Chapitre 2 : La Morsure du Squale
Cela fait désormais une bonne semaine que j'ai retrouvé les bancs de l'école. Ce n'est pas toujours évident de gérer les cours et mon travail le soir mais je n'ai pas le choix car je n'ai personne pour payer mon loyer ou mes repas. Dans deux ans, je serai libéré de tout cela et il ne restera que le travail, un job bien payé, j'espère.
J'ai fini par rejoindre la bande la plus populaire d'Akatsuki. Rapidement, j'ai pu prendre conscience d'à quel point ces types ont du succès auprès de la gent féminine. C'en est presque flippant. Les filles sont également jalouses de Konan qui fait partie de la bande et qui, ô mon Dieu, a le culot de sortir avec Pein, le beau ténébreux à la voix rauque ! Pour avoir entendu ces idiotes jacasser sur notre passage, j'ai pu entendre quelques bribes de leurs discussions stériles. A mon plus grand désarroi.
« Regarde-la... bougonne une rousse qui mange une sucette de façon disgracieuse. Elle est hyper hautaine cette meuf ! Depuis qu'elle sort avec Ikari, c'est encore pire... Mais qu'est-ce qu'il fiche avec elle, sérieux ?
— Moi je préfère Sasori... piaille une blonde à côté d'elle. Il est tellement calme et mignon !
— Eh ? J'ai entendu dire qu'il était gay ? Enfin, ce ne sont que des rumeurs mais à mon avis, tu perds ton temps... Deidara est pas mal aussi ! Oh et Hidan ! Haaaan il a un corps parfait !
— Ah ça, je peux pas dire le contraire ! Par contre, qu'est-ce qu'il est moche, Kakuzu ! En plus, c'est une vieille râpe, ce mec ! Tu savais qu'il avait tenté de se faire rembourser son dessert l'autre jour au ref ?
— Sérieux ? Quel naze celui-là ! Bon niveau mocheté, y'a pire... Regarde un peu le nouveau de la bande, il ressemble à un requin. Même ses dents sont affreuses !
— Arrête, je crois qu'il nous entend !
— Mince... Allons plus loin ! »
Le discrétion est visiblement en option chez ce genre de personnes. Est-ce que toutes les filles sont pareilles ? Et sérieusement, ils n'ont pas trouvé mieux depuis la maternelle ? Non parce que j'ai compris que je ressemblais à un requin. Oui ! Je suis l'homme-requin, la bête de foire du campus ! Trouvez autre chose, franchement !
Puis en détournant la tête, mon regard se pose sur ma voisine de table, vous savez, la fanatique de requins... Si je devais la comparer avec les pimbêches que j'ai entendues un peu plus tôt, je dirais qu'elle se trouve aux antipodes de ce genre de filles. Non, vraiment. Vêtue d'un baggy et d'une veste noire et bleue, elle est assise sur un banc et mange avec appétit un pain à la crème. Manger est un bien grand mot, je dirais plutôt « bouffer ». Jamais vu une fille aussi peu glamour qu'elle. Elle me surprend tous les jours.
Le pire, c'est que je m'attendais à une vraie pipelette en cours mais non, elle est silencieuse comme un tombe et passe son temps à prendre ses notes à la perfection ou à griffonner dans les marges de ses cours. Quand elle n'écrit pas, elle est toujours dans la lune à rêvasser et finit par se faire réprimander par les profs lorsqu'ils l'interrogent. Cette fille n'a aucune logique. Moi qui rêvais de calme à l'origine, il y a des moments où je m'ennuie tellement que je finis moi-même par parler mais elle n'est vraiment, vraiment pas bavarde...
« Oh je sais ! S'exclame la rouquine. L'autre face de squale, je le verrais bien avec la folle aux requins ! Je suis sûre qu'elle a choisi de s'installer à côté de lui en cours pour le draguer.
— Déconne pas, je suis assise vers eux, c'est plutôt lui qui la drague. Elle, c'est une vraie coincée, elle déboise pas un mot !
— Oh la pauvre, ça craint... Nan parce que faut vraiment avoir la dalle pour vouloir sortir avec un mec pareil ! T'imagines, sortir avec ce type, c'est comme vivre dans un film d'horreur au quotidien. Et avec des dents pareilles, il t'embrasse pas, il te croque direct ! »
Je n'ai pas de mots... Heureusement que je suis habitué aux critiques depuis toujours sinon, de tels propos me blesseraient sincèrement. Aya a relevé brièvement la tête d'un air stoïque, les a regardées, m'a regardé puis s'est replongée dans sa lecture sans mot dire. Elle a sorti ses écouteurs et a même mis de la musique, probablement pour ne plus les entendre. Quelle bonne idée... Puis une main se pose sur mon épaule, me faisant tressaillir et je tombe nez à nez avec le visage rieur de Deidara.
« N'écoute pas ces pimbêches, elles ignorent probablement le plaisir de se faire croquer par un mec comme toi, lance-t-il en me faisant un clin d'œil. Elles ne savent juste pas ce qu'elles ratent ! »
Sa réplique m'a pris de court et ma seule réaction est de le regarder d'un air interloqué et incapable de prononcer un mot. Deidara a volontairement parlé suffisamment fort pour que tout le monde entende, ce qui a le don de me plonger dans un embarras sans fin... J'aimerais être une minuscule petite souris et me cacher dans un trou, loin d'ici... Mais non, je mesure un mètre quatre-vingt-quinze et je dépasse tous mes camarades d'au moins une tête... Les pimbêches se tournent vers nous avec surprise et ne savent pas trop comment réagir. Deidara est gay ou quoi ? Et ce type ? Ils sont ensemble ?
« T'étais vraiment obligé ? Chuchote-je.
— Je vous entends dire des choses pas très jolies-jolies sur mon pote, hm... Lance le blond en s'avançant. A défaut de faire preuve de bon sens, essayez au minimum de vous faire discrètes. Je sais que la flamme de l'intelligence n'est pas venue éclairer votre lanterne à la naissance mais sérieusement, faites-vous oublier. Ce n'est pas la première fois que je vous entends cracher sur notre bande ou fantasmer sur certains d'entre nous aussi alors vous êtes prévenues, la prochaine fois, on sera beaucoup moins conciliants à votre égard. Par ailleurs, je tiens à préciser qu'aucun d'entre nous ne souhaiterait sortir avec l'une d'entre vous. Pas même Kakuzu que vous trouvez « moche » ou Kisame que vous jugez « affreux »...
— Deidara a raison, ça fait plusieurs fois que je vous entends insulter Konan, lâche Pein de sa voix terriblement profonde. Je ne tolérerai pas davantage d'insultes de votre part. Que ce soit au sujet de ma copine ou de mes amis.
— Ouais et Kisame ne mord pas, déjà ! Il est doux comme un agneau ! Lâche Tobi en cassant toute l'ambiance que ses camarades avaient instauré quelques instants plus tôt.
— Sérieux, Tobi, t'es vraiment obligé de la ramener ? Soupire Deidara blasé.
— Je défends mon ami ! Kisame est un type bien ! Il est gentil, il m'a même prêté un stylo ce matin ! »
L'ambiance lourde jusqu'à ce moment se détend tout à coup. Je vois les visages crispés jusqu'alors, se retenir d'éclater de rire. Je savais que Tobi était le clown de la bande mais là, franchement, il me tue littéralement. Plus personne n'a de répartie et les deux garces, après avoir soupiré d'un air hautain, se dirigent vers la sortie du bâtiment et s'éloignent en se parlant à voix basse.
Bon, au moins, elles ne sont pas prêtes de revenir. Cependant, l'intervention de Deidara puis de Pein me laisse... perplexe. Je viens de me faire défendre par ces types telle une demoiselle en détresse. J'ai mal à ma fierté, là, pour être honnête. Pire encore, Tobi m'a vraiment mis la honte... Histoire d'enfoncer le clou, ma mémoire me rappelle soudain que je n'ai jamais embrassé une fille alors je ne suis même pas capable de confirmer que non, effectivement, je ne mords pas... Mais pourquoi je pense à ça, moi ?
Plus tard, nous entamons nos premiers travaux pratiques en binômes. On commence par de l'optique qui nous oblige à nous installer par groupes dans de petites cabines obscures pour pouvoir manipuler des lentilles, des prismes... Notre travail du jour consiste à fabriquer l'hologramme d'une pièce de monnaie en orientant correctement une source lumineuse, des miroirs et des lentilles afin de pouvoir l'observer.
Aya prend des notes sur son carnet requin et réfléchit silencieusement à la solution. A première vue, ce travail semblait amusant mais il s'avère vite compliqué. Je dois reconnaître que je suis également un peu distrait et mes yeux sont attirés par la panoplie requin. Elle a dû être gênée par les remarques des autres idiotes...
« Que les choses soient claires entre nous : je n'ai ni un trip sur les requins, ni sur toi, ok ? T'es sympa mais t'es franchement pas mon genre de mec... »
Donc, effectivement, les remarques l'ont affectée. Elle me fixe intensément de ses grands yeux verts brillants en attendant une réaction de ma part.
« Pour ce qui me concerne, je n'ai aucun doute là-dessus par contre, pour ta panoplie requins... Je suis un peu perplexe...
— Bon... C'est pas spécialement les requins que j'adore mais cette marque est sympa, en fait... Mais ce n'était peut-être pas une bonne idée d'acheter la panoplie complète...
— En effet...
— Elle est marrante ma trousse requin, regarde, elle a les mêmes dents que toi ! S'exclame-t-elle soudain en souriant.
— Oh pitié, je ne veux plus entendre parler de mes dents, là...
— J'avoue que ton pote n'est pas allé dans la dentelle... A croire qu'il aimerait bien être mordu par toi...
— Hé c'est quoi ces allusions ? M'offusque-je.
— Ben les vampires et tout... Y'a des gens qui ont vraiment des trips là-dessus ! Franchement, je comprends pas. »
Ah, cette fille est beaucoup trop pure pour avoir la moindre allusion osée, fort heureusement... Moi par contre, je passe limite pour un pervers, pour le coup... A la voir me parler naturellement, je comprends qu'elle est beaucoup plus à l'aise en tête à tête que lorsque tout le monde est présent. Et au final, on arrive à avoir une discussion plutôt sympathique après avoir levé le semblant de quiproquo entre nous.
Après les cours, il me reste une petite heure avant de prendre mon service. Pour m'aider à payer mes dépenses, je travaille au comptoir d'une chaîne de fast-food. Il m'a été difficile de décrocher un poste du fait de ma carrure impressionnante mais ce boulot est arrivé telle une bénédiction tandis que j'étais prêt à baisser les bras et oublier mes études. Visiblement, ils peinent à recruter du monde car le travail est difficile et les gens souvent désagréables. Bien entendu, grâce à mon apparence, peu de personnes ne viennent me chercher des histoires. L'ennui, c'est que parfois, je joue aussi le rôle de staff sécurité lorsqu'il y a des soucis qui ont tendance à s'envenimer avec des clients peu courtois voire totalement irrespectueux...
Le bâtiment dans lequel je vis est d'un gris sale assez tenace, les murs probablement encrassés par la pollution citadine depuis bien des années. L'intérieur est ancien mais relativement propre : une salle commune au rez-de-chaussée avec des tables, des chaises, des canapés, des baby-foots et même une bibliothèque afin que les étudiants puissent avoir un endroit où se retrouver. Mais comme je ne connais encore personne, je ne fréquente pas du tout cet endroit.
Mon studio se trouve au quatrième étage. Heureusement, il y a un ascenseur qui permet de s'y rendre car le déménagement aurait pu être compliqué dans le cas contraire. Je tourne la clé dans la serrure puis entre dans la petite pièce faisant office de salon, cuisine et chambre. Mon lit se trouve juste sous la petite fenêtre, sur la droite. En face se trouve un coffre en plastique avec un petit téléviseur écran cathodique. Au fond, il y a une porte coulissante donnant sur ma salle de bain composée d'une douche, d'un lavabo et d'un wc. Sur la gauche, une petite kitchenette équipée, un micro-ondes et un petit réfrigérateur ainsi qu'une petite table et une chaise en bois sombre. Mon mobilier est ancien car tout est de la récupération. En tant qu'étudiant, je n'ai pas la possibilité de m'offrir du moderne alors tout est d'occasion ou cédé par des proches.
Après avoir pris une douche, je me réchauffe une gamelle que je me suis préparée la veille et mange rapidement tout en regardant quelques vidéos sur internet. Avant de m'habiller, je prends le temps de donner à manger à mon unique animal de compagnie : un poisson rouge bêtement nommé Sushi dans un bocal que j'ai équipé au fil des années. C'est actuellement l'un de mes rares divertissement en dehors de mon planning chargé... Plus tard, j'espère pouvoir avoir une grande maison avec un jardin et un bassin avec des carpes koï.
Je vois qu'il est quasiment l'heure d'aller prendre mon train alors je m'empresse de mettre ma veste et de sortir de chez moi. J'ai la chance de pouvoir me rendre à l'université à pied mais ce n'est malheureusement pas le cas pour mon travail.
Je n'ai jamais rencontré aucun de mes voisins mais l'un d'eux décide de sortir en même temps que moi de la porte sur ma droite et... Avais-je mentionné que j'avais un karma pourri ? Bien, maintenant que c'est dit, continuons. Je me détourne pour saluer cette personne et me retrouve face à... Aya... Oui, Nikaru Aya, la fanatique de requins...
Maudit karma, quand tu nous tiens...
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