La femme aux yeux rubis les mena à travers les nuages gris en silence. Au loin, une lumière rougeoyait sur la surface grise qui s'écroulait peu à peu.

« C'est ça le portail?

— J'en sais rien Bérénice. »

Yeux rouges se tourna vers les filles.

« The Gates need to be opened by a broken soul. Miss DuPont, I need you to do it.

— C'est toi qui doit ouvrir le portail.

— Pourquoi? »

Comment dire à quelqu'un qu'un Portail devait être ouvert par une personne brisée? Cela voulait dit que Bérénice avait un problème psychologique plutôt grave.

« Je ne sais pas. »

Angèle évita le regard de son amie. Elle ne savait pas particulièrement bien mentir et ce n'était pas une bonne idée de se faire cramer en plein mensonge.

« T'es sure? Elle a parlé pas mal.

— Oui. T'inquiètes. »

L'Apparition les regardaient avec un visage parfaitement serein. Elle était le calme même. La beauté même aussi.

« Will she be the key then?

— What happens to her if she is?

— I can't answer that. »

Angèle tressaillit. L'apparition ne voulait pas lui dire ce qui arriverait si Bérénice était la clé. Mais la défunte terminale sentait que cela ne présageait rien de bon.

« Elle a dit Quoi?

— Tu... tu risques quelque chose en ouvrant le portail. On devrait abandonner ce plan. J'aime pas l'idée.

— On est arrivée jusque là. Je veux aussi te... protéger. J'irais bien, promis.

— C'est mignon. Mais je veux pas que tu risques ta vi- ton existence pour moi.

— Trop tard. Ma décision. »

Bérénice fit signe à l'Apparition.

« I can do it. » dit elle avec un fort accent français

La femme ailée sourit. Elle devait avoir l'accord de la clé pour ouvrir les portes. C'était une des règles d'or du Limbo. C'était pour l'équilibre même.

Elles poursuivirent leur route. Leur marche était rapide alors ils ne mirent pas longtemps à atteindre les Portes. C'était des grilles gigantesques en or, brillantes d'un halo rouge rubis.

Des symboles multiples étaient sculptés dans les Portes d'or rouge. Des symboles étranges méconnaissables.

« C'est impressionnant... »

La brune ailée fit signe à Bérénice de s'approcher de la serrure. L'adolescente avança doucement, un peu hésitante. Elle se força à se rappeler qu'elle faisait cela pour aider leur cause, Angèle et elle.

Elle dû poser sa main sur la surface polie d'or et d'ivoire. C'était une poignée chryséléphantine, étrangement comme aux temps grecs antiques.

Une sensation de brûlure parcourut sa paume. Elle voulut la retirer mais L'Apparition la força à rester coller contre la surface froide.

Un grincement de fit entendre alors que la brûlure s'accentuait. Bérénice poussa un petit cri. C'était douloureux.

« Bérénice? Qu'est ce qu'il se passe? »

Elle secoua la tête.

« Rien rien... »

Le grincement s'intensifia comme la brûlure de sa paume puis enfin la porte s'ouvrît. Un grognement résonna contre on ne sait quelles parois.

Une sorte de démon apparut en souriant tel un prédateur.

« Excusez moi de l'arrivée compliquée. Je suis Apolyon, à votre service.

— Apolyon? Vous parlez français vous?

— Je connais toutes les langues du monde. Mais c'est mignon que vous le remarquiez, Mademoiselle Dark.

— Mon nom de famille n'est pas Dark... Je suis Bérénice Dupont.

— Excusez-moi. Je pensais que vous-

— She doesn't need to know yet you idiot. Shut up and take her to Lucifer. » l'interrompait la femme ailée «  also tell her you mistook her for someone else. She'll get suspicious if not. »

Apolyon hocha la tête et plaqua un sourire démoniaque sur son visage chocolat absolument parfait.

« Désolé. Trompé de personne. Allons-y, Monsieur Morningstar vous attend dans son palais. »

Angèle fronça les sourcils. Les deux personnes venaient de parler du fait que Bérénice n'avait pas besoin de savoir quelque chose et d'éviter qu'elle soit suspicieuse. Tout cela était étrange, plus que cela ne l'était déjà.

Pendant qu'ils marchaient tous sur un sentie de briques rouges et or, Angel réfléchissait. Déjà le concept même du Limbo, la salle d'attente de l'au delà, était étrange. Ensuite il y avait les Cauchemars, ces créatures sanguinolentes mangeuses d'homme- enfin d ectoplasmes- puis un étrange ange et un démon biblique, des portes menant aux enfers, puis Lucifer? Tout sonnait faux. Tout était trop religieux.

« Si Lucifer existe, alors Dieu aussi?

— Non. C'est plus simple que cela vraiment. Les sciences ont raison. La seule chose qui est fausse est que quoi qu'il arrive, vous allez continuer de servir une cause après votre mort. Ça dépend quoi. Et pour qui. Il y a plusieurs seigneurs tout puissant, dont beaucoup vous ignorez le nom. Chacun accomplit quelque chose sur votre précieuse Terre. Chacun a ses humains au service.

— Donc on est vos serviteurs...

— Pas vraiment non plus. C'est plus compliqué.

— Alors expliquez nous!

— Ask her to stop asking questions Apolyon she is getting on my nerves.

— Je comprends l'anglais petite brunette.

— My name is Yulanda. And I don't care.

— Alors arrête.

— Évite d'énerver Yulanda. Elle est plutôt impulsive.

— Je veux juste des explications. »

Bérénice suivait la conversation, un peu perdue. Tout avait aucun sens. Sa mort était un événement qui avait engendré beaucoup d'autres événements tous les plus bizarres les uns que les autres.

« On est arrivés. »

En effet, devant le petit groupe se tenait un immense palais blanc, construit en marbre et en nacre. C'était glorieux, imposant, mais plutôt un bâtiment qu'on penserait appartenir à Dieu, même si d'après Apolyon il n'existait pas.

Mais Angèle ne faisait pas confiance à ces gens.

Une femme sortit du palais, portant une longue robe noire qui moulait son buste. Elle avait de longs cheveux ébène et des yeux bleus scintillants.

« Où est Lucifer? » s'enquit Angèle

La dame sourit. Elle avait une manière gracieuse de se tenir, comme une princesse.

« Elle est devant toi. »