Un Assassinat Laborieux
Alex parvint à arriver à Londres au milieu de la nuit. N'étant pas stupide, il préféra se trouver un logis pour la nuit. Heureusement, sa tenue était sobre et passe-partout.
L'assassin aux yeux vairons ne trouva aucun abri. Les cafés et les pubs étaient tous clos et la pluie commença à tomber de plus en plus fort.
Tremper jusqu'aux os, Alex trouva finalement un café qui était ouvert. Mais ce dernier allait fermer. Le jeune homme se précipita donc vers le tavernier avant qu'il ne ferme.
- Tu arrives un peu tard mon gars. Lui lança l'homme.
- Je ne veux pas boire mais je cherche un endroit où m'abriter pour la nuit. Répondit Alex.
- Vraiment ? Reprit le commerçant. Dans le noir, il avait du mal à discerner le visage d'Alex. Et que donnerais tu pour ça ?
- J'ai de l'argent si c'est ça que vous voulez.
- L'argent n'est pas mon premier intérêt. Répliqua le tavernier en le faisant rentrer. C'est à ce moment là qu'il constata les yeux bleu et vert. Je n'ai jamais vu des yeux comme ça.
- Je sais. Sourit Alex. Peu de gens en ont déjà vu. Il retourna au plus important. Est-ce que vous avez une chambre ou même une grange ou je pourrais dormir un peu ?
- Oui bien sûr mais je ne suis pas méchant au point de donner ma grange. Riposta le tavernier en souriant. Mais si tu veux dormir, tu devras m'aider demain.
- À quoi ?
- Vu que tu m'as l'air d'un gars bien musclé, tu me donneras un coup de main avec quelques clients récalcitrants. Expliqua l'homme. D'accord ?
- Ca marche. Accepta Alex. Mais je ne sais même pas comment vous vous appelez.
- Appelle moi John.
- Je vous remercie de votre hospitalité. Dit Alex.
Une fois qu'il eut mis son cheval dans la grange, Alex rejoignit la petite chambre qu'on lui avait attribué. Il mit un moment avant de trouver le sommeil.
Après tout, c'était la première fois qu'il partait pour une mission aussi importante sans son mentor. Il avait comme une boule au ventre en y pensant. Mais il chassa rapidement ses pensées négatives par quelque chose de plus intéressant. S'il exécutait cette mission comme on lui avait demandé, il serait enfin reconnu comme un assassin et agirait de son propre chef. Mais pour réussir cette mission, il devait respecter les obligations. Bien qu'il n'était pas spécifié qu'il y avait une méthode particulière à suivre.
Ce ne fut pas les rayons de soleils qui reveillerent le jeune homme mais le vacarme de la rue. Tout en essayant de chasser les vestiges de son sommeil, Alex se rhabilla et descendit pour trouver le café bondé.
- Ça tourne bien on dirait. Dit-il à John.
- Comme tout les matins. Sourit ce dernier. Ce sont principalement des habitués.
- Ha bon. Et c'est quoi le boulot à faire ?
- J'ai une bande de garnement que je ne parvient pas à chasser. Dit-il. Ils viennent tout les midis et mettent le bordel.
- D'accord. Acquiesça Alex. Je reviendrai à midi dans ce cas.
- Alors, ton cheval reste comme caution.
- C'est honnête.
Une fois dehors, Alex partit prendre de la hauteur. Il repéra un vieux bâtiment abandonné et s'y dirigea. Avec sa souplesse et son agilité, le jeune anglais grimpa au sommet et profita un instant de la vue. De sa position, il pouvait apercevoir les grands monuments de Londres et s'aperçut qu'il n'était pas loin de l'abbaye de Westimster
Après être redescendu et avoir parler avec des gens dans la rue, Alex eut deux type de réaction avec ses yeux en plus d'informations. Le plus souvent, les gens étaient littéralement stupéfait mais l'une des marchandes avait dit en hurlant que c'était un démon. Cette phrase l'avait bien fait rire.
Au final, il trouva finalement un vieil homme qui accepta de répondre à ses questions. Mais pas une seule fois, il n'avait lever les yeux de son livre de compte.
- Que voulez vous savoir ? Demanda t-il calmement.
- Je vais aller droit au but. Répondit Alex. Je cherche Victor Vegas.
- Pourquoi une chose aussi stupide ? Dit-il soudainement. Cet homme est une véritable ordure humaine.
- Cela ne regarde que moi. Le coupa l'homme aux yeux vairons. Savez-vous quelque chose sur lui ?
- Oui. Répondit le marchand. Vous aurez plus de chances à le trouver si vous allez à Whitechapel.
- Merci.
Après avoir remercier ce marchand,Alex ne traîna pas pour rejoindre John et exécuter le boulot demander. En arrivant devant le bar, il constata qu'il était pile à l'heure. À peine s'était il payé sa bière, un garçon mal habillé et deux grandes brutes arrivèrent en criant pour qu'on les servent directement. Seulement, c'était sans compter sur le jeune assassin accoudé au bar.
- T'attends quoi pour nous servir ? Cria le premier en tapant son poids sur le bar. Alex remarqua le visage angoissé de John et lui adressa un petit clin d'œil.
-- J'étais là avant toi. Reprit calmement Alex sans pour autant regarder le garçon. Et tu sera servit quand j'aurai eu ma bière.
- Espèce de connard. Dit-il à nouveau en s'avançant près de l'homme aux yeux vairons.
Alex se tourna donc vers le gamin insolent qui ne devait pas avoir plus de seize ans. C'est à ce moment là que le gamin se rendit compte de son erreur. Alex le dépassait de plus d'une tête et ses yeux bleu et vert ne le quittaient pas du regard.
Mais le garçon reprit vite sa confiance quand ses deux acolytes plus grand et plus vieux que lui vinrent le rejoindre. Dès qu'Alex fit mine de s'avancer, le premier gamin passa à l'attaque. Mais le jeune assassin évita rapidement le coup et envoya une magnifique droite dans sa machoire.
Après ça, l'un des deux hommes ne perdit pas une seconde avant d'empoigner Alex par le col de sa chemise. Tout en le tenant fermement, l'homme au visage couvert de cicatrise sortit de l'établissement pour le lancer dans la rue. Alex roula plusieurs fois sur lui-même pour se redresser rapidement couvert de boue.
L'un des deux hommes musclés n'était pas très intelligent. Il n'évita pas la brique qu'Alex venait de lui lancer en pleine face. Cependant, l'assassin se rendit compte de sa mauvaise posture quand ce grand type resta toujours debout et fonça vers lui.
Heureusement, son agilité et sa souplesse lui permirent d'éviter la totalité des coups. D'un geste rapide, Alex dégaina son couteau et le planta dans le cou du plus stupide des deux hommes. Ce dernier s'effondra au sol dans une mare de sang.
Une fois debout, Alex recula de plusieurs pas et constata l'expression de frayeur mélangée à la colère sur les visages de la grand brute et du gamin. Finalement, le gamin reprit la parole en hurlant.
- Tu vas payer cet affront, étranger. Hurla t-il. Ce qui n'était pas très effrayant était son arme qui se résumait à une bouteille brisée. Tu vas crever.
Il n'attaqua pas directement et laissa la grande brute s'en occuper. Ce dernier était plus grand que le premier homme et plus rapide. Contre lui, Alex récoltait quelques coups de poings qui eurent vite fait de le désorienter bien qu'il aille réussi à donner plusieurs coups de lame.
La brute le frappa violemment au visage d'un revers de la main droite. Le gamin avait réagi rapidement et asséner un coup avec la bouteille brisée. L'assassin s'effondra alors au sol, complètement sonné. Tout était flou et sa tête lui faisait mal. Il sentait le sang couler de sa bouche pour recouvrir son menton.
Au moment il avait heurté le sol, ses deux adversaires avaient commis une erreur en détournant le regard pour s'adresser à la foule qui s'était aglutinnée autour du combat. Les cris de cette foule s'étaient finalement tus quand Alex se remit sur ses pieds. Bien que blessé, il souriait sans retenue.
Il ne laissa pas de temps de réaction à ses adversaires pour lancer d'un geste vif son couteau dans la gorge de la brute. Le gamin voulut attaquer mais Alex bloqua aisément son attaque en attrapant fermement son poignet et lui bloqua son autre bras.
- Pitié. Gémit-il. Ne me tuez pas.
- Pitié ? Répéta Alex avec une légère surprise dans la voix. Dis moi pourquoi je devrais avoir de la pitié pour un sale gosse comme toi ?
- J'ai rien fait de mal. Dit-il en tremblant de peur.
- Menteur. Cria le tavernier. Cela fait trop longtemps que toi et tes copains viennent dans mon établissement et mettent le bordel.
- Ha. Tu n'est donc pas si innocent que ça. Souffla Alex.
- Qu'est-ce que vous allez me faire ? Demanda t-il sans pouvoir cacher sa peur.
- Connais tu Vegas ? Demanda l'assassin après un instant de réflexion.
- Oui monsieur. C'est mon patron.
- Parfait. Lâcha subitement Alex en l'empoignant par le col de sa chemise.
Avec une corde, il attacha soigneusement le gamin à un poteau dans la grange. Une fois certain qu'ils n'étaient pas écouté, Alex reprit la parole.
- Tu n'est qu'un gamin. Dit l'assassin. Je ne tuerai pas car je crois qu'on peut s'arranger.
- Comment ? Demanda le gosse en retrouvant un peu d'assurance. Vous avez tuer mes deux hommes de main.
- Trop gros et trop bête. Commenta Alex en allant prendre un seau d'eau et un morceau de tissu près de son cheval. Ce que je veux, c'est trouver Vegas.
- On ne l'approche pas aussi facilement. Il est très méfiant et sa réputation de brute alcoolique n'est pas à prendre à la légère.
- J'en prend note. Dit Alex tout en nettoyant sa lèvre avec de l'eau claire. Une fois propre, il se servit d'un miroir pour voir une petite cicatrice sur ses lèvres du côté gauche. T'as bien réussi ton coup avec la bouteille. À cette remarque, le gamin garda le silence. T'as un nom ?
- Non. Tout le monde m'appelle la taupe.
- Très bien la taupe. Il tira une caisse en bois afin de s'asseoir. Ce que je vais te proposer est très simple. Toi, tu veux partir et aller prévenir ton patron. Il marqua une pause sans quitter la taupe du regard. Moi, je veux que tu me mène à ton patron sans le prévenir.
- Où voulez-vous en venir ?
- Mène moi à Vegas et je te laisse la vie sauve.
- Sinon quoi ? Demanda le gamin d'une voix hésitante.
- Je te laisse ici aux bon soins du tavernier.
L'instant d'après, la taupe était d'accord de coopérer. Ce qui surpris le gamin était qu'il devait simplement revenir à la grange à la nuit tombée. Pour l'assassin, ils devaient tout les deux se faire confiance, bien que cela était risqué.
Lorsque la nuit fut tombée, Alex était partit sur le toit afin de vérifier que la taupe ne reviendrait pas avec des hommes. Il vit alors dans la rue le gamin revenir avec son cheval. Une fois qu'il fut rentrer dans la grange, l'assassin resta prudent et attendit un peu avant de le rejoindre.
Sans un bruit, Alex rentra dans la grange et atterrit derrière la taupe qui sursauta en le voyant.
- On y va ? Lança Alex en montant sur son cheval.
- Oui. Affirma la taupe à son tour. J'espère que nous ne serons pas repérer.
- On verra. Reprit l'homme aux yeux vairons.
En ne faisant aucun bruit inutile, les deux hommes se dirigèrent vers Whitechapel. Alors qu'ils n'étaient que dans le quartier du Strand, la taupe se stoppa brusquement.
- Je dois vous prévenir avant.
- De quoi ?
- J'ai du expliquer ce qu'il s'était passé mais j'ai pas dit qui avait tuer les deux autres.
- Connard. Jura Alex. Je t'avais dit de ne pas les prévenir.
- Mais j'ai un plan. S'exclama le gamin en voulant éviter sa colère. Je peux vous faire rentrer en contact avec Vegas.
- Vraiment. Souffla l'assassin. Et comment ?
- En vous faisant passer pour quelqu'un qui cherche du travail. Répondit la taupe. Il s'étonna du visage presque satisfait de l'homme comme s'il venait d'avoir une idée. Et vous pourrez approcher Vegas sans problème.
- Tu aurais dit me le dire avant. Grogna l'assassin. Mais c'est une bonne idée.
- Est-ce que vous comptez le tuer ? Demanda soudainement la taupe en surprenant Alex.
- Ça te plairait ?
- Rien ne pourrait me rendre plus heureux. Répondit le gosse avec un regard dur. Il a égorgé mes parents devant mes yeux pour que je lui obéisse.
- Je vois. Faisons ainsi alors. En reprenant le trot, une question lui vient à l'esprit. Je n'ai pas vraiment envie de t'appeler la taupe. Tu n'as vraiment pas de nom ?
- Tom. Répondit le garçon. Ils m'appellent la taupe parce que je passe inaperçu.
- Un surnom mérité sauf si tu entres dans un bas en criant. Lui sourit l'assassin. Il rigola légèrement en voyant le visage gêné de son collègue.
- On y est presque. Reprit Tom après une dizaine de minutes silencieuses. Je connais un endroit sûr pour les chevaux.
-Je te fait confiance. Déclara Alex en surprenant la taupe.
- Après une demi journée ? Souffla t-il, incrédule.
- Oui. Affirma Alex. Tu as l'air honnête. Je crois que je ne me trompe pas.
- Et si vous vous trompez ? Demanda Tom en descendant de cheval.
- Ce ne sera ni la première ni la dernière fois. Répondit l'homme aux yeux vairons.
Une fois dans le quartier faiblement éclairé par la lune, Alex se laissa guider par le jeune garçon. C'est en rentrant dans une ruelle étroite que l'assassin comprit qu'ils étaient surveillés. Un homme sur le toit portait une carabine et les gardaient à l'œil. Dans la petite cour mal entretenue, ils furent entouré par beaucoup d'hommes et de femmes habillés de rouge.
L'un d'eux tenait un revolver dans sa main et l'autre tenait une cigarette de faible qualité. Ses cheveux d'argent étaient soigneusement coiffés et ses yeux noirs fixaient le nouveau venu avec méfiance.
- Éric. Commença la taupe. Voici l'homme dont je t'ai parlé.
- C'est donc toi qui veux du travail. Reprit l'adulte en s'approchant d'Alex qui releva subitement la tête. Éric reste stupéfait devant les yeux bleu et vert. En voilà un truc bizarre.
- Mes yeux sont parfaitement normaux. Riposta Alex. Que dois-je faire pour avoir du travail ici ?
- T'as du cran. Dit l'homme en rouge. Tu me plaît.
- Vous n'avez pas répondu à ma question. Siffla Alex avec un regard de colère. Intérieurement, la situation lui plaisait. La taupe m'a dit que c'était à votre chef que je devais m'adresser.
- C'est comme ça que ça marche, en effet. Répondit Éric. Suis moi.
Alex lui emboita alors le pas à l'intérieur du vieux bâtiment. Personne ne les suivit. Il semblait évidemment que les hommes de Vegas ne pouvaient pas faire tout ce qu'ils voulaient. Dans un couloir plutôt étroit, Éric se dirigea vers une porte et fit signe à l'assassin d'attendre.
L'attente fut longue et Alex sentit le stress et l'angoisse lui nouer l'estomac. Par de profondes respirations, il tenta de se calmer mais c'était difficile. Il cacha son malaise de son mieux quand la porte s'ouvrit. Éric sortit avec une sorte de sourire sur le visage.
- Entre. Dit-il simplement. Une fois que c'est fini, tu viendras avec moi.
- Compris. Acquiesça le jeune homme qui avait d'autres plans en tête.
Une fois à l'intérieur, la porte se referma brusquement derrière lui et son regard se fixa sur l'adulte. Un homme de quarante ou quarante cinq ans au crâne dégarni le fixait d'un air noir. Ses pupilles grises étaient fixé dans les siennes et son visage était fermé.
- On va faire simple. Dit-il en se levant brusquement. Comment tu t'appelles ?
- Alex. Répondit-il simplement.
- D'où tu viens ?
- De Londres.
- Pourquoi tu veux travailler pour moi ? Demanda Vegas en se fixant devant lui.
Une fois l'un en face de l'autre, Alex constata qu'il n'était pas si grand que ça. Il ne faisait que cinq ou dix centimètres de plus que lui.
- Je suis orphelin depuis plusieurs années. Mentit il. J'ai du mal à survivre chaque jour et je veux trouver un bon travail.
- Je n'engage pas les gamins des rues. Grogna Vegas en se retournant.
A ce moment là, Alex saisit sa chance quand le templier commit l'erreur de se retourner. Il s'avança rapidement en degainant son couteau. D'un bond vif, il se lança et frappa le dos du templier avec ses pieds. Ce dernier heurta violemment le bureau et tomba au sol. Il eut à peine le temps de se retourner que l'assassin lui planta la lame dans la gorge. L'homme commença à se débattre avant qu'Alex ne porte deux doigts à ces lèvres pour le faire taire.
- Tu n'as pas plus de trente secondes avec de mourir. Dit Alex. Ou est la clé ? Le mourant lança un coup d'œil sur le bureau pour montrer la boîte en bois du regard. Pour qui tu travailles ?
- J... Jonas Fern. Cracha t-il en se vidant de son sang.
- Merci pour ces réponses. Termina Alex en ôtant sa lame, abregeant ainsi les souffrances du templier. Comme preuve de son assassinat, il passa un mouchoir sur la gorge ensanglantée et murmura trois mots. Requisca in pace.
Alex alla alors prendre la boîte de la clé et l'ouvrit. À l'intérieur, il y avait un petit triangle dorée couvert de symboles qui lui était inconnu. L'objet était fixé à une chaîne d'argent. L'assassin referma alors la boîte et passa la clé autour de son cou avant de la dissimuler dans le col de sa chemise.
Sachant qu'Eric était toujours derrière la porte, Alex préféra se forcer à ouvrir la fenêtre. De plus, le templier commençait à appeler son patron et décida soudainement d'ouvrir la porte. Elle s'ouvrit au moment où Alex ouvrit la fenêtre.
Il y eut comme un ralenti quand le templier posa les yeux sur le corps mort de son chef. Mais il reprit vite ses esprits en dégainant son revolver. Le détonation retentit quand Alex se jeta par l'ouverture.
Le jeune homme sentit une douleur intense dans son flanc mais se força à l'ignorer pour grimper sur le toit. Une fois dessus, il posa rapidement les yeux sur sa blessure. Son flanc gauche se tentait de sang. Il déchira une partie de sa chemise pour garder une pression sur la plaie. La balle l'avait transpercé de part en part mais il ne savait pas si des organes vitaux étaient touchés.
Ignorant sa douleur et les cris des templiers dans la cour, Alex utilisa l'obscurité des bâtiments pour se déplacer jusqu'à son cheval. Il descendit dans la petite cour et se figea en voyant un garde tout près. En se déplaçant, il constata qu'il s'agissait de Tom et un soulagement intense le parcouru.
Il ne traîna pas pour arriver à sa monture et monta en selle avec difficulté. Tom s'était fortement inquiété en voyant que l'assassin était blessé mais ne posa pas de question et le suivit.
Après être certain d'être à l'abri, ils firent ralentir leurs montures. Si Tom descendit, Alex ne bougea pas.
- Je connais un endroit pour vous soigner. Dit-il.
- Non. Refusa Alex. J'ai commis l'erreur d'avoir été vu. Il grimaca un instant et reprit la parole. Je dois partir.
- Laisse moi au moins t'aider. Insista le garçon en utilisant le tutoyement.
- Tu m'as déjà rendu un fier service en me permettant de l'approcher. Lui sourit Alex en pressant davantage sa main sur son flan. La blessure commençait à s'aggraver et son temps était compté. J'espère que nous nous reverrons. Soupira l'assassin avant de partir au galop.
- Moi aussi. Pensa Tom à voix haute.
Combattant la douleur, Alex fouetta les flancs de sa monture. La tentation de fermer les yeux et de se laisser engloutir par l'obscurité était beaucoup trop tentante. Il ne pouvait pas perdre conscience, pas maintenant.
Le trajet pour retourner chez lui sembla bien plus court. Le soleil commençait à se lever quand Alex retourna enfin à la maison. Aussi épuisé que le cheval, il tremblait de douleur. En baissant les yeux, l'assassin constata que son côté gauche et son pantalon étaient teintés de sang.
Son corps le suppliait de se reposer, de ne plus bouger. Son esprit s'efforcait de rester le plus clair possible mais la fatigue était trop forte.
Alors qu'il tentait faiblement de guider le cheval vers l'habitation, une voix familière lui fit tendre l'oreille. En relevant la tête, Alex reconnut la silhouette de son meilleur ami. Il tenta de l'appeler mais perdit conscience et s'effondra au sol.
La veille de Maxime avait démarré en fin de soirée. Charles lui avait demandé de surveiller la maison jusqu'à ce que son fils revienne. Le maître assassin devait retrouver des informateurs non loin de chez lui. Tout le monde croyait qu'Alex aurait besoin de temps pour sa mission mais Max savait que son ami pouvait être très rapide.
Il s'autorisa quelques heures de sommeil avant le lever du soleil. Alors qu'il faisait des petits exercices physiques dans le jardin, le bruit d'un cheval le stoppa. Max tendit l'oreille et reconnut la venue d'un cavalier.
Curieux, l'assassin sortit dans l'allée et vit sa jument arrivée. Mais sur le moment, ce n'était pas le cheval qui l'intéressait mais son cavalier.
- Alex. L'appela Maxime.
Le jeune homme le vit relever la tête avant de tomber de cheval. Maxime ne perdit pas une seconde pour courir près de son ami.
Avec douceur, il le retourna sur le dos et s'étrangla d'horreur en voyant la blessure par balle. Il tenta vainement de le réveiller. Le visage d'Alex était trop pâle et sa respiration était régulière mais faible.
Heureusement, Alex n'était pas très lourd. Maxime passa ses bras sous ses épaules et ses genoux et se dépêcha de l'amener chez un médecin. Coïncidence ou pas, l'un d'eux venait de s'établir dans le village.
Arriver à la porte, l'assassin frappa la porte sans arrêt jusqu'à ce qu'on lui ouvre. L'homme, vêtu en pyjama, arriva et l'expression énervé se transforma en surprise en voyant le blessé.
- Vite, fais le entrer. Lui dit il en lui montrant un lit dont il se servait pour ses patients. Une fois étendu, le médecin se munit d'un couteau pour dégager les vêtements de la plaie. Votre ami est un miraculé.
- Comment ça ?
- La balle n'a pas touché d'organe, elle n'a fait que traverser la chair. Répondit-il. Je reviens. Je vais chercher mes affaires. Gardez la pression sur la blessure.
Maxime s'assit alors à côté de son ami et lui prit la main. Sentant le contact, Alex gémit et ouvrit les yeux. Soulagé de le voir se réveiller, Max laissa échapper un soupir.
- Reste calme. Lui dit-il quand Alex voulut se redresser. Tu es en sécurité. Malgré les tentatives de le calmer, Alex se força à lever son bras pour attraper le mouchoir de sang qu'il donna à son ami. Évidemment, Max savait ce que ça voulait dire. Je le savais que tu réussirais.
- Je crois que j'ai été repéré. Déclara Alex en rigolant faiblement.
- Ne parle pas. Garde tes forces.
Une fois l'homme revenu, Maxime fut prié de sortir de la pièce afin de le laisser travailler. Réticent, l'assassin sortit à contrecœur et alla prévenir le maître assassin de la situation. Mais la maison était vide. Sarah avait du partir pour une mission urgente et Max savait qu'elle reviendrait dans la soirée. Alors il décida de retourner au chevet de son ami.
Il retourna chez le médecin qui venait de terminer. Il laissa ce dernier se changer avant de le questionner.
- Est-ce qu'il va s'en sortir ?
- C'est dur à dire. Répondit l'homme. Si la balle n'a fait que transpercer les chairs, il a perdu beaucoup de sang et il a un peu de fièvre.
- Je peux le voir ?
- Bien sur. Répondit le médecin qui se préparait à sortir. Cependant, je dois vous laisser et aller voir d'autres patients. Il marqua une pause en mettant sa veste. Je ne serais pas très loin s'il y a un problème.
- Je vous remercie.
Une fois seul, Maxime rentra dans la petite pièce pour s'approcher de son ami. Ce dernier était endormi et son teint était pâle et légèrement fiévreux. Étant donné qu'il faisait chaud dehors, le médecin n'avait pas jugé nécessaire de mettre une couverture. Un bandage était serré sur son flanc.
Avant de s'asseoir, Maxime se muni d'un chiffon et d'eau fraîche pour tenter de réduire la fièvre. Avec douceur, il passa le chiffon sur le front et la poitrine de son ami.
En fin de journée, le médecin ne fut pas surpris de voir que l'homme était resté au chevet du blessé. Maxime profita de sa venue pour aller prévenir les parents d'Alex. Heureusement, ces deux derniers étaient là. Maxime leur expliqua toute l'histoire avant de donner le mouchoir ensanglanté.
Charles demanda alors à ce que son fils soit transporté chez lui. Une fois certain qu'il était en sécurité, le père demanda à rester avec sa famille. Dès qu'il fut seul avec sa femme, l'expression autoritaire de son visage se changea brusquement en peur et angoisse de perdre son fils.
- C'est un battant. Dit Sarah en trempant son chiffon dans l'eau fraîche. Il s'en sortira.
Il était évident qu'elle voulait s'en persuader. Son mari s'assit à côté et posa ses mains sur ses épaules.
- Il est prêt. Déclara son mari. J'en suis sûr maintenant.
- Je crois aussi. Dit-elle en marquant une pause. Le templier qu'il a tué détenait la clé.
- J'espère qu'Alex l'a. Soupira le père. Ça nous donnera un avantage considérable.
- Je préfère espérer un réveil rapide. Avoua Sarah.
Cependant, ce ne fut pas facile. Les deux premiers jours, Alex subissait les effets d'une forte fièvre. Ses proches commençaient à douter de ses chances de survie. Mais étrangement, la fièvre baissa rapidement les jours suivants et le jeune assassin recouvrit rapidement ses forces.
Lors d'une journée pluvieuse, Sarah resta dans sa maison à surveiller de très prés l'état de son fils. Sa blessure guérissait bien mais il ne restait pas longtemps éveillé. Le père avait décidé de le surveiller ce jour-là. Alors que Charles était descendu dans la cuisine pour préparer quelque chose à manger, son fils s'était réveillé.
En ouvrant les yeux, la première chose qu'Alex remarqua était qu'il était dans son lit avec sa couverture préférée. En tentant de se redresser, son flanc le fit siffler de douleur et il s'avoua vaincu. D'un geste de la main, il sentit un bandage serré autour de son flanc.
Il décida une deuxième fois de se relever et réussit au moment où son père rentra dans la pièce. Alex pouvait compter sur ses doigts les moments où son père affichait une expression aussi joyeuse. Avec douceur et fermeté, ce dernier le prit dans ses bras.
- Ne me fais plus jamais peur comme ça. Lui dit-il en s'asseyant sur le bord du lit.
- D'accord. Répondit Alex en souriant.
- Je suis fier de toi. Avoua Charles. J'ai longuement discuté avec ta mère et nous sommes d'accord pour dire que tu es prêt.
- Vraiment ? Demanda son fils, incrédule.
- Oui. Répondit son père. Tu crois que tu saurais te mettre debout ?
- Ça devrait être possible. Répondit le jeune homme.
Avec prudence, il se servit un peu de son père comme appui et se mit debout. Les jambes un peu tremblantes, Alex suivit son père et descendit prudemment l'escalier. Une fois en bas, le jeune homme fut immédiatement appâter par l'odeur d'omelette et de bacon.
- Est-ce qu'il s'est réveillé ? Demanda Sarah qui s'occupait du petit-déjeuner à la place de son mari. Ce dernier n'était pas le plus doué pour préparer un repas.
- Oui. Répondit le père. Je crois même qu'il a faim.
- Et pas qu'un peu. Rajouta le fils en souriant.
En entendant la voix d'Alex, Sarah s'était immédiatement retournée pour le prendre dans ses bras. Elle le força ensuite à s'asseoir et lui servit une assiette. Elle fut engloutie en moins d'une minute.
- Tu dois aller te reposer. Lui dit sa mère.
- Mais j'ai encore faim. Se plaignit il comme un gamin.
- Et si je te donne une pomme, tu retourne dans ton lit ? Demanda son père. Il ne put retenir un sourire en le voyant relever subitement la tête, les yeux bleu et vert fixés dans les siens.
- Tu connais mes points faibles. Grogna son fils avec le même sourire.
Et c'est avec une pomme qu'Alex disparut dans sa chambre. À peine eu t-il mangé son fruit, le sommeil le reprit et il s'enroula dans sa douce couverture. C'est avec un doux sourire que sa maman est venue jeter un coup d'œil avec de le laisser tranquille.
Une semaine plus tard, Alex avait reprit des forces et n'avait plus besoin de rester coucher toute la journée. Maxime était également très heureux de voir son ami en bonne santé. Seulement, quand il alla le voir un jour, ce dernier était énervé et jetait ses affaires partout dans sa chambre.
- Bordel de merde. Entendit il crier alors qu'il était au pied des escaliers. La seconde d'après, Alex dévalait les marches en courant, l'air furieux. Ou est-ce putain de collier de merde ?
- Pourquoi tu t'énerves ? Demanda Maxime en l'attrapant pour l'empêcher de bouger.
- Je me demande aussi pourquoi tu cries. Dit son père en arrivant à son tour. Qu'est-ce qui se passe ?
- Il se passe que j'avais récupéré cette foutu clé et que je ne l'ai plus. Expliqua Alex en tentant de se calmer.
- Tu l'avais ? Dirent les deux hommes en cœur.
- Oui, je l'avais. Grogna l'homme aux yeux vairons. Comme s'il venait d'avoir une idée, il se tourna pour regarder son ami dans les yeux. Ou habites le médecin chez lequel tu m'a amené ?
- C'est la quatrième maison sur la gauche en sortant. Répondit Maxime.
Sans perdre une seconde, Alex partit en courant avec Charles et Maxime sur ses talons qui peinait à le suivre. En arrivant devant la maison, le jeune homme constata que la porte avait été forcée et il fonça à l'intérieur. Se servant de son sixième sens, il retrouva la présence du docteur qui n'était visiblement pas en bon état. Un couteau avait été planté dans sa poitrine. Alex le releva avec prudence.
- Que s'est il passé ? Lui demanda t-il alors que son père rentrait aussi.
- Des hommes en rouge. Toussa t-il. Ils... Ils vous cherchaient.
- Pour le collier, n'est-ce pas ?
- O... Oui. Répondit il en s'affaiblissant. Je voulais... Vous le... Ramener.
- Savez où ils sont partis ? Demanda Charles.
- Je crois... À Lond...res. Toussa t-il avant de rendre son dernier souffle.
Alex le déposa avec prudence et se remit debout. Une fois en face de son père, les deux hommes se fixerent les yeux dans les yeux avant de sortir.
- Il faut les poursuivre. Déclara Alex.
- Pas maintenant. Lui dit son père.
Le soir-même, tous furent dans les catacombes d'une vieille église, repaire des assassins. Alex ne pouvait ignorer le stress qui lui nouait la gorge. Sa capuche baissée sur les yeux lui garantissait ce part d'anonymat. Mais ce moment dont il avait toujours rêvé était enfin arrivé.
La voix calme et profonde des assassins s'éleva alors pour citer le credo.
- Quand les hommes suivent aveuglement la vérité, rappelle toi... Rien n'est vrai. Quand la morale ou la loi baillonent l'esprit des hommes, rappelle toi... Tout est permis. Nous agissons dans l'ombre pour servir la lumière. Nous sommes des assassins.
La cérémonie se termina au moment où le bracelet de cuir se ferma autour de l'avant-bras d'Alex. Avec une grande fierté, il fit jaillir la lame dans un sifflement métallique comme si l'objet lui-même exprimait l'impatience d'aller se battre.
Le lendemain, Alex décida de partir à Londres. Il allait bientôt avoir vingt ans. Il était capable de prendre ses propres décisions et de suivre sa propre voie. Alors qu'il descendait les marches avec son petit sac sur son épaule, il trouva sa mère qu'il l'attendait.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai quelque chose à te donner. Dit-elle avec un sourire. À côté, son père avait un sourire de fierté sur son visage. Elle lui donna alors un collier qu'il prit le temps d'observer. C'est celui de ton grand-père.
- Il me l'a donné quand j'ai eu ton âge. Reprit son père. C'est comme une tradition.
Le bijou était vraiment magnifique. C'était un A délicatement gravé dans une étoile dorée. Au centre de la lettre, un tout petit diamant brillait. Alex ne savait pas quoi dire.
- Merci. Répondit-il en prenant son père dans ses bras.
- C'est un plaisir.
Après avoir dit au revoir à ses parents, Alex eu une deuxième surprise. Maxime était devant l'entrée avec un deuxième cheval.
- J'en ai un peu marre que tu prenne mon cheval. Déclara t-il de bonne humeur. Alors, j'ai trouvé une solution.
- Tu m'a acheté un cheval ? Lâcha Alex, incrédule. L'étalon était blanc et noir et tapait son sabot sur le sol comme signe d'impatience.
- Il a un si mauvais caractère que son propriétaire allait le vendre. Répondit Max. Il me l'a littéralement donné.
- Je ne sais pas quoi dire. Souffla t-il en prenant les rênes. T'avais pas besoin de faire ça.
- Considère ça comme un cadeau d'anniversaire en avance. Lui dit Maxime en montant en selle. Il se trouve que je vais à Londres moi aussi.
- Quel coïncidence. Rigola Alex en montant sur l'étalon. J'ai justement un collier à récupérer là-bas.
- M'acceptes tu comme compagnon de voyage ?
- Ce serait un honneur. Répondit Alex en ouvrant le chemin.
Les deux amis partirent alors de bonne humeur en direction de la capitale anglaise. Alex était déterminé à chasser les templiers de la ville et avait déjà quelques idées pour y arriver.
-Sir-Galahad
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