Chapitre 15 : Complot familial
Harry ne put pas fermer l'œil de la nuit. Une boule douloureuse lui tordait le ventre. A chaque fois qu'il apercevait les cheveux flamboyants de George au milieu de l'obscurité de la pièce, des sentiments complètement contraires l'assaillaient. Toute sa raison lui criait que son ami n'en était pas responsable. Mais au fond de lui, quelque part dans son âme, il y avait une volonté de trouver un responsable. Il avait besoin d'un fautif, de quelqu'un à blâmer pour la disparition de Teddy. Son filleul ne méritait rien de ça, il fallait bien rejeter la faute sur quelqu'un ...
Le soleil commençait à filtrer à travers les lourds rideaux noirs du salon, illuminant doucement les sorciers endormis dans le salon. Harry se doutait bien que peu dormaient vraiment profondément, mais il décida de ne pas faire de bruit. Il se tourna vers Drago, allongé à côté de lui, et remarqua pour la première fois de la nuit les larmes qui ornaient son visage.
- Mon ange, chuchota-t-il doucement pour ne pas éveiller l'attention des autres. Tu ne dors pas ?
Le Serpentard ouvrit ses yeux acier pour les plonger dans ceux d'Harry, transmettant en un simple regard toute sa douleur. Une autre larme se forma au coin de son œil, qu'il ne prit même pas la peine d'essuyer. Il semblait être plus touché que les autres par l'enlèvement du métamorphomage, ce qui ne faisait qu'ajouter à la tornade d'émotions que ressentait l'élu.
- J'ai besoin de toi, Harry. Murmura Drago non sans peine.
Il hocha la tête, comprenant la détresse dans laquelle se trouvait son amant, et lui montra la porte du menton. Si Drago était arrivé au point de dire qu'il avait besoin de quelqu'un d'autre, c'est qu'il n'irait sûrement pas plus loin tout seul. Il avait toujours été comme ça, refusant l'assistance de quiconque, même rendu au pied du mur. Son éducation et sa fierté naturelle l'avaient rendu comme ça, et, malgré ses efforts pour faire rentrer pleinement Harry dans sa vie, il n'y arrivait pas toujours. Les deux garçons se levèrent en silence et sortirent de la pièce en prenant garde à ne pas déranger les autres. Angelina et George étaient allongés côte à côte, non loin d'Andromeda qui sanglotait sans bruit. Harry s'inquiétait pour la vieille sorcière, mais il ne pouvait rien faire pour elle, à l'instant présent. Il rejoignit donc Drago dans la cuisine, où il s'était laissé tomber sur une chaise, complètement abattu.
- Je sais qui c'est, Harry. Dit-il d'une voix étranglée en passant ses mains dans ses cheveux blonds.
Harry s'agenouilla à même le sol à côté de lui et l'entoura de ses bras. Il préférait ne rien dire, et le laisser révéler ce qu'il était prêt à révéler, pas plus, pas moins. Ils marchaient comme ça, et ce n'était pas près de changer.
Un grand fracas retentit dans le salon, coupant net leur conversation. Harry embrassa rapidement le Serpentard sur le front, y mettant toute la tendresse et l'amour qu'il pouvait y mettre, et se précipita dans la pièce d'où venait le bruit.
- Dites-moi que c'est un cauchemar ! Hurla Andromeda, au bord de la démence. Dites-moi que ce n'est pas vrai ! Où est Teddy ? On est mon petit Teddy ?
Elle ne semblait réaliser qu'à ce moment que son petit-fils avait réellement disparu, et l'état dans lequel elle se trouvait. Avec une certaine douleur, Harry ne pouvait pas ignorer la ressemblance qu'elle avait avec sa sœur, Bellatrix, à cet instant précis. Ses longs cheveux noirs étaient devenus comme fous pendant la nuit, étalant leurs boucles tout sur ses maigres épaules. Ses grands yeux bruns, d'ordinaire si calmes et chaleureux, étaient étrangement brillants, comme si elle était vide de l'intérieur. Au milieu de la pièce encore sombre, elle se tirait les cheveux de douleur sous les yeux impuissants de George et Angelina
- Andromeda ! Criait Harry en essayant de l'approcher. Andromeda, écoute-moi !
- Où est-il ? Continuait-elle d'hurler, en fouillant frénétiquement la pièce. Où est Teddy ? Je veux revoir Teddy !
- Andromeda ! Il faut que tu te calmes !
Aucune des tentatives d'Harry ne porta ses fruits, et il ne put rien faire d'autre que s'écarter alors qu'elle commençait à soulever et lancer tous les coussins à travers le salon.
- Où est-il ? Hurla-t-elle encore plus fort, avant de s'écraser au sol, le corps secoué de sanglots.
Craignant une nouvelle crise, personne ne s'approcha tout de suite. Puis, certain qu'elle ne recommencerait pas de sitôt, Harry se précipita auprès de la sorcière en chuchotant des paroles d'encouragement pour l'apaiser. Pour elle, Teddy était la seule famille qu'il lui restait. La guerre lui avait tout pris : son mari, sa fille et son beau-fils. Ce petit garçon aux cheveux multicolores, comme sa mère, était devenu la seule et unique raison de vivre de la cadette des Blacks. Ravissant tout son petit monde par ses grands sourires d'anges et par sa naïveté enfantine, il avait bien su voler le cœur d'Andromeda, mais aussi celui de Drago et d'Harry.
- On l'a pris. Déclara fermement Harry en forçant la grand-mère à le regarder dans les yeux. Quelqu'un a pris Teddy, et on va le retrouver et lui faire payer. On va récupérer Teddy, et ensemble. D'accord ?
Le sérieux et la ferveur avec laquelle il avait déclaré ça semblaient être suffisants pour qu'elle acquiesce en silence, arrêtant de pleurer en même temps. Encore une fois, il devait porter ce poids sur ses épaules. Encore une fois, il devait être ce héros que l'on écoute et que l'on suit. Encore une fois, il devenait cette carapace qui n'avait peur de rien et qui n'acceptait aucune forme de défaite. Encore une fois, il endossait cette responsabilité, et se plaçait au-devant du danger. Il aurait voulu abandonner cette position une bonne fois pour toute après la guerre, mais il n'avait pas le choix. Il était né pour diriger, il avait ça dans le sang. Et, en regardant les visages de Drago, George, Angelina et Andromeda autour de lui, il savait qu'ils en avaient besoin. Cachant du mieux qu'il pût les tremblements de ses mains, il aida cette dernière à se relever, et s'adressa à tout le monde.
- Les aurors vont chercher, mais ils n'ont pas toutes les autorisations, ni tous les droits, car ils font ça officiellement. Ça ne sera pas suffisant. Au mieux, ils retrouveront Teddy d'ici quelques semaines, mais il faut faire plus vite. On ne peut pas le laisser aussi longtemps potentiellement en danger. Donc on va se mettre à chercher nous aussi. Je vais appeler nos amis afin qu'ils nous aident également, toute personne de confiance supplémentaire sera la bienvenue. Nous commencerons les recherches cet après-midi, il faut d'abord prendre des forces, et je sais qu'aucun de vous n'a pu récupérer cette nuit. Vous êtes avec moi ?
Il ne reçut que des vagues réponses en retour, mais c'était amplement suffisant. Le plus vite ils pouvaient s'y mettre, le plus de monde ils arrivaient à réunir, le plus vite ils retrouveraient Teddy. Et c'était ce qui était le plus important. Il croisa le regard de Drago, toujours aussi mal qu'avant, et lui adressa un sourire encourageant. Il ne pouvait pas faire plus pour le moment, il devait faire vite. Son amant entraîna les trois autres sorciers jusqu'à la cuisine, où George et Angelina commencèrent à cuisiner. Entre-temps, Harry envoya de nombreux Patronus, réclamant de l'aide à ceux qu'il pensait susceptibles de venir. Il perdit vite le compte des cerfs argentés qui sortirent du bout de sa baguette, et c'est épuisé qu'il arriva à son tour dans la cuisine, vidé par tous ces sorts complexes qu'il avait dû lancer.
- Nous devrions recevoir une réponse d'ici peu de temps. Annonça-t-il en prenant place autour de la table, une tasse de café dans la main.
Tout le monde lui répondit par une petite parole emplie d'espoir, sauf Drago. Ce dernier n'avait même pas réagi à son arrivée, et contemplait son mug dans un profond silence, qui inquiétait énormément l'élu. Il embrassa doucement sa joue, mais n'obtint aucune réaction. Il devait trouver le moyen de lui parler, seul à seul. Le Serpentard était sur le point d'avouer quelque chose qui lui pesait, et ils avaient été coupés. Harry n'attendait que ça, seulement les autres semblaient attendre autre chose de lui.
- Tu as déjà des idées où commencer ? Demanda George d'un air grave, assis à sa gauche.
Alors qu'il secouait la tête pour répondre au roux, Angelina le sollicitait à son tour.
- Tu as un plan pour lancer les recherches ?
La lueur d'espoir qui brillait au fond des yeux sombres de son ancienne coéquipière de Quidditch le força à mentir, et même s'il détestait en être arrivé là, il ne pouvait ignorer le soulagement visible chez ses amis. Non, il n'avait pas encore de plan. A vrai dire, il comptait sur l'intelligence d'Hermione pour ça. Il savait qu'elle viendrait, et Ron aussi. Ses deux meilleurs amis ne pouvaient pas le lâcher à ce moment-là, ils n'étaient pas meilleurs amis pour rien. Il était moins confiant pour les autres sorciers qu'il avait sollicités, mais il préféra ne pas trop y penser. Reprendre des forces était la première étape, mais réussir à avaler quelque chose était la première épreuve. L'estomac totalement noué par l'angoisse, il dût se faire violence pour manger les toasts et l'œuf qui semblaient le narguer depuis l'assiette colorée.
La sonnette de l'entrée retentit, et tous les sorciers se levèrent comme un seul homme. Le silence dans la cuisine était plus éloquent qu'aucun discours, et ils savaient bien que l'heure de vérité était arrivée. Qui était derrière la porte, prêt à les aider dans leur quête qui semblait si désespérée ? Qui avait répondu à l'appel de l'élu ?
Un petit groupe de sorciers les attendait dehors, souriant malgré la gravité de la situation. Ron et Hermione étaient fièrement en tête, entourés sans surprise par Ginny et Luna, et suivis par Neville, Dean et Seamus. Ils étaient donc douze en tout. La joie de voir autant de monde avoir répondu présent passée, Harry remarqua avec un certain désespoir qu'ils étaient, finalement, bien trop peu pour une tâche de cette ampleur. La mort dans l'âme, il laissa entrer ses amis et le conduisit jusqu'à la salle à manger, une grande pièce très peu utilisée de la demeure. Il les fit s'installer et entraîna Hermione à part.
- J'ai vraiment besoin de toi, Hermione. On n'a pas le droit à l'erreur ...
- Je sais, répondit-elle en pinçant les lèvres, signe de tension chez elle. Et tu peux compter sur moi, sur nous tous.
Il la remercia, soulagé, et prit place au bout de la table. Avec tous ces regards tournés vers lui, il eut l'étrange vision des réunions que tenait Voldemort auparavant, comme celle où il avait vu Charity Burbage se faire tuer. Un frisson le parcourut à la pensée de cette vision, et il secoua la tête pour ne plus y penser, en vain. Rien ne semblait capable de chasser cette image cauchemardesque de son esprit. Sa réaction s'accélérait alors qu'il sentait l'angoisse monter en lui et le noyer progressivement.
- Harry !
Drago lui secoua l'épaule sans ménagement, l'arrachant à ses sombres pensées. Il tenta de se donner un peu de contenance en recoiffant à l'aide de ses doigts ses cheveux indisciplinés, mais il abandonna en remarquant le tremblement de ses mains.
- Bébé, tout le monde attend ...
Drago le regardait, inquiet, et il fut bien incapable de répondre. Pourquoi pensait-il à ça maintenant ? La guerre était finie, Voldemort n'était plus, et cette réunion n'avait rien en commun avec celle qu'il avait pu voir dans le manoir des Malefoy.
Une pensée lui traversa soudain l'esprit, et il se tourna vers le Serpentard. Derrière la panique qui voilait ses yeux gris semblait se trouver autre chose, qu'il n'avait pas vu d'abord. Mais maintenant, il reconnaissait bien cet éclat singulier, et cela ne fit que renforcer ses craintes. Sans détacher son regard de celui de Drago, il prit une grande inspiration et commença à parler, d'une voix ferme et assurée.
- Nous sommes douze. C'est beaucoup, merci à vous d'être là, mais c'est encore trop peu. Il faudra se séparer, essayer de se renseigner à gauche à droite, récolter le plus d'informations possibles. Nous n'avons aucun début de piste, nulle part où commencer, juste un simple soupçon.
Il vit tout le monde relever ses derniers mots, étonnés. Drago, lui, semblait comprendre, et son visage se ferma encore un peu plus.
- Je pense que ...
La sonnette l'interrompit à nouveau. Il retint un juron, et se tourna vers Drago.
- Je ... Tu dois le faire, mon ange. Je vais ouvrir.
Il hocha la tête sans enthousiasme et se leva, prêt à révéler le fond de sa pensée. Harry se dépêcha alors que la personne qui attendait dehors appuyait à nouveau sur le bouton.
- C'est bon, je suis là ! Râla-t-il en ouvrant la porte, alors que la sonnette sonnait pour la troisième fois.
Il s'interrompit en reconnaissant son visiteur.
- Bah alors ? S'étonna Pansy. Tu ne me dis pas bonjour ?
Il resta muet de stupeur. Ainsi, elle était venue elle aussi. Il avait été déçu de ne pas la voir apparaître la première fois, pensant qu'elle avait préféré Théo à eux, la maison Dumbledore. Mais elle était bien là, en chair et en os, pénétrant sans y avoir été invitée dans la grande maison.
- Désolée d'avoir mis autant de temps, j'ai essayé de convaincre Théodore de venir. J'ai loupé quelque chose ?
Harry lui expliqua rapidement ce qu'il s'était passé pendant qu'elle enlevait son manteau et ses chaussures, et marqua un temps d'arrêt avant de déclarer :
- Nous soupçonnons les Malefoy. Ils n'ont jamais accepté de nous voir ensemble, avec Drago, et ils savaient que nous étions à ton mariage. Je ... je pense que c'est Lucius qui a fait le coup.
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