(09.01) Aimée l'eût cru et dit
9 janvier
Onze en maths. Ce 11 me rassure un peu. C'est mieux que 4. C'est 7 points de plus que la dernière fois. Et ce progrès me motive et me grise à la fois. À la prochaine, j'ai la note que je vise. Un beau 15. Ce serait formidable et inespéré. Mais aussi très payant vu le travail que je fournis pour cette matière ces derniers temps.
En relisant les premiers mots inscrits dans ce carnet qui datent d'octobre, j'ai l'impression que j'ai perdu en pep's. Peut-être que je me suis ramollie. Je suis toujours à supposer et formuler des hypothèses avec des « peut-être » et des « si ». Mais c'est devenu une si jolie habitude indispensable dans ce journal que ce serait vraiment biscornu qu'ils disparaissent d'une entrée de journal à l'autre.
Camille m'a prêté son recueil de poèmes favori et je lui ai passé ma pièce de théâtre préférée. Il veut toucher mon cœur avec du Baudelaire. J'ai ri. Il va plutôt me l'écrabouiller et me faire plonger dans le spleen. De mon côté, je lui ai passé mon exemplaire du Cid que j'ai étudié en quatrième.
- Va, je ne te hais point ! s'écrie-t-il dans les escaliers du lycée en me posant un baiser sur le front.
Je le force à monter les marches pour qu'il rejoigne sa salle avant moi. Les démonstrations publiques me rendent mal à l'aise même si ça l'amuse de plus en plus.
- Ta gueule, toi et la litote de Corneille, répliqué-je en levant les yeux au ciel.
Il s'arrête en pleine montée et me dépose un autre baiser sur la joue, tout heureux de me voir les joues rouges.
- Tu es cette obscure clarté qui tombe des étoiles.
Un vrai con. Il cite du Corneille exprès pour rendre mes yeux tous pétillants.
Pour le faire taire, entre deux sourires, je l'ai poussé dans sa salle de classe sous les yeux ébahis de ses camarades de classe. J'ai souri à Solange et me suis rendue compte qu'Ovide n'était pas dans cette S.
- Va, cours, vole et nous... ! poursuit-il en hurlant avant que je ne ferme la porte derrière moi pour l'interrompre définitivement.
De mon côté, en cours d'histoire-géo, j'ai dû ressembler à une petite tomate cerise à force de me répéter son air béat quand je lui ai dit « ta gueule » dans les escaliers. Un vrai truand. Mais c'est vrai que je commence à l'aimer très fortement ce grand con.
S'il continue comme ça, je serai peut-être sa Chimène.
(Encore un "si" et un "peut-être", wow, je ne peux vraiment pas m'en empêcher)
Aimée.
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