Chapitre 3 : Le Karma du Squale
« Ne me dis pas... commence-t-elle choquée.
— Effectivement, j'habite ici... réponds-je ennuyé.
— Remarque, quand on y pense, ça sera pratique pour préparer nos TP ensemble... réfléchit-elle en toute innocence.
— Hein ? »
Elle parle sérieusement là ? Elle compte venir s'incruster chez moi ou l'inverse pour ça ? Jamais je pourrais faire une chose pareille ! Je vais définitivement passer pour un pervers si je l'invite chez moi !
« Oui, y'a un espace commun au rez-de-chaussée tout équipé. Il y a aussi des ordinateurs à disposition pour faire des recherches, ce sera pratique vu qu'on doit travailler ensemble. Et puis, on pourrait même s'entraider en cas de difficultés. Enfin, peut-être que ça te dérange et que tu préfères travailler avec tes amis ?
— Ah ! Non, non, c'est une bonne idée ! Pourquoi pas ! Ha ha ! »
Cette fille est bien trop pure tandis que moi, je pense à tort et à travers... Je suis définitivement un pervers malgré moi... Mais en y réfléchissant bien, son idée n'est pas bête d'autant plus que l'on est amené à travailler ensemble toute l'année.
Je me rends compte ensuite qu'il est l'heure pour moi et lui indique que je dois me retirer pour aller travailler. A ce moment, elle m'esquisse un large sourire et s'incline légèrement pour me saluer. La politesse même... Rien à voir avec l'image négative que je m'étais faite au premier jour.
Plus tard dans la soirée, mon manager m'appelle pour sortir un client ivre de la salle car il perturbe les personnes qui sont venues manger ici tranquillement. Il ne me faut que peu de temps pour le mettre dehors, le soulevant d'un seul bras jusque vers l'extérieur. Puis je le vois tituber un peu plus loin et s'installer sur un banc. Une de mes collègues sort avec de l'eau dans un gobelet et va lui donner afin de l'aider à dessaouler. L'homme la remercie puis se met à boire tranquillement.
« Je le connais, dit-elle en revenant. Si on ne lui file pas un coup de pouce, il a tendance à revenir et vu le monde qu'on a ce soir, on ne peut pas se permettre de te faire faire le videur jusqu'à la fin de ton service.
— Hum, merci. Il faut dire que le menu spécial automne a du succès...
— Oui, l'ayant moi-même goûté, je peux t'assurer qu'il est excellent !
— J'essayerai peut-être à l'occasion... »
Je reviens au comptoir et me remet à servir jusqu'au moment où je me demande jusqu'où mon karma compte-t-il me pourrir ma journée. Eh oui, encore elle...
« Oh. C'est donc ici que tu travailles ? Demande Aya en souriant d'un air gêné. Désolée, je l'ignorais. J'ai l'habitude de venir ici car le wi-fi est meilleur que chez moi...
— T'as pas à te justifier, tu sais... réponds-je.
— Je ne voudrais pas que tu croies que je t'ai suivi... dit-elle mal à l'aise.
— Non, pas du tout... Beaucoup d'étudiants viennent manger au fast-food en soirée, tu n'es ni la première ni la dernière tête familière que je rencontrerai ici. Alors tu commandes quoi ? »
Aya esquisse de nouveau un grand sourire pour indiquer son soulagement puis me commande un simple milk-shake avant de filer s'installer quelques tables plus loin. Là, elle sort un ordinateur portable, pose un casque sur ses oreilles et commence à pianoter. Pourquoi faut-il que je vois le mal là où il n'y en a pas ?
Plus tard, je reconnais quelques visages familiers : Sasori, Deidara, Tobi et Zetsu. Surpris de me voir, ils semblent ravis et s'empressent de venir prendre leur commande vers moi.
« Hey, je savais pas que tu bossais ici ! S'exclame Deidara. Bon, autant commander vers toi. Heureusement que Kakuzu n'est pas là sinon il ferait son possible pour que tu lui offres le repas...
— J'espère alors qu'il ne vient jamais ici... soupire-je en imaginant la scène.
— Non, c'est encore trop cher pour lui, ha ha ! Bien, vous avez choisi ce que vous vouliez manger ?
— Moi, ce sera comme d'hab ! S'exclame Tobi de son air simplet. Hey, ma belle plante, tu veux le menu végétarien, j'imagine ?
— Ferme-la Tobi... »
Tobi a beau être un idiot fini, c'est quand même lui qui sait mettre l'ambiance dans la bande. Après, je ne comprends pas en quoi il peut être lié à la famille d'Itachi. Certes, ils étaient très accueillants et aimables dans mes souvenirs mais rien à voir avec la débilité finie de ce type. S'il n'y avait pas eu cette frappante ressemblance physique, n'importe qui aurait pu penser qu'il avait été adopté. Sa mentalité est si différente, voyant tout avec une légèreté infinie, que j'ai dû mal à le mettre dans la case « Uchiha ». Itachi est un véritable taciturne, son petit frère également mais ce Tobi... C'est l'exact opposé de son cousin.
« Viens vers nous quand tu prendras ta pause, okay ? On va réviser un peu ensemble là ! »
Deidara est gentil bien qu'un peu... bizarre et parfois entreprenant. Quant à Sasori, il reste muet comme une carpe et ne déboise pas un mot, c'est même le blond qui a passé commande pour lui, à ma plus grande surprise. A ce stade-là, ce n'est plus de l'introversion mais de l'insociabilité !
Plus tard dans la soirée, après un service bien éprouvant, mon manager me dit enfin de prendre ma pause. Ayant faim, je me prends un menu et vient m'installer auprès de mes nouveaux camarades qui discutent avec animation.
« Sasori, un jour, j'espère que tu comprendras le sens de mon art ! Je suis quelqu'un de passionné et je ne te permets pas de critiquer mes œuvres !
— Pourtant, je ne considère pas ceci comme de l'art... répond le taciturne.
— Moi, j'aime bien ton art, Deidara-senpai ! S'exclame Tobi en levant les bras au ciel. Tu es un vrai artiste !
— Vous ne pouvez pas la mettre un peu en sourdine ? Tonne Zetsu en buvant une étrange boisson verte qu'il avait sortie de son sac.
— Beurk ! Mais qu'est-ce que c'est que ce breuvage ? S'exclame Tobi choqué. Je suis sûr que c'est le sang de tes sœurs, les plantes vertes !
— Je vais vraiment t'assommer ! Menace son camarade.
— Plus sérieusement, c'est quoi cette boisson verte ? Demande Deidara en jetant un regard intrigué vers la bouteille.
— Un smoothie, répond Zetsu en soupirant. Un simple smoothie avec quelques fruits, légumes et une touche d'aloe vera...
— Tu vois, je te l'avais bien dit qu'il avait sacrifié ses propres sœurs pour faire son cocktail. Zetsu, c'est un vampire, un tueur de végétaux !
— T'as signé ton arrêt de mort là, vu la tête qu'il tire... »
Zetsu se redresse et écrase son poing sur la tête de Tobi qui se met à geindre auprès du blond en lui expliquant qu'il était beaucoup trop violent. Au moins, ma pause a été animée et cela m'a fait du bien de rire un moment avec eux. Mais l'heure tourne et je dois reprendre mon service...
Les clients commencent à se raréfier du fait de l'heure tardive. Mes camarades finissent par quitter le restaurant de leur côté et me saluent de loin en partant. Ils ont de la chance de ne pas avoir besoin de travailler pour payer leurs études mais moi, n'ayant pas de famille, je ne peux pas me le permettre alors je dois me débrouiller seul.
Un peu plus tard, c'est au tour d'Itachi de venir chercher à manger. Lui aussi semble surpris de me voir ici mais ne pose aucune question contrairement aux autres personnes. Il me passe commande d'une voix calme et posée comme à son habitude.
« Tiens, j'ai vu ton cousin tout à l'heure, il était avec Zetsu, Sasori et Deidara, explique-je en prenant sa commande.
— Hum oui, ils traînent souvent ensemble ceux-là. Surtout Zetsu et Tobi. Ils sont amis depuis longtemps, faut dire...
— Ah bon ? Pourtant, on dirait que Zetsu ne le supporte pas, dis-je surpris.
— Zetsu est souvent ronchon mais il est un ami proche de Tobi, peu importe le cinéma qu'il fait... répond Itachi dans un soupir.
— Son cinéma ?
— Tobi aime beaucoup faire l'idiot mais il n'a rien d'un idiot en réalité. Il a été démontré qu'il était surdoué. Pas besoin pour lui de réviser de longues heures pour obtenir d'excellents résultats, il a souvent été premier de la classe. Le fait qu'il fasse l'idiot, c'est juste parce qu'il redoute d'être pris pour un type trop sérieux et puis, il est très maladroit en société alors il se fait souvent remarquer...
— Oh, je vois. Rien à voir avec l'idée que je me faisais de lui, tu vois. Mais je le trouve plutôt sympathique pour être honnête. Je trouve juste les gens parfois un peu dur avec lui.
— L'école lui enlève momentanément le poids de venir de la prestigieuse famille Uchiha, tu vois. Ses obligations s'envolent quand il est là.
— Oui c'est vrai que vous venez d'une grande famille... OK, je comprends mieux.
— J'ai vu que la fana de requins était là, elle te stalke ou quoi ?
— Ah euh... Non... Elle a l'habitude de venir ici, apparemment.
— Tiens, tu discutes avec elle en plus ?
— En fait, c'est ma voisine... Je l'ai découvert ce soir en partant au boulot...
— Oh je vois... Bon eh ben bon courage avec ta stalkeuse ! Bonne soirée ! »
Mon teint s'empourpre bien malgré moi. Je lui ai pourtant dit qu'elle n'avait rien d'une stalkeuse, non ? Comme c'est embarrassant, j'espère qu'elle n'a rien entendu... Fort heureusement, je vois qu'elle porte toujours son casque sur les oreilles et ne fais pas attention à moi alors je suppose que oui.
Plus tard dans la soirée, l'heure de la délivrance arrive finalement et je peux donc troquer mon uniforme – qui a dû être fait sur mesure pour moi du fait de ma taille – contre mes vêtements habituels. Pour un Japonais, je suis démesurément grand et il est impossible pour moi de trouver des tenues à ma taille dans le commerce. Soit je fais importer des États-Unis soit je fais fabriquer sur mesure, ce qui me provoque bien des dépenses supplémentaires qu'un individu normal n'a pas à prévoir.
Lorsque je retourne en salle pour prendre le chemin de la sortie, je reconnais ma pseudo « stalkeuse » qui est toujours en train de travailler derrière son écran. Il est vraiment tard, n'est-ce donc pas risqué pour elle de rentrer chez elle seule à des heures pareilles ?
Voyant que quelqu'un s'est stoppé non loin de sa table, elle lève enfin les yeux vers moi puis arque un sourcil en retirant son casque.
« Déjà fini ton service ? Demande-t-elle en souriant.
— Oui mais toi ? Il est super tard, tu devrais rentrer...
— Ah ? S'étonne-t-elle en consultant sa montre puis en tressaillant. Oh mince, je n'avais pas vu l'heure ! Effectivement, je ne vais pas tarder du coup...
— Bien, je t'attends alors...
— Eh ? Mais pourquoi ? Lâcha-t-elle embarrassée.
— Je ne trouve pas ça très prudent de te laisser rentrer seule à une heure pareille... réponds-je machinalement. Allons, dépêche-toi sinon on va rater le dernier train et je n'ai pas très envie de faire le chemin à pied... »
Une nouvelle fois, elle esquisse un large sourire et s'empresse de ranger ses affaires avant de me rejoindre. On marche côte à côte dans la rue mais là encore, elle reste muette comme une carpe, c'en devient vraiment gênant. La tête basse, elle semble perdue dans ses pensées jusqu'au moment où elle prend enfin la parole.
« Je suis désolée...
— Pourquoi ?
— Tu vas finir par croire que je te stalke... Mais je n'ai vraiment pas vu l'heure...
— Arrête donc de t'excuser, je t'ai dit qu'il n'y avait pas de mal et que je savais que tu ne me suivais pas.
— Entre ça et ma panoplie requin, tu dois vraiment croire que je suis fan de toi... Mais je t'assure, t'es vraiment pas mon genre de mec... »
Et bim, prends encore ça dans tes dents, le requin ! La journée a été difficile, je n'ai pas besoin qu'on m'achève en fin de soirée ! Je n'ai jamais eu espoir de pouvoir draguer quiconque et encore moins une aussi jolie fille. Ah mince, je l'ai dit. Mais c'est la vérité, en dehors de son style bizarre, elle est vraiment belle et ses yeux vert anis sont envoûtants. Pourquoi de telles pensées me traversent l'esprit alors qu'elle marche à mes côtés ?
« J'éviterai de revenir... souffle-t-elle soudain. Je comprends que ça puisse être embarrassant. Je peux tout à fait travailler depuis chez moi.
— Mais tu vas arrêter, oui ? Lance-je agacé. Je t'ai dit qu'il n'y avait aucun problème ! Tu es libre de faire ce que tu veux !
— Les filles à l'école... Elles pensent que je suis amoureuse de toi... C'est vraiment gênant... soupire-t-elle. Je ne voudrais pas leur donner davantage de raisons d'y croire, tu vois. Quand je te vois, ben je vois juste une personnification de ma trousse, c'est marrant mais ce n'est en rien attirant. Désolée.
— T'étais pas obligée d'être aussi cash... marmonne-je blasé.
— Désolée, le tact, c'est pas mon fort...
— J'avais remarqué...
— Enfin, tout ça pour te dire que t'es vraiment pas à mon goût. D'ailleurs, tu sens la frite là, j'ai l'impression de marcher à côté d'un fish & chips...
— Mais tu vas arrêter de m'en foutre plein la tronche, oui ? Je te rappelle que je bosse dans un fast-food et NON, je ne suis pas issu d'un croisement avec un requin ni d'aucun autre poisson !
— Ah mince, désolée... »
Finalement, après avoir pris le train, chacun de nous repart dans sa chambre respective après s'être salués. Je m'empresse de rejoindre la salle de bain pour prendre ma douche. En sortant de la cabine – affreusement étroite pour moi – je passe de longues minutes face à mon miroir. J'ai la chance d'avoir un physique avantageux mais cette carnation bleutée, ces dents, ce visage... Tous ces éléments représentent des obstacles bien trop importants à surmonter pour espérer un jour finir en couple... Bah, après tout, je ne suis pas venu étudier ici dans le but de me caser alors haut les cœurs !
Mais une chose est sûre, je ne verrai désormais plus le fish & chips d'un même œil...
D'autant plus qu'on en sert au fast-food dans lequel je travaille...
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