trop cruelle. Seul Akémi se jeta dans ses bras pour s'excuser :
« Je suis ton receveur ! C'était à moi de me rendre compte que tu avais mal ! »
La scène, étrange, stoppa les larmes d'Akito. Avec cette tendre chose à califourchon sur ses cuisses et la tête collée contre sa poitrine, il était bien trop étonné et gêné pour chialer. Finalement, après quelques secondes d'hésitation, il fit les deux seules choses qu'il avait vraiment envie de faire : serer contre lui le pauvre idiot qui lui servait de partenaire et lui embrasser nerveusement le front.
« Baka ! »
L'avis des médecins fut assez tranchant : la petite tendinite était en réalité assez grosse. Akito se vit conseiller beaucoup de repos et une pause dans son activité sportive jusqu'à la rentrée. Frustré et son bras en écharpe, il passa plusieurs après-midis chez Akémi avec Ydaï et Cécile. Ensemble, les quatre camarades s'organisèrent des sorties au zoo, au cinéma et à Akihabara. L'adolescent aux yeux de chats voulait absolument envoyer quelques gâteaux et bonbons nippon à Aaron, en Suisse.
« En Suisse ? Mais il n'était pas censé être en France, celui-là ? », demanda Akito avec un certain dédain.
Akémi répondit par un silence. Tout juste tourna-t-il la tête de gauche à droite plusieurs fois. Son cher camarade déménageait encore une fois, comme si souvent dans sa vie. Et une fois encore, il laissait quelqu'un derrière lui. Heureusement pour les nerfs du Franco-japonais, leur discussion à ce sujet n'avait eu lieu qu'après l'élimination de la compétition de base-ball, sans quoi il aurait été incapable de jouer.
Le quelqu'un en question s'appelait Kilian. Il était blond et plutôt mignon. Aaron disait de lui qu'il était gentil, un peu béta mais pas idiot, généreux et très naturel. Il en était tombé amoureux dès le premier regard, avant que ne commence un jeu du chat et de la souris de plusieurs mois. Leur relation affectueuse avait été officialisée peu avant leur séparation, à cause d'une nouvelle mutation de Gérard, le père du brunet.
En apprenant la nouvelle par webcam de la bouche même du principal intéressé, Akémi avait beaucoup pleuré, autant de joie que de tristesse. D'une certaine manière, il était rassuré et heureux de voir qu'Aaron avait tracé sa route et s'était autorisé ce type d'aventures particulières. C'était ce qu'il avait toujours souhaité. De l'autre, il aurait naturellement préféré être 1'un des principaux protagonistes de cette histoire. En être exclu lui avait fait mal et, surtout, réaliser qu'en deux ans, ses sentiments n'avaient pas changé d'un pouce. Son cœur s'était emballé. Doucement, il avait refermé son écran d'ordinateur et été allé se coucher, sans réussir à trouver le sommeil. Toute la nuit, il avait chialé la tête collée à son édredon. Puis, le lendemain matin, il avait relu en boucle une cinquantaine de fois le poème qui lui était destiné. Rarement le « petit joyaux » s'était senti aussi mélancolique. Aaron avait continué à vivre de son côté, là où lui se sentait toujours bloqué dans le passé. Il était encore prisonnier de ses mots. Résoudre l'énigme lui semblait être la seule solution de s'en libérer.
En aout, comme l'année précédente, Akémi se rendit en vacances avec sa sœur sur l'île de Miyajima, où l'attendait son grand-oncle Ohjiro et son auberge. Il y allait l'esprit léger, en attendant de rentrer en seconde.
Pendant son séjour, l'adolescent passa le plus clair de son temps à flâner dans les rues en Yukata, à nourrir les daims, à observer le paysage, à manger des glaces et à se détendre dans le rottenburo. Une serviette pliée sur la tête, il se plaisait à flotter sur le dos dans un bain sulfureux bouillonnant après s'être frotté, savonné et rincé à la douchette. Tous les soirs, c'était le même rituel. Complétement nu comme le voulait la tradition, il laissait sa peau de jeune garçon en pleine puberté respirer. Lui aussi commençait à changer. Sa voix n'était plus aussi douce qu'avant. Une certaine pilosité naissait près de son entre-jambe, ce qu'il trouvait particulièrement disgracieux. Il grandissait. Heureusement, son épiderme restait doux, son visage avait toujours des airs enfantins et son sourire était toujours aussi charmeur. De mignon, il avait l'impression de devenir beau. Avec ses airs d'idoles, il pensait même pouvoir s'inscrire dans une agence de mannequins au lycée, devenir une star de la chanson ou du doublage et le fantasme gay de toute une génération d'adolescentes bercées au yaoï et au shonen-aï. Réalisant à quelles absurdités il était en train de penser, il expulsa tout l'air de ses poumons jusqu'à ce que sa tête s'enfonce sous le liquide bouillant. Là, il resta bien une vingtaine de secondes le visage sous l'eau à ne penser à rien d'autre qu'à une petite musique qu'il aimait tant. Il ne risquait rien. Tout autour de lui, il y avait toujours du monde : des enfants s'amusant à chahuter sans habits pour les restreindre ; un vieux monsieur aux traits souriants et au corps marqué par le temps et les cicatrices ; un gaijin un peu gêné à l'idée de se dévêtir en public mais suffisamment curieux des coutumes locales pour s'exécuter ; un bel adolescent qu'Akémi préférait ne pas regarder dans les yeux ni dans l'entrejambe, ce qu'il aurait bien aimé faire pourtant... les bains vivaient, et lui, il somnolait en apnée. Une main l'attrapa par l'épaule et le tira hors de l'eau.
« Aké-chan, arrête de plonger ta tête, tu vas prendre un coup de chaud et tu risques de t'évanouir ! »
« Pardon, Ohjiro-Oji-san ! J'vais faire attention... Mais, tu m'as surpris, c'est rare que tu viennes dans le bain aussi... »
Le visage souriant, le vieil homme caressa la tête du jeune garçon. Il était vrai qu'en tant que propriétaire de l'établissement, il ne profitait des installations que tard le soir, après sa journée de travail, quand les clients dormaient déjà. Mais là, il avait une bonne raison de déroger à sa règle routinière : passer un peu de temps avec son petit-neveu et profiter de sa présence avant que ce dernier ne rentre à Tokyo. Cet enfant, le petit-fils de son frère, lui était particulièrement important. Il l'avait toujours été, depuis son plus jeune âge. Le vieil homme l'adorait, tout comme il adorait le pays dont il était à moitié issu, la France. Les traits de l'adolescent lui rappelaient toujours d'intenses souvenirs, ceux où, jeune, il avait parcouru le monde.
Ohjiro Takamura était né à Hiroshima, quelques temps après la seconde guerre mondiale dans une ville en pleine reconstruction. Même si son clan était originaire de l'île de Miyajima, l'homme n'avait pu y voir le jour. En vertu d'une règle sacrée, il était interdit d'y naître et d'y mourir. C'était pourtant là, à l'ombre du mont Misen et des érables qu'il avait passé son enfance, dans l'auberge familiale dont il avait aujourd'hui la propriété. Pour lui, autant le torii flottant que la Pagode Goju-no-to avec ses cinq étages et sa couleur rouge éclatante faisaient partie des plus belles choses au monde. Ce ne fut que jeune adulte qu'avec son frère, il avait quitté son île. Ensemble, ils voulaient découvrir l'Europe et sa gastronomie, dans l'idée de ramener au pays de nouveaux plats capables de séduire les touristes. C'était avant tout une excuse que les deux jeunes hommes avaient trouvée pour convaincre leur père de financer leur expédition, dès la fin de leurs études. Ohjiro s'était passionné pour l'Histoire, notamment celle moderne de son pays, pour obtenir des réponses sur la guerre, celle dont ses parents ne voulaient jamais lui parler mais qui pourtant les avait touchés dans leur sang et dans leur chair. Ses pérégrinations l'avaient mené à Londres, Milan et surtout Paris. Là, il était tombé triplement amoureux : du coq au vin, des œuvres d'un artiste japonais nommé Takanori Oguiss qu'il avait fréquenté sur la butte Montmartre et de Jeanne, une jeune étudiante un peu folle et révoltée qui lui avait appris deux choses : que le français était une langue magnifique à manier et qu'on trouvait toujours la plage sous les pavés.
Puis, apprenant que son père était gravement malade, Ohjiro était rentré en laissant ses amours derrière lui mais en gardant toujours une certaine tendresse pour ce pays dans lequel il avait passé ses plus belles années. Puis il s'était marié à une amie d'enfance, un mariage qui s'était terminé dans la douleur en 1995. Quelques années plus tard, lorsque naquirent tour à tour Cécile puis Akémi, symboles involontaires de l'union des deux pays les plus chers à son cœur, il s'était laissé à une larme et avait ressorti le vieux Bescherelle qui lui avait servi à apprendre quelques conjugaisons compliquées et dans lequel il avait conservé quelques lettres et mots doux. À chaque fois qu'il observait le visage de son petit-neveu et de sa petite-nièce, c'était toujours la même tendre mélancolie qui s'emparait du corps du vieil homme. Il les adorait. Surtout le garçon, en fait, qui à ses yeux, ressemblait trait pour trait à l'enfant qu'il aurait eu si seulement il avait épousé Jeanne. Il avait son sourire en tout cas.
Profitant de ce bain commun, l'adulte et l'adolescent discutèrent beaucoup. Ohjiro adorait poser des questions, en français, sur les études que suivait Akémi. Ce dernier, poliment, répondait tantôt dans la langue de son père, tantôt dans celle de sa mère, et parfois, il mêlait même les deux dans la même phrase. Ce qui l'avait le plus marqué cette dernière année avait été la défaite en base-ball, devant le voyage à Osaka. De fil en aiguille, il en arriva à évoquer le poème d'Aaron, qu'il déclama par cœur. C'était la première fois qu'il en parlait à un membre de sa famille autre que sa sœur, d'ailleurs. Tout ce qui touchait à son orientation et à ses amours lui semblait tabou. D'abord surpris par certaines révélations murmurées la bouche à moitié sous l'eau, Ohjiro haussa les épaules. Il était bien trop vieux pour juger les goûts et couleurs de son petit-neveu. Et puis, dans la famille, c'était un secret de polichinelle. Sa tentative de venir au collège en jupe en cinquième avait fait le tour de toutes les oreilles de l'île. Akémi le rassura sur ce point : il n'avait plus du tout envie d'être une fille, il ne l'avait même jamais vraiment souhaité. Cela avait été pour lui avant tout un moyen d'attirer l'attention d'un garçon qui semblait à l'époque ne s'intéresser qu'à l'autre sexe. Aaron. L'idiot qui lui avait écrit ce foutu poème. Demandant à l'entendre une nouvelle fois dans le détail et qu'on lui traduise en japonais certains mots qu'il n'avait pas entendus depuis bien longtemps, Ohjiro ouvrit béatement la bouche. Akémi interpréta cette réaction comme une indication que son grand-oncle ne comprenait strictement rien. Soupirant, il s'en alla à ses dernières hypothèses en tapotant de la main sur la surface de l'eau.
« Les fines particules blanches, iceberg... Au début, je pensais qu'il parlait juste de la couleur, mais en fait, ça serait plus logique qu'il parle de neige. Du coup, p'têt qu'il veut que j'aille à Hokkaido en été... Mais même, c'est grand, Hokkaido ! »
Perdu dans ses pensées, Ohjiro n'écouta pas vraiment ce que racontait l'adolescent. Il était trop occupé à se répéter certains passages. Ce ne fut qu'une fois sûr de lui qu'il s'écria :
« OKINAWA ! »
Complétement surpris, Akémi glissa et s'enfonça dans le liquide bouillant. En en ressortant la tête, il dévisagea le vieil homme et lui demanda de s'expliquer ! Là, il ne voyait pas du tout quels indices pouvaient mener à l'archipel le plus au sud du pays où les mariés allaient souvent passer leur lune de miel à cause de la mer et du soleil. Ne pouvant s'empêcher de rire, Ohjiro éclaboussa son petit-neveu pour l'énerver. Ce ne fut que lorsqu'Akémi fut rouge comme une fraise qu'il accepta de lui expliquer d'où venait sa fulgurance :
« Sur l'iceberg foulé par les Marines ! The United States Marine Corps ! Les soldats Américains pendant la guerre du pacifique ! C'est loin, mais je me souviens avoir étudié ça quand j'étais jeune... Iceberg était le nom de l'opération pour le débarquement à Okinawa ! »
Strike out en japonais. Quand un joueur, au baseball, est sorti après trois lancers sans avoir touché la balle.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top