Chapitre 4 : Infiltration réussie
[Illustration par Pixiv Id 570641]
« Ta petite amie ? Répéta Temari d'un air surpris. Oh non, rassure-toi, ce n'est que mon benêt de petit frère, tu as champ libre, t'inquiète !
— Champ libre ? Répétèrent Aya et Kankuro à l'unisson en s'empourprant.
— Ha ! Ha ! Ha ! rit la blonde en s'éloignant.
— Ah... Je suis désolé... soupira le brun en se détournant. Temari n'est pas du genre à mâcher ses mots mais rassure-toi, elle n'était pas sérieuse... »
Faisant face à la bleue, il constata que son teint avait viré au rouge jusqu'aux oreilles et qu'elle n'osait plus le regarder. Sa sœur y était peut-être allée un peu fort... Cette fille semblait être aussi à l'aise avec les hommes que lui ne l'était avec les femmes. Quel duo...
« Tu veux boire quelque chose ? Demanda-t-il pour changer de sujet après un long silence embarrassant.
— Ah... Euh... Oui ! Merci, c'est gentil !
— Bien... Du thé, ça ira ?
— O... Oui, c'est parfait ! Merci ! »
Kankuro s'éloigna puis soupira profondément. Sa sœur avait le don de l'embarrasser dans les pires moments. Mais il savait que malgré sa plaisanterie, elle allait surveiller tout particulièrement cette fille et il devait en faire de même de son côté pour éviter de prendre de risques. De ce qu'il savait, elle était arrivée peu avant le bombardement d'Akatsuki alors il ne devait écarter aucune hypothèse. L'emmener à Suna était risqué mais il se devait de la surveiller personnellement. Pour cela, il n'hésiterait pas à simuler un rapprochement amical avec elle pour contrôler ses moindres faits et gestes. Il avait eu l'accord de Gaara pour procéder de la sorte et la sécurité allait être renforcée.
Aya, de son côté, ne se sentait pas à l'aise face à cette situation. Elle aurait tout donné pour fuir Akatsuki mais elle était désormais une marionnette bien vivante de la collection de Sasori. Au moins faux pas, elle savait qu'il pouvait la faire taire à tout jamais en un seul claquement de doigts. L'ancien ninja de Suna avait prévu toutes les options possibles, incluant celle où Aya venait à les trahir. Un bien dangereux mécanisme dont elle ne doutait en aucun cas de son efficacité, connaissant son diabolique créateur. Pourquoi Kisame ne l'avait-il pas tuée directement plutôt que de la laisser survivre ainsi avec une permanente épée de Damoclès au-dessus de la tête ?
Kankuro revint quelques minutes plus tard avec deux tasses de thé bien chaud et en offrit une à la jeune femme. Elle aurait rêvé avoir une personne aussi aimable à ses côtés, pouvant compter sur lui en toute circonstance. Malheureusement, elle n'avait personne. Absolument plus personne. C'était comme un vide permanent dans son cœur qu'elle ne savait combler bien qu'il ne la fasse souffrir continuellement. Elle aurait tant voulu pouvoir dire la vérité à ce ninja et se libérer des chaînes d'Akatsuki, quand bien même cela finirait par lui coûter la vie. Malheureusement, tous les deux étaient dans des camps adverses.
Une ombre traversa son regard et cela ne passa pas inaperçu aux yeux du marionnettiste qui parut surpris de lire un tel désespoir dans ces pupilles si lumineuses.
« Tout va bien ? Demanda-t-il.
— Ah... Désolée... Mais il s'est passé tant de choses aujourd'hui. Tant d'horreurs... Je ne comprends pas comment des individus peuvent faire cela à des innocents... La dame de l'auberge, elle avait pris soin de moi comme si j'avais été sa propre fille, elle m'a soignée, logée et m'a offert toute sa bonté... Et moi, je n'ai pas pu la sauver... »
Aya avait beau être une déserteuse travaillant pour l'impitoyable Akatsuki, elle ne pouvait accepter de voir des innocents mourir. Surtout par sa faute. Elle avait toujours œuvré pour s'attacher le moins possible aux gens, ayant vu tant de monde mourir sous ses yeux désabusés. Mais ce jour-là, elle avait l'impression d'avoir reçu un coup de poignard suite à cette dramatique attaque.
Surprise, elle sentit des larmes rouler sur ses joues. Il était plutôt rare qu'elle pleure en temps normal mais le poids qu'elle portait sur son dos lui parut soudain insurmontable. Peiné de la voir ainsi, Kankuro passa son bras autour de ses épaules et la laissa pleurer contre lui sous le regard sombre de son aînée qui les lorgnait au loin.
« C'est quoi ce plan foireux ? S'emportant la blonde lorsqu'ils furent à l'abri de toute oreille indiscrète.
— Tu veux savoir si elle cache quelque chose ? Si c'est le cas, entrons dans son jeu. Je vais me lier d'amitié avec elle, ça me permettra de garder un œil attentif sur elle. Au moindre faux pas, je serai là et je me chargerai de son cas.
— Et si tu t'attaches ? Demanda Temari sceptique.
— Je suis un ninja, répondit Kankuro avec sérieux. Je sais garder une distance émotionnelle avec les autres.
— Un ninja... Dis plutôt un mec pas très sociable de base et assez coincé, ha ha ! Se moqua sa sœur.
— Certes, mais un ninja avant tout. Fais-moi confiance, j'ai déjà informé Gaara de mon intention et il me soutient.
— Oh... Si Gaara te soutient, j'imagine que je n'ai d'autre choix que de te suivre...
— Je t'en prie, ne commence pas...
— Tu aurais pu m'en parler avant d'ennuyer Gaara avec tout ça ! Il a bien assez à faire en tant que Kazekage !
— Je ne cache rien à mon frère, c'est de cette façon que la confiance fonctionne.
— Et moi alors ? Je compte pour du beurre ?
— Hey, c'est quoi cette crise de jalousie ?
— Ha ! Ha ! J'avoue, je te charie...
— Kankuro-dono, Temari-san, vous voici enfin ! Nous allons procéder au rapatriement des blessés à Suna !
— Parfait, on arrive. »
Entre temps, Aya avait fait la connaissance des parents dont elle avait sauvé l'enfant. Le couple avait tenu à remercier chaleureusement la jeune kunoichi, versant même une larme pour l'occasion tant ils avaient été soulagés de retrouver leur progéniture saine et sauve sous ces décombres. Ils lui avaient ensuite offert un petit porte-bonheur taillé dans une pièce de céramique en lui recommandant de la garder sur elle en permanence pour accélérer sa guérison. Cet échange avait vivement ému la jeune femme, qui, encore une fois, n'était pas habituée à de tels remerciements.
Par le passé, elle n'avait vu que des visages effrayés par la malédiction du Hyôton puis, plus tard, ceux de ses victimes qu'elle abattait pour le compte d'Akatsuki. Comme quoi, il était plutôt agréable de vivre en cachant son Hyôton sous couvert d'une identité de simple marchande.
Plongée dans ses réflexions, elle n'avait pas remarqué que les gens s'animaient autour d'elle et rapidement, des ninjas s'approchèrent pour la placer sur un brancard tandis qu'un autre cochait son nom dans la liste. S'allongeant sur son lit provisoire, elle vit au loin les silhouettes de ses deux cibles qui la fixaient sans mot dire. A cet instant précis, elle comprit qu'elle ne serait pas forcément la bienvenue et qu'on se méfiait déjà d'elle. Pourquoi n'avait-elle pas pu teindre ses cheveux avant son départ ? Ah oui, on ne lui en avait pas laissé le temps, tout simplement.
Elle allait devoir œuvrer pour gagner la confiance de ces deux-là et ensuite, espérait-elle un jour pouvoir rencontrer le fameux Kazekage. Sasori prévoyait-il de l'éliminer ? Dans quel but ? Probablement une simple rancœur personnelle contre son ancien village. Dans tous les cas, elle n'avait même pas envie de connaître son objectif. Tout ce qu'elle voulait, c'était exécuter sa mission pour vite en être libérée. Mais pourquoi avait-elle ce sentiment omniprésent qu'elle ne s'en sortirait pas vivante ? Akatsuki ne l'emporterait pas aussi facilement contre elle. Mais trahir l'organisation sans y laisser sa peau ? Difficile à concevoir...
Aya n'était jamais allée à Suna mais ce qu'elle vit de la cité l'impressionna, cela changeait radicalement de son village d'origine, baigné dans sa constante brume grisâtre et donnant l'impression que même ses habitants étaient dénués de couleurs. Suna était un lieu vivant et animé dont les bâtiments ocre semblaient illuminer les environs.
« C'est la première fois que tu mets les pieds à Suna ? Demanda Kankuro qui avait rattrapé le cortège.
— Ah... Oui, en effet ! S'exclama joyeusement Aya en esquissant un large sourire. C'est un très joli village, j'aime beaucoup ! Je n'ai pas vraiment l'habitude de cette chaleur écrasante mais je pense que je pourrais m'y faire. Ça change de l'humidité de mon pays...
— Ou de la neige ? Fit Kankuro.
— Uh ? Oui, en effet, il arrive qu'il neige aussi. Mais la neige, c'est quand même plus agréable et lumineux que la pluie. Même s'il fait froid... »
Pourquoi avait-il mentionné la neige ? La manière dont il l'avait évoquée avait laissée Aya perplexe. Non, il ne pouvait pas savoir qu'elle maîtrisait le Hyôton. De plus, il n'était qu'un simple marionnettiste, il ne pouvait pas l'avoir démasquée ainsi.
Se plaisant à admirer les environs, elle questionnait le ninja sur les quelques rares plantes qu'ils rencontraient sur leur passage. La kunoichi jouait l'ignorante intéressée au possible afin de conserver toute sa crédibilité. Elle avait déjà frôlé le sol de ce pays, bien qu'elle n'ait jamais atteint Suna. Contemplant les différents bâtiments et monuments qu'ils rencontraient, elle eut soudain un nouveau pincement au cœur : Sasori et Deidara comptaient-ils attaquer ce village de la même façon que le précédent ? Cette simple pensée la retourna en revoyant les visages de toutes ces victimes, de toutes ces demeures totalement rasées, défigurant la cité en elle-même.
Kankuro avait vu la mine de la jeune femme s'assombrir, trahissant une quelconque souffrance qu'elle ne pouvait avouer.
« Tout va bien ?
— Ah, euh oui... Désolée mais mon esprit s'était un peu égaré... Je me disais que l'autre village était lui aussi très agréable avant que ces criminels ne le bombardent... Je me demande qui peut avoir la cruauté d'agir de la sorte... »
Sur ce point, elle ne mentait pas : elle ne comprenait tout bonnement pas quel plaisir Deidara pouvait-il prendre à perpétrer de tels massacres ? Le fait de connaître les auteurs ne l'aidait pas à se sentir mieux, bien au contraire.
« Akatsuki, soupira le ninja en fixant l'horizon. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler d'eux ?
— Hum... Très brièvement, mentit la jeune femme en faisant mine de réfléchir. Une association de malfaiteurs, non ?
— C'est exact, il est probable qu'ils soient derrière cette action mais j'ignore pourquoi ils ont fait ça. Si je retrouve ceux qui sont derrière ça, crois-moi, ils risquent de passer un sale quart d'heure ! »
Aya ne put s'empêcher de déglutir. Ce type avait beau être sympathique en façade, il se montrerait sans pitié avec elle s'il venait à la démasquer. Malheureusement pour lui, s'il venait à découvrir qui elle était vraiment, il serait vite déçu car à la moindre fuite d'information au sujet d'Akatsuki, elle périrait aussitôt...
« Alors, vous en pensez quoi ?
— Je pense qu'elle nous cache quelque chose, lâcha Temari les yeux rivés vers la fenêtre donnant sur le centre d'accueil des réfugiés. On m'a tout de suite parlé d'elle à notre arrivée, les gardes ont trouvé son histoire peu tangible. Que faisons-nous, Gaara ?
— Kankuro, cette fille semble avoir jeté son dévolu sur toi alors je compte sur toi pour la surveiller. Lie-toi d'amitié avec elle, rapprochez-vous et vois si tu arrives à en tirer quelque chose. Une fois rétablie et s'il ne nous est pas possible d'obtenir des informations de manière douce, je verrai pour qu'une méthode plus forte soit employée sur elle.
— Y a quand même quelque chose qui me chiffonne chez elle. Si elle est bien un espion d'Akatsuki, elle ne semble pas ravie d'avoir reçu cette mission. Elle avait l'air sincèrement triste en découvrant le chaos régnant là-bas.
— Qu'est-ce que tu insinues ? Demanda le Kazekage.
— Elle n'est pas là de son plein gré, probablement manipulée par Akatsuki d'une manière ou d'une autre. Si tel est le cas, elle pourrait tout aussi bien nous être utile sans avoir à employer la « manière forte ».
— Tu as du travail alors, ironisa Temari. Ce n'est plus de l'amitié qu'il te faudra pour arriver à tes fins. Vu comme elle rougit quand on évoque son attrait pour toi, j'imagine que ce sera aisé pour toi.
— Tu me demandes de la draguer ? S'étonna Kankuro agacé.
— Pourquoi pas ? Après tout, ça ne peut pas te faire de mal et...
— Ça suffit, Temari, objecta Gaara d'un ton ferme. Un lien amical suffira. Mais veille à ne pas trop t'attacher à elle car s'il s'avère qu'elle est un espion d'Akatsuki, je ne lui ferai aucun cadeau.
— Eh bien mon petit Kankuro, te voilà sous les projecteurs ! Lança Temari en riant. Évite de trop la faire souffrir, une fille avec le cœur brisé, ninja ou pas, c'est dangereux, tu sais...
— Merci du conseil... soupira Kankuro en levant les yeux au ciel.
— Reste sur tes gardes, n'oublie pas que le duo formé par Akasuna no Sasori est certainement derrière tout ça. Cette fille est certes en vie mais je ne serais pas étonné qu'elle soit aussi truffée de pièges qu'un pantin... »
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