Chapitre 6

  Je m'arrête devant chez moi.

La voiture de mon père est garée dans l'allée, donc ça veut dire qu'il est encore là, sûrement avec la brune.

J'hésite à entrer, peut-être que je pourrais partir, et dormir autre part.

Mais où ? Ned habite avec ses parents, et je ne pense pas que je peux venir chez lui comme ça, sans l'avoir prévenu. Ensuite il y a Kane. Mais rien que penser tomber sur son frère Kurt, mon corps est parcouru de frissons.

Non, il faut que j'affronte mon père.

J'avance vers la porte. Je regarde une dernière fois mon téléphone pour connaitre l'heure exact : 23h45.

Aller, il faut que je me lance.

J'appuie sur la sonnette, pour le prévenir de mon arrivé, et donc être habillé tout simplement. Et ça fonctionne. Mon père vient m'ouvrir quelques minutes plus tard, il est vêtu d'un pantalon de pyjama gris et un tee-shirt, signe qu'il se préparait à dormir.

Puis je lève les yeux.

Ses cheveux bruns, auxquels se mélangent quelques cheveux gris, tombent sur son front. Sa barbe taillée lui donne un côté trop sérieux, et je peine à me rappeler la dernière fois où je l'ai vu complètement rasé.

Ses yeux bleus me scrutent attendant que je prononce le premier mot, mais je ne dis rien, j'attends.

Et c'est lui qui rompt le silence.

- Tu vas entrer oui ou non ?

J'aurais pu entrer, ne rien lui dire, puis monter dans ma chambre pour m'y enfermer le reste de la nuit.

Mais non, il faut que je le provoque.

- Je n'en sais rien Harold, est-ce que je vais voir une femme totalement nue quand je vais entrer dans le salon ?

Mon père soupir devant mon comportement enfantin.

Il se décale et me fait signe d'entrer. Ce que je fais. Mais une fois à l'intérieur je ne peux m'arrêter de jouer au con.

- Elle est partie ? J'espère que ce n'est pas moi qui l'aie fait fuir.

- Arrête Blake.

Le ton de mon père est blasé, il ne veut pas entrer dans mon jeu ce soir, mais il n'a pas le choix. Surtout après son plan foireux.

- Pourquoi est-ce que je devrais arrêter ? Je pensais qu'on devait diner ensemble ce soir, en famille. Et non, toi tu amènes une femme chez nous et tu l'as baises sur le canapé. Merci de ce spectacle.

- Ce n'était pas prévu.

Je me mets à rire.

C'est une blague ? Il se fout de moi, ce n'est pas possible autrement. Comment est-ce que quelque chose comme ça ne puisse être prévu ?

C'est n'importe quoi.

- Tu veux rire. Tu l'as amené ici, c'est bien qu'il y a avait une raison.

- Elle devait récupérer un dossier.

- Ah parce qu'elle travaille avec toi, bien entendu. Si on a de tels privilèges à travailler dans l'entreprise de papy, alors je signe tout de suite.

Harold grogne.

Puis il part en direction de la cuisine, ce qui signifie qu'il fuit, une fois de plus.

Cependant je ne le laisse pas s'en sortir. Je le suis, et viens m'assoir sur une des chaises placée autour de l'îlot central.

L'homme en face de moi se frotte le visage, puis me lance un regard fatigué.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise Blake ? J'ai fait le con, j'en suis désolé, je vais me rattraper.

- Quand ça ? Dans deux moi ? Ou là encore tu baiseras une autre femme sur notre canapé.

- Arrête de dire ce mot Blake !

- Quoi ? Baiser. Ça ne te plait pas ?

Il sert les poings.

Je comprends qu'il est à bout de nerf, et que si je continue de la sorte, je risque de déclencher quelque chose que je ne saurai régler par la suite.

Alors je prends une décision, calmer les choses, essayer d'en savoir plus.

- Expliques-moi alors.

Mon père parait surpris de ma question, sans signe d'amertume dans ma voix. Il inspire et se lance.

- Elle s'appelle Amélia. C'est une collaboratrice. Ça fait plusieurs mois qu'on se voit, et c'est plus sérieux qu'un simple baise comme tu dis.

- Oh, tu veux nous ramener une nouvelle mère ?

Ses poings frappent violemment sur le marbre de l'îlot, la colère est bien présente sur ses traits et je comprends que je suis allé trop loin.

Il commence à me hurler dessus.

- Tu vas arrêter ça ! Je ne veux pas vous imposer une mère, la vôtre nous a abandonné il y a des années. J'en ai été dévasté, comme toi Blake, mais j'ai bien le droit de refaire ma vie à un moment donné, non ?

Ma mère s'est barrée avec un autre homme, quand Dani avait 2 ans, et moi 6. Je me souviens de ce matin, la porte grande ouverte, mon père à genoux sur le sol, une simple feuille entre les mains.

J'avais compris, sans même poser de question, elle était partie, et elle ne reviendrait plus jamais.

Depuis ce jour, mon père n'a eu de relation sérieuse avec personne, ne voulant être blessé une deuxième fois. Alors oui, je pense qu'il a le droit d'être heureux, même s'il s'y prend mal pour introduire cette femme dans notre famille.

Je pousse un soupir, vaincu.

- Très bien. Mais je ne veux plus la revoir nue.

Mon père sourit, puis se lève avant de s'avancer vers moi.

- Je sais, j'ai été con. Ça n'arrivera plus.

Il marque ensuite un court silence, puis il pose sa main sur mon épaule en me parlant doucement.

- Demain soir, Dani, toi et moi, nous mangeons ensemble. Je ferai à manger, et je te le promets cette fois-ci.

- J'espère que c'est vrai.

Je vois qu'il fait une moue triste, mais ne dit rien. Il s'avance et pose un léger baiser sur le haut de mon crâne, puis il m'y donne une petite claque en déclarant :

- Et arrête d'être insolent avec moi.

Je ris, puis me lève de la chaise.

Mon père sort un verre du meuble placé au-dessus de l'évier, et je décide de monter dans ma chambre, la situation avec mon père étant réglée.

Alors que je suis allongé dans mon lit, je repense à cette journée. Celle-ci s'était révélée difficile au début, avec Kurt et la peur qu'il dégage, puis avec mon père et la brune sur le canapé. Mais elle s'est ensuite adoucie, avec une conversation dont j'avais terriblement besoin avec John, puis un moment père/fils, qui n'était pas arrivé depuis longtemps.

J'y ai survécu.

Mais je sais que demain sera pire, surtout avec la mission que Kurt m'a donnée, celle de découvrir ce qui se passe avec Kane. Ce qui ne va pas être une partie de plaisir.

Le lendemain, c'est avec une boule au ventre que je me réveille.

Je suis angoissé, j'espère vraiment savoir rapidement ce qui ne va pas avec Kane, pour ne plus jamais être en contact avec Kurt. Mais ça ne risque pas d'être facile, Kane ne se livre pas souvent, et ça ne me dérangeait pas, car moi non plus je ne me livre pas.

Rare sont les personnes à qui je me livre, Ned est un ami à qui je parle, mais je ne peux tout lui raconter. Il n'y a personne qui sait tout sur moi, John en connait d'avantage que tous mes amis réunis.

Je me suis levé en trainant des pieds, ayant réussi à m'endormir qu'à partir des 3 heures du matin. Et malgré une bonne douche, je n'arrive pas à être totalement réveillé.

J'ai enfilé un jean brut, un T-shirt blanc et une veste noire. Puis des baskets noires, avant de finalement descendre dans la cuisine.

Danielle est là, encore vêtue de son pyjama, ses cheveux brun lâchés en cascade dans son dos.

- Salut Dani.

Je m'assis à côté d'elle, saisis un verre vide puis me sers un verre de jus d'orange.

Ma sœur lève ses yeux bleus vers moi, puis me répond, avec un bout de biscuit dans la bouche.

- Tu as une sale gueule.

- Merci beaucoup.

- C'est la vérité.

Je lui fais un doigt d'honneur, puis me penche pour lui prendre un biscuit, le dernier de son paquet.

Elle grogne et jette le paquet sur le plan de travail. Puis elle se tourne une nouvelle fois vers moi.

- C'est à cause de papa ?

- Il est parti ?

- Non, il est dans son bureau.

J'acquiesce.

Or je vois qu'elle est agacée, n'ayant pas répondu à sa question. Donc elle fait ce que je déteste, c'est-à-dire me fixer, sans ciller, jusqu'à ce que je craque et que je lui dise ce qu'elle veut entendre. Ce que je fais.

- Oui et non. Je l'ai surpris avec une femme hier, sur notre canapé.

- Quel enfoiré ! C'est pour ça qu'il m'a demandé de ne pas rentrer à la maison avant une certaine heure. C'était qui ?

Je suis sur le point de répondre, mais une voix grave s'élève derrière mon dos.

- C'était une collaboratrice. Et comme je l'ai dit à ton frère, c'est du sérieux. Je voudrais vous la présenter à un moment.

Mon père se penche et me souffle à l'oreille.

- Je vois que tu ne sais toujours pas garder des secrets.

- Quoi ? Elle aurait fini par le savoir, en plus de ça Dani sait quand je mens.

Harold pousse un soupir d'agacement, puis vient prendre place à côté de moi.

Il est vêtu d'un costume gris foncé, avec une cravate bleue. Il tend le bras et appuie sur la machine à café en s'adressant à nous.

- Amélia est quelqu'un de gentille, et je pense que vous l'apprécierez. Je compte organiser un diner de rencontre la semaine prochaine.

- Pourquoi pas ce soir ?

Je fusille ma sœur de regard.

Mon père m'a proposé hier soir de diner en famille, et je ne veux pas avoir une invité de plus à notre table.

L'homme à côté de moi voit mon regard et lève les yeux en ciel en répondant à ma sœur.

- Non, ce soir ce n'est rien que tous les trois. En famille.

Danielle fait un large sourire, puis elle se lève avant de prendre notre père dans ses bras. Puis elle pose un baiser sur sa joue avant de retourner s'assoir.

- Tu nous manque papa.

Mon père fait un sourire désolé, puis répond d'une voix triste et teintée de mélancolie.

- Je sais, je suis désolé.

Ce moment est trop chargé en émotion, et je comprends qu'il est temps pour moi de sortir de cette atmosphère trop lourde.

- Bon, on se voit ce soir.

- Où est-ce que tu vas ?

- Voir Kane.

Ma sœur soupire.

Danielle n'est pas vraiment une grande fan de Kane, elle le trouve vraiment désagréable, et voit en lui un gros connard. Ce qu'il est.

- C'est à quelle heure le diner papa ?

- 19 heures.

- Très bien, je viendrais un peu plus tôt pour t'aider si tu veux.

Il me sourit puis hoche la tête en buvant une gorgée de son café noir.

Puis je sors de chez moi.

Quand j'arrive en bas de chez Kane, j'ai mal au ventre.

Je lui ai dit de sortir, il m'a proposé de monter chez lui, mais j'ai immédiatement refusé. Il m'a donc dit de l'attendre devant le hall de son immeuble.

Mais alors que je suis appuyé sur ma voiture, attendant de voir Kane passer la porte du hall de l'immeuble, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Je grogne, pensant qu'il s'agit de Kane pour me dire qu'il a un contre temps. Mais ce n'est pas lui.

Mon corps se raidit en lisant son nom sur l'écran, et je déglutis avant de finir par décrocher, à contrecœur.

- Allo ?

- Blake. Tu sais ce que tu as à faire.

La voix de Kurt est puissante, et je frissonne rien qu'à imaginer son regard doré sur moi.

- Oui, je sais.

- Très bien. On se voit après, pour que tu me fasses ton rapport.

Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il a déjà raccroché, et c'est à ce moment que Kane ouvre la porte de l'immeuble.

Mon cœur rate un battement, et je range en vitesse mon téléphone dans ma poche.

Mon ami arrive vers moi, vêtu d'un jogging, de baskets noires et d'un simple sweatshirt gris. Ses traits sont tirés et je peux voir ses yeux cernés, plus que la veille. Je comprends alors pourquoi son frère s'inquiète, il a vraiment un problème.

- Salut Blake.

Kane me donne une tape amicale sur l'épaule, puis ouvre la portière côté passager. Mais ne me voyant pas bouger, il m'interpelle.

- Qu'est-ce que tu fous ?

- J'arrive.

Je bouge en même temps que les mots sortent de ma bouche, puis je me place derrière le volant.

Kane regarde par la fenêtre, absent. Puis il s'adresse à moi.

- Où est-ce qu'on va ?

- Je n'en sais rien. On se pose quelque part ?

- Derrière le supermarché ?

- D'accord.

Il y a une partie du parking qui n'est plus exploitée derrière le supermarché, et nous avons l'habitude de traîner là-bas avec Kane et Ned, c'est un endroit où on boit souvent, c'est calme et on aime ça.

Donc c'est avec cette destination que je démarre.

Nous avons acheté deux bières dans le supermarché avant de venir se poser ici. Kane a une cigarette entre ses lèvres alors que je bois ma bière, ne sachant pas par où commencer.

Comment réussir à le faire parler de sa vie, alors que je n'ai jamais porté de grands intérêts à cette dernière ? Je ne suis pas ce genre d'ami, à vrai dire je ne suis même pas un bon ami, voir un ami tout court.

J'inspire, cherchant désespérément une façon d'avoir des informations, en vain.

Et c'est Kane qui s'exprime enfin.

- Tu penses que Ned va passer à l'acte avec la petite Sarah ?

Je ris.

C'est un bon début. Parler de quelqu'un d'autre, pour finir par parler de lui. Ça devrait marcher, il faut que ça marche.

- J'espère, il est fou amoureux d'elle.

Kane pouffe puis s'exclame avant de cracher sur le sol.

- L'amour n'existe pas.

- Pourquoi ?

- Tu y crois toi ? Pour moi ce n'est que de la merde, il n'y a pas de grand amour, de personne avec qui tu vas vivre ta vie. Chaque personne se rencontre par hasard, ils se mettent ensembles, baisent puis se quittent. Il n'y a pas de fin heureuse.

Est-ce un problème avec une fille ?

Si c'est ça, ça risque d'être réglé rapidement.

- Tu es avec quelqu'un en ce moment ?

- Non, ce n'est pas pour moi. Je baise, puis je me bars. C'est très bien pour moi.

Et merde.

Ça aurait été tellement facile que son comportement soit lié à une histoire d'amour, j'aurai pu gérer d'avantage.

Mais là, c'est la merde.

- Ça amène trop de problème d'après toi ?

Kane prend une taffe puis me sourit.

- Ça c'est clair. Mais moi je n'en ai pas, je suis libre de faire ce que je veux. Comme toi je présume. Tu n'as pas de relation en ce moment ?

- Non, aucune.

C'est la vérité.

Mais quand il me pose la question, je ne peux m'empêcher de me penser en train d'embrasser un homme et non pas une femme. Or je ne dis rien, je ne suis pas suicidaire.

Je profite de cette ouverture sur les problèmes pour essayer d'arriver à mes fins.

- Il y a déjà assez de problème dans la vie que de rajouter une femme dans l'équation.

- C'est clair.

- Par exemple, j'ai vu mon père baiser avec une femme hier, sur le canapé du salon.

Le blond est sur le point de s'étrangler, il tousse et se tourne brusquement vers moi. Il se met à rire en s'exclamant.

- Sérieux ?

- Ouais.

- Elle était bonne ou pas ?

- Oh ta gueule. C'est déjà traumatisant d'avoir vu mon père comme ça, donc je ne préfère pas donner mon avis sur la femme qu'il se tapait.

Je frissonne aux souvenirs de la veille, secouant la tête pour chasser ces images au plus loin.

Puis je me concentre de nouveau sur la conversation, voulant à tout prix des informations.

- Enfin voilà. Toi aussi tu dois avoir des problèmes.

Il reste silencieux.

Le visage de mon ami devient tout à coup sombre, il est plongé en plein dans ses problèmes et semble même s'y noyer.

Je pose ma main sur son épaule, le sortant immédiatement de sa transe. Ses yeux sont humides, et je réalise à quel point il est dans la merde.

C'est donc en murmurant que je lui parle.

- Qu'est-ce qui se passe Kane ?

Sa lèvre tremble.

Je peux lire dans ses yeux qu'il veut me le dire, qu'il en a besoin. Il est sur le point de se confier, de se montrer vulnérable. Mais d'un seul coup un voile se glisse devant ses yeux, et il tourne la tête, regardant droit devant lui.

- Rien. Je vais bien.

Sa voix est vide de sentiment, totalement antipathique.

- Kane, tu peux me parler.

J'essaye de le convaincre de me parler. Ne sachant plus si c'est pour prendre soin de lui, ou bien donner toutes les informations à son frère. Peu importe, elles ont pour objectifs d'arracher Kane à ses problèmes.

Mais ce dernier ne le voit pas de cette façon.

Il se lève soudainement et s'exclame.

- Ça ne te regarde pas. Ce sont mes problèmes, c'est à moi de gérer ça. Je n'ai besoin de personne.

- Tu es sûr ?

Ma voix est à peine audible, ne voulant pas le brusquer, par peur qu'il s'enfuie, qu'il se referme aussitôt ma question parvenu à ses oreilles.

Cependant ça ne fonctionne pas, il s'écrie tout à coup. Frappant du poing contre le muret de béton, jetant sa bière sur le sol.

- Bordel ! Je t'ai dit que je n'ai pas besoin de toi !

- D'accord.

Il respire bruyamment, son poing droit couvert d'une fine pellicule de sang et des bouts de peau arrachées.

Je ne pourrais pas savoir ce qu'il se passe, du moins pas aujourd'hui. Si j'insiste trop, ça ne fera que de le mettre en colère contre moi, et donc balayant les dernières chances pour moi d'en savoir plus.

Je réalise alors que je remercie Kurt. Sans lui, je n'aurais jamais porté la moindre attention sur mon ami, et donc je serais passé à côté de quelque chose. J'aurais été un horrible ami, un connard sans sentiment.

Ne sachant pas quoi faire, je tends un paquet de cigarette à Kane en m'adressant à lui comme si rien ne s'était passé.

- Tu en veux une ?

Il lève ses yeux vers moi. Puis il soupire et prend une cigarette avant de la glisser entre ses lèvres.

J'en prends une moi aussi.

Puis nous fumons tous les deux en silence.

Une quinzaine de minutes plus tard, mon ami se tourne vers moi, un peu plus calmé par rapport à tout à l'heure, mais encore une tristesse peinte sur ses traits.

- On rentre ?

- D'accord.

Je saute du muret, puis je monte dans ma voiture.

J'ai échoué, et maintenant je vais devoir faire mon rapport, sans grandes informations à fournir à Kurt.



A samedi,

AudreyPh18

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