Chapitre 7
Je suis en bas de l'immeuble de Kane.
Mon ami est monté chez lui il y a plusieurs minutes déjà, sans me dire un mot, trop plongé dans ses pensées.
Et pourtant je reste là. Mes doigts tapant nerveusement sur mon volant, le regard braqué sur la porte du hall, attendant de voir cette dernière s'ouvrir.
C'est alors que tout d'un coup, mon téléphone se met à vibrer dans la poche de ma veste. Et sans même regarder, je sais de qui il s'agit. Kurt a dû voir l'état de son frère et donc comprendre que j'avais joué un rôle là-dedans.
Je décroche, après avoir pris une grande inspiration.
- Allo ?
Mais rien.
Je fronce les sourcils devant ce silence. Je viens même à regarder si j'ai bien décroché, ce qui est le cas. Donc je réitère.
- Allo ?
- Vas m'attendre dans l'ancien skatepark. J'arrive dans 5 min.
Puis il raccroche.
J'ai pu deviner sa colère dans sa voix, en une seule phrase. Je sais qu'il est en colère, mais je ne sais pas si c'est contre moi, ou simplement contre la situation. Espérons que ce ne soit pas contre moi.
Je démarre et conduis en direction de ce lieu de rendez-vous. Ce dernier n'est pas très loin, au milieu d'un terrain désert, abandonné par la municipalité. Je m'arrête sur le côté de la route, puis marche jusqu'au skatepark, avant de m'assoir sur le haut d'une rampe.
Quand le bruit d'un moteur se fait entendre, je commence à avoir une boule au ventre. Je pense même à m'enfuir, pour ne pas me retrouver face à lui.
Mais je ne peux pas. Il me trouvera.
Alors j'attends.
Ma tête se tourne vers la route, et c'est là que je vois une Chevrolet Camaro des années 70 arriver. Puis très vite, cette dernière monte sur le trottoir, pour rouler sur l'herbe sèche jusqu'au skatepark.
Il n'y a aucun doute, c'est lui.
Et en effet c'est bien Kurt.
Ce dernier s'arrête à quelques mètres du terrain, il sort de sa voiture et claque la portière sans ménagement. Puis il pose son regard sur moi.
Mon cœur rate un battement alors que mon estomac se tord d'anxiété et que ma gorge devient sèche.
Kurt s'avance vers moi. Il est vêtu d'un jean noir et d'un débardeur blanc, ce qui est étonnant pour la fraicheur de la saison. Il allume une cigarette et la prend entre son index et son majeur alors qu'il s'approche de plus en plus de moi.
Il s'arrête en bas de la rampe, me scrute un long moment, puis glisse sa cigarette entre ses lèvres avant d'escalader la rampe pour venir se mettre à côté de moi.
Je reste immobile, ne sachant quoi faire, alors que l'odeur de tabac qu'il dégage me prouve qu'il est vraiment à côté de moi.
- Qu'est-ce que tu as à me raconter Blake ?
Je frissonne.
Mais je ne suis pas terrifié. Sa voix est calme, contrairement à tout à l'heure, et ne semble pas parcourut par une colère noire.
Donc je me lance, après avoir avalé difficilement.
- J'ai essayé d'avoir des informations.
- Et ?
Mes yeux se posent sur lui. Il garde son regard rivé vers la route, regardant les voitures passer au loin. Je peux voir ses cheveux blond foncé tomber en quelques mèches folles sur son front, bougeant au gré du vent.
Mais je suis obligé de détourner le regard, quand je m'aperçois qu'il m'observe, que ses yeux dorés sont posés sur moi.
Et donc je réponds à sa question.
- Il ne veut pas m'en parler.
Un rire gras sort de la bouche de Kurt et je sursaute de surprise.
Il se lève sur la rampe et commence à faire les cents pas alors qu'il enchaine, sa voix n'étant plus très calme à présent.
- Tu ne me sers à rien. C'est ton ami, il était censé se confier à toi, et non pas revenir encore plus perturbé qu'il ne l'était à son départ ce matin.
Il donne un coup de pied dans la rambarde, faisant un bruit métallique, puis il s'accroupit à ma hauteur en chuchotant à mon oreille.
- Tu me déçois Blake.
Je ferme les yeux, ne voulant lire la colère sur son visage.
Et il continue, sa voix me terrifiant un peu plus à chaque mot qui sort de sa bouche, d'un ton grave et dur.
- Je pensais pouvoir avoir une chance avec toi, mais tu ne m'es d'aucune utilité. Mon frère a un problème, et tu devais me dire de quoi il s'agissait. Je t'avais demandé quelque chose, que tu n'as pas réussi à faire.
Sans comprendre mon comportement, je me mets à ouvrir les yeux, puis je tourne la tête vers lui, croisant son regard d'or. Puis je m'exclame.
- Il refuse d'en parler pour le moment, mais je peux essayer d'avoir des informations d'une manière plus subtile.
Pourquoi ? Pourquoi lui avoir proposé mon aide de cette façon, de continuer ce petit jeu, que je voulais absolument arrêter ce matin ?
Je ne comprends pas ce qu'il me prend, mais Kurt a bien entendu mes mots, et ne compte pas y faire la sourde oreille. Il s'assit, toujours son regard rivé vers le mien. Puis il ouvre la bouche, un sourire satisfait sur les lèvres.
- Intéressant. Tu comptes m'aider ?
Non.
- Oui.
Bordel.
Je reste impassible, malgré la peur qu'il provoque chez moi. Or je suis happé par son regard intense, par cette aura que je n'avais jamais rencontré chez personne. Je ne sais si c'est de la fascination, ou bien de l'imprudence.
Kurt acquiesce et glisse sa cigarette dans sa bouche pour en prendre une bouffée, puis il me questionne.
- Pourquoi le ferais-tu ? Certes je t'ai mis devant le fait accompli hier, mais je ne pensais pas créer chez toi une si soudaine fidélité.
Je tique devant son dernier mot utilisé, me présentant comme à sa merci. Mais je n'y prête pas plus d'attention pour le moment, me concentrant sur cet échange, que je réussis sans bafouiller.
- Je n'avais pas remarqué qu'il y avait quelque chose de bizarre chez Kane, mais maintenant je le sais, et je veux savoir ce que c'est. Ça semble grave.
Le regard de Kurt s'assombrit à mes mots, mais il ne dit rien pour autant.
Je continue donc, lui délivrant toute les informations que j'ai pour le moment, du moins ce que j'ai pu conclure.
- Ça n'a rien avoir avec des problèmes avec une femme, c'est autre chose. Quelque chose qui le concerne que lui, quelque chose dans laquelle il doit se sortir seul d'après lui.
Kurt acquiesce, un air intrigué dans le regard. Et finalement il s'adresse enfin à moi, la voix plus calme.
- Très bien. On va découvrir ce qui se passe. Tu vas essayer d'en savoir plus et tu m'en parleras.
- D'accord.
Un silence s'installe.
Puis il bascule doucement la tête, une once étrangère dans son regard. Puis il tourne la tête, et se lève.
Je le regarde sauter de la rampe, puis il marche vers sa voiture, sans me dire le moindre mot, sans m'accorder le moindre regard. Il monte dans sa voiture et démarre avant de partir dans un bruissement de pneu.
Et sans comprendre ce qu'il se passe, je sens un pincement au cœur, une sensation que je n'arrive pas à expliquer, et que je ne comprends pas.
Je suis resté une dizaine de minute, à regarder l'endroit vide laissé par la voiture de Kurt, ne sachant pas vraiment pourquoi.
Puis je suis parti, les pieds trainants sur le sol.
En roulant, j'ai réalisé que je ne savais pas quoi faire.
Je ne voulais pas rentrer chez moi, me retrouver seul, à attendre la soirée pour manger en famille. J'ai toujours ce sentiment que mon père va finir par annuler, trouvant une excuse bidon, pour aller se taper la brune.
Je ne peux pas aller voir Kane. Il doit être renfermé sur lui-même, retournant encore et encore ses problèmes dans sa tête, cherchant une porte de sortie. J'aimerai savoir ce qu'il se passe, pour être débarrassé de Kurt, mais aussi pour aider mon ami. Mais c'est trop tôt, il faut que je sois subtil.
J'ai ensuite pensé à Ned, mais il doit passer sa journée avec Sarah, sur mes conseils à vrai dire. Donc je ne peux pas me pointer chez lui et donc mettre fin à ses projets, tout ça parce que je m'ennuie.
Donc finalement j'ai fait demi-tour, roulant jusqu'au parking du supermarché, où j'étais avec Kane ce matin. J'ai acheté un paquet de cigarette, puis je me suis assis sur ma voiture, plaquant mon dos contre le parebrise.
Puis j'ai sorti mon téléphone de ma poche, envoyant un message avant de sourire en recevant une réponse.
Une quinzaine de minutes plus tard, une voiture se gare devant moi. Une Renault Twingo bleue turquoise, d'où en sort une femme brune, les cheveux coupés courts, vêtu d'un sweat gris trop large pour elle.
Cette dernière s'avance vers moi, et monte sur ma voiture, sans m'adresser le moindre mot. Je lui tends ma cigarette mais elle secoue la tête en signe de refus, puis elle inspire profondément.
C'est moi qui romps le silence en riant.
Elle se tourne vers moi, les sourcils froncés d'incompréhension, puis prend enfin la parole.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
Je donne un coup de tête en direction de sa voiture, puis je m'exclame tout à coup, d'un ton moqueur.
- Tu as vraiment une voiture de fille.
- Je t'emmerde. Ma voiture est très bien, et de toute façon je suis une fille. Si j'ai envie d'avoir une voiture de fille, c'est mon problème pas le tiens.
Elle accompagne ses mots d'un doigt d'honneur, puis croise ses bras contre sa poitrine. Je comprends qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
D'habitude j'aurais ignoré ses sentiments, ne prenant pas le temps de m'intéresser aux autres, mais depuis Kane, j'ai bien vu mon côté égoïste.
Donc je tourne la tête vers Lisa, et m'adresse à elle le plus franchement possible.
- Tu vas bien ?
Lisa semble un instant décontenancée, ne s'attendant pas à ce que je lui porte un tel intérêt, mais elle tourne de nouveau la tête, fixant droit devant elle avant de finir par se confier à moi, comme à un ami.
- Vous êtes tous de la merde vous les mecs.
Bon, je n'aurais peut-être pas dû poser la question tout compte fait.
J'écarquille les yeux, puis ris devant sa réponse qui est plus que brutale, puis je réponds à mon tour pour avoir plus de détails.
- D'accord. Et pourquoi tant de haine envers nous les hommes ?
- Vous ne pensez qu'à baiser, et si quelqu'un vous demande d'attendre un peu, vous allez directement voir ailleurs.
- Et tu penses à qui en disant cela ?
- Personne.
Elle maque une petite pause, puis enchaine en plongeant ses yeux noisette vers moi.
- Depuis quand tu t'intéresses aux autres toi ?
Je souris.
Ce n'est pas moi, c'est vrai. Je comprends pourquoi elle trouve mon comportement étrange, cependant je ne peux pas lui dire ce qu'il se passe avec Kane et son frère.
Je hausse les épaules et réponds d'un ton las.
- Je peux arrêter si tu veux.
- Non, c'est juste étrange. Certes, tu n'es pas un connard arrogant avec moi comme tu l'es avec les autres, mais tu n'as jamais porté un grand intérêt à ce que je pouvais ressentir.
- Et c'est mal de le faire maintenant ?
Ses yeux s'illuminent d'une malice que je lui connais très bien, puis elle se met à rire à gorge déployée en déclarant d'une voix amusée.
- Si je ne te connaissais pas, je pourrais penser que tu es en train de me draguer.
- C'est ce que je fais.
Mon ton est sérieux, même si ce que je dis est faux. J'aime seulement voir la surprise qui glisse dans son regard noisette, puis ses yeux se lever au ciel d'exaspération.
- Arrête de m'emmerder. Tu as assez de filles qui te tournent autour.
- Tu vois quelqu'un là ? Il n'y a que toi.
Je m'adresse à elle d'un ton séducteur, mais ce ton est exagéré, montrant que je ne suis en aucun cas sérieux.
Lisa comprend et me donne un coup de coude dans les côtes.
- C'est dégueulasse. T'es mon pote.
Elle tire la langue d'exagération, puis elle se met à rire. Et très vite je me joins à elle.
C'est vrai je suis son pote, elle est ce qui se rapproche le plus d'une amie, et avec elle, j'arrive à parler librement, gardant tout de même toujours une barrière entre elle et moi.
- Tom était content que tu sois venu à la soirée.
- Ton frère est vraiment content pour un rien, c'est pour ça que je le fais chier. Il est trop naïf et c'est tellement simple de se moquer de lui.
- Il est gentil, contrairement à toi. Tu devrais prendre exemple sur lui.
- Bien sûr. Je serai gentil comme lui, j'aurai une bande de copain comme Tom, on se fera des soirées au coin du feu, et je serai fidèle à ma belle copine. Et tiens ! J'irai à l'église tous les dimanches !
- Ta gueule.
La brune rit, puis elle regarde le ciel avant de reprendre un ton plus sérieux, posant une question quelle mourait envie de me poser depuis son arrivé ici.
- Pourquoi tu es là ?
- C'est-à-dire ?
- Pourquoi tu es seul ici ? Et pourquoi tu m'as appelé, moi et pas quelqu'un d'autre ?
Je me tais, réfléchissant au pour et au contre, de lui dire ou non la vérité. Je ne voulais pas être seul, et sans Kane et Ned, elle était la personne que j'avais envie de voir.
Alors je hausse les épaules, et regarde sa voiture en m'exprimant.
- Parce que je voulais me moquer de ta voiture bleue.
- Blake...
Je sais qu'elle ne compte pas lâcher le morceau, mais je n'ai pas envie de me confier à elle, je ne suis pas prêt à me dévoiler aux yeux de quelqu'un.
Donc je secoue la tête, pour lui montrer qu'elle n'aura aucune information de ma part.
- Je n'ai pas envie d'en parler.
- Très bien.
Puis c'est en changeant de sujet, que nous avons passé plus d'une heure à parler. Et finalement nous sommes allés dans ma voiture, le froid mordant notre chair au fur et à mesure que nous restions en contact avec le vent froid d'Avril.
Je suis rentré chez moi vers 15 heures, ayant mangé un sandwich rapide pour retarder mon retour à la maison. Mais je ressentais moins d'aversion à me retrouver seul, grâce à Lisa avec qui j'avais retrouvé un peu de compagnie.
Elle n'a pas essayé de savoir pourquoi je l'avais contacté elle, mais je sais pertinemment qu'elle n'a pas abandonné, et que dès qu'elle pourra, elle essayera de me percer à jour jusqu'à obtenir ce qu'elle veut.
Quand j'entre chez moi, la maison est plongée dans un silence assourdissant. Je regrette que ma sœur ne soit pas là, pour que je puisse la taquiner sur je ne sais qu'elle sujet. C'est elle qui fait vivre la maison, qui donne un peu de joie dans ce décor qui manque de chaleur.
Je monte dans ma chambre et m'allonge sur mon lit.
La compagnie de Lisa me manque déjà, et j'hésite à l'appeler durant quelques secondes, mais je me ravise, me disant que je ne peux être dépendant de sa présence.
Alors, en soupirant, j'attrape mon téléphone, ainsi que mes écouteurs, et lance la musique dans mes oreilles. Je hausse le volume au maximum, pour couvrir ce silence qui me paralyse à m'en effrayer.
J'ai fini par m'endormir, n'ayant que ça à faire.
Mais je suis réveillé par un oreiller, projeté en plein dans mon visage, me tirant brusquement d'un rêve qui met une seconde à s'échapper de ma mémoire.
J'ouvre les yeux péniblement, et vois ma sœur debout près de mon lit, un sourire satisfait sur le visage. Puis elle prend la parole, prenant soin de parler fort pour me tirer brutalement de mon état somnolant.
- Papa est dans la cuisine, il fait à manger.
Je suis tout à coup tirer de mon sommeil avec cette nouvelle.
Il a donc tenu parole, il nous accorde notre repas en famille, juste un moment dédié à tous les trois.
Mais je me raidis un instant, posant une question lourde de sens à ma sœur.
- Il y a combien d'assiette sur la table.
Le sourire de Danielle s'élargit et elle saute sur mon lit en me répondant d'un bonheur franc et si naturel.
- Rien que trois assiettes !
Je la rejoins dans son bonheur.
Trois assiettes. Cela signifie que c'est un vrai repas de famille, qu'aucune invitée imprévue ne fera son apparition. Nous allons pouvoir passer une soirée entière avec notre père, sans son boulot, sans les problèmes de ses absences, seulement nous.
Danielle pose sa tête conte mon épaule en chuchotant.
- J'aimerai tellement que ça soit tous les jours comme ça.
- Moi aussi Dani.
Je dépose un baiser sur son front, puis j'enchaine, ma voix un peu plus douce qu'à l'origine, la tristesse perçant ma voix.
- Mais tu sais très bien que dès lundi, ou même demain, il repartira et on ne pourra le voir avant longtemps, du moins seulement 2 minutes par jour.
- Je sais.
Je me lève sur mes pieds, m'apprêtant à sortir de ma chambre, mais soudain je m'aperçois que le visage de ma sœur est tiré, quelque chose la perturbant.
Donc je m'assis près d'elle et l'interroge.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai une question à te poser.
Sa voix tremble un peu.
J'avale ma salive avec appréhension, puis j'ouvre une nouvelle fois la bouche pour l'encourager à se livrer à moi.
- Dis-moi.
- Ne te fâche pas.
Je fronce les sourcils.
Qu'est-ce qui pourrait me fâcher contre elle ? Est-ce une histoire avec mon père ? Ou bien quelque chose qui s'est passé avec Medhi, son copain ?
Je ne peux trouver la réponse seul, donc j'attends qu'elle pose cette question. Ce qu'elle finit par faire, son regard fuyant le mien.
- Est-ce que maman te manque ?
Je me crispe à sa question.
D'accord, j'aurai dû comprendre qu'elle faisait référence à un sujet que je déteste parler, qui me fait mal et qui me met hors de moi.
Mes poings se serrent, et ce détail n'échappe pas à ma sœur, et elle se précipite d'ajouter quelques mots.
- Je sais que tu n'aimes pas en parler, mais j'ai besoin de savoir.
- Danielle...
Je suis sur le point d'exploser, l'évocation de ma mère créant une rage indescriptible en moi, une rage que je ne sais gérer.
Mais je croise soudainement le regard de ma sœur, et y lis une réelle tristesse. C'était sa mère aussi, elle a le droit d'en parler.
Alors je finis par acquiescer et ouvrir mon cœur.
- Je ne sais pas. Parfois oui, surtout c'est l'amour d'une mère qui me manque, mais pas la personne en question.
- Comment était-elle ?
Ma sœur n'avait que 2 ans quand ma mère s'est barrée, elle n'a pas eu le temps de la connaitre, mais moi oui. Et je me souviens très bien d'elle, de ses yeux verts et ses longs cheveux bruns. Mais aussi de ses comportements incohérents, de l'odeur qui la suivait toujours, l'odeur d'alcool très prononcée, et de ses gifles qu'elle donnait en permanence à mon père lors de ses crises d'hystéries.
Certes mon père est souvent absent, mais j'ai toujours reçu de l'amour de sa part, il a toujours été un père. Même si je ne gère que très mal le manque de temps passé avec lui.
Mais ma mère était quelqu'un d'horrible, elle n'était jamais totalement elle-même, jamais sobre, jamais calme. Les rares fois où elle l'était, c'était pour me chuchoter à l'oreille que j'avais été la plus grosse erreur de sa vie. Puis elle partait.
Mon père l'aimait, il aurait pu mourir pour elle, et c'est ce qui le rendait aveugle sur la femme qu'il avait épousé, qui ne devait être la même dont il était tombé amoureux. Mais il ne pouvait la laisser tomber, jusqu'à ce qu'elle parte enfin.
Donc je réponds à ma sœur, dans un murmure blessé.
- Elle était horrible. Tu as eu de la chance de ne pas la connaitre.
Je me lève enfin, puis me tourne une dernière fois vers ma sœur, lui jetant un regard désolé.
- J'aurais préféré que tu gardes une bonne image d'elle, mais cette femme était un monstre, elle n'aurait jamais dû avoir des enfants. Nous étions seulement des erreurs à ses yeux.
Les yeux de ma sœur commencent à se remplir de larmes, alors je m'avance vers elle et la force à se lever.
Puis je la prends dans mes bras en chuchotant à son oreille.
- Elle ne mérite pas tes larmes. Papa est en bas, il nous attend. Lui ne nous a pas abandonné, donc concentre-toi seulement sur la famille qui est restée.
Je sens ma sœur acquiescer contre mon cou, puis je m'éloigne après avoir déposé un rapide baiser sur le haut de sa tête.
- Allez viens, allons manger.
Puis nous descendons au salon pour passer une très bonne soirée, une soirée qui restera comme l'une des meilleurs. Il n'y avait que nous trois, notre famille. Et bientôt cela ne serait plus la même chose.
Rien ne sera plus pareil.
Il me reste 5 ou 6 chapitres à écrire avant la fin de cette histoire, donc dès que ceux-ci seront écrits, je pense accélérer la publication à un chapitre tous les jours !
A lundi !
AudreyPh18
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