Chapitre 9 : Conflit d'intérêts
- Je t'ai déjà dit que le vert va incroyablement bien avec le noir et le blanc ?
- Oui, tu me l'as déjà dit, et je t'ai déjà dit non, mon cœur.
Harry s'approcha de Drago et lui attrapa la cravate verte qu'il était en train de nouer autour de son cou, ce qui ne manqua pas de faire râler le blond.
- Pourquoi est-ce que je ne peux pas la mettre ? se plaignit le sorcier.
Il sentait venir le caprice. Il connaissait son copain, et lorsque le Serpentard faisait cette moue, il n'y avait plus d'espoir. Au grand malheur du brun. Celui-ci tentait, pourtant, de l'éviter, encore et encore.
- Tu n'y vas pas en tant que Serpentard. Je ne viens pas en tant que Gryffondor. Sinon, je n'aurais jamais pu être invité à ce mariage.
- Mais juste une cravate verte ! s'exclama Drago. C'est rien, une cravate verte ! Mon ... père en mettait pour les grandes occasions ...
Il finit sa phrase en grommelant, la mâchoire serrée. Il n'avait pas revu son père depuis que celui-ci avait craché aux pieds du jeune couple, et les rapports entre les deux Malefoy n'étaient pas près de s'améliorer. Harry s'approcha dans son dos, déposa ses lèvres dans la nuque pâle du Serpentard et entoura sa taille de ses bras, contemplant leurs reflets dans le miroir en face d'eux. Il pouvait voir Drago sourire, et qu'est-ce qu'il aimait le voir sourire. Il ne s'en lasserait sûrement jamais. Plus le temps passait, plus son amant se détendait et apprenait à sourire et à rire. Finalement, il ne s'était pas révélé si désespéré que ce qu'Harry croyait.
- Tu ne mets pas cette cravate, et, en échange, je fais tout ce que tu me demandes en rentrant. Chuchota Harry à son oreille, sans quitter ses yeux orage du regard à travers le reflet du miroir.
Il espérait au fond de lui que Drago rentre trop imbibé d'alcool pour faire quoi que ce soit. Il l'aimait vraiment, mais parfois, il devait avouer qu'il en avait un peu peur. Comme deux jours plus tôt, quand le blond était revenu à la maison avec un chiot dans les bras. Il avait menacé de mettre le feu au salon fraîchement refait si Harry ne s'en occupait pas immédiatement, et voilà donc deux jours que Billy leur courait dans les jambes, poussant des petits jappements aigus et recouvrant tous les canapés et tous les draps de ses poils dorés. Le chiot profita de cet instant pour faire irruption dans la pièce, se pavanant fièrement avec un chiffon dans la gueule.
- Tiens, c'est drôle, je croirais reconnaître ta chemise moldue, Harry.
Il regarda de plus près, et reconnut malheureusement son vêtement dans les lambeaux de tissu. Il soupira, dépité de l'éducation du chien. Malheureusement pour lui, Drago était bien trop amoureux de ce petit Billy pour lui interdire quoi que ce soit, et il avait donc réussi à être en surpoids après seulement deux jours passés à la maison. Un record.
- Tu as encore laissé le placard ouvert ? s'enquit Harry en essayant de dissimuler le profond désespoir dans sa voix.
- Non ! s'exclama le Serpentard, outré. Je l'ai bien fermé !
Ils avaient donc un nouveau problème : le chien avait appris à ouvrir les portes. Il était devenu potentiellement inarrêtable. Mais pour l'instant, Harry avait d'autres problèmes à gérer, puisque Drago avait subtilisé habilement la cravate verte et l'avait parfaitement mise, ne le rendant que plus beau que ce qu'il était déjà. Le Gryffondor aurait aimé qu'il porte cette cravate : elle lui allait terriblement bien. Mais il ne fallait pas, les consignes de Pansy étaient claires : Les couleurs de la maison Dumbledore, ou vous ne venez pas. Il comptait bien respecter ces directives, après tout, c'était son mariage.
- Drago, mon ange. Dit-il en prenant son beau visage en coupe. Fais-moi plaisir et écoute ton amie, pour une fois. Enlève cette cravate.
Le Serpentard semblait hésiter, mais finit par céder, non sans sourire d'un air machiavélique, et déclara avant d'embrasser Harry avec force :
- Soit, mais ce soir, je fais ce que je veux de toi. Et crois-moi, je vais rester sobre rien que pour toi.
Le brun retint difficilement un juron et s'éloigna pour finir de s'habiller. Ils allaient être en retard, avec toutes ces bêtises. Un long cri retentit dans toute la maison, et les deux sorciers se livrèrent à un duel silencieux, comme par habitude. Ce fut Drago qui abandonna le premier, et il sortit de la chambre. Quelques secondes après, Ted était calmé et le silence était revenu dans la maison. Andromeda étant partie en Norvège pour une histoire d'ingrédients de potion, elle avait confié son petit-fils aux deux garçons, mais avec le mariage, ils n'avaient eu d'autre choix que d'appeler quelqu'un pour s'en occuper. Et si cela faisait des jours que Harry considérait sa solution comme une très bonne idée, il en était moins sûr, désormais. Il avait appelé George pour le forcer à sortir et à s'occuper de quelqu'un, car il pensait que cela lui ferait du bien. Ce dont il doutait plus était l'effet bénéfique pour Ted. Il chassa ses doutes d'un revers de la main et tenta de mettre un peu d'ordre dans ses cheveux, mais rien à faire. Même Drago, qui lui avait appris un sort pour discipliner toutes ses mèches rebelles, il y en avait tant que cela n'avait aucun effet.
- Abandonne, ça ira plus vite. Se moqua gentiment Drago en rentrant dans la chambre, Ted dans les bras. George est en bas.
Harry le suivit dans les grands escaliers, de moins en moins sûr de sa décision. Était-ce vraiment sage de confier Ted au Weasley ? Il avait l'impression d'utiliser l'enfant comme un médicament, et cela ne lui plaisait pas le moins de monde. Même le sourire lumineux que George adressa au petit Métamorphomage ne parvint pas à le rassurer. Il avait un très mauvais pressentiment, et il se trompait rarement. Pourtant, il n'y avait plus de seigneur des ténèbres, plus de danger imminent ... Il décida de ne rien dire et donna les consignes à son ami, avant de partir avec Drago. Il lui attrapa la main et ils transplanèrent.
Les odeurs de la campagne les accueillirent immédiatement. Ils étaient à Fawley, un petit village comprenant plusieurs familles de sorciers, dont celle de Théodore Nott, près d'Oxford. Les maisons encadraient sagement la rue principale, menant jusqu'à la petite église du village.
- Mes deux amants préférés ! s'exclama Pansy en arrivant derrière eux, rayonnante.
- Félicitation à la mariée ! Pour quand, les enfants ? la charia le Gryffondor.
Elle lui adressa une petite tape sur la tête et prit Drago dans ses bras, avant de faire de même avec le brun. Elle n'avait pas encore mis sa robe de mariage, et Théo n'était visible nulle part.
- Où est ... ?
- Parti changer ma robe de mariée. Déclara simplement la brune dans un sourire. Je n'aimais pas la dentelle dans le dos, ça me donnait un air empâté.
- Il faut se rendre à l'évidence, Pans'. Railla Drago, toujours prêt à saisir les perches que l'on lui tendait. Tu es une vache, c'est tout.
- Ne l'écoute pas, il fait la tête parce que je n'ai pas voulu qu'il mette sa cravate verte.
Pansy lui jeta un regard étrange, avant d'éclater d'un rire franc. Son camarade de Serpentard se mit bientôt à rire lui aussi, mais Harry ne comprenait pas. Se tenant le ventre tellement elle riait, la sorcière articula difficilement :
- Cette cravate ?
Tout en montrant la fameuse cravate du doigt. Drago regardait le brun l'air de le défier de la retirer, mais il n'en fit rien. Il savait reconnaître quand une cause était perdue. Il devait l'avoir remise pendant que Harry donnait les consignes à George. Le fourbe. L'élu lui lança un regard assassin mais ne se donna pas la peine de dire quoi que ce soit. Il ne lui donnerait pas cette satisfaction.
- Pansy ! s'exclama Théo en arrivant d'un peu plus haut dans la rue. J'ai ta ...
Il s'interrompit en voyant les deux garçons. Drago se plaça légèrement en avant, tout en attrapant la main du Gryffondor, dans un geste de défense. S'il y avait une personne qui avait eu du mal à accepter la maison Dumbledore, c'était bien Théo. Et il était inutile de préciser qu'il n'approuvait pas de voir son ancien camarade de classe, un « sang-pur prometteur, foutant sa vie en l'air avec ce saltimbanque de Potter ». Mais il rendait Pansy heureuse, alors personne ne disait rien. Et elle ne leur imposait pas sa présence, brillant encore une fois par son indépendance et la liberté qu'elle s'accordait elle-même.
- Et si on rentrait ? Proposa-t-elle dans l'espoir de détendre l'atmosphère.
Les trois garçons lui emboîtèrent le pas sans un mot, et sans se quitter des yeux. N'importe quel étranger aurait pu remarquer l'animosité qui circulait entre eux. Si ce n'était pas le fiancé de Pansy, Harry aurait déjà envoyé son poing dans sa figure et ce, sans aucune hésitation. Il n'aimait pas son petit air supérieur qu'il s'accordait en raison de sa formidable lignée familiale. Il n'aimait pas non plus les penchants pour la magie noire qu'il laissait paraître depuis l'arrestation de son Mangemort de père, mais il espérait pouvoir compter sur la brune pour réfréner tout désir un peu excessif. A dire vrai, il vouait maintenant une confiance absolue en Pansy, alors qu'il avait si bien appris à la détester pendant toutes ses années à Poudlard. Elle ferait une femme merveilleuse, il le savait, alors Théo avait intérêt à la respecter et à la traiter comme telle, sinon il viendrait lui expliquer deux trois petites choses.
Ils arrivèrent à l'entrée d'une immense demeure, bien plus imposante que le manoir des Malefoy, qui était l'héritage de Nott. Seule la mère de Pansy n'était pas à Azkaban, et elle accueillit les nouveaux venus avec un immense sourire. Sa fille lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, si ce n'était pour la couleur des cheveux : elle était indiscutablement blonde là où Pansy était brune.
- Bonjour Drago. Salua-t-elle le blond en le prenant dans ses bras comme une vieille connaissance. Ta mère va bien ?
- Très bien, merci.
- Et toi tu dois être le fameux Harry Potter. Continua-t-elle en souriant toujours autant. Ravie de faire ta connaissance, Pansy m'a beaucoup parlé de toi.
- Pas trop j'espère. Répondit le brun en riant doucement.
- Oh, tellement que j'ai cru que vous étiez deux personnages d'une de ces séries moldues qu'elle s'est mise à regarder. Votre histoire était passionnante.
Harry se sentit rougir jusqu'aux racines de ses cheveux, et à sa droite Drago n'en menait pas plus large. Pansy leur lança un « désolé » mais son sourire montant jusqu'aux oreilles signifiait clairement le contraire.
- Tous les invités sont arrivés, ma belle ? s'enquit la sorcière aux cheveux blonds.
- Non, il manque Ernie et Loufoca.
- Luna. La corrigea Harry par pur réflexe, avant de réaliser ce qu'elle venait de dire. Mais ... Pourquoi Luna ?
- Elle vient avec Ernie.
- Quelqu'un arrive à supporter Ernie ? Intervint Drago, provoquant quelques rires discrets. Je croyais que l'expérience catastrophique de Granger servirait d'avertissement pour tout une vie, mais apparemment non !
- Drag', ne dis pas ça. Le rabroua gentiment la brune. Il peut être plus sympa que toi, s'il veut.
- Plus sympa que moi ? S'insurgea le Serpentard, appelant Harry à l'aide du regard.
- Exactement ce que je veux dire. Au moins, ce n'est pas une princesse, lui.
- C'était particulièrement homophobe, ce que tu viens de dire. Grommela le blond, toujours vexé.
- Non, juste la vérité. Tu fais des caprices, tu as tout d'un claquement de doigts, et tu t'habilles toujours pour plaire à ton prince charmant. Si ce n'est pas la description d'une princesse, ça ...
- Je ne m'habille pas ... Répliqua Drago, son visage ayant gagné plusieurs teintes de rouge.
- Et la cravate ?
Sur ces derniers mots, Pansy sortit accueillir les nouveaux venus en gratifiant son ancien camarade de classe d'un sourire victorieux. Elle avait gagné la bataille, et même Drago ne disait rien. Harry lui embrassa la joue rapidement avant de sortir à son tour saluer ses deux amis. Cette journée s'annonçait magnifique.
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