Montre toi digne de moi

Ma mère m'a dit il y a quelques jours qu'elle avait une grosse part de responsabilité dans mon histoire avec Adrian. Ça m'a fait sourire, elle a fait des erreurs en tant que mère, mais c'est la femme qu'elle était qui souffrait et je ne lui en veux pas spécialement, en tout cas pas pour mon histoire d'amour. Alors je lui ai dis ces mots:" Ce n'est pas de ta faute maman, je suis tombée amoureuse et puis je suis tombée c'est tout"

Une phrase que j'avais réalisé plusieurs mois après le début de mon histoire, une chute que personne ne pouvait prévoir, ni moi, ni ma mère, même si son instinct avait vu juste. Elle s'en voulait et s'en veut toujours d'ailleurs et j'ai presque l'impression que je dois être vigilante, c'est ce qui me dérange le plus. J'ai peur qu'elle déprime de nouveau, je le vois dans son regard quand je passe à la maison, je le vois dans l'attitude de mon père aussi, il est sur le qui vive. Une partie de moi, la plus égoïste, est agacée par son attitude, pourquoi ce serait elle qui déprimerait alors que c'est moi qui aie vécu le pire? Mais bon, j'essaye d'enlever ces pensées de mon esprit, parce qu'au fond, c'est de ma faute si elle est dans cet état...

*************

Lorsque je me suis retrouvée dehors, avec juste un sac et ma colère contre ma mère, je me suis sentie complètement abandonnée. Maman venait de me mettre à la porte, comme ça, sans ménagement et papa m'avait rejoint quelques secondes plus tard.

- Ambre, tu vas venir à la maison quelques jours, le temps que ta mère se calme, ensuite on discutera de la situation.

- Tu crois que j'ai envie de voir ta copine papa?

- Ecoute, je ne te laisse pas le choix, tu viens chez moi un point c'est tout!

C'était lui qui s'énervait à présent? C'était la meilleure!

- Je n'ai pas besoin de toi, j'ai les moyens de me débrouiller toute seule!

- Tu n'as pas intérêt de dilapider ce que ta grand mère t'a laissé pour un caprice de gamine!

Je savais qu'il n'avait pas digéré le fait que sa mère ne lui ait rien laissé du tout à son décès. Elle vivait depuis plusieurs années au Royaume Uni et elle avait légué la totalité de ses biens et de sa fortune à mes frères et moi, argent dont on pouvait disposer à notre majorité.

- J'en fais ce que je veux! Je ne mettrai plus un pied dans cette maison...

- Arrête tes enfantillages! avait hurlé papa. Tu as tes torts aussi, alors tu vas venir chez moi un point c'est tout!

- Non, je ne viendrai pas, je...

- Elle va venir chez moi, elle pourra y rester le temps qu'il faudra et elle sera en sécurité.

Mon père et moi nous étions retournés en même temps vers Adrian qui venait de prendre la parole alors que j'avais oublié sa présence. Ni papa ni moi n'avions parlé, le temps avait été comme suspendu pendant quelques secondes.

- Ça permettra à tout le monde de passer une nuit tranquille et d'être apaisé demain, a t-il ajouté calmement.

Mon père n'avait rien, il avait dévisagé Adrian et était monté dans sa voiture dépité. J'avais remarqué que maman nous observait par la fenêtre, alors j'avais attendu, quelques secondes, j'espérais qu'elle sorte et qu'elle me dise de rentrer à la maison. Qu'elle s'était emportée et qu'elle ne pensait pas ce qu'elle avait dit, mais je n'avais eu droit à rien de tout ça, juste son regard noir et le rideau qui se referme.

- On y va Ambre?

Adrian me parlait avec douceur, il avait pris mon sac et rangé dans le coffre avant de me tendre la main. J'ai lancé un dernier regard vers la maison mais il n'y avait plus maman, et la main tendue d'Adrian était la seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher alors je l'avais fais. Son contact m'avait fait lâcher prise et j'ai réalisé à cet instant que tout s'était écroulé autour de moi, l'équilibre fragile avait cédé parce que ma mère rejetait l'homme que j'aimais.

- Ça va aller dorogoy, je suis là maintenant...

Oui il était là, et je l'avais laissé m'entraîner, me soutenir et me supporter pendant les jours qui avaient suivi. Rien ne s'était passé comme prévu, ma mère avait coupé le contact, mon père lui avait reproduit la chose dans laquelle il excellait, c'est à dire la fuite. Mes frères vivaient leurs vies en me soutenant de loin et mes amis proches, Lucas et Elisabeth m'en voulaient parce que je ne leur avais pas dis pour Adrian.

Alors il ne restait que lui, et le fait qu'il mette ses obligations entre parenthèse pour moi représentait tellement à cette période. Je comptais pour quelqu'un et il me le prouvait, lorsque ma mère m'avait rejeté. J'allais en cours, je me concentrais et je travaillais d'arrache pied pour être la première, être la meilleure. Les vacances de la Toussaint étaient arrivées sans que je ne m'en rende compte et la veille de ces dernières, Adrian qui faisait des allers retours entre Paris et le reste du monde était présent.

- Je rentre à Moscou demain et j'aimerai que tu m'accompagnes, ce sera l'occasion de te présenter ma soeur Irina.

J'avais mis un certain temps avant de répondre, je n'avais pas mon passeport et je me demandais comment j'allais faire pour le récupérer. Je ne me voyais pas retourner chez moi, maman n'allait certainement pas m'accueillir à bras ouverts.

- Tu ne veux pas? Ce n'est pas une obligation Ambre, je veux juste que tu rentres un peu plus dans mon univers, et ma soeur en fait partie.

- Il faut juste que je récupère mon passeport, il est chez moi...

- Très bien.

Il avait quitté l'appartement et je me souviens du malaise que j'avais ressenti, je savais que je pouvais pas rester longtemps ici, je devais trouver une solution rapidement. Ce jour là, je n'avais pas été en cours, il fallait que je récupère des affaires et j'avais plus de chance de ne pas croiser ma mère en matinée.

Avec beaucoup d'appréhension, j'avais pris la route pour ma maison et elle semblait vide alors j'ai glissé la clé dans la serrure et me suis rendue compte qu'elle avait été changée. Je ne savais plus combien de temps j'étais restée devant la porte, sidérée par ce que je venais de découvrir. Maman avait fait changer la serrure? Dire que quelques jours plus tôt, nous avions passé un moment complice, même si c'était une manipulation de sa part, j'avais apprécié.

Fort heureusement mon frère Matthieu était arrivé à ce moment là.

- Ambre? T'es revenue ça y'est? Je sors d'une garde de seize heures, je suis mort, mais je suis content de te voir. Maman était vraiment triste ces derniers jours.

- Tellement triste qu'elle a fait changer la serrure...

- Ce n'est pas contre toi, c'est juste que..

- Te fatigues pas Matt, je veux juste récupérer quelques affaires, tu peux m'ouvrir?

Il avait ouvert la porte et j'étais restée à peine quelques minutes, le temps de rassembler un maximum d'affaires dans deux valises et de prendre mes documents importants.

- Ambre, attends! T'as qu'à dire à maman que tu ne le vois plus, tu pourras revenir à la maison et tout le monde ira mieux, avait suggéré mon frère.

- Même si c'était vrai, je ne peux pas revenir ici Matt, pas après ce que maman a fait, et papa s'en fout alors je vais me débrouiller. Va dormir, tu es mort, on s'appelle d'accord? Prends soin de toi Matt.

J'étais sortie et j'attendais un taxi qui était arrivé quelques minutes plus tard. Alors que le chauffeur rangeait mes valises dans le coffre, j'ai entendu ma mère m'appeler:

- Ambre!

Je l'avais observé et c'était comme si notre duel de regard soldait la cassure de notre relation, c'était un adieu de ma part. Au delà d'Adrian et de notre relation qu'elle interdisait, c'était ma mère qui m'avait donné un coup que j'allais avoir du mal à encaisser, et c'était le cas aujourd'hui encore. J'étais montée dans la voiture et j'avais claqué la portière le coeur serré.

J'avais appelé ma marraine Lou, pour lui demander de m'aider à trouver un appartement et se porter garante pour moi. Mon parrain était dans l'immobilier mais je savais qu'il ne prendrait pas le risque de se mettre maman à dos alors que Lou était là pour moi, quelque que soit les circonstances. Elle avait accepté et m'avait dit qu'elle me tiendrait au courant dans les prochains jours.

Adrian et moi étions en route pour l'aéroport après qu'il ait réglé les formalités administratives. Je ne lui avais pas parlé de la demande que j'avais faite à Lou, j'attendais qu'elle me donne des nouvelles avant de lui en parler.

- Bonjour Mr Petrov, c'est toujours un plaisir de vous voir, avait dit un homme en lui serrant la main.

- Bonjour Jacques, voici Ambre, ma compagne.

- Bonjour Mademoiselle, le jet est prêt, veuillez me suivre.

Le jet? Je m'étais retournée pour regarder Adrian.

- C'est l'avion de ma famille, vu la fréquence à laquelle je voyage, c'est nécessaire Ambre.

Je n'avais rien dise et je l'avais suivi, réalisant maintenant à quel point il était riche et que même si je n'étais pas à plaindre, son monde était complètement différent du mien. Je m'étais installée en face de lui, et une hôtesse avait déposé à boire et un plateau d'amuses bouches. Mon téléphone avait sonné à ce moment là et le nom de Lou s'affichait, alors j'avais décroché avant que nous décollions.

- Bonjour Lou, comment tu vas?

- Salut ma belle, je t'appelle rapidement, je t'ai trouvé un petit quelque chose pas très loin de ton école. C'est à une amie, donc le prix est très intéressant, tu peux venir le voir demain?

- Merci Lou, je pars quelques jours, mais je viendrais le visiter dés mon retour, tu penses que ça peut attendre?

- Où est-ce que tu vas?

- Je t'appelle ce soir, merci encore, bisou.

J'avais raccroché parce que j'avais remarqué qu'Adrian avait cessé toute activité.

- Monsieur Petrov, Madame, nous allons décoller, merci d'attacher vos ceintures s'il vous plait, dit une hôtesse.

- Très bien, ne nous dérangez plus, a rétorqué Adrian.

Elle avait refermé la porte coulissant qui nous séparait de l'avant de l'avion.

- Tu m'expliques?

- J'ai demandé à Lou de m'aider à trouver un appartement, je ne veux pas m'imposer chez toi et ça a duré trop longtemps Adrian.

Il avait refermé son ordinateur portable et servi un verre de vodka.

- Tu n'as pas jugé nécessaire de m'en parler avant?

- Je sais que ma présence t'empêche de faire tout ce que tu dois faire, j'ai pensé que...

- Tu as mal pensé!

Il avait hurlé si fort que j'avais sursauté.

- Il est temps qu'on clarifie les choses Ambre, tu traverses une période difficile certes, mais je ne suis pas un des gamins que tu as l'habitude de fréquenter. Je suis un homme et j'exige que tu me respectes, je te fais passer en premier, du mieux que je peux, et tu me considères à peine. Tu prends des décisions sans me consulter alors qu'elles me concernent tout autant que toi, je ne le tolérerai plus. Si tu n'acceptes pas, tu peux descendre de cet avion avant qu'il ne décolle. Tu reproches à ta mère d'avoir été égoïste mais tu prends le même chemin qu'elle.

Ses mots avaient été froids et il n'avait cessé de me regarder dans les yeux en les prononçant.

- J'ai mis beaucoup de choses de côté pour toi, mais tu ne t'en rends pas compte, j'ai même mis mon deuil de côté pour toi Ambre, mais tu agis comme une gamine immature. Tu sais que je t'aime, et que ce sentiment dicte ma conduite, mais il faut que tu change cette attitude! Montre toi digne de moi, et de l'amour que je te porte, sinon, descends de cet avion.

Il avait ouvert son ordinateur et repris son travail tandis que j'assimilais tout ce qu'il disait et réalisais qu'il avait raison. Depuis maman, je ne lui avais montré que très peu d'affection et accordé autant d'attention, j'avais même presque oublié qu'il avait perdu son père et qu'il était revenu pour me voir. Qu'il m'avait accueilli chez lui sans discuter et que je ne l'avais même pas remercié, et surtout, je savais que je ne pouvais pas être loin de lui, je l'avais pris pour acquis, en ne pensant qu'à moi. L'avion avait décollé sans que je n'ai bougé de mon siège et Adrian ne m'avait pas accordé un regard.

- Pardonne-moi, je ne me rendais pas compte de ce que je faisais Adrian.

Il avait levé la main m'intimant de me taire, encore une fois, et je m'étais exécutée. J'avais retiré ma ceinture lorsqu'il avait retiré la sienne et son ignorance m'insupportait.

- Adrian? Parle moi s'il te plait... J'ai compris maintenant, je ne réalisais pas, mais c'est le cas maintenant.

- Je travaille Ambre, repose toi.

Je m'étais approchée et installée à côté de lui.

- Tu me pardonnes? Je te parlerai de tout à partir de maintenant, dis-moi que tu me pardonnes? Il n'y a que toi qui compte, je n'ai que toi en ce moment, je suis désolée...

J'étais pathétique, mais je le pensais vraiment, sans lui j'étais seule avec le coeur brisé, sa présence rendait la situation beaucoup plus supportable et je l'aimais tout simplement. Je n'avais pas fais tout ça pour rien, j'étais dans cette situation parce que je l'avais choisi lui et je ne regrettais pas mon choix. Alors je l'avais embrassé, j'avais compris que le sexe était sa faiblesse, même s'il se contenait au début, alors si ça pouvait lui faire oublier mon comportement, j'étais prête à l'utiliser, juste pour qu'il me pardonne.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top