Air de ressemblance
Un coquelicot dans ma main, je contemple le paysage devant moi.
Mon chapeau de paille tressé serré contre ma poitrine, je respire l'air marin.
Un coup de vent me percute de face et m'apporte l'air iodé qui m'avait tant manqué.
Loin en dessous de moi, sous la falaise, je peux observer les vagues tumultueuses se fracasser violemment contre les rochers.
Je les vois se briser, se séparer.
Je souris, ferme mes yeux et inspire un grand coup.
Puis, suite à une bourrasque, mes cheveux s'envolent derrière moi.
Je réouvre brusquement mes paupières.
Alors j'écarte soudainement mes bras, et laisse le vent fouetter ma robe légère.
J'esquisse à nouveau un sourire.
Qu'est ce qu'on est bien, ici...
Aucun nuage à l'horizon...
Juste du bleu... Un ciel dégagé... Juste... Ensoleillé...
Je risque un coup d'œil au précipice en dessous de moi.
Les vagues se déchaînent toujours autant sur les pauvres rocs qui n'ont rien demandé.
Le vent est puissant, tellement qu'il en deviendrait même dérangeant.
Je plisse mes yeux et regarde au loin, la bas, dans le ciel.
Des nuages gris sombres se profilent.
Le bruit des vagues éclatantes devient assourdissant...
On entendrait presque des cœurs se briser...
Puis une énorme bourrasque me fait tituber en arrière, et je tombe dans la prairie fleurie derrière moi.
Je rigole, amusée.
Mais c'est en posant mes paumes au sol pour me relever que je me rends compte que quelque chose n'est pas normal...
Alors je me lève d'un bond et me retourne pour tomber face à une pairie, une prairie différente, une prairie aux herbes rousses et aux coquelicots fanés, déchirés.
Je fais volte-face, prenant tout d'un coup peur ; et là, je vois un horizon empli de nuages noir et d'éclairs.
Le tonnerre retentit et me fait trembler.
Le souffle coupé par ce changement si brutal, je m'approche du vide et regarde les vagues déferler toujours plus haut sur les rochers.
J'étouffe un cri en entendant gronder l'orage...
Puis sursaute violemment à l'écoute d'un second coup de tonnerre.
Les larmes me montent rapidement aux yeux.
C'était trop beau pour être vrai...
Alors un gigantesque coup de vent perturbé par l'air lourd me pousse.
Je tente de résister, mais un deuxième lui vient en renfort, puis un troisième ; alors je cède et tombe dans le vide.
La chute me procure une étrange sensation dans le ventre, mais je suis trop occupée à crier pour y faire vraiment attention.
Ici, ce n'est pas comme dans les manèges, c'est dangereux.
Je percute alors douloureusement l'écume et m'enfonce sous la surface, mes larmes se mélangent à l'eau de la mer.
Je secoue la tête et me souviens que je ne peux pas respirer sous l'eau.
Paniquée, je n'arrive plus à retrouver la surface. Je suis sans doute la tête à l'envers, mais je n'arrive plus à voir où est la lumière...
Il n'y en a même plus à cause de ce foutu orage...
Puis en faisant un demi-tour très lent sur moi-même, mon visage se retrouve à quelques centimètres de son visage.
Je me réveille en sursaut, trempée de sueur, des larmes coulant abondamment sur mon visage.
Putain, encore ce rêve.
Je me redresse, paniquée, et tente de respirer.
Je cherche mon air.
Je me rappelle de ce jour où nous étions à la plage, elle et moi. Une simple sortie entre meilleures amies. Mais qui avait tourné au désastre.
Ma gorge est tellement serrée que je doute de ma capacité à respirer.
Il faisait beau, très beau. Du soleil à perte de vue. Et aussi entre nous.
Je commence à bouger mes bras comme s'ils pouvaient m'apporter de l'oxygène.
Et puis nous étions allées nous baigner. Loin, très loin de la côte. Mais ce n'est pas si grave, on aimait ça.
Mais j'ai un truc coincé au fond de la gorge ou quoi ?
À un moment, je l'avais perdue des yeux.
À moins que ce ne soit une crise d'asthme ?
Et je l'avais cherchée partout autour de moi.
Ou alors une crise d'angoisse ?
Mais ça ne servait plus à rien.
Ma gorge commence à produire un son râle.
Des vagues destructrices l'avaient immergée totalement.
Le reste de mon air qui s'échappe ?
Et je n'avais pas eu le temps de la sauver.
Ou le reste de ma vie ?
Son corps avait été ramené quelques temps plus tard par les vagues.
Et moi, qui trouvera mon corps en premier ?
Elle est morte noyée.
Et moi, étouffée inexpliquablement.
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