Chapitre 6 : Comme Un Air Etouffant
[[ Illustration par Pixiv Id 116039 ]]
Aya avait conscience que Kankuro était intentionnellement aimable avec elle dans le but de découvrir ses plans. Elle se devait de rester sur ses gardes en permanence à ses côtés. Elle avait bien vu qu'il ne faisait attention qu'à elle lorsqu'il se rendait sur place. Il se renseignait généralement de la situation actuelle dans le centre de soins, vérifiant que le personnel sur place n'avait pas besoin de main d'œuvre, de matériel ou de médicaments mais n'allait pas à la rencontre des autres patients sauf lorsque certains l'interpellaient. Non, il venait spécifiquement pour elle, pour la surveiller.
Le lendemain, lorsque le marionnettiste vint la chercher, elle ne put s'empêcher de lui jeter un bref regard condescendant avant d'esquisser son sourire habituel. Elle était fatiguée d'avoir en permanence cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, bercée entre les menaces de Sasori et celle de ce maudit pays désertique.
« Comment vas-tu aujourd'hui ? Demanda le jeune homme en souriant tout en l'observant attentivement.
― Ça peut aller... J'ai peut-être un peu trop forcé hier à me lever régulièrement, les médecins ont remarqué que la plaie s'était rouverte.
― Oh mince ! Eux qui avaient pourtant été très optimistes concernant ta guérison prochaine... Est-ce que ça ira pour toi d'aller marcher un peu ?
― Oui, je leur ai posé la question ce matin et il semble que mon état s'est stabilisé cette nuit. Et sincèrement, c'est à devenir fou de rester enfermé ici en permanence, de l'air frais me ferait le plus grand bien...
― Je n'irais pas jusqu'à dire un « air frais », on est dans le désert après tout mais je pense que oui, cela te ferait le plus grand bien, j'ai l'impression que tu perds des couleurs de jour en jour...
― J'ai l'habitude d'être en extérieur... Rester en intérieur comme ça, je trouve ça étouffant. Surtout lorsqu'on est entouré de malades parfois graves... »
Aya avait dû remédier à son état qui se rétablissait trop vite pour ne pas éveiller les soupçons à son sujet. Elle s'était montrée un peu trop impatiente concernant sa guérison et avait un peu trop abusé de son ninjutsu médical.
Elle était inquiète concernant cette sortie avec Kankuro, craignant qu'il ne lui tende un piège afin de la démasquer. Lui esquissant un large sourire, il lui tendit la main afin de l'aider à se relever et lui indiqua le chemin de la sortie.
Quel ne fut pas son soulagement à respirer un air plus pur que celui de cette salle, pollué par la souffrance, la peur et la mort ! Le pire était de se dire qu'elle avait indirectement contribué à ce carnage et cela lui fendait le cœur. Mais un ninja n'était pas autorisé à ressentir tout cela, avoir les mains tachées de sang faisait partie de son quotidien.
Malgré l'écrasante chaleur régnant sur le village, Aya fut impressionnée par ce qu'elle voyait, trouvant charmant tout ce qu'elle croisait et appréciant malgré tout la chaleur du soleil sur sa peau, bien qu'elle ne soit brûlante. A Kiri, la brume était omniprésente, empêchant grandement le soleil de faire une quelconque apparition. Elle se souvint alors de cette humidité permanente contrastant avec la sécheresse intense de Suna. Comment avait-elle pu supporter de vivre ainsi pendant tant d'années ?
Kankuro s'amusait des réactions de la bleue au point d'en oublier passagèrement sa mission. Le but de cette journée était d'apprendre à mieux la connaître et tenter d'apaiser sa méfiance. Connaissant Sasori, il n'était pas impossible qu'elle soit là contre son gré et il souhaitait garder cette hypothèse en tête bien que Temari ne semblait pas vraiment adhérer à sa vision des choses.
« C'est une jolie fille qui ne t'a pas laissé indifférent, je l'ai bien vu quand tu lui as parlé la première fois, tu avais vraiment l'air d'un nigaud face à elle, lui avait dit sa sœur agacée. Elle est gentille en apparence mais si elle est bel et bien un pion de Sasori, elle n'hésitera pas à te trancher la gorge pendant ton sommeil. Son but, c'est certainement Gaara alors ne met pas la vie de notre frère et Kazekage en péril pour une simple amourette à sens unique. »
Kankuro se sentait un peu piégé dans cette histoire car il était vrai qu'il ne devait pas faire passer ses sentiments personnels en priorité. Il se devait de privilégier la sécurité de leur Kazekage avant tout le reste. Pourtant, quand il la regardait, elle ne lui inspirait aucune méchanceté. Parfois, il voyait comme une ombre de tristesse traverser ses incroyables pupilles d'un vert brillant. A quoi pouvait-elle bien penser dans ces moments-là ? Pourquoi gardait-il la conviction qu'elle était prisonnière d'Akatsuki ?
« Ton frère a l'air d'être un bon Kazekage, fit soudain Aya en repensant à sa rencontre la veille. On voit qu'il est aimé et respecté par votre peuple. Je ne doute pas qu'il soit également un frère admirable.
― Tu n'as pas de frères et sœurs ? Demanda Kankuro intrigué.
― Non, je suis fille unique, répondit la jeune femme dans un sourire triste. Je ne sais pas ce que c'est que de se chamailler, se réconcilier et créer de mémorables souvenirs de famille. Mais je crois que c'est important de savoir faire tout cela, non ?
― Oui, c'est vrai qu'on ne s'est pas toujours entendu à merveille, reconnut le ninja en riant. Mais c'est aussi ce qui renforce les liens, j'imagine.
― Certainement... Tu as de la chance d'avoir une famille, n'oublie pas de prendre bien soin d'eux et de les protéger en toute circonstance. Ton frère est à une place importante et il a besoin de toi. Ne le néglige jamais, quelque soit la raison. En tout cas, c'est ce que je ferais si j'étais à ta place.
― Ah euh... D'accord... Mais c'est ce que je fais déjà, tu sais ! Je n'en donne pas l'impression ? Feignit le marionnettiste de s'offusquer.
― Je te rappelle que tu passes du temps avec une simple marchande au lieu de veiller sur lui, là... ironisa la kunoichi.
― Ne t'inquiète pas, sa protection est notre priorité à tous à chaque instant de la journée. Pourquoi cela semble-t-il t'inquiéter ?
― Il se passe des choses pas très claires en ce moment, non ? Après cette attaque... Ah... Ma tête... » souffla la jeune femme en s'effondrant à genoux.
Le paysage autour d'elle lui semble tournoyer et son estomac se noua. Passant la main contre son visage, elle constata que son nez s'était mis à saigner abondamment. Elle n'avait même plus la force de se relever si bien qu'elle se laissa retomber contre le torse de Kankuro qui semblait vivement inquiet pour elle et tenta d'appeler à l'aide autour de lui.
Sasori.
Il l'empêchait de parler et ce malaise était un avertissement.
Elle avait failli évoquer des choses qu'elle n'aurait pas dues et elle avait désormais la preuve formelle que cela lui coûterait la vie.
« Vite ! Il faut un brancard pour la ramener au centre de soins ! Appela Kankuro en tentant de garder son calme.
― Pourquoi... T'inquiètes-tu comme ça pour moi... Je n'en vaux pas la peine... soupira Aya tandis qu'elle semblait délirer.
― Hey, reste avec moi ! Dépêchez-vous, elle perd connaissance ! »
Les voix semblaient désormais se mélanger dans l'esprit de la kunoichi et elle ne parvint plus à distinguer les mots ni les appels de Kankuro. Tout ce qu'elle songea était que si elle venait à mourir à cet instant précis, elle n'aurait pas pu disparaître de manière plus confortable, ainsi blottie dans les bras de cet individu qui, malgré sa mission, prenait le temps s'occuper d'elle, semblant même lui laisser le bénéfice du doute.
Si elle ne mourrait pas de suite, elle pourrait peut-être l'envisager plus tard, lui dévoilant les plans de Sasori tout en étant ainsi lovée dans ses bras. Oui, ce serait certainement la mort la plus douce qu'il lui serait donnée...
Protège ton frère !
Ne me protège pas moi !
Je ne le mérite pas !
Plus tard, Aya ouvrit les yeux à sa plus grande surprise. Était-elle en vie ? A en voir le regard inquiet de Kankuro et des médecins autour d'elle, il semblait que c'était bel et bien le cas...
« Tu nous as fait une peur bleue ! S'exclama Kankuro avec soulagement.
― Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle faussement étonnée bien que véritablement inquiète.
― Tu t'es effondrée alors qu'on discutait ensemble, tu ne te souviens pas ? Les médecins n'ont pas encore identifié la cause de ton malaise mais l'hypothèse est qu'ils auraient sous-estimé la gravité de tes blessures... Tu dois te reposer maintenant et tenter de récupérer, d'accord ?
― Ok mais... Ne pars pas s'il te plaît... Je... Je ne veux pas rester seule... »
Kankuro afficha un air sincèrement étonné puis acquiesça avant de s'asseoir à ses côtés tout en lui tenant la main pour ne pas qu'elle se sente abandonnée. Il était clair que Sasori était derrière tout cela mais comment lui venir en aide ? Son hypothèse lui semblait de plus en plus véridique mais comment le prouver à Temari et Gaara ?
« Je crois que notre petite espionne n'est pas aussi fidèle qu'elle ne le prétend. J'ai l'impression d'avoir été arnaqué sur la marchandise... marmonna Sasori dans l'un des repaires de l'Akatsuki.
― Elle ne te trahira pas, lui répondit Kisame. Si cela venait à être le cas, je t'assure que je me chargerai personnellement de son cas.
― Non, Kisame, fit Sasori dans un sourire mauvais. Si elle me trahit, elle mourra et finira dans ma collection de pantins. Akatsuki ne pardonne pas aux traîtres et ta conviction à te débarrasser d'elle est faible. Aujourd'hui, elle a failli parler, j'espère que cet avertissement lui servira de leçon. N'oublie pas que tu me l'as cédée, c'est désormais moi qui ai le droit de vie ou de mort sur elle. Ayant enquêté à ton sujet, j'ai cru comprendre que tu avais été parfois indolent lorsque cela la concernait. Tes sentiments personnels, tels qu'ils soient, n'ont pas le droit d'interférer dans tes missions.
― Ne viens pas me faire la morale, tonna Kisame piqué. Tu sais parfaitement pourquoi je te l'ai laissée. Je ne compte pas m'interposer, j'ai accepté de me décharger totalement d'elle et j'ai parfaitement conscience de ce que tu vas faire d'elle après cette mission.
― Elle est la dernière utilisatrice de Hyôton en vie et grâce à moi, ce don ne disparaîtra pas avec elle...
― Assez parlé de tes œuvres morbides, que comptes-tu faire ?
― Suis-moi et tu le découvriras bien assez tôt. Mais épargne-moi les retrouvailles poignantes, je n'ai pas de temps à perdre avec des futilités.
― Tu comptes déjà stopper sa mission ? Demanda Kisame avec une pointe d'inquiétude dans sa voix.
― Nous verrons... »
Le soir suivant, Aya se reposait dans son lit, tentant de rassembler ses idées. Elle ne devait même pas évoquer l'attaque en détails sinon elle risquait de mourir. Le sceau que lui avait apposé Sasori était vraiment puissant et capable de détecter la moindre faille. Elle n'avait pourtant pas prévu de dévoiler de cruciales informations mais peut-être qu'inconsciemment, elle l'avait désiré bien plus fort que ce qu'elle ne l'aurait dû, manquant de cracher le morceau. Elle devait désormais se montrer plus vigilante afin d'éviter d'éveiller le moindre soupçon chez Sasori car sa vie en dépendait.
Malgré une mauvaise impression persistante, elle parvint à trouver le sommeil jusqu'à ce qu'une impression étrange ne la réveille au beau milieu de la nuit. Simple spectatrice face aux mouvements de son propre corps, elle vit que ses yeux avaient pris une teinte rouge sang tandis qu'elle se redressa. S'assurant qu'elle était bien seule dans les vestiaires, elle effectua des mudras afin de créer un parfait clone d'elle-même qui repartit retrouver son lit tandis qu'elle se faufila à travers les couloirs jusqu'à atteindre la sortie, le tout dans la plus parfaite des discrétions.
N'étant plus maîtresse de ses moindres faits et gestes, elle se demanda jusqu'où ses pas la mèneraient. Puis elle constata qu'elle se dirigeait vers la sortie du village. Dans la plus grande agilité et dans une parfaite maîtrise, elle parvint à échapper à l'étroite surveillance autour du centre de soins avant de s'éloigner des hauts remparts de Suna. Sa course s'arrêta lorsque son corps s'effondra brusquement, genoux contre le sol et tête basse.
« Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas discuté, pas vrai, petite espionne ? »
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