Chapitre 12 : Kumi passe à l'action !

[[ Illustration par Invisibleninja12 ]]

Les cours sont devenus étrangement calmes depuis le départ d'Aya. J'ai beau me répéter continuellement que je n'ai aucune chance avec elle, je n'arrive toujours pas à me la sortir de la tête. Son sourire me manque cruellement et surtout, surtout... Ce baiser que nous avons échangé ne cesse de me hanter. Elle ne m'a pas repoussé, j'en suis persuadé. J'aimerais comprendre ce qui l'a poussée à fuir ensuite.

Mes journées s'écoulent lentement aux côtés d'une Kumi qui tente de me réconforter de son mieux, m'ayant assuré à plusieurs reprises qu'elle ne cherche pas à me reconquérir, qu'elle souhaite juste que je me sente mieux. Tobi semble tout aussi convaincu de la bonne volonté de sa cadette, affirmant qu'elle avait décidé de jeter l'éponge après avoir pris conscience de ce lien s'étant créé avec Aya.

Puis un beau matin, alors que tout le monde s'installe, j'entends quelqu'un frapper timidement à la porte et entrer dans la salle d'un air gêné : Aya. Après deux semaines d'absence, elle refait finalement surface. Alors que je me dis qu'il serait peut-être temps de mettre les choses au clair entre nous, je me rends compte d'un changement dans son attitude. Habituellement souriante et joviale, elle semble fatiguée, triste et malheureuse. Ce n'est quand même pas dû à ce qu'il s'est passé entre nous ? Puis, comme de nombreuses personnes présentes dans la salle, je ne peux m'empêcher de constater un hématome sur sa joue qu'elle a tenté de camoufler tant bien que mal avec du fond de teint.

« Mademoiselle Nikaru, tout va bien pour vous ? Demande notre professeure inquiète.

— Ah... Oui, oui ! Tout va pour le mieux ! Pardon pour le retard, je suis rentrée ce matin seulement...

— Bien, mais passez me voir à mon bureau après le cours s'il vous plaît.

— B... Bien, Madame... »

S'il y a bien quelque chose que je dois clarifier avec elle, c'est l'origine de cet hématome sur son visage. Mais est-ce que cela ne paraîtrait pas étrange de parler après ce différend entre nous ? Évidemment mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour elle alors je veux bien surmonter ce malaise en moi juste pour m'assurer de son bien-être.

Plus tard, nous nous rendons en salle de travaux pratiques de chimie. Mon regard peine à quitter sa silhouette si bien que Kumi me rappelle à l'ordre afin que nous ne prenions pas de retard sur notre analyse.

« Allons Kisame, un petit effort, la chromatographie sur couche mince, c'est de loin le sujet le plus facile cette année, j'aimerais vraiment avoir une bonne note...

— Excuse-moi... Où est-ce qu'on en est, au juste ?

— Je t'avais demandé de tracer les lignes de repère sur les papiers...

— Et je n'ai pas commencé...

— En effet, c'est bien ce que je te reproche. »

Soudain, je sursaute lorsqu'un cri retentit au fond de la salle. Me détournant, je reconnais Aya qui grimace après s'être renversé une solution sur le bras. Itachi l'aide en passant son poignet sous l'eau avant que l'enseignant n'intervienne et ne demande à quelqu'un de se porter volontaire pour accompagner Aya à l'infirmerie afin qu'elle puisse soigner sa blessure. Alors que je suis sur le point de me porter volontaire, je suis devancé par Kumi qui s'exclame qu'elle allait l'accompagner sous le regard quelque peu méfiant de le bleue qui la dévisage avec surprise.

« Si tu fais le moindre faux pas, tu vas me le payer, lui chuchote-je à l'oreille en l'attrapant par le poignet avant qu'elle ne s'éloigne.

— Ne t'en fais pas, tout ira bien ! » siffle-t-elle en m'esquissant un large sourire.

Puis les deux s'éloignent en silence avant de disparaître de mon champ de vision...

***

« Ne cours pas si vite, petit oiseau*, je ne vais pas te mordre... lance Kumi en suivant Aya.

— Pourquoi t'es-tu portée volontaire ? S'enflamme soudain le bleue. Si c'est pour me parler de Kisame...

— Ce n'est pas mon intention, vos histoires ne me concernent pas, souffle l'Uchiha en tournant la tête.

— Alors c'est quoi ton but ? Tu devrais être ravie, il est tout à toi maintenant alors ne viens pas m'énerver...

— Tu te trompes, petit oiseau, il ne sera jamais à moi et j'ai renoncé à lui. Lui, il n'a pas renoncé mais ça, c'est votre problème. Par contre, tu n'es vraiment pas douée avec ton maquillage, tout le monde a vu cet hématome que tu as caché sur ta joue avec certainement un fond de teint bas de gamme.

— Ah... C'est rien, je me suis pris une porte, rien de bien méchant.

— Te fous pas de ma gueule, tu t'en es pris une, c'est évident. Mais certainement pas une porte.

— De quoi je me mêle ? Aboie soudain Aya en se détournant vivement.

— Je le sais parce que j'ai eu un copain comme ça par le passé, il a fait ça une fois, pas deux. Il ignorait que je pratiquais des sports de combat, il a fini minable... Je peux t'apprendre quelques prises si tu veux ?

— Ce n'est pas mon copain et je n'ai pas envie d'en parler.

— OK mais promets-moi que tu ne laisseras plus jamais cette personne lever la main sur toi ?

— Pourquoi est-ce que tu fais ça ?

— Peut-être suis-je trop bête, tout simplement. Mon binôme est déconcentré et ce même ami est malheureux en ce moment. S'il met un doigt dans ton histoire, il risquerait de s'attirer des ennuis, de gros ennuis. Pour protéger les gens qu'il aime, Kisame serait prêt à tout. J'espère sincèrement qu'il croira en ton histoire de porte. En attendant, laisse moi corriger ton maquillage sinon, on va avoir des questions en arrivant à l'infirmerie.

— OK... Merci... »

Le soir suivant, Aya rentre chez elle après avoir fait quelques courses pour remplir son réfrigérateur. Cependant, lorsqu'elle voit une silhouette appuyée contre sa porte, elle ne peut empêcher un frisson parcourir sa colonne vertébrale avant de finalement reconnaître... Kumi.

« Sérieusement, tu comptes me harceler ? S'emporte la bleue fâchée.

— En fait, j'ai beaucoup réfléchi à notre échange et... »

La Nikaru tressaille en entendant la porte de son voisin se déverrouiller et tout comme ce dernier deux semaines plus tôt, elle s'empresse d'ouvrir son logement et d'y pousser vivement Kumi avant de refermer le battant et de s'appuyer contre.

« Hum, j'ai comme une impression de déjà vu... marmonne-t-elle en levant les yeux au ciel.

— Qu'est-ce que tu me veux à la fin ? Se fâche Aya.

— Parler, juste parler. Hum, c'est vrai que tous ces logements sont identiques. Outre les meubles, j'ai l'impression d'être chez Kisame.

— Si c'est pour venir me narguer, tu peux rentrer chez toi. Je me fiche de savoir ce que vous fricotez dans son appartement...

— Oh ! Non, ne t'inquiète pas, il n'a d'yeux que pour toi, petit oiseau ! Mais je me demandais si tu n'avais pas rejeté Kisame à cause de la personne qui t'a blessée. Un copain manipulateur ? Un cadre familial pourri ?

— On ne t'a jamais dit que tu étais hyper intrusive ? Soupire Aya.

— Bien sûr que si mais... Je me sens... Touchée par ton histoire et... Je dois reconnaître que tu as l'air plutôt sympa comme fille. Lorsque Kisame parle de toi, je ne peux m'empêcher de penser que tu es une fille bien.

— Kisame... Parle de moi ?

— On dirait que j'ai touché une corde sensible... fait remarquer Kumi avec un léger sourire.

— Je n'ai pas de copain. Mais en effet, un cadre familial un peu pourri. Je ne veux pas impliquer qui que ce soit dans mes histoires, c'est pour ça que j'ai rejeté Kisame.

— Mais tu l'aimes, non ? Demande l'Uchiha captivée.

— Si je l'aime... Je crois bien que oui... En vérité, je me suis maudite d'avoir stoppé ce baiser... Je... Mais je ne veux pas qu'il découvre mon histoire.

— Kisame est persuadé que tu le trouves laid. Sans parler de sa bande d'imbéciles qui ont évoqué ses dents ou mon crétin de frère qui l'a comparé à un plateau de sushis...

— Oh... Non... Pas du tout... Kisame est... Oh mon Dieu... Il me plaît énormément sur tous les plans et quand on s'est embrassé, j'ai cru que je n'allais pas m'en remettre tant mes sens ont été secoués...

— Alors sois honnête avec lui, c'est un grand garçon avec un cœur en or, je suis sûre qu'il ne te jugera pas à cause de ton cadre familial pourri. Oh et tiens, c'est un tube d'avance du fond de teint que je t'ai mis ce matin, ça te permettra de cacher ton hématome. Et fais en sorte que ce soit la dernière fois que tu en aies besoin, okay ?

— Merci Kumi mais je ne suis pas sûre de comprendre pourquoi tu fais tout ça pour moi ?

— Je crois que j'aimerais qu'on soit amies, tout simplement. Et ne laisse pas cette garce d'Etsuko tourner autour de Kisame, j'ai vraiment envie de la frapper ! Si Kisame finit avec elle, je risque d'avoir des envies de meurtre !

— Ha ha... Merci Kumi...

— Pas de soucis, petit oiseau ! A demain ! »

***

Je soupire profondément. Ce soir, le fast-food semble être encore plus animé que d'habitude. Probablement avec le nouveau menu d'hiver qui vient d'arriver. Beaucoup d'étudiants viennent tester le nouveau cacao réconfortant aromatisé avec de la cannelle et d'autres épices. Évidemment, je croise de nombreux camarades de classe et bien entendu, Etsuko ne manque pas à l'appel.

« Salut Kisame, je vais tester la nouvelle boisson dont tout le monde parle s'il te plaît.

— Je te prépare ça, tu veux autre chose avec ça ? Réponds-je étonné de n'entendre aucune allusion sur mon physique ou autre.

— Je prendrai une gaufre et si tu as un peu de temps après ça, on pourrait parler quelques minutes ?

— Euh... Pourquoi ?

— Ce ne sera pas long, promis !

— Bon... D'accord, j'ai ma pause dans quinze minutes, si ça peut attendre jusque là...

— Super, je t'attendrai alors ! »

Son regard habituel si insistant est normal. Son attitude... Normale. Est-ce que toutes les filles de mon entourage ont décidé de cesser d'être détestables ? Ou bien ont-elles réalisé que tout était fichu avec Aya et tentent-elles leur chance en essayant de l'imiter ? Bon d'accord, je réfléchis peut-être un peu de trop... Ce n'est pas le genre d'Etsuko d'être ainsi et quant à Kumi, je la connais depuis suffisamment long pour la croire quand elle me dit qu'elle a décidé de laisser tomber sa traque perpétuelle. Après tout, nous avions été bons amis avant de sortir ensemble et imaginer retrouver cette amie-là me ferait plaisir. Bien que je sois conscient que plus rien ne sera jamais comme avant, je ne compte pas me bercer d'illusions et je tiens à respecter le lien qu'elle établira par la suite.

« Voilà, c'est l'heure de ma pause, qu'est-ce que tu voulais me dire ? Demande-je sans trop de tact, faut-il le reconnaître.

— Écoute Kisame, commence-t-elle en gardant les yeux rivés vers le sol un moment avant d'affronter mon regard. Je... Je sais qu'on n'a jamais pris le temps de vraiment discuter et surtout, nous n'avons pas commencé sur de bonnes bases. Je voulais déjà te dire que j'en étais désolée. Je n'ai jamais eu l'habitude d'être rejetée et je l'avais mal pris au commencement puis je me rends compte que j'ai été stupide. Je regrette de m'être comportée comme une garce avec toi, j'espère que tu me pardonneras un jour. Au delà de ton physique qui m'avait conquise au premier regard, au fil du temps, j'ai réalisé que tu étais une personne formidable et plus j'apprends à te connaître... et plus je sens que... je tiens à toi. Tu as certainement une vision assez désagréable de la personne que je suis mais j'aimerais sincèrement que tu me donnes une autre chance et que l'on apprenne à se connaître... »

Sur ces mots, Etsuko se rapproche timidement de moi, les joues légèrement empourprées. L'une de ses mains se plaque délicatement sur ma hanche tandis que l'autre se porte vers mon visage, l'effleurant avec tendresse. Mon cerveau semble tourner à vide car je ne sais pas quoi faire. C'est quoi ce revirement de situation ? Et Aya ? Je n'ai même pas pris le temps de tirer les choses au clair avec elle ! Et si... Et si elle m'aimait au final ? Mais ne suis-je pas en train de perdre mon temps à rêver d'un happy ending avec elle ? Le temps me semble s'arrêter et je ne suis pas sûr de vouloir embrasser ces lèvres qui se rapprochent lentement mais sûrement des miennes. Et puis après tout, pourquoi pas, je ne peux pas rester un homme brisé éternellement...

« Lâche-le. »

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*Note: parmi les nombreuses significations du prénom Aya, on retrouve "oiseau" en hébreux. Dans cette histoire, Kumi s'intéresse beaucoup aux significations des noms et prénoms (bien que cela ne soit pas mentionné) et ayant souvent entendu parler d'Aya par l'intermédiaire de Kisame et étant plutôt intriguée par cette nouvelle camarade, elle a tout naturellement cherché le sens de son prénom (pourquoi pas, vous me direz...).

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