Chapitre 2 : La Mort dans l'Âme

[Illustration par Pixiv Id 116039]

Le lendemain, Aya fut éveillée par Deidara qui la toisa avec hauteur lorsque leurs regards se croisèrent. Ah oui, elle n'aimait pas Deidara non plus. Pour elle, ce n'était qu'un sale gamin capricieux, puéril et pathétique avec son pseudo art des explosifs. Comment pouvait-on appeler cela de l'art ? Ses jutsus à elle étaient bien plus créatifs que les horreurs créées par ce duo insupportable.

« Les règles sont claires ? Demanda Sasori après avoir expliqué son plan à la bleue qui se révulsait à poser les yeux sur cette horrible marionnette dégoûtante qu'était Hiruko.

— Tout à fait claires, répondit-elle froidement sans même détourner la tête de son sandwich.

— Si tu survis, tu dois faire ton possible pour être emmenée à Suna. Après cela, il faudra que tu te rapproches du Kazekage et de ses proches, à savoir son frère et sa sœur. Mémorise bien leurs informations, elles te seront utiles.

— Oh... Encore des marionnettes... Magnifique... bougonna-t-elle en parcourant la fiche d'un certain Kankuro. Lui aussi il dissèque des cadavres pour jouer aux petits soldats ensuite ?

— Pas que je sache, répondit simplement Sasori. Je suis le seul à maîtriser cet art. Lui, il ne fait que jouer avec de vieilles créations d'un autre temps...

— Vous êtes tous aussi tordus dans ce village ? Histoire que je me prépare psychologiquement... Et pourquoi dois-je me rapprocher d'eux spécifiquement ? Quelle est la finalité ?

— Ça ne te concerne pas. Récolte des informations, je saurai récupérer mon dû en temps voulu.

— Évidemment.

— Ne perdons pas de temps et allons-y. » fit ensuite Sasori après avoir lancé un regard méfiant vers leur espionne qui aurait voulu lancer une nouvelle pique acide.

Le marionnettiste réalisait bien qu'elle était toujours furieuse des événements de la veille et qu'elle peinait toujours à cacher sa fureur. Visiblement, le fait de s'être défoulée comme une furie sur sa statue de glace à l'effigie de son amour perdu ne lui avait pas suffi. Bien que dénué de tout sentiment, l'homme songea qu'à la place de Kisame, il n'aurait pas souhaité recroiser son chemin. Non pas parce qu'elle représentait une menace bien sérieuse mais la kunoichi lui rappelait un petit chien furieux et aboyant jusqu'à s'en casser la voix, une personne bien ennuyeuse en somme. Si elle survivait à sa mission et qu'il ne ressente pas le besoin de la placer dans sa collection florissante, il veillerait à la retourner à son juste « propriétaire » pour éviter d'avoir à supporter sa présence une minute de plus. Un cadeau empoisonné de la part du squale... qui pourrait tout aussi bien mourir accidentellement. Ne serait-ce pas là un bon moyen d'immortaliser de Hyôton dont elle était la dernière détentrice et ainsi garder sa bien-aimée à ses côtés sans avoir à subir ses humeurs ? Il devait tenter de le convaincre du bien fondé de sa solution...

Deidara forma un immense oiseau à l'aide de son argile. De l'art, semblait-il, songea Aya quelque peu dépitée. Tous les trois montèrent sur l'animal qui s'envola dans les airs, survolant la région tel un réel volatile bien qu'ayant une apparence peu commune. Le vol dura suffisamment longtemps pour que la jeune femme sente ses jambes s'engourdir lorsqu'elle regagna la terre ferme en grimaçant.

Avant de partir, elle avait dû revêtir une tenue de marchande composée d'un pantalon bouffant marron, un haut sans manches beige et brun, le tout surmonté d'une cape à capuche bleu marine.

« Tu te rends là-bas car tu as été attaquée sur ton chemin par des bandits qui t'auront dérobé ta monture ainsi que ta cargaison. Vu ta couleur de cheveux, il sera difficile de mentir concernant tes origines alors tu pourras évoquer Kirigakure. De ce que Kisame a pu me raconter, tu as disparu sans même te faire un nom là-bas et tu as vite fini aux oubliettes donc personne ne devrait te démasquer. Encore moins des ninjas de Suna qui n'ont aucun lien avec ton pays d'origine.

— C'est pas crédible, elle n'est même pas blessée ! Lança Deidara ennuyé.

— Ça, ça peut vite se régler. »

Avant même qu'Aya ne puisse esquiver, elle ressentit plusieurs coups lancés par ce maudit pantin, la faisant retomber lourdement sur le sol poussiéreux de ce désert étouffant dans lequel ils avaient atterri. Se relevant avec rage, une pointe de laquelle gouttait un poison qu'elle reconnut aussitôt la dissuada aussitôt de contre-attaquer.

« Je n'ai pas utilisé de poison sur toi, je n'ai fait que rendre notre scénario crédible. N'oublie pas notre accord, tu me dois obéissance. Et une fois sur place, ne t'avise pas de me trahir, compris ?

— Évidemment. Mais après ça, est-ce que je retournerai avec Kisame ? Osa-t-elle.

— J'en doute. On en rediscutera si tu survis à ta mission mais sache que cela ne fait pas partie de l'accord passé avec ton ancien Maître.

— Son amant, tu veux dire...

— Deidara, ferme-la, le coupa le ninja de Suna agacé.

— Bien, bien ! Mais si on pouvait se dépêcher, mes explosifs sont prêts et j'ai hâte de pouvoir raser ce village !

— Si tu arrêtais de bêtement me couper la parole, on aurait déjà terminé ! » aboya Sasori furieux.

Ah oui. L'amour fou entre ces deux-là, toute une histoire... Sans avoir travaillé pour eux, Aya en savait long sur cette relation étrange entre ces deux-là, une sorte d'amour vache comme certains le caractérisaient. Tandis que certains évoquaient une certaine forme d'amitié entre eux, d'autres cependant maintenaient qu'ils se haïssaient sincèrement mais dans le fond, nul ne savait ce qu'il en était réellement. Les deux propositions auraient pu être vraies.

Après avoir donné quelques consignes, la kunoichi put se libérer des deux membres d'Akatsuki pour se diriger vers sa prochaine mission d'infiltration. Comme à chaque fois, elle ignorait tout de sa mission. Cela évitait la moindre fuite d'information dans le cas où elle viendrait à être démasquée. Kisame agissait de la même façon alors en dehors de connaître certaines rumeurs concernant les personnalités de certains membres ainsi que leurs passions parfois morbides, elle ignorait tout d'Akatsuki.

Lorsqu'elle atteignit la cible, elle entra dans la peau de son personnage de manière totalement crédible, habituée à ce genre de scénario lors de ses missions habituelles. Ce village étant sous la protection directe de Suna, les forces de ce dernier interviendraient certainement en leur faveur après le bombardement. Les gardes tombèrent dans le panneau et aidèrent Aya à pénétrer dans le village afin d'y recevoir des soins car Sasori n'avait pas non plus manqué de lui infliger une blessure au kunaï à la hanche, évoquant une véritable bagarre. Les hommes la guidèrent dans une auberge où elle fut accueillie par une femme d'un certain âge, dodue et dont les cheveux poivre et sel étaient rassemblés dans un chignon serré mais décoiffé au sommet de son crâne. La propriétaire se montra si aimable et bienveillante envers Aya que cette dernière en fut sincèrement touchée, se promettant de la protéger de son mieux lors du bombardement, espérant lui éviter ainsi une mort certaine.

Une fois dans sa chambre, elle se posta à la fenêtre et observa les rues animées. Pourquoi fallait-il que ces deux-là viennent bombarder ce village qui n'avait probablement rien à voir avec leurs affaires ? Combien d'innocents perdraient la vie pour leur permettre d'atteindre leur objectif ? Quel était leur but ? Aya ignorait tout de leur mission et se retrouvait piégée dans un dessein qui n'était pas le sien et auquel elle aurait tout fait pour ne pas être mêlée. Akatsuki lui avait offert un refuge après sa désertion mais n'avait-elle pas ainsi facilité le chemin vers sa propre perte ?

Kisame était allé la chercher lorsqu'il avait eu vent de sa désertion, cela ne faisait aucun doute mais elle ignorait pourquoi il avait tout à coup décidé de se séparer d'elle. Tout lui paraissait pourtant si clair encore quelques jours plus tôt mais désormais tout lui semblait désespérément flou. Elle pensait connaître le squale mais finalement, elle s'était largement trompée à son sujet. Une dure réalité qu'elle peinait encore à accepter.

Tandis qu'elle était perdue dans ses pensées les plus sombres, elle tressaillit lorsqu'elle entendit frapper à sa porte. Se détournant, elle autorisa la personne à entrer. La propriétaire du bâtiment se présenta avec un plateau dans les bras et le déposa sur la petite table de bois brut face au lit.

« Vous ne devriez pas plutôt vous coucher ? Demanda-t-elle un peu inquiète. Votre blessure à la hanche risque de s'ouvrir si vous forcez trop dessus...

— Merci, j'apprécie votre considération, répondit Aya peu habituée à ce que l'on s'inquiète pour elle. Je veillerai à ne pas abuser mais rester au lit sans bouger, très peu pour moi...

— Arf, je vous comprends, je suis comme ça aussi ! Mais une jolie fille comme vous devrait prendre davantage soin d'elle. Vous êtes mariée ?

— Ah euh... Séparée... mentit-elle.

— Ne me dites pas que vous avez des enfants ! S'exclama-t-elle choquée.

— Non, non, du tout, nous n'étions même pas mariés. Il m'a trahie alors il n'était plus question pour nous de rester ensemble alors nous faisons désormais route chacun de notre côté...

— Quel imbécile ! Pesta la dame en faisant mine de cracher au sol. Fichus bonhommes ! Mon mari aussi est parti, il y a de ça quelques années maintenant. Il a voulu prendre la mer, vous voyez, mais il n'est jamais revenu !

— Oh... Je suis désolée pour vous... fit Aya sincèrement peinée pour son hôte.

— Pouah ! Pas nécessaire de l'être ! Vous savez, on se reconstruit comme on peut et plus tard, on se rend compte qu'il n'était finalement pas nécessaire de se faire autant de mouron après rupture et que la vie continue. Aujourd'hui, mon auberge tourne bien et je suis heureuse avec mes gamins alors je n'en demande pas davantage !

— Je suis ravie de l'entendre, vous êtes une battante, c'est très louable...

— Peuh, que de manières pour s'adresser à moi ! Allons, allons, je vous ai apporté une portion de ragoût, vous m'en direz des nouvelles ! Il y a aussi du pain avec un morceau de fromage, une part de tarte aux prunes et un thé vert.

— Oh voilà qui donne envie, merci beaucoup !

— Pas de quoi, ma jolie ! Bon appétit ! Je viendrai vous débarrasser un peu plus tard dans la soirée !

— Merci ! »

Cette femme était vraiment adorable, songea Aya en souriant intérieurement. Il était si rare qu'on prenne soin d'elle de la sorte... La dernière fois, c'était après qu'elle ait déserté son village et rejoint l'organisation. Frappée par une sérieuse fièvre suite à une mission, quelqu'un avait pris soin d'elle et veillé sur elle le temps de sa convalescence. Et ce quelqu'un n'était autre que Kisame en personne. Le grand et puissant Kisame, membre d'Akatsuki, oui. Mais c'était la seule fois qu'il avait fait preuve d'une telle considération envers elle...

Après deux jours de repos à maudire la terre entière de ne pas pouvoir utiliser un jutsu de guérison sur sa hanche afin que son histoire ne reste crédible, elle décida d'aller prendre l'air malgré l'air inquiet de son hôte qui se montrait vraiment mère-poule envers elle.

Une fois dans la rue, elle leva les yeux vers le ciel bleu, dénué de tout nuage, et se demanda quand Sasori mettrait son plan à exécution. Réputé pour son impatience légendaire, il n'allait probablement pas faire traîner cette affaire encore bien longtemps...

Et l'instinct de la jeune femme ne la trompa pas car peu avant midi, une silhouette blanche fit irruption dans ce ciel d'un bleu infini et le chaos déferla sur la terre qui se mit à trembler sous ces explosions en série, détruisant tout sur leur passage. Aya était choquée : jamais elle n'avait dû faire face à tant de violence par le passé alors qu'elle avait pourtant longtemps côtoyé celui que l'on surnommait le Monstre de la Brume.

Les explosions s'enchaînèrent, toujours plus intenses et destructrices, rendant toute fuite du village difficile voire impossible. Aya vit nombre de villageois périr sous les décombres, d'autres hurlaient voire suppliaient qu'on leur vienne en aide malgré la cacophonie provoquée par Deidara qui devait s'esclaffer du haut de son oiseau grossier.

Aya s'était empressée de retourner à l'auberge afin d'y retrouver son hôte mais son cœur manqua un battement lorsqu'elle constata que la bâtisse avait été totalement rasée. Grimaçant de douleur, la kunoichi s'empressa de s'approcher afin de dégager les décombres pour y sauver toute âme qui vive encore mais ses espoirs minces jusqu'alors se réduisirent à néant lorsqu'elle fit face à la silhouette inanimée de cette femme si aimable qui lui avait tendu la main, lui apportant un peu de baume au cœur après avoir été lâchement abandonné par Kisame.

Pourquoi n'avait-elle pas pu la sauver ?
Pourquoi s'être montrée si égoïste à vouloir sortir prendre l'air ?
Si elle était restée, elle aurait pu protéger son amie.

Des larmes ruisselèrent le long dans son visage face à cet enfer sur terre. Ce monde était beaucoup trop cruel et tous ces innocents ne méritaient pas de mourir. Cette maudite organisation ne faisait qu'apporter le malheur partout où ils passaient. Existait-il quelqu'un sur terre pour mettre un terme à tout cela ?

Tandis qu'elle pleurait la mort de son amie tout en maudissant Akatsuki, elle entendit des pleurs dans son dos. Des pleurs d'enfant. Se détournant vivement, elle remarqua qu'une fillette se tenait non loin de là, maintenant dans ses bras une peluche poussiéreuse et hésitant entre partir à la recherche de sa famille et se cacher sur place.

Aya n'hésita pas un seul instant, s'empressa de la rejoindre puis la poussa un peu plus loin dans la ruelle pour la protéger d'un rocher s'étant décroché d'une maison avoisinante. Les deux se retrouvèrent ainsi dans une petite ruelle déserte. Pire encore : dans une impasse. Levant les yeux au ciel, la bleue sentit sa fin arriver : la maison qui avait commencé à se délabrer était sur le point de s'effondrer complètement et ne leur laissait aucune issue. Voyant que l'enfant était terrifiée, la jeune femme n'hésita pas un seul instant et entoura la petite fille de ses bras afin d'utiliser son propre corps comme bouclier et ainsi tenter de la protéger de cette avalanche meurtrière...

A cet instant précis, Aya n'émit qu'un seul et unique souhait silencieux : si elle devait mourir, elle espérait du fond du cœur que Sasori ne soit jamais en mesure de la retrouver afin de la transformer en marionnette...

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