Aimer en 1080p

Il n'était que neuf heures du matin, et pourtant Juvia Lockser était gonflée d'énergie. Brosse de cheveux à la main, elle se dandinait dans tous les sens sur le rythme d'une musique qui résonnait dans tout son appartement. Elle ne l'avait découvert que la veille, bande son d'un film qu'elle avait littéralement dévoré, et pourtant elle avait l'impression qu'elle ne pourrait plus vivre sans. Néanmoins, elle se doutait que ses voisins – mécontents – ne tarderaient pas à frapper à sa porte. Mais, dans son état, elle réalisait à peine les représailles, et les retombées auxquelles elle n'échapperait peut-être pas.

La musique en fond, elle trottina joyeusement vers les cuisines, enfin décidée à engloutir son petit déjeuner. Voilà une heure qu'elle était levée, sans prêter attention à son ventre criant famine. Alors qu'elle enfournait une brioche dans la bouche, elle crut entendre sa sonnette. Elle baissa le son des hauts parleurs et se dirigea vers l'entrée, son mets coincé entre ses lèvres. Elle fut à peine surprise lorsqu'elle surprit son patron à son seuil, la mine aussi renfrognée d'accoutumée. Elle le salua à peine, manquant de lâcher son petit déjeuner, mais le brun s'emporta aussitôt :

- Ça fait dix fois que j'essaie de te joindre, tu m'expliques ?

Dix fois ? Elle avala son goûter et répondit :

- Je crois que mon portable est déchargé.

Il soupira, à mi-chemin entre la lassitude et la colère. Il fallait dire que la bleue n'était pas très attachée à son téléphone, alors que, paradoxalement, elle ne pouvait vivre son ordinateur. Grey Fullbuster l'avait parfaitement compris. Et après quasiment un an à travailler ensemble, il avait abandonné l'idée de la comprendre.

Le jeune homme s'engouffra dans l'appartement et éteignit la musique qu'il trouvait assourdissante – et pas à son goût. Juvia, à présent assise sur la chaise du salon, grignotait distraitement, hypnotisée par la présence de Grey dans son appartement. Elle pensa un instant à l'inviter déjeuner avec elle, mais un rapide coup d'œil à l'horloge mural la fit changer d'avis. Il avait sûrement déjà mangé, à cette heure.

- Charge-le, lui ordonna ce dernier en lui jetant son portable qu'il avait trouvé sur le plan de travail. On décolle dans dix minutes.

- Mais il n'aura jamais le temps de charger d'ici là...

- Tu le laisseras ici, répondit-il tout en se dirigeant vers la porte d'entrée.

- Attends ! l'interpella Juvia en se redressant. Tu vas où ?

- Je vais t'attendre dans la voiture.

D'un geste de main poli, elle lui désigna la chaise haute à ses côtés.

- Si tu veux, je peux t'offrir à boire.

- Non, merci. Tâche seulement de ne pas être longue.

Et il disparut aussitôt, abandonnant une Juvia en proie à sa propre déception. Elle soupira longuement. Encore une tentative d'approche échouée. Des mois qu'elle essayait de l'appâter, mais sans succès. Mais le plus insupportable, c'était cette impression qu'il ne le remarquait aucunement. Grey Fullbuster, youtubeur aux millions d'abonnés, semblait déterminé à ne vouloir entre eux qu'une relation patron/employée, qui la ravissait et l'irritait tant à la fois.

Juvia pourrait l'imiter, mais elle avait compris depuis bien longtemps que c'était au au-dessus de ses forces. Elle ne pouvait faire taire ses sentiments, brûlant d'un brasier indomptable, et qui ne demandaient qu'à sortir. Or, le brun ne la voyait pas plus loin que comme son amie d'enfance, et ce malgré les innombrables signaux de la jeune femme. Elle allait finir par croire qu'elle n'était tout simplement pas à son goût...

Elle finit sa brioche sur ces déprimantes pensées.














Un regard oblique indiquait au jeune homme la parfaite attention que Juvia portait à son appareil. Assise sur le siège passager avant, ses doigts parcouraient l'écran et les boutons de l'objet, réglant milles et une choses qui échappaient encore au jeune homme. Bien que son statut de youtubeur « accompli » lui permettait d'acquérir quelques notions dans l'audiovisuel, il n'en était rien de sa collègue, véritablement passionnée de cet art. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il l'avait embauché. Un ami qu'ils avaient en commun les avaient mis en contact, alors que celui-ci cherchait désespérément un monteur. Mais qui aurait cru qu'il tomberait sur un visage perdu de vue depuis presque dix ans ? Le hasard était un concept très surprenant.

- On est bientôt arrivés ? demanda Juvia en posant les yeux vers le conducteur.

Pris en flagrant délit, les mains du jeune homme se crispèrent sur son volant. Il répondit, dans une voix qui cachait difficilement son embarras :

- Ouais... C'est la prochaine à gauche.

Juvia hocha la tête avant d'attacher son appareil autour de son cou. Elle semblait prête pour dégainer la caméra à tout moment. Il sourit devant tant d'enthousiasme. Il ne connaissait personne d'aussi passionné qu'elle, et il trouvait cet aspect de sa personnalité adorable.










- Fin de tournage !

Juvia coupa l'enregistrement, autorisant enfin aux youtubeurs de se reposer, loin de l'objectif de la caméra. Elle vérifia qu'il n'y ait eu aucun problème, puis elle jeta un regard à Grey qui riait avec ses amis. Ils étaient deux à se moquer – lui ainsi qu'un autre aux cheveux roux – d'un troisième aux cheveux roses trempés de peintures. C'étaient des visages familiers que Juvia avait pris l'habitude de croiser, bien qu'elle ne se considérait pas encore aussi proche d'eux. Mais elle n'était plus aussi intimidée qu'elle ne l'était à leur rencontre, au contraire. Mais elle attendit tout de même que son bel apollon soit de nouveau seul pour pouvoir l'aborder.

Or, elle ne put faire un pas dans sa direction, qu'une sonnerie provenant de la poche de Grey se fit entendre. Elle se crispa à l'entente du prénom de son interlocutrice : Briar sa manageuse, et accessoirement une fille que Juvia ne pouvait pas voir en peinture. Elle soupçonnait cette dernière d'avoir deviné l'attirance qu'elle avait pour son client et depuis, elle semblait déterminée à l'éloigner de tous les moyens possibles. Même si Juvia n'avait, en premier lieu, pas compris cette étrange animosité, le poteau rose avait fini par se dévoiler, apprenant à Juvia les certains sentiments que cette mégère semblait également éprouver pour son ami d'enfance. Et cette seule idée la mettait dans tous ses états.

La Lockser observait d'un œil jaloux, l'échange – bien que très professionnel – de son supérieur au téléphone. Une main posée sur son épaule la fit légèrement sursauter, mais elle se radoucit en découvrant le demi-sourire Gajeel Redfox. Ce dernier lui proposa de déjeuner ensemble, ce qu'elle accepta sans une once d'hésitation. Lui était également un youtubeur, moins connu que Grey mais tout de même populaire. Et si Juvia devait classer ses rencontres de ces vingt dernières années, Gajeel ferait sans aucun doute partie des meilleurs, tant l'entente qu'il y avait entre eux était parfaite. De toute sa vie, Juvia ne s'était jamais lié aussi vite d'amitié avec quelqu'un.

Elle rangea son appareil et suivit le brun à la grosse crinière sauvage. Mais, avant d'entrer dans la voiture de ce dernier, elle se tourna vers Grey, toujours au téléphone. S'il la cherchait, il lui enverrait un mail.















Meldy était rentrée étonnement plus tôt que d'habitude, surprenant une Juvia penchée sur son ordinateur depuis la fin de l'après-midi. Sa colocataire s'était absentée ces deux derniers jours parce qu'elle était partie rendre visite à sa mère, avec laquelle elle était très proche.

D'une certaine manière, la bleue enviait leur complicité mère-fille. Bien que la sienne restait malgré tout présente dans sa vie, au même titre que son père, elle ne s'était jamais sentie aussi proche ni de l'un de l'autre. Sa mère était ce genre de femme aimante qui se cachait derrière une apparence stricte et pragmatique. Loin d'être ouverte d'esprit, elle tenait à ce que sa fille ait une éducation digne qui la mènerait à un travail que les normes et la société jugeraient de « respectable ». A sa grande déception ce ne fut pas le cas, mais au lieu de faire savoir à sa fille le fond de ses pensées ou plus encore l'étendue de ses espoirs anéantis, elle se murait derrière un sourire de façade – sonnant affreusement faux – et lui répétait encore et encore que ce n'était pas grave et que c'était la vie. Son père, fidèle à lui-même, restait passif et en accord avec les propos de son épouse qu'il ne considérait pourtant qu'à moitié.

Mais Juvia ne leur en voulait pas. Tant qu'ils étaient toujours là, à répondre au téléphone ou à l'accueillir à chaque fois que l'envie ou le besoin lui venait de les rendre visite, elle était persuadée qu'elle n'avait pas à être triste. Et au final, peu importait ce qu'ils avaient à dire car Juvia adorait son travail, et ne démissionnerait pour rien au monde.

- Alors, ces dernières heures sans moi n'ont pas été trop dure ?

La Lockser leva les yeux au ciel, comme envahit par un fort sentiment de lassitude. Mais malgré les apparences, elle aimait Meldy de tout son cœur. Cette petite boule d'énergie égayait à elle seule toutes ses journées et cette attitude impulsive et souvent immature réussissait à lui redonner le sourire même lorsqu'il n'y avait rien d'autre qu'une pluie torrentielle qui noyait son cœur. Meldy était le genre à aimer se donner cet air naïf et candide, et s'amusait à tromper les inconnus qui la prenaient pour une petite ingénue bonne à rire aux blagues d'adultes. Mais derrière cette femme de vingt-trois ans se cachait une intelligence remarquable et une débrouillardise hors-pair. Elle venait tout justement d'être embauchée dans l'une des plus grandes entreprises du pays alors que ça ne faisait que quelques mois qu'elle ressortait diplômée de son école d'ingénieur. Mais aussi humble qu'elle l'était, elle n'aimait pas s'en vanter.

Et à l'opposé de tout ça se trouvait Juvia. Une femme qui malgré sa tentative d'intégrer une école de commerce, avait échoué face à la pression insoutenable que lui avait infligé la prépa. Elle s'était alors tournée vers l'audiovisuelle, dans l'espoir peut-être d'au moins espérer exceller dans une passion qu'elle nourrissait lorsqu'elle était enfant. Aujourd'hui, elle ne regrettait plus ce choix car c'était ce qui lui avait permis d'en arriver à la place qu'elle avait réussi à obtenir.

- Oui, bizarrement, répondit-elle avec une voix trop aiguë pour être sincère, tout en enregistrant sa section.

- Du coup, tu as avoué tes sentiments à Grey ?

Juvia piqua un fard, évitant soigneusement le regard de Meldy qui s'était confortablement installée sur le canapé du salon, télécommande en main. Bien sûr, le tact était une notion qui ne faisait pas partie du vocabulaire de la petite rose.

- Non.

L'aînée ne cacha cependant pas son air dépité. Ce n'était pas la motivation qui lui manquait pourtant...










Le lendemain, Juvia se rendit au studio de Grey et le trouva endormi. Surprise, elle fit une rapide inspection des lieux et en vue du désordre, elle se demanda s'il n'avait pas passé la nuit ici. Elle se pencha, sans pour engager une quelconque démarche pour le réveiller. Elle le trouvait si mignon endormi. Mais, comme s'il se sentait épier, il commence à remuer, et Juvia, prise de court se redressa, droit comme un piquet. Il prit quelques secondes de plus pour se lever complètement, et bailla aux corneilles. Il ne remarqua qu'ensuite la présence de son amie.

- Juvia ? On avait rendez-vous ?

A première vue, il semblait ne l'avoir pas surpris en train de l'épier. Cette idée la soulagea. C'était tout de suite considérablement moins gênant.

- N...Non. Mais je...

- Je me disais aussi, la coupa-t-il sans vraiment s'en rendre compte. T'as faim ?

- Euh... Je crois... ?

Il demanda à Juvia de l'attendre, puis s'engouffra dans la salle de bain adjacente. Une demi-heure plus tard, il avait complètement changé de tenue. Juvia se garda de toute question, trop éblouie par sa beauté. La bouche en cœur, elle le suivit jusqu'au Starbucks le plus proche. Elle ne put s'empêcher de voir ce petit-déjeuner à deux comme un rencard. Et elle était prête à s'affamer tous les matins si c'était pour pouvoir partager à croissant à ses côtés.

Mais sa bulle de bonheur ne dura pas, peu à peu enveloppé dans un désagréable sentiment ; celui d'être épier. Elle jeta un regard par-dessus son épaule et croisa celui d'un groupe de jeunes filles qui détournèrent presque aussitôt les leur. Elle retint un soupir, elle devrait y être habituée, depuis le temps qu'elle fréquentait Grey. Mais ce dernier n'avait pas l'air de s'en soucier, dévorant tranquillement son pain au chocolat. Elle se dit qu'il y était sûrement habitué, à force.

Ils quittèrent l'office au bout d'une vingtaine de minute. Grey discutait avec la bleue de ses prochain projets vidéo mais celle-ci l'écoute à peine, le sourire aux lèvres, et le brun ne prit pas longtemps à s'en rendre compte.

- J'ai l'impression de parler pour le trottoir...

- Oh excuse-moi ! se reprit-elle mi- gênée. En fait, j'observais ton visage.

- Tu m'observais ?

- Oui... Tu as beaucoup changé. Tu n'as plus du tout l'air du pré-ado que j'ai connu.

Grey trouvait bizarre qu'elle ne lui confit cela que maintenant, ça faisait pourtant quasiment un an qu'ils étaient partenaires et qu'ils s'étaient surtout retrouvés. Mais il ne lui en fit pas la remarque : c'était Juvia, après tout.

- Et moi ?

- Quoi toi ?

- Tu trouves que j'ai changé ?

Elle approcha son visage du sien, comme si elle souhaitait le voir analyser chacun de ses traits. Mais elle ne réussit à capter son attention que durant quelques malheureuse secondes, avant qu'il ne détourne le regard. Il reprit son chemin, haussant nonchalamment ses épaules :

- Tu as un visage de femme.

- Mais ce n'est pas une réponse ça ! le poursuivit-elle, presque outrée.











Une semaine s'était écoulé depuis, et Juvia était de retour dans le studio de Grey, cette fois dans le but de lui présenter le premier jet de la vidéo.

- Il y a des moments à cutter, mais l'ensemble est très satisfaisant. Encore une fois, tu as fait du bon travail, Juvia !

La concernée rougit de bonheur, ravie de l'entendre la complimenter ainsi.

- Le plus dur c'était d'enlever les séquences avec Natsu, confessa-t-elle avec un sourire cachant un certain amusement. Elles étaient toutes à mourir de rire !

- Dis-le-lui en face, et tu verras ses chevilles grossir pour les trois prochains mois à venir.

- Oui mais... niveau déclaration il faut reconnaître que je ne suis pas la plus douée...

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Les doigts de la Lockser se crispèrent sur l'accoudoir de son siège. Sans s'en rendre compte, Juvia venait de s'offrir une ouverture. Mais elle ne manqua pas de saisir cette occasion, trop rare et précieuse, et plongea ses yeux bleus dans les siens.

- Grey... Il y a quelque chose que...

- Y a un souci ? demanda-t-il face à son évidente hésitation.

- Eh ben...

- Grey Fullbuster !

Une très belle jeune femme, à la peau sombre et aux cheveux crème, apparu tout d'un coup dans la pièce, claquant la porte de manière un peu trop abrupte. Juvia retint un grognement, devinant aisément que cette entrée en scène est loin d'être aussi innocente qu'elle voudrait le faire croire. Sans nul doute que Briar était au courant de sa présence ici.

Comme à son habitude, la manageuse ne s'arrêta pas pour la saluer et, dossiers sous son bras droit, s'approcha, claquant ses hauts talons aiguilles sur le parquet tout juste ciré. La bleue n'attendit pas qu'elle lui donne son aval et se redressa, rangeant déjà son ordinateur dans son sac.

- Juvia... ? l'appela Grey, comme pour lui rappeler leur discussion tout juste interrompue.

- Elle peut partir, le coupa la nouvelle venue. On a des choses plus importantes à régler.

Elles ne s'aimaient pas, et elles le savaient tout aussi bien l'une que l'autre. Mais ça n'empêcha pas Juvia d'offrir son plus beau sourire à Grey.

- Je vais finaliser la vidéo. On se voit plus tard.









Lorsqu'elle retourna chez elle, Meldy l'accueillit là bras ouverts.

- Cadeau !

Elle lui tendait deux billets de cinéma. Juvia les dévisagea avec curiosité.

- Mon petit-ami me les a offerts, lui apprit sa cadette. Du coup je te les donne !

- Pourquoi faire ?

- A ton avis ?

Juvia pensa immédiatement à son ami d'enfance et ses yeux se mirent à briller. Elle accepta les billets de la jeune femme avec une joie non dissimulée.

- Je t'adore Meldy ! Je lui demanderai dès demain.

Maintenant, elle en était sûre. C'était le moment ou jamais de lui dire ce qu'elle ressentait.

- On fête ton futur rencard ? sourit la rose avec malice.

- Ouais ! Coca !











Le lendemain matin, Juvia retourna au studio de Grey. Il était déjà là, sans grande surprise. Et Pour son plus grand bonheur, il était seul.

- Tu veux venir au cinéma avec moi ?

Interloqué par la proposition, le Fullbuster mit son jeu vidéo en pause. Il risqua un regard par-dessus son épaule et croisa celui pétillant de sa monteuse vidéo.

- Aller où ? questionna-t-il en haussant un sourcil.

- Au cinéma.

- Pourquoi faire ?

- J'ai besoin d'une explication pour pouvoir t'inviter ? s'indigna-t-elle en gonflant des joues. Donc c'est oui ou c'est non ?

- Je ne sais pas Juvia... soupira le brun, en faisant glisser son siège jusqu'au bureau où reposait son ordinateur. Je suis assez occupé tu sais.

- Allez ! insista-t-elle en comblant l'espace qui les séparait, une main posée sur son bras. C'est quoi deux heures dans une vie ?

Elle espérait quand même lui soutirer plus de deux heures.

- Va le voir avec un mec qui te plaît, contourna le brun avec une désinvolture qui la blessa. Ça lui fera sans doute plus plaisir.

Il sentit la poigne de son amie se crisper, mais il ne le réalisa que lorsqu'un silence pesant s'installa. Il se tourna de nouveau vers elle, alors qu'elle reculait. Les yeux baissés, elle chuchota presque :

- Je crois qu'il vient de refuser mon invitation.

Il la dévisagea, le temps que les informations nécessaires parviennent à ses cellules. Mais la bleue ne lui fit pas ce plaisir, et sortit précipitamment.











Il faisait presque nuit lorsque Grey arriva au port. Il se dirigea vers les quais, là où étaient entreposés les conteneurs prêts à partir. C'est là qu'il la trouva, dans ce labyrinthe de métal, assise sur une caisse à regarder l'océan. Quand ils étaient plus jeunes, c'était sa cachette favorite.

Il tenta quelques pas dans sa direction.

- J'ai essayé de t'appeler.

La bleue plongea une main dans la poche de son jean et lui tendit une clé USB.

- Si c'est la vidéo que tu cherches, elle est finie.

Grey l'accepta, d'un geste qui témoignait de son léger malaise. Ils restèrent un moment dans le silence, avant que le jeune homme ne prenne place à ses côtés. Il lui demanda :

- T'as fait quoi des billets.

- Je les ai jetés.

Le youtubeur ne cacha pas son incrédulité.

- Sérieux !? T'abuse, il lui reprocha dans un soupir. T'aurais au moins pu les offrir à quelqu'un.

- Après ce qu'il s'est passé j'avais plus envie de les avoir, répondit-elle en gonflant ses joues, le corps encore plus recroquevillé.

Il lui jeta un regard oblique.

- Pourquoi moi ? laissa-t-il échapper.

- C'est pas évident ?

Le vent souffla une légère brise, faisant virevolter gracieusement leurs cheveux. Juvia glissa une de ses mèches derrière son oreille.

- Tu me plais, avoua-t-elle enfin, depuis longtemps. A vrai dire, je t'aimais déjà beaucoup quand on était enfants. Alors oui, je voulais y aller avec toi, et rien que toi.

Les battements de son cœur s'accélérèrent et joues du brun se teintèrent de rouge, avant même qu'il ne s'en rende compte. Une déclaration pareille, de la part de son amie d'enfance, était bien plus qu'inattendu. Mais maintenant qu'il en avait connaissance, c'est comme si toutes les petites attentions de Juvia prenaient une saveur toute autre, plus ambiguë. Quand il y repensait, elle n'avait jamais vraiment caché cet attachement. Or, lorsque ses yeux bleus se posèrent de nouveau sur lui, il perdit tous ses moyens.

- Juvia...

La tension était palpable et la distance qui les séparait se faisait de plus en plus intime. Elle attendait une réponse, et d'une manière de plus en plus insistante.

- Juvia, il faut que tu saches que...

Difficilement, il déglutit. Mais se ressaisit à la dernière seconde, pour détourner le regard.

- Ta voiture est mal garée.

La bleue tomba des nues.

- Hein ?

Elle n'osait plus faire un geste, figée par la stupéfaction. Elle ne reprit ses esprits que lorsque le brun manquait de disparaître au loin.

- Grey ! Reviens ici !

L'interpellé accéléra le pas, soudainement amusé par la situation. La bleue lui courait après mais il était bien plus rapide. Et cette scène le projeta quelques années en arrières, confondant les traits de son amie avec d'autres, plus enfantins.

Il était heureux de l'avoir à ses côtés.







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Hellooooo !

Alors anecdote : Cet OS était censé être une fanfiction à la base mais, ayant donné la parole à ma flemme légendaire - sans oublier les milles et uns brouillons en manquent d'attention, j'ai réalisé que je n'aurais peut-être ni le temps ni l'envie d'en faire une intrigue sur plusieurs chapitres. Mais comme le thème de base me tenait quand même à coeur (me rappelant un peu Youtuber Life que j'ai finis il y a quelques années maintenant), je ne pouvais me résoudre à abandonner le projet. Considérer ce texte comme un écrit sans grande prétention, un Gruvia sans en être vraiment un au final mdrr

J'espère qu'il vous aura plu ! 

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