Chapitre 9 : Une Pièce Unique

[[ Illustration par Combo (Pixiv 128440) ]]

Aya reprenait peu à peu ses esprits mais son corps n'était désormais plus qu'une souffrance continue. Elle ignorait où elle se trouvait mais elle se doutait déjà que ses instants étaient comptés. Sa vision était floue mais elle constata qu'elle se trouvait dans un lieu très sombre et que seule une vaste lumière bleutée flottait au-dessus d'elle. Se concentrant davantage sur ce qui l'entourait, elle réalisa que cette lueur n'était autre que celle générée lors du processus d'extraction d'un bijuu de son jinchuuriki.

Levant les yeux, elle se crispa lorsqu'elle reconnut la silhouette du Kazekage baignant dans cette masse lumineuse tandis qu'une aura rougeâtre s'extrayait de son corps. Alors c'était à cela qu'elle avait contribué en infiltrant le village de Suna ? Sa gorge se noua en pensant à tous ceux qu'elle avait trahis et à cette vie précieuse pour ce pays qui était injustement aspirée pour un dessein probablement sombre.

Elle savait que l'Akatsuki recherchait ces jinchuurikis mais jusqu'à ce jour, elle n'avait jamais été mêlée à ces affaires-là, passant plutôt son temps en quête de fonds pour l'organisation. Pire encore, elle ignorait que le Kazekage était l'hôte de l'un de ces démons...

Aya aurait voulu agir mais son corps était fermement ligoté par des liens qu'elle ne parvenait pas à briser. Au-dessus d'elle, perchés sur les doigts des mains d'une vaste statue de pierre, les membres d'Akatsuki étaient concentrés dans leur tâche si bien qu'elle se demanda s'ils avaient remarqué qu'elle était éveillée. Cependant, plusieurs paires d'yeux posées sur elle lui confirmèrent qu'elle n'était malheureusement pas passée inaperçue.

« Sasori no danna, on dirait bien que ta future marionnette n'est pas encore morte ! Hoy Kisame, pourquoi ne pas lui faire tes adieux ?

— Ferme-la Deidara, ce n'est pas le moment de la ramener, gronda Sasori sous les traits de Hiruko.

— Taisez-vous et concentrez-vous sur le rituel ! Tonna Pein en adressant un regard dur au blond qui soupira puis referma les yeux. Et toi, Sasori, tu as intérêt à nous débarrasser d'elle dès que l'extraction sera terminée. Tu aurais dû agir plus tôt.

— Ce sera fait, tu peux compter sur moi. »

Aya fixait avec un certain désespoir en direction de ses bourreaux. Alors c'était pour cette raison qu'elle avait été recrutée ? A vrai dire, elle s'était faite à l'idée qu'en rejoignant leur organisation, elle était vouée à mourir à un moment ou un autre, les subordonnés dans son genre n'étaient que de la chair à canon, au final. Elle en avait vu se faire abattre pour moins que ça. Hidan lui-même trouvait parfois des prétextes ridicules pour s'offrir un sacrifice. Kakuzu, lui, avait un jour découvert que l'une de leurs recrues avait une valeur monétaire alors il n'avait pas hésité à l'abattre pour quelques liasses de billets...

Le groupe resta silencieux après les remontrances de Pein et le rituel se déroula sur les trois jours initialement prévus malgré l'annonce de potentiels perturbateurs visiblement retardés grâce à Kisame et Itachi.

Kisame n'avait pas dit un mot malgré les provocations de Deidara mais il se sentait pas serein quant à la suite des événements. Sasori était tout à fait capable de brandir son nouveau pantin sous ses yeux après sa transformation par pure provocation. Car il savait parfaitement ce qui se cachait derrière cette décision...

Pourtant, bien des années en arrière, rien n'aurait présagé un si sombre avenir pour Aya. Elle avait perdu sa famille très jeune mais elle s'était toujours battue pour se faire un nom. Elle avait toujours mis ses émotions de côté, faisant d'elle une kunoichi froide et distante mais fiable. Cependant, étant proche de Kisame dans une relation ambiguë que beaucoup apparentaient à une liaison amoureuse, elle avait dû subir les foudres d'un village entier suite à sa trahison, la forçant à fuir.

Recueillie par le squale alors que tout semblait perdu pour elle, elle avait encore démontré qu'elle pouvait être fiable et loyale, obéissant aux ordres sans jamais discuter. Cependant, Kisame était encore passé par là dans sa vie et avait une nouvelle fois perturbé ce semblant de stabilité qu'elle avait obtenu. Leurs sentiments n'avaient jamais été énoncés mais cela n'avait pas empêché une nouvelle relation ambiguë s'établir entre eux. Puis un jour, le ninja avait vu la vie de sa subordonnée menacée et avait mis à mal sa mission pour la sauver, ce qu'il n'aurait jamais fait en temps normal... et il avait dû en répondre face à Pein tandis que la kunoichi ignorait tout.

« Tu as sacrifié ta mission pour une simple subordonnée, fit Pein sur un ton autoritaire. N'avais-je pas indiqué que l'échec n'était pas une option ? Pour une simple subordonnée qui plus est ? Je ne peux tolérer cela.

— Je peux t'assurer que cela ne se reproduira pas, dit Kisame en s'inclinant profondément.

— Non, évidemment, puisque tu vas te débarrasser d'elle.

— Comment ?

— Hum, si je puis me permettre, les coupa Itachi. Certes, notre mission a échoué mais ce n'est pas irrécupérable. Elle s'est montrée utile à de bien nombreuses reprises pour le compte de plusieurs membres de l'organisation afin de récolter des fonds. Et il ne faut pas oublier qu'elle est probablement la dernière utilisatrice du Hyôton en vie... »

Kisame fut surpris qu'Itachi tente de lui venir en aide. Il s'était bien rendu compte qu'il était attaché à elle... Pein avait réfléchi un moment avant de se tourner une nouvelle fois vers le binôme.

« Itachi a raison, elle a fait du bon travail jusqu'à ce jour et son Hyôton est probablement le dernier en ce monde. Mais tu comprendras que je ne peux permettre que cela ne se reproduise. Elle restera parmi nous mais tu devras la céder à un autre binôme : Sasori et Deidara. Ils ont justement besoin d'un espion pour une mission d'infiltration dans le but de capturer l'Ichibi.

— Sasori ? S'étonna Kisame avec inquiétude. Mais il va la tuer !

— Itachi a souligné un point important le Hyôton, il peut nous être utile alors sois reconnaissant que je lui cède une seconde chance.

— Mais Sasori va la tuer !

— Et alors ? Son pouvoir restera aux mains d'Akatsuki et aux mains de l'un de nos membres de cette façon. Est-ce que tu t'opposes à mes ordres ? Tonna Pein froidement.

— N... Non, répondit Kisame en baissant la tête. Je verrai pour effectuer le transfert lors de notre prochaine réunion.

— Bien, dans ce cas, nous en avons terminé. N'oublie pas que de futiles attaches n'ont pas leur place au sein d'Akatsuki. Ces subordonnés ne sont là que pour vous faciliter la tâche, il est hors de question qu'une mission soit mise en péril par leur faute. »

C'était ainsi que Sasori avait été mis au parfum de cette affaire que Pein avait veillé à étouffer auprès des autres membres de l'organisation, refusant qu'un tel échec ne puisse s'ébruiter et nuire à leur réputation...

Sasori et Deidara quittèrent la statue et regagnèrent la terre ferme. La silhouette de Kisame s'attarda encore un moment, le regard rivé vers ce qui se déroulait en contrebas puis s'évapora sans mot dire. Son absence de réaction arracha un rictus moqueur à Deidara qui s'approcha, esquissant un large sourire médisant.

« Moi qui m'attendais à une séparation déchirante, je suis déçu. Dire qu'il n'a pas pipé mot avant de partir, tu dois vraiment être triste, hum ?

— Sasori, dit Pein à leurs côtés, je ne suis pas sûr que tu aies le temps pour ton petit rituel. L'ennemi nous attend à l'extérieur et il se trouve que l'hôte de Kyûbi se trouve parmi eux. Ne manquez pas cette occasion de le capturer. Itachi vous a fourni les détails nécessaires à sa capture.

— Quel dommage... marmonna Sasori caché à l'intérieur de Hiruko. Bien, préparons-nous à recevoir nos invités, dans ce cas ! Je m'occuperai de ton cas après. » ajouta-t-il en lançant un regard sombre vers Aya.

Après une longue attente, la large pierre bloquant le passage céda et se brisa en mille morceaux, laissant place à plusieurs ninjas arborant le bandeau de Konoha ainsi qu'une personne qu'Aya avait déjà croisée au centre de soins de Suna.

« Uh... Ainsi donc Kankuro disait vrai, tu étais bel et bien sous l'emprise de Sasori et visiblement, pas de ton plein gré de ce que je peux voir... Que comptes-tu faire d'elle ? Ta chère grand-mère est curieuse de le savoir...

— Pourquoi poser cette question ? Tu sais très bien ce qu'elle va devenir ! Une pièce unique de ma collection ! Et vous aussi, vous allez bientôt la rejoindre ! »

Aya sentit que le combat allait bientôt faire rage et que cela signifierait qu'elle aurait peut-être une possible ouverture pour fuir. A ce stade-là, il n'était plus question de réfléchir car elle devait agir au plus vite, sa vie en dépendait. Autre point qu'elle avait noté était que certes, le poison de Sasori l'avait grandement affaiblie mais contrairement à ce qu'il clamait haut et fort depuis sa capture, il n'était pas mortel.

Le duo d'Akatsuki se sépara rapidement : Deidara s'était emparé du corps du défunt Kazekage pour fuir à dos de l'un de ses oiseaux d'argile, suivi de près par un Jinchuuriki enragé et son sensei qui semblait faire son possible pour le contenir. Restaient la grand-mère de Sasori ainsi qu'une kunoichi aux cheveux roses qu'Aya ne connaissait pas et qui, de ce qu'elle avait pu comprendre, se prénommait Sakura.

C'était la première fois qu'Aya avait l'occasion d'observer un combat de marionnettistes et leurs capacités n'étaient vraiment pas à démontrer tant leurs gestes étaient précis et leurs défenses impeccables. Sasori était un monstre mais leur style de combat était juste bluffant. La carapace avait rapidement volé en éclat sous le poing vengeur de la prénommée Sakura, laissant apparaître le vrai visage faussement angélique de leur adversaire qui laissa sa grand-mère sous le choc face à son visage mutin qu'il avait conservé du haut de ses trente-cinq ans. Rien de bien surprenant quand on savait que son corps lui-même n'était qu'un vulgaire pantin...

Aya n'avait toujours pas réussi à échafauder un plan pour s'enfuir car ses liens étaient solidement noués. Elle commença à s'inquiéter lorsqu'elle constata que les parois de la grotte s'étaient grandement fragilisés suite à l'utilisation de pantin du troisième Kazekage. Si la voûte venait à s'effondrer, elle n'aurait aucun moyen de fuir et mourrait bêtement sous un tas de décombres sans que personne ne s'inquiète jamais pour son sort. Point positif : son corps serait certainement en trop mauvais état pour que Sasori ne puisse la transformer en pantin ensuite...

Cependant, tandis que tout espoir semblait perdu pour Aya, une silhouette apparut devant elle, munie d'une imposante épée. Sursautant, elle reconnut finalement l'un des pantins de la grand-mère de Sasori qui put rapidement la sauver de son futur tombeau.

« Fuis ! Lui hurla la vieille dame en se détournant de nouveau vers son petit-fils. Kankuro ne pardonnera jamais si je venais à te laisser mourir ici ! Sauve-toi !

— K... Kankuro ? S'étonna Aya choquée tout en se redressant. Il... Il a survécu ?

— Oui ! Il est en vie et devrait vite être sur pieds ! Lui lança Sakura avec un sourire rassurant. File maintenant, tu n'es pas en état de te battre !

— Pas si vite ! » hurla Sasori en envoyant son pantin sur Aya.

La kunoichi évita de justesse l'attaque envoyée par le patin et ceci fut suffisant pour lui donner la poussée d'adrénaline nécessaire pour s'extirper de la grotte tandis que les deux femmes contre-attaquaient afin de lui ouvrir la voie.

« Vous me privez là d'un élément unique de ma collection, lança-t-il tandis qu'Aya fuyait. Il va falloir que je compense cette perte maintenant, vous ferez donc office de pièces de remplacement... »

Aya ne put entendre la suite du discours du marionnettiste, étant désormais trop loin de sa position pour l'entendre. Elle respira une grande bouffée d'air avant de choisir dans quelle direction fuir, c'est-à-dire, celle allant à l'opposée de Deidara afin d'éviter de croiser son chemin. Son corps était toujours aussi douloureux mais la peur la tenaillant l'engagea à poursuivre son chemin. Désormais, elle était libre mais où devait-elle aller ? Qu'allait-elle devenir ? Pire encore, si Sasori venait à gagner son combat, il n'aurait qu'à claquer des doigts pour que le sort apposé sur elle ne la tue sur le champ, ce semblant de liberté n'étant à priori qu'éphémère... Nul ne pouvait échapper à l'emprise d'Akatsuki et elle en était parfaitement consciente.

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