Chapitre 8 : Une Lente Agonie
[[ Illustration par Pixiv Id 3774752 ]]
Les pas dans le sable provoquaient un craquement perpétuel, distinct mais continu. L'un des individus marchait d'un pas léger tandis que l'autre semblait se traîner lentement contre le sol, tel un escargot lourd et peu discret. Le désert était terriblement calme mais la chaleur rendait leurs mains moites et leur respiration plus haletante qu'à l'accoutumée. Un autre bruit, bien plus subtil pouvait se faire entendre : le battement des ailes d'un oiseau qui semblait planer à basse altitude, semblant se rythmer au faible tintement des petites clochettes très reconnaissables des chapeaux des membres d'Akatsuki.
« Sasori no Danna, j'espère que tu as su apprécier mon art à sa juste valeur ! S'exclama joyeusement Deidara. C'était d'une splendeur inégalée, hn !
— Ne m'énerve pas avec ta conception ridicule de l'art, bougonna Sasori sous les traits durs de Hiruko. Garde ta salive pour plus tard, il faut se dépêcher, j'ai horreur de faire attendre.
— Pourtant, c'est divertissant de discuter... Ce désert est si ennuyeux... Tu penses qu'ils vont nous retrouver ?
— Aucun risque, j'ai brouillé les pistes et mes hommes ont préparé des pièges pour eux à la sortie de Suna, cela les aura au moins retardés.
— Je reconnais bien là ton génie, Sasori no Danna ! Je me demande si ce stupide gamin volera au secours de sa princesse en détresse... Remarque, ce ne sera peut-être pas sa priorité à ce moment-là...
— D'après nos renseignements, c'est un marionnettiste. Il ne sait pas à qui il se mesure en s'attaquant à moi... D'ici là, sa princesse fera partie de ma collection.
— Hm ? Je pensais qu'elle était déjà morte ? Fit le blond en se tournant sur le côté en voyant la jeune femme commencer à se mouvoir.
— Non, elle n'a visiblement rien dévoilé de trop grave mais elle est en piteux état, je ne suis pas sûr qu'elle survive jusqu'à notre arrivée. Ça me facilitera la tâche. »
Aya reprenait doucement connaissance et sentit son corps dans une posture très inconfortable. Son corps était maintenu dans les airs par la taille, serrée par un épais objet métallique enroulé autour d'elle. Lorsqu'elle parvint à ouvrir les yeux, elle eut même une sorte de vertige en se rendant compte qu'elle était maintenue si haut, bien au-dessus de la tête de Hiruko et ligotée par sa queue métallique.
Détournant le regard autour d'elle, elle reconnut Deidara qui esquissait un sourire narquois puis remarqua la présence de l'un des oiseaux... maintenant le corps du Kazekage dans son plumage d'argile. Choquée, elle tenta de se débattre pour se libérer de son entrave mais la poigne de Sasori sur elle était bien trop puissante.
« Reste calme sinon je risque de t'achever avant notre arrivée, bougonna Sasori en lui jetant un regard sombre.
— Elle est bien vive pour une mourante... commenta Deidara avec ironie.
— Plus pour longtemps, lâcha son partenaire sur un ton placide.
— Hn, fit le blond en signe d'approbation.
— G... Gaara... tenta Aya en puisant dans ses dernières forces. Pourquoi... Pourquoi s'en prendre à lui ?
— Les traîtres n'ont pas besoin de ce genre d'information et bientôt, tu ne seras plus en mesure de t'en inquiéter. Je m'occuperai de ton cas dès notre arrivée. »
Aya posa un regard triste sur la silhouette inanimée du Kazekage, fortement endommagé et dont le sable collé à son visage se dispersait en morceaux au gré du vent avant de retomber dans ce maudit désert.
Le soleil brillait très fort et la jeune femme mourrait de soif. Elle sentait bien que son corps était très faible et surtout, qu'un poison circulait déjà dans ses veines à en voir l'absence de réaction de la part du marionnettiste à son réveil. Ses membres étaient engourdis bien qu'une vive douleur semblait lui déchirer chaque parcelle de son être.
La chaleur, le soleil et la soif commencèrent à plonger la jeune femme dans un délire. Il lui sembla revivre chaque instant de sa triste existence : la perte tragique de ses parents dans un incendie soit-disant accidentel mais ayant en réalité pour but d'éliminer les utilisateurs du Hyôton, sa rencontre avec Kisame plus tard, sa trahison qui a suivi, ses coéquipiers l'accusant d'être alliée à lui, sa propre fuite de Kirigakure, ses retrouvailles avec le squale, son abandon et l'apparition de ce maudit pantin dans sa vie. Puis le visage de Kankuro lui apparut, si souriant bien malgré sa mission... Oui, il l'avait surveillée pour le compte du Kazekage mais à aucun moment il ne s'était montré désagréable envers elle. Sa bonté avait été telle qu'Aya avait fini par succomber à son charme mais pourquoi au final ? Elle n'avait même pas pu se déclarer ! Où était-il à ce moment précis ? Si Gaara était ici avec eux alors qu'en était-il de son frère ?
Dans son délire, il lui sembla entendre sa voix résonner dans son esprit. Dans un faible rictus, elle secoua légèrement la tête pour tenter de reprendre ses esprits, ne pouvant qu'observer son sang goûter de ses lèvres et de son nez. Le poison commençait à faire effet et bientôt, elle périrait dans de bien lamentables conditions sans même pouvoir venir en aide au frère de celui qu'elle aimait.
Pardon, Kankuro...
« Relâchez-les ! » tonna une voix familière derrière eux.
Cette fois-ci, elle n'avait pas déliré et cet éclat de voix était bien réel. Relevant mollement la tête, Aya reconnut Kankuro, fermement déterminé et se tenant derrière eux, prêt à attaquer. Ce qui frappa la jeune femme fut de constater qu'il était venu seul mais savait-il à qui il avait à faire ? C'était du suicide pur et simple.
« C'est du suicide... souffla-t-elle d'une voix éteinte. Je ne me suis pas sacrifiée pour que tu te jettes ensuite dans la gueule du loup...
— Silence ! Tonna Sasori en la secouant. J'imagine qu'il s'agit d'un membre de la fratrie du Jinchuuriki ? Ah ! Ricana-t-il ensuite en voyant le ninja dégainer son arsenal de marionnettes. Recule, Deidara, je m'en charge.
— Hn, fit le blond en sautant sur le dos de son oiseau en se reculant.
— Kankuro, sauve-toi ! Tu ne peux pas le battre !
— Je t'ai dit de te taire ! Tempêta Sasori furieux en projetant la kunoichi plus loin dans le sable avec violence.
— Aya ! Hurla le brun en voyant la bleue retomber à terre telle un vulgaire pantin désarticulé.
— Reste ici. » ordonna la voix caverneuse de Hiruko.
Relevant la tête légèrement, Kankuro envoya l'une de ses marionnettes vers Deidara dans l'espoir de récupérer son frère. Cependant, l'immense queue du pantin, enfin libérée de son poids, l'attrapa en plein vol et l'écrasa à terre sans ménagement.
« Ne t'ai-je pas dit que c'était moi ton adversaire ? »
Surpris par cette manœuvre, le ninja ne se laissa pas pour autant impressionner et continua d'utiliser ses marionnettes contre cet individu imposant. Malheureusement, Sasori détourna chacune de ses offensives, même ses techniques les plus complexes. A quoi bon ? Il savait pourtant qu'il avait à faire au plus grand marionnettiste connu et surtout, le créateur de ses propres armes... Il n'y avait pas de pire adversaire possible pour un ninja tel que Kankuro.
Aya, bien qu'effondrée au sol, ne pouvait qu'assister, impuissante face à ce combat inégal, et voir peu à peu l'homme qu'elle s'était surprise à aimer se faire vaincre implacablement. Une à une, Karasu, Kuroari et Sanshuo se retrouvèrent démantelées et en miettes face à l'imposante stature de Hiruko. Kankuro, blessé, se trouvait désormais totalement désarmé face à son opposant et s'effondra rapidement contre le sol sous un cri étouffé de la kunoichi désemparée qui n'avait même plus la force de se relever. Elle savait que les poisons utilisés par Sasori étaient mortels et celui utilisé sur son camarade ne démordait pas à la règle, elle le savait bien.
Grinçant des dents, la jeune femme tenta de se redresser pour se traîner auprès de Kankuro en puisant dans ses dernières forces, le corps tremblant comme une feuille. Leurs regards désespérés se croisèrent mais ni l'un ni l'autre ne fut capable de parler tant leurs membres étaient engourdis et faibles. La scène déchirante provoqua un ricanement de la part du marionnettiste qui semblait se délecter de la souffrance que ces deux-là éprouvaient. Cependant, ne désirant pas perdre davantage de temps, il estima qu'il était temps pour lui de reprendre la route.
Aya étira son bras pour tenter d'attraper la main de Kankuro dans un élan désespéré mais avant même qu'elle ne puisse même l'effleurer, l'imposante queue mécanisée de Hiruko s'enroula une nouvelle fois autour de sa taille avant de la soulever dans les airs, loin de celui qu'elle aimait et incapable de lui faire ses adieux. Elle le savait, leur fin à tous les deux était proche...
Le regard de Kankuro se fit vague, tentant de distinguer la silhouette de la nukenin qu'on venait de lui arracher mais malgré tout, sa dernière pensée fut pour son frère qu'il avait été incapable de sauver. Les indices qu'il avait pu récolter permettraient-ils à son village d'envoyer quelqu'un sur ses traces pour sauver leur Kazekage ? Avant de perdre connaissance, ce fut cette dernière prière qu'il formula dans son esprit...
« Bien, petite espionne, assez perdu notre temps ici. Je n'aime pas faire attendre alors dépêchons-nous de rejoindre cet imbécile de Deidara. Bientôt, ton Hyôton sera à moi et ma collection comptera une pièce unique supplémentaire, ha ha ha ! »
Sasori fit une moue déçue lorsqu'il constata que son interlocutrice avait tout bonnement perdu connaissance et qu'il avait prononcé son monologue inutilement. Sans s'attarder, il reprit son chemin pour rejoindre son binôme qui se trouvait non loin de sa position mais suffisamment à l'écart pour ne pas le gêner dans ses manœuvres. Fort heureusement, personne ne s'était attaqué à lui entre temps et ils étaient toujours en possession de leur Jinchuuriki.
« J'imagine que ce gamin n'a pas fait long feu face à toi, Sasori no Danna, commenta Deidara en voyant son partenaire arriver. Il n'aurait pas pu trouver pire adversaire que toi, hn !
— Assez perdu de temps, dépêche-toi d'avancer, répondit simplement le marionnettiste d'une voix agacée.
— Ça y est, elle est morte ton espionne, cette fois ? Questionna le blond en levant les yeux vers la silhouette inanimée de la jeune femme.
— Non, elle a perdu connaissance.
— Je vois, hn ! Il va falloir l'achever toi-même dans ce cas. C'est Kisame qui va apprécier d'assister à ça !
— Je n'ai pas besoin de Kisame pour m'occuper de son cas, elle est déjà presque morte dans tous les cas.
— Je n'en doute pas, Sasori no Danna ! »
Lorsqu'ils arrivèrent au repaire d'Akastuki, leur Leader les attendait déjà sur place sous forme d'hologramme. L'oiseau de Deidara se posa à terre et déroula sa queue pour y déposer la silhouette inanimée de Gaara tandis que Sasori se débarrassait d'Aya dans un recoin de l'immense caverne obscure.
« Que fait-elle ici ? Demanda leur Leader.
— Elle est quasiment morte, je vais l'ajouter à ma collection, répondit simplement Sasori.
— Ligote-la et préparez-vous, nous n'avons pas de temps à perdre. Tu feras ce que tu voudras lorsque nous aurons terminé de sceller le Bijuu. »
Lorsque l'immense statue fut entièrement sortie de terre dans un tremblement épouvantable, les deux coéquipiers prirent place et se préparèrent pour le rituel tandis que les silhouettes des autres membres apparurent instantanément à leurs places respectives sous forme d'hologramme.
Kisame grimaça lorsqu'il reconnut la silhouette inanimée d'Aya sur le sol puis posa un regard interrogateur vers Sasori qui ne put s'empêcher de ricaner une nouvelle fois.
« Une nouvelle pièce rare de ma collection, fit-il dans un sourire mauvais. C'est le moment de lui faire tes adieux, la prochaine fois que tu la croiseras, elle ne sera plus en mesure de communiquer avec toi, ha ha !
— ... Ce ne sera pas nécessaire, objecta le squale en se détournant.
— J'ai touché une corde sensible, on dirait ? Se moqua le marionnettiste.
— Non, je te le répète, tu es libre de faire ce que tu veux d'elle, ça ne me concerne plus, répondit Kisame froidement.
— C'est amusant...
— Silence ! Concentrez-vous sur le rituel et cessez les bavardages inutiles ! » tonna leur Leader en les dévisageant d'un air contrarié avant de fermer les yeux tandis qu'une immense bulle bleutée englobait le corps de Gaara.
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