Chapitre 3 : L'Eau et le Sable
[Illustration par Cadel-kipp]
Aya se sentait comme enveloppée dans un cocon, ignorant où elle se trouvait et surtout pourquoi elle s'y trouvait. Que s'était-il passé ? Ah oui, le bombardement. Le décès de sa nouvelle amie qu'elle s'était pourtant jurée de protéger. Cette petite fille qui pleurait et enfin cette bâtisse s'effondrant sur elles.
Sa dernière pensée avait été un mince espoir que Sasori ne retrouve jamais son corps mais elle n'aurait nul moyen de le savoir si elle avait été tuée. Était-elle au moins parvenue à sauver cette enfant qui s'était trouvée au mauvais endroit au mauvais moment ? Elle l'espérait, tout du moins. Sa propre vie n'avait guère de valeur, étant une simple Nukenin sans grande importance, un vulgaire pantin de l'Akatsuki. Elle ne redoutait pas ce moment fatidique de son existence et l'avait probablement mérité pour avoir eu les mains tachées du sang de nombre d'innocents pour le compte de cette maudite organisation. La kunoichi les haïssait sincèrement mais elle n'avait nulle part où aller. Et puis, c'était peut-être devenu le cadet de ses soucis si elle avait enfin trouvé « la paix ».
« Par ici ! Oui, vous pouvez l'installer là, c'est très bien. Savez-vous quand les renforts arriveront ? On commence à être débordés ici ! »
Uh ? Pourquoi tout devenait si bruyant tout à coup ? Qui étaient ces individus ? Où était-elle ? Son corps épuisé peinait à répondre aux ordres que la jeune femme tentait de lui envoyer mais au bout de quelques minutes, ses yeux se plissèrent puis s'ouvrirent dans une aveuglante lumière.
Encore un effort et il lui sembla que ses membres acceptaient enfin de se mouvoir et dans un effort qu'elle qualifia de surhumain, la bleue parvint à basculer en position assise pour faire face à... un véritable spectacle de désolation.
Elle se trouvait dans un vaste bâtiment aux murs jaunâtres et de nombreuses personnes étaient allongés dans des lits de fortune, souvent recouverts de nombreux bandages. Certains gémissaient de douleur face à une sévère blessure ou la perte d'un membre, d'autres pleuraient leurs défunts tandis que certains semblaient toujours sous le choc face à cette attaque surprise.
Le point positif était que le plan de Sasori s'était déroulé comme prévu car elle reconnut nombre de ninjas de Suna, facilement reconnaissables grâce à leurs bandeaux frappés du symbole de leur pays. Tous ainsi que l'équipe médicale semblaient fourmiller tant ils s'agitaient, révélant la gravité de la situation. Aya grimaça en songeant que tout ce massacre avait été uniquement perpétré pour lui permettre de s'infiltrer à Suna et récolter des informations sur le Kazekage et son entourage.
Une vive douleur transperça le ventre de la jeune femme qui se cambra de douleur : elle s'en était sortie mais pas indemne, malheureusement. Et encore une fois, cette maudite mission l'empêchait de se soigner correctement.
« Tu ferais mieux de t'allonger, lui conseilla un individu à côté d'elle qu'elle n'avait pas détecté.
— Pardon ?
— Ta blessure n'est pas des moindres, tu ferais mieux de te reposer. Je sais que tout ceci est choquant mais le mal est fait désormais... J'ai entendu dire que tu avais risqué ta propre vie pour sauver une petite fille, c'est très noble de ta part, ses parents te sont très reconnaissants.
— Alors elle est vivante? Souffla Aya soulagée. C'est une bonne nouvelle...
— Ils ont promis de te rendre visite lorsque tu serais éveillée pour te remercier en personne. Mais en attendant tu devrais te reposer. Je vais t'aider, attends. »
L'homme en question s'approcha et attrapa sa main puis utilisa l'autre dans son dos pour l'aider à s'allonger en douceur, lui évitant ainsi de trop souffrir de son mouvement. Une fois en position, elle détourna légèrement la tête afin de faire face à celui qui l'avait aidée. Environ son âge, plutôt grand, les yeux noirs, la tête recouverte d'un bonnet noir et le visage maquillé de violet. Son regard lui apparut si profond qu'elle parut comme hypnotisée. Non, Aya, songea-t-elle, ce n'est pas le moment !
« Kankuro ! Appela une voix plus loin. Est-ce que tu peux venir un moment ?
— J'arrive, j'arrive... Bien, il est temps pour moi de retourner travailler, bon rétablissement ! »
Kankuro ? Elle avait bien entendu ? Se pouvait-il qu'elle ait eu la chance inouïe de faire la connaissance de l'une de ses cibles dès le premier jour ? Elle ne pouvait pas laisser filer une pareille occasion et devait trouver le moyen de ne pas le perdre de vue mais comment ? C'était un homme après tout et en dehors de Kisame, elle ne savait pas comment s'y prendre. Mais même si c'était maladroit, elle ne devait surtout pas manquer une telle opportunité !
« K... Kankuro, c'est bien ça ? Balbutia-t-elle tandis que le ninja commençait à s'éloigner. Euh... Est-ce que... Est-ce qu'on se reverra ? »
Bravo Aya, tu es la reine des idiotes !
Le jeune homme se détourna, surpris, puis hésita un instant avant de répondre. Évidemment, ils n'avaient parlé que deux minutes, sa demande était des plus stupides ! Il allait au moins lui rire au nez ou bien l'ignorer. D'autant plus qu'elle jouait le rôle d'une simple marchande issue d'un pays pas spécifiquement proche du sien. Idiote !
« Euh... Pourquoi pas... fit-il étonné. Je repasserai te voir quand j'aurai un peu de temps alors... euh... C'est comment ton prénom ?
— A... Aya... Super alors... Merci et... A plus tard !
— Oui... A plus tard... »
Le malaise.
Le pauvre Kankuro devait certainement être affreusement gêné par sa stupide requête. Pire encore, cela donnait l'affreuse impression qu'elle cherchait à le draguer... Sachant qu'elle ignorait tout bonnement les fondements d'une relation amoureuse. Et s'il était marié ? Les maudites fiches de Sasori ne précisaient en aucun cas leurs statuts maritaux ! Comment ferait-elle s'il avait quelqu'un dans sa vie et qu'elle apprenait son comportement quelque peu fonceur ? Sa femme viendrait certainement l'étrangler pendant son sommeil ensuite... Oh stupide Aya !
Toujours sous l'effet de la douleur, elle sentit soudain la fatigue s'emparer d'elle. En dehors de sa ridicule tentative, tout allait bien jusqu'à présent. Même si elle doutait fort que ce Kankuro ne vienne la revoir plus tard, quel intérêt ? Il allait plutôt la fuir comme la peste après sa réplique trahissant son manque d'expérience avec les hommes !
Au fond d'elle, la bleue avait envie de rire. Elle avait vu la mine du brun se décomposer face à elle, ne sachant que répondre. Bien, c'était décidé, elle allait jouer la carte de la jeune femme ayant eu le coup de foudre sur lui. Après tout, il était plutôt mignon, suffisamment pour la déstabiliser un petit peu en tout cas.
Lorsqu'elle était adolescente, elle était tombée amoureuse une fois, il s'agissait d'un membre de son équipe de l'époque mais n'ayant jamais osé se déclarer, rien ne s'était jamais concrétisé. Plus tard, elle avait connu Kisame et les choses s'étaient quelque peu précipitées entre eux, sans laisser le temps aux sentiments de s'installer. Une sorte de folie du moment qui avait vite été balayée d'un simple revers de la main. Elle n'avait aucune expérience en la matière mais comptait bien s'inspirer de son vécu d'adolescente pour jouer son rôle de façon la plus crédible possible.
Et s'il venait à s'attacher et qu'elle lui brisait le cœur au final ? Peu de chances que cela ne se produise, vu la façon dont il avait fui après sa tentative d'approche. Mais elle ne baisserait pas les bras. Certes, elle n'était pas la plus jolie fille du pays mais si ce type s'avérait être célibataire, elle avait peut-être une chance infime de réussir. Le plus vite elle récolterait ses informations, le plus vite elle pourrait mettre un terme à cette mission. Mais après ? Que comptait faire Sasori d'elle ? Mieux valait ne pas y penser pour le moment.
Aya sentit ses paupières s'alourdir et ne résista pas à ce sommeil l'envahissant. Le journée avait été éprouvante pour elle. Quand bien même elle était l'un des sbires d'Akatsuki, elle détestait devoir faire couler le sang d'innocents comme c'était le cas. Alors elle s'accorda un peu de répit, loin de toute cette horreur...
Lorsqu'elle s'éveilla, elle fut surprise de constater que le fameux Kankuro était de retour et semblait discuter avec une jeune femme blonde, coiffée de quatre couettes épaisses et ayant de grands yeux couleur émeraude. Qui était-elle ? Voyant qu'elle s'était éveillée, les deux s'approchèrent, ce qui inquiéta la Nukenin. Était-elle sa petite amie ?
« Est-ce qu'elle est sur la liste ? Demanda la blonde.
— Hum... Oui, je pense qu'on peut l'ajouter.
— OK, comment tu t'appelles ?
— Moi ? Demanda Aya surprise.
— Oui, à qui d'autre veux-tu que je m'adresse ?
— Aya... Nikaru Aya...
— Vu ta couleur de cheveux, tu n'es pas du coin. Kankuro, tu es sûr de toi ?
— Oui, c'est bien gardé, ne t'en fais pas.
— Je suis originaire du Pays de l'Eau. Je suis une marchande qui avait fait une halte dans ce village car j'ai été attaquée sur mon chemin et dévalisée...
— Tu voyageais seule ? Poursuivit la jeune femme en prenant des notes.
— Oui, mon fiancé m'a laissée tomber en cours de route. S'il avait été à mes côtés, je n'aurais certainement pas été attaquée.
— Bien, c'est noté. Tu peux préparer le transfert.
— Le transfert ?
— On manque de place alors ceux qui sont en mesure d'être déplacés vont être transférés dans un centre spécialisé et bien gardé à Suna. »
Bingo ! Mais c'était un peu simple, non ? Et puis c'était qui cette blonde à l'air hautain et méprisant ? Aya dut ravaler sa colère pour éviter de répliquer, étant réputée pour facilement perdre son sang-froid.
« Je veillerai tout particulièrement à ce qu'elle soit bien surveillée, lâcha la jeune femme à voix basse en s'éloignant. Le Pays de l'Eau, il ne faut pas ramener n'importe qui sans prendre de précautions. Tu ne crois pas qu'il faudrait l'interroger une fois rétablie ? Son histoire ne tient pas debout...
— Ne t'en fais pas, je garderai un œil attentif sur elle. Le centre de soin de Suna sera sous ma surveillance, j'en prends la responsabilité.
— Tu as plutôt intérêt, tonna la kunoichi agacée. Il ne manquerait plus qu'une espionne infiltre nos rangs... »
Aya soupira pour elle-même car elle entendait parfaitement leur discussion. Rectification : tout ne serait finalement pas si simple. Et s'il s'avérait que cette fille était la petite amie de ce Kankuro, son plan tombait à l'eau. A noter qu'elle était aussi peu douée pour tisser des liens amoureux qu'amicaux...
Le brun s'approcha de nouveau et esquissa un sourire un peu gênant en se grattant l'arrière de la tête.
« Ah je suis désolé, elle peut être un peu dure parfois mais elle n'est pas méchante... Elle fait ça pour le bien de notre pays et...
— Elle m'a l'air bien susceptible ta petite amie mais bon, je la comprends, tinquiète...
— Euh ?
— Ha ! Ha ! Ha ! Ce n'est pas ma petite amie, c'est ma grande sœur ! Ha ! Ha ! Ha ! »
Tandis que Kankuro s'esclaffait, la mine d'Aya s'assombrit bien davantage : elle avait toujours su que ses capacités sociales étaient limitées mais cette fois-ci, elle touchait le fond. Visiblement, elle n'était pas là d'atteindre son cœur tant elle cumulait les maladresses. Elle n'avait pas de famille du tout alors les liens fraternels n'étaient pas les premiers qui lui venaient instinctivement en tête. Pourquoi n'avait-elle jamais eu de liens amicaux ou amoureux ? Ah oui, maudit Hyôton...
« Hé Kankuro, mais qu'est-ce qu'il te prend ? S'enflamma la blonde en s'approchant de nouveau.
— Ha ! Ha ! Ha ! Excuse-moi mais cette fille est trop drôle ! Rit le brun en essuyant même une larme.
— Vu la situation, cela ne me semble pas très approprié, tout le monde te regarde, idiot !
— Oh mais Temari, elle a cru que tu étais ma petite amie ! »
Temari se détourna vers le bleue qui semblait broyer du noir dans son coin, le regard gêné et tourné sur le côté, grimaçant face à son propre malaise amplifié par le rire incontrôlable du ninja...
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