Chapitre 13 : Aya, le Squale et le Quiproquo

[[ Illustration par Pixiv Id 2500549 ]]

« Lâche-le. »

Je me détourne vivement en repoussant Etsuko, reprenant mes esprits tout en faisant face à une Kumi visiblement furieuse. Est-elle jalouse ? Je pensais qu'elle avait tourné la page et ne cherchait plus à me séduire ? D'un autre côté, je me sens plutôt honteux qu'elle m'ait pris sur le point d'embrasser une fille pour qui je n'ai aucun sentiment.

« Dégage de là, toi ! S'enflamme aussitôt Etsuko en reprenant son air habituel. Tu ne vois pas que tu déranges ? J'étais sur le point de conclure si tu ne l'avais pas compris !

― Que tu veuilles te mettre en couple, c'est une chose, commence Kumi en me lorgnant avec colère tout en ignorant sa rivale. Mais que tu te mettes par dépit avec la pire pouf que ce monde ait pu engendrer, c'en est une autre ! Peut-être as-tu besoin que je te rafraîchisse les idées ? Continue-t-elle en faisant craquer ses poings.

― Non mais je rêve, pour qui est-ce que tu te prends, sale...

― Toi, je t'ai pas sonnée, la coupe l'Uchiha en lui décochant une baffe mémorable tout en s'avançant vers moi sans me quitter des yeux. Alors, Kisame ?

― Ah... certainement... désolé... soupire-je en baissant les yeux.

― OK, no problemo. »

Prenant son élan et avant même que je ne puisse l'éviter, elle me lance un violent coup dans la mâchoire. Honnêtement, je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'effectue... Pire encore, je suis surpris par sa force alors qu'elle semble si frêle en apparence...

« Hey ! Ça fait mal ! Bougonne-je en massant ma joue endolorie.

― C'était le but recherché. C'est bon, tu as retrouvé tes esprits et réalisé la connerie monumentale que tu t'apprêtais à faire ? J'ai accepté de tourner la page car j'avais compris que je ne faisais pas le poids face à Aya mais certainement pas pour que tu finisses avec une garce pareille ! T'as perdu la tête ou quoi ? S'égosille-t-elle.

― Toi, lance finalement Etsuko avec rage. Tu vas me le payer, tu vas voir !

― Oh ! Et tu comptes faire quoi ? Lui répond finalement ma camarade.

― Je... Je vais me plaindre de toi !

― Wow, je suis tétanisée. Mais ne t'en fais pas, te plaindre, tu le fais déjà à merveille, pas besoin d'en remettre une couche, tu sais. Maintenant, dégage, on a une conversation sérieuse là et elle ne te concerne pas.

― Tu vas voir...

― Oui, oui, on a compris, j'en frémis d'avance. Cette fois, dégage. »

Kumi a prononcé ses paroles sur un ton si calme qu'il semble avoir déstabilisé Etsuko. Si bien qu'après l'avoir dévisagée furieusement, elle finit par se retirer.

« Pourquoi ? Me demande-t-elle. Tu n'as jamais été désespéré de te mettre en couple, il me semble.

― Non... Je ne sais pas ce qu'il m'est passé par la tête... balbutie-je mal à l'aise.

― Tu aimes Aya, non ?

― Elle ne m'aime pas... Sinon...

― Est-ce que tu l'aimes OUI OU NON ? Hurle-t-elle au point que j'en suis étonné.

― OUI ! Mais je te l'ai déjà dit, non ? J'essaye juste de passer à autre chose là...

― Avec une garce qui ne bave que sur ta musculature, j'espère que c'est juste une blague ?

― Elle m'a déstabilisé... Je ne m'y attendais pas, ok ? Réponds-je encore plus gêné. Je n'avais pas envie de l'embrasser...

― Oh et elle t'a forcé ? Mon pauvre petit chéri, c'est vrai qu'avec sa carrure de Hulk, elle impressionne la petite Etsuko. De quoi faire trembler notre Kisame du haut de son mètre quatre-vingt-quinze... Je compatis...

― Tu peux arrêter de te foutre de ma gueule s'il te plaît ? Lui reproche-je agacé.

― Réponds-moi juste : à quel point aimes-tu Aya ? Demande-t-elle de nouveau en me fixant intensément.

― ... Ah... Tu le sais...

― A QUEL POINT ? Insiste-t-elle hors d'elle.

― J'ai l'impression que peu importe ce que je ferai, je ne pourrai jamais l'oublier. Dès que je ferme les yeux, je la vois dans ma tête. Je revois ce baiser qu'on a brièvement échangé. Je revois son sourire étincelant. Elle me manque... Affreusement.

― Bien... souffle-t-elle en se détendant avant de se retourner. Alors, convaincue ? Maintenant, je pense que vous avez des choses à vous dire.

― Kumi... Je suis juste en pause là, je dois reprendre mon service...

― Oh ! Alors je vais patienter là avec ta dulcinée. Pas vrai, petit oiseau ?

― Petit oiseau ?

― File et ne sois pas en retard, je suis fatiguée, moi ! »

De retour au guichet, je constate que les deux filles sont entrées et se sont installées à une table après avoir commandé le fameux cacao auprès d'une de mes collègues. Aya ne m'a pas regardé et le fait qu'elle m'ait également surpris sur le point d'embrasser Etsuko me met plus que mal à l'aise. Comment lui parler après un tel malaise entre nous ? Il y a tellement de sujets sensibles entre nous que je ne sais pas par quoi commencer. Je lui dois des excuses, c'est certain.

Une chose est sûre, jamais je ne me serais attendu à ce que Kumi et Aya ne sympathisent. Kumi m'a semblé prête à tout pour me reconquérir à son retour et je vois que finalement, elle a vite jeté l'éponge. Il faut dire qu'en dehors de sa personnalité extravagante et explosive, c'est une fille au grand cœur qui s'attache facilement aux gens.

La fin du service me semble interminable tant je ressasse toutes les erreurs que j'ai commises et toutes les excuses que je souhaite présenter à Aya. Pire encore, je ne sais pas trop comment elle va réagir en me faisant face, si elle va me gifler, se mettre à pleurer ou bien esquisser son sourire habituelle. La dernière proposition me semble tout à fait improbable mais l'espoir fait vivre, dit-on.

En fin de soirée, je rejoins les filles qui m'attendent à la sortie du bâtiment. Kumi ne s'éternise pas et s'éloigne dès qu'elle m'aperçoit approcher de leur position. Elle m'esquisse un large sourire puis, après un signe de la main, fait demi-tour et se dirige vers l'arrêt de bus le plus proche.

A ce moment précis, mon cœur se met à battre à la chamade car je ne sais pas du tout ce qui m'attend et encore moins ce que ressent Aya. Son regard ne se pose même pas sur moi et elle marche silencieusement à mes côtés, contemplant parfois le ciel étoilé s'étalant au-dessus de nos têtes. C'est une magnifique soirée, bien que la fraîcheur ne commence à se faire ressentir. Le joli discours bien tissé dans mon esprit semble s'évaporer sous la tension et je n'arrive pas à articuler un seul mot.

« Je suis désolée, fait-elle soudain sans me regarder.

― Désolée ? M'étonne-je en me détournant vers elle. Mais pourquoi ? C'est moi ici qui devrais m'excuser !

― Je suis partie subitement sans la moindre explication ce soir-là, explique-t-elle la tête basse. Mais sache juste que mon absence ensuite n'est en rien liée à toi.

― Et l'ecchymose sur ton visage ? A quoi il est dû ?

― Une porte. Je me suis pris une porte, répond-elle en dirigeant son regard vers la route.

― Te fous pas de moi... Je ne te crois pas !

― Je me suis LITTERALEMENT pris une porte ! Pourquoi est-ce que personne ne me croit ? C'est la vérité !

― Tu t'en es pris une, oui mais certainement pas une porte ! Ne me prends pas pour un idiot !

― Arf, j'ai comme une impression de déjà vu... Mais c'est vrai, sauf que... On me l'a volontairement refermée sur moi. Mais je ne suis pas sûre de vouloir parler de tout ça, je ne voudrais pas que tu me juges et...

― Je ne ferais jamais ça et je suis un peu déçu que tu me voies comme ça, d'ailleurs... Mais si tu ne souhaites pas en parler, je ne compte pas te forcer. Sache juste que peu importe ce que tu me diras, mon opinion de toi restera inchangée.

― Hum... Ok... »

Nos pas nous ont guidés dans un parc à mi-chemin entre le fast-food et le campus, nous permettant de nous asseoir un moment pour discuter calmement. Après une longue hésitation et un bref regard hésitant, Aya toussote légèrement avant d'entamer son récit. Elle a toujours vécu avec sa mère depuis sa naissance, n'ayant pas vraiment connu son père qui les a quittées alors qu'elle était encore très jeune.

Rapidement, les deux ont dû faire face à des difficultés financières si bien que sa mère s'était alors demandé comment subvenir aux besoins de son enfant. Finalement, elle a jugé bon de faire de nouvelles rencontres en vue d'un potentiel mariage pouvant leur apporter cette stabilité qui leur manquait cruellement. Rapidement, sa mère a rencontré un homme qui était bien sous tous les angles et avait conquis sa belle-famille. Ayant une bonne situation, elle avait estimé qu'un mariage était la suite naturelle à leur belle histoire si bien commencée.

Cependant, après le mariage, l'homme en question a commencé à montrer un nouveau visage : celui d'un homme accro au jeu qui passait une bonne partie de son argent dans sa « passion ». Sa mère ayant trouvé un emploi convenable, elle s'était retrouvée rapidement entraînée dans la spirale infernale, voyant son compte bancaire vidé chaque mois par cet individu toxique.

Aya avait tenté maintes fois de la raisonner afin qu'elle le quitte mais sa mère ne voulait rien entendre. L'homme en question n'était heureusement pas violent, mais totalement absent du cadre familial et consommant l'argent du foyer, ce qu'Aya ne pouvait accepter mais sa mère avait peur de se retrouver de nouveau seule.

Récemment, Aya avait reçu un appel de sa mère évoquant une dispute ayant dégénéré entre eux si bien que sa fille s'était précipitée chez elle afin de tenter une nouvelle d'extirper sa mère de cette pitoyable existence qu'elle menait. Cependant, une fois sur place, la dispute était encore montée d'un cran, incluant le bleue également.

« C'est comme ça que je me suis pris cette porte. Il était furieux et cherchait un moyen de stopper ce conflit pour retourner ensuite jouer tranquillement de son côté. Alors il m'a poussée et a refermé la porte sur moi. Ou plutôt contre moi. J'imagine qu'il n'a pas voulu en arriver là puisqu'il avait l'air un peu gêné après coup et est parti sans demander son reste mais ma mère était hors d'elle. Finalement, elle m'a demandé de revenir sur le campus car elle refusait de me voir gâcher mes études à cause de ses histoires. Mais je l'ai eue au téléphone hier soir et à priori, ce petit incident lui a ouvert les yeux. On ne touche pas à sa précieuse fille, tu sais. Elle m'a dit qu'elle était en contact avec un avocat pour engager une procédure de divorce... Je suis soulagée...

― Je vois, c'était donc ce que tu me cachais... soupire-je quelque peu soulagé. J'ai imaginé tellement de choses après ton départ... Et franchement, te juger pour ça ? Ce serait bien idiot de ma part, tu n'y es pour rien !

― Merci Kisame... Tu es toujours si compréhensif avec moi, j'apprécie sincèrement.

― C'est normal... Je suis content de voir que tu me fasses suffisamment confiance pour me raconter tout ça... dis-je en lui esquissant un semblant de sourire.

― Oui... Maintenant Kisame, lance-t-elle soudain. Je pourrais savoir ce qui t'a poussé dans les bras d'Etsuko ? Tu ne t'étais jamais intéressé à elle et voilà que...

― Ce n'est pas ce que tu crois ! M'exclame-je. Enfin, pas tout à fait. Enfin... Elle a demandé à me voir ce soir alors je l'ai rejointe pendant ma pause et là, elle s'est déclarée en s'excusant de son comportement. Je ne m'attendais pas à ça de sa part, pour être honnête. Après son discours, elle a voulu m'embrasser. Et j'ai eu comme un moment d'absence, à ne pas savoir quoi faire avant de penser bêtement que je n'avais plus rien à perdre vu que tu m'avais rejeté... Mais je n'aime pas Etsuko, vraiment...

― Désolée que tu aies pensé ainsi. Ton physique n'a rien à voir avec tout ça, bien au contraire, tu... Tu me plais sincèrement. J'avais juste peur... Que tu me juges... C'était idiot...

― Alors disons que nous sommes deux idiots incapables d'exprimer leurs sentiments correctement et sans malentendu, conclus-je en levant les yeux vers le ciel.

― Oui, je crois bien... fait-elle en souriant puis en m'imitant.

― Maintenant que le malentendu est levé, que penses-tu de reprendre là où nous nous sommes arrêtés la dernière fois ? » propose-je après hésitation.

Se détournant dans ma direction après avoir brièvement écarquillé les yeux de surprise, je vois un fin sourire s'étirer sur son visage tandis que son teint commence à s'empourprer. Plus décidé que jamais, je passe une main contre sa joue avant de déposer un baiser timide sur ses lèvres puis un second plus long et passionné. C'est ensuite avec regret que je me sépare d'elle. Il me semble avoir attendu ce moment depuis une éternité pourtant, nous ne nous connaissons que depuis peu à l'échelle d'une vie. J'ai espoir que ce n'est que le commencement d'une belle histoire entre nous et que rien, ni personne – pas même Etsuko – ne pourrait nous séparer.

J'avais espoir de vivre ma vie d'étudiant le plus paisiblement possible et je sais désormais que cela sera possible aux côtés d'Aya. Cette simple pensée suffit à faire chavirer mon cœur car je ferai de mon mieux pour la rendre heureuse et éviter que ce sourire qui m'est si précieux ne s'efface un jour...

__________

Vous l'aurez compris, on touche à la fin de cette histoire :)
On se retrouve donc au plus vite (enfin, on va essayer lol) pour l'épilogue !
J'espère que ce dénouement vous aura plu (ou pas trop déçu sinon ^^)

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