Chapitre 22

  Cela fait deux jours que Kurt est sorti de chez moi avec Kane, et depuis ce jour-là, je n'ai pas eu de nouvelle.

La peur de le voir disparaitre de ma vie a vite accru, me tordant l'estomac, mon esprit restant focalisé sur cette peur insupportable. Je suis les cours sans trop les écouter, d'autant plus que Kane n'est pas revenu pour les deux premiers jours de la semaine. Je sais que ça à un lien avec les Serpents, c'est la seule raison plausible. Il ne m'a même pas appelé pour en discuter. Je sais que Kurt ne compte pas m'inclure dans cette histoire, mais Kane aura des soupçons, c'est évident.

C'est donc avec l'absence des deux frères que j'ai dû continuer de vivre.

Mais lors du lundi soir, alors que je suis allongé dans mon lit à penser à Kurt, hésitant à l'appeler. Mon téléphone se met à vibrer. Je suis un peu déçu quand je réalise qu'il ne s'agit que d'un simple message, mais ma joie réapparait quand je lis le nom de l'expéditeur : Kurt.

Son message est court, mais il est clair et précis ; il veut que je le rejoigne au skatepark.

C'est sans réfléchir que je me lève de mon lit, enfilant un sweat gris à zip ainsi que ma veste bleue marine avant de mettre une paire de baskets noires.

Je dévale les escaliers et me dirige vers la porte pour sortir. Mais la voix de Danielle m'interrompt brusquement.

- Tu vas où ?

Je tourne la tête et la vois assise sur le dossier du canapé, ses cheveux remonté en un gros chignon sur le haut de sa tête. Elle croise ses bras et me regarde d'un air accusateur.

- Je sors.

- Où ça ?

Je lève les yeux au ciel agacé de cet interrogatoire, puis je me mets à grogner alors que j'ouvre la porte d'entrée.

- Ça ne te regarde pas.

- Tu vas voir ton copain ?

- Ce n'est pas mon copain.

- People are gay Steven.

Un rire m'échappe malgré moi à la référence de ma sœur, puis je lui fais un doigt d'honneur rapide avant de finalement sortir de chez moi, laissant ma sœur grogner derrière la porte au vu du manque d'information que je lui donne.

A peine 10 minutes plus tard ma voiture monte sur le trottoir, roule dans l'herbe pour venir me garer à côté de la Chevrolet noire de Kurt.

Ce dernier est adossé contre le grillage entourant le skatepark, sa veste en cuir sur les épaules avec un léger pull noir que je ne l'ai jamais vu porter. Son visage a un peu dégonflé, mais des bleus ornent toujours sa peau, certains violacés et d'autre tournant légèrement au vert.

A peine mes yeux se posent sur lui que j'ai envie de prendre possession de ses lèvres, de glisser mes mains dans ses cheveux et de coller mon corps contre le sien, son odeur se mêlant à la mienne. Mais son regard glacial m'empêche de le faire, il a l'air en colère et je ne suis pas son copain, je ne peux pas l'embrasser comme ça.

Alors j'avance vers lui, je me place à sa droite en m'adossant sur le grillage à mon tour. Son odeur s'infiltre dans mes narines, l'odeur du tabac mélangée à son odeur naturel me renverse d'un sentiment de bonheur.

Je garde les yeux rivés vers le sol et je prends la parole d'une voix un peu enrouée.

- Ça va ?

- J'ai connu mieux.

J'inspire profondément et glisse mes mains dans les poches de mon jean. Je ne suis pas à l'aise, je sais que je suis responsable de sa situation et je ne sais pas quoi dire.

Donc je me tais.

Mais tout à coup Kurt se déplace du grillage, pour venir se positionner en face de moi en s'exclamant.

- Tu n'as rien à me dire ?

Ma tête se lève doucement et je rencontre son regard doré entouré d'un bleu noirâtre. Il ne me lâche pas une seule seconde, son regard intense rivé vers moi.

Je me sens mal, vraiment mal, et je n'arrive plus à parler correctement.

- J'ai...

Kurt fait un pas brusque vers moi, puis il pose sa main un peu brutalement contre ma nuque, m'obligeant à le regarder puis il enchaine d'une voix bien articulée et sûre de lui.

- Tu as été complètement con. Qu'est-ce qui t'a pris de retourner là-bas, de continuer ta stupide histoire avec Jane ?

C'est là, le moment où il me hurle dessus, qu'il me dit que je suis le responsable de toute cette merde, que je suis à l'origine de sa récente appartenance aux Serpents. Je savais que ça allait arriver, que sa douceur et son pardon n'était que de courte durée, causés par sa fatigue et sa douleur. Hors cette fois-ci il a les idées claires, il est reposé et est donc maitre de ses pensées et de sa rage.

Je secoue la tête et essaye de toutes mes forces pour ne pas baisser le regard, ne voulant pas fuir.

Alors je réponds.

- Je pensais être plus fort qu'elle.

- Eh bien tu t'es bien trompé !

Sa voix s'élève et je sens que le moment où il va exploser va bientôt arriver. Alors je décide d'accélérer les choses, pour être débarrassé de ma culpabilité.

- Frappe-moi si tu veux.

C'est une solution, s'il veut se venger de la douleur qu'il a enduré à cause de moi, il peut le faire. Je suis robuste et je pourrai encaisser la douleur. Mais ce que je ne peux pas encaisser c'est de ressentir cette culpabilité continuellement, me broyant les boyaux à chaque fois que je pense au blond.

Ses sourcils se froncent, sa main toujours contre ma nuque, elle fait une pression alors qu'il articule clairement.

- C'est ce que tu veux, que je te frappe ?

Je secoue la tête et lui réponds d'un souffle court, commençant à manquer d'air.

- Non, mais si c'est ce qu'il faut vas y. J'ai déconné, j'ai causé tout ça. Si tu veux me punir fais-le, je n'en peux plus de ressentir cette culpabilité.

Ma voix est faible et mes mots se coincent dans ma gorge, ma respiration devenant saccadée et bruyante.

Je comprends alors ce qu'il se passe. Je suis en train de faire une crise d'angoisse, mes émotions étant trop grande, mon mal être trop présent. Je pose une main contre ma poitrine alors que j'essaye de respirer.

Puis tout à coup je me sens mieux.

Kurt me prend dans ses bras, me serrant contre lui avec force pour que je puisse me sentir confiné alors que ma respiration se calme peu à peu. Mes jambes flagellent mais Kurt me maintient pour que je reste debout. Et ma tête vient se nicher dans son cou, et je respire doucement l'odeur de sa peau.

Il me sert un peu plus et chuchote à mon oreille.

- Je ne t'en veux pas Blake, vraiment.

Mes yeux se ferment de soulagement et mon corps se détend un peu plus.

Kurt dessert un peu son étreinte mais il garde ses bras autour de moi, alors que sa respiration est calme, m'apaisant d'avantage.

Alors je murmure à mon tour, lui disant quelque chose que je ne lui ai pas encore dit et pourtant qui compte énormément.

- Merci.

Le blond s'éloigne de moi, ses mains quittant mon corps pour venir se mettre dans les poches de sa veste alors qu'il m'interroge.

- Pourquoi est-ce que tu me remercies ?

- Parce que tu as pris ma place. Tu n'as pas hésité avant de proposer de devenir l'un d'eux pour pas qu'ils me prennent moi.

Kurt roule des yeux, puis sort son paquet de cigarette de sa poche, en glissant une entre ses lèvres alors qu'il répond d'un ton las.

- Ce n'est rien. Il valait mieux pour toi que tu n'entre pas dans leur famille.

- Pourquoi ?

- Parce que tu n'en serais jamais sorti.

J'ouvre la bouche d'incompréhension, un peu perdu. Et c'est alors que je comprends, que tout devient clair.

- Tu ne comptes pas leur rester fidèle ?

Kurt rit tout à coup, pose sa main sur mon épaule puis de l'autre main il enlève la cigarette de ses lèvres, avant de souffler une fumée blanche.

- Jamais je ne resterai collé à eux. Dès que l'occasion se présentera, je m'en vais.

- C'est-à-dire ?

Sa main se retire de mon épaule, et je suis un peu déçu de ne plus sentir son contact. Mais je ne le montre pas, étant trop occupé à savoir ce qu'il compte faire.

- Je prends tout ce qui importe à mes yeux et je me casse loin d'ici, à un moment où ils seront trop occupés pour s'emmerder à me chercher.

Mon cœur se serre.

Il compte disparaitre, partir sans laisser de trace, pour ne plus jamais revenir ici. C'est comme s'il n'avait jamais existé, et ça me fait mal.

Je tousse pour m'éclaircir la voix, un peu perturbé par sa confession, mais je réplique en soulignant un problème.

- Et ton frère ? Si tu le laisses ici, ils vont peut-être se venger sur lui.

- Je t'ai dit que je prends tout ce qui m'importe.

Son regard devient intense, il plonge ses yeux dans les miens et je sens un frisson me parcourir tout à coup.

Mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur ce que je ressens qu'il change brutalement de sujet, me donnant une claque en plein visage.

- Jane ne t'a pas encore contacté ?

Une nausée me prend en pensant à la blonde. Je leur dois des services et ma culpabilité envers Kurt m'empêchait d'y penser, mais me voilà confronter à la dure réalité.

Je secoue la tête et demande la cigarette du blond d'un mouvement de tête. Ce dernier me tend sa clope en enchainant. Ses mots ne me font pas plaisir, au contraire ils m'effraient alors que je m'imagine le pire.

- Elle devrait bientôt le faire. Jane ne laisse jamais trainer les choses comme ça, elle revient vite pour mieux anéantir.

- Quels genres de choses je devrais faire ?

La panique est perceptible dans ma voix, mais le blond ne m'en fait pas la remarque. Il vient seulement passer une main sur mon visage avant de me répondre accompagné d'un haussement d'épaule.

- Je n'en sais rien. Les basses besognes je pense.

- Qu'est-ce que tu as fait pour eux toi ? Jane a dit qu'elle avait déjà eu affaire avec toi dans le passé, toi aussi tu me l'as dit. Or je ne sais pas ce que c'était.

Il m'adresse une moue hésitante et je peux lire sur son visage une sorte de dégout, sûrement tourné vers les Serpents. Il fait non de la tête en me donnant les explications.

- Je ne veux pas te le dire, tu dois déjà avoir une mauvaise image de moi.

Kurt n'a pas besoin d'image, son attitude et ses mots me permettent de savoir qui il est. Je sais qu'il aime effrayer, qu'il a cette aura intense qui l'entoure et qui impressionne chaque personne qui le regarde. Je sais aussi qu'il a dû faire des choses dont il n'est pas très fier, s'enfonçant dans la réalité des gangs comme les Serpents. Mais même en imaginant tout ça, je ne suis pas touché. Parfois je ne sais pas si je le connais, mais je m'en fous. J'apprécie quand il est avec moi, je ne suis plus seul et c'est ce qui compte.

Alors je secoue la tête en m'opposant à lui.

- Je m'en fous, je veux savoir. J'ai besoin d'avoir une idée à quoi m'attendre.

- Très bien.

Il soupire et vient se mettre à côté de moi, s'adossant une nouvelle fois contre le grillage alors qu'il commence à me raconter.

- J'ai volé pour eux, j'ai dealé en leur apportant de nouveaux clients. J'ai frappé des gens que je ne connaissais pas, seulement parce que Cobra me l'avait demandé. Je leur ai fait découvrir un réseau de personnes influentes qu'ils ignoraient. Et d'autre choses, mais c'est le principal.

- Et qu'est-ce que tu avais en échange ?

- De l'argent, de la drogue, des connaissances. Je leur étais utile autant qu'ils m'étaient utiles.

Je ne suis pas surpris, si Kurt a dû faire affaire avec eux, c'est parce qu'il y gagnait quelque chose.

- Et pourquoi est-ce que tu as arrêté ?

- Parce que je ne voulais plus être leur petit animal, celui qui faisait le sale boulot alors que les autres restaient derrière leur bureau à ne recevoir que des avantages.

- Tu continues de ton côté ?

C'est vrai que je ne lui ai jamais demandé ce qu'il faisait dans la vie, ça m'était paru logique qu'il n'était pas dans les études et qu'il n'avait très certainement pas un travail stable. C'est maintenant que je réalise que je ne connais pas grand-chose sur lui.

Le blond hausse les épaules, les yeux rivés vers la route au loin. Il n'y a plus de colère sur son visage, il est calme et plongé dans une conversation, presque, normale.

- Je deale un peu. Mais je suis quelqu'un d'influent, je connais les meilleurs dans les différents marchés illégaux. Je sais à qui il faut faire confiance et à qui il ne faut pas. Les gens me payent cher pour avoir mon avis.

- Et tu ne voudrais pas faire quelque chose d'autre ? Je veux dire, de plus légal.

Kurt tourne la tête vers moi, un sourire moqueur sur le visage. Ses traits s'illuminent et je ne peux que m'en satisfaire, pouvant mourir pour le regarder me sourire de cette façon tous les jours.

Il hausse les épaules, son expression malicieuse teintant toujours son visage.

- Tu veux dire me ranger du bon côté de la loi ?

- Oui.

- Je ne sais pas. Je pense que je serais plus disposé à être à la tête d'une entreprise, mais cette dernière deviendrait vite sujette aux trafics underground. Je ne suis pas fait pour vivre comme un parfait citoyen, même s'il y a de nombreux défauts à vivre ma vie, la plupart du temps j'apprécie ma liberté et ça me convient.

J'acquiesce, sa réponse semblant logique.

C'est alors qu'il se tourne un peu plus vers moi, avant de se coller contre mon corps, sa main glissant sur ma joue avec douceur. Je lève les yeux et rencontre les siens, une lueur de désir danse dans ses pupilles.

- Pourquoi, tu veux que je sois un homme bon à épouser ?

Mon cœur accélère brutalement, mes membres s'engourdissent alors que mon esprit est mis sans-dessus-dessous. Je n'arrive plus à réfléchir, seules mes joues réagissant à ses mots pour devenir cramoisies.

Je détourne le regard pour me calmer.

- La ferme.

Son rire vient résonner à mes oreilles et il pose sa deuxième main sur ma joue pour m'obliger à le regarder droit dans les yeux. Puis Kurt continue, d'une voix sensuelle et chaude, glissant sur ma peau en un plaisir diabolique.

- Oh, c'est vrai que tu ne sais toujours pas si tu es gay ou non. Peut-être que tu finiras derrière un bureau, marié à une belle blonde appelée Clarice. Vous aurez des enfants blonds aux yeux bleus, tes yeux bleus...

Il semble se perdre un instant, sa bouche restant entre ouverte alors qu'il reste plongé dans mon regard.

Puis tout à coup il embrasse mes lèvres, son corps se collant brusquement au mien dans un mouvement précipité, désireux de plus de contact. Ses lèvres s'ouvrent, m'obligeant à ouvrir ma bouche à mon tour, puis je sens son souffle chaud avant qu'il vienne me mordre la lèvre inférieure tout à coup. Un râle de plaisir s'échappe de ma bouche, et je viens m'agripper à ses vêtements.

Je me sens perdre pied, mon corps brûlant d'un désir ardent, seulement apaisé par le fait d'avoir ses mains posées sur ma peau.

Ses lèvres quittent les miennes pour m'embrasser le long de ma mâchoire, pour ensuite déposer des baisers humides dans mon cou, me mordillant la peau au passage. Je fonds, je dérive du bien pour me laisser mourir dans les bras de l'interdit, du mal. Et c'est si bon.

Je lâche un énième râle de plaisir, puis tout à coup il s'éloigne de moi, un sourire satisfait sur les lèvres.

- Tu vas te marier avec Clarice ?

Je ris, puis l'embrasse à mon tour passionnément. Et il me rend mon baiser, un peu moins déchainé cette fois.

Puis il regarde la cigarette tombée sur le sol pendant notre échange, et s'adresse à moi en sortant son paquet.

- Tu en veux une autre ?

- Seulement la tienne.

Il lève les yeux au ciel et s'allume une nouvelle cigarette.

Le blond en avale quelques bouffées, puis il me porte la cigarette à mes lèvres, ma peau touchant ses doigts en une agréable sensation. Il vient même à sourire avant de prendre une nouvelle fois la parole.

- Tes lèvres sont si douces.

Son visage s'assombrit alors qu'il enchaine soudainement.

- Je n'aime pas les imaginer se mêler à celles de Jane. Enfin, me souvenir de vous deux vous embrassant à vrai dire.

Sa remarque me fait plaisir et je ne peux réprimer un sourire, je recrache la fumée et parle à mon tour.

- Je n'ai plus à l'embrasser vu qu'elle sait que ce n'était qu'un mensonge.

Je ris mais Kurt ne se joint pas à moi, au contraire il est de nouveau sérieux, un air grave colorant son visage.

Il secoue la tête en avouant d'une voix grave.

- Je ne pense pas que Jane en ait fini avec toi. Normalement, avec n'importe qui, elle aurait fait battre à mort le type en question. Elle a horreur des personnes qui se jouent d'elle, c'est donc qu'il y a une raison derrière tout ça.

- Quoi ?

Je frémis quand il parle de battre quelqu'un à mort, mais encore plus quand je comprends que Jane n'en a pas réellement finit avec moi.

Mes dents viennent mordre nerveusement ma lèvre inférieure alors que les informations se cognent dans ma tête.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Que ta mission de la séduire a très bien marché, voir trop bien. Si c'est le cas, je ne pense pas qu'elle te lâchera aussi facilement.

- Mais, je ne veux pas.

Ses sourcils se froncent alors qu'il prend une autre bouffée de tabac. Puis il expire en un nuage blanc, son ton devenant monotone.

- Ça ne me plait pas, mais fais attention. Pour le moment tu es sous sa sécurité, c'est ce que nous avons convenu. Mais si jamais tu l'as blesse, elle pourrait revenir sur ses mots.

- Et qu'est-ce qu'elle ferait ?

- Rien. Je serai là.

Il m'adresse un sourire bienveillant et je me sens un peu plus en sécurité. Qui pourrait bien faire du mal au mal en personne ?

Je plonge dans mes pensées, essayant de trouver une façon de m'éloigner de Jane sans qu'elle ne le prenne mal. Mais malheureusement, toutes mes idées ont tendance à avoir une fin tragique, que je n'apprécie pas du tout.

Kurt et moi sommes restés plusieurs heures au skatepark, d'abord assis sur les rampes, puis dans sa voiture.

Nous avons parlé de Kane. Le blond m'a dit que son frère se doutait que j'avais joué un rôle avec les Serpents, mais que Kurt avait essayé de le convaincre du contraire. Mais il a refusé de l'écouter et a commencé à m'en vouloir.

Kurt m'a dit que Kane lui en voulait d'avoir interagit dans ses problèmes, mais il l'a aussi remercié, ne voyant pas le bout du tunnel. Il savait qu'il ne pourrait pas rembourser Jane et il commençait à penser à s'enfuir.

Kane n'a pas dit à Kurt pourquoi il leur devait de l'argent et surtout dans quoi il avait mis cette somme. Et je ne suis pas sûr qu'il veuille bien le dire un jour, voulant garder sa honte au fond de lui.

Je suis sur le point de partir, la nuit ayant été en bonne partie bien entamée, mais Kurt pose sa main sur mon bras pour me retenir.

Ma tête se tourne vers lui et je peux lire une réelle inquiétude dans ses yeux.

Je suis sur le point de parler, mais il me coupe la parole en levant la main et en s'exprimant soudainement.

- Jane va t'appeler, si ce n'est demain, ça sera après-demain. S'il te plait, appelle-moi quand elle le fera.

- D'accord.

Je sais que c'est important et je le ferai.

- Et toi, comment ça va se passer ?

Kurt hausse les épaules, mais il ne parait pas trop inquiet. Je me doute qu'il doit cacher un peu ses doutes, ne voulant pas se montrer faible. Mais je ne dis rien, je me contente de l'écouter.

- Je n'en sais rien. Je vais sûrement retourner dans leurs affaires, être leur chien chercheur de truffe, pour leur rapporter le plus d'argent possible.

- Et en ce qui concerne la cinquième règle ?

Son visage se crispe tout à coup.

Je sais qu'il ne veut pas me dire de quoi il s'agit, mais je dois savoir où cela en est, cette chose étant la dernière étape pour devenir un membre des Serpents.

Le blond inspire profondément, un peu perturbé tout à coup.

- Je fais en sorte qu'elle ne se produise pas.

Je regarde une nouvelle fois son visage couvert de bleus et je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour lui, comprenant vraiment que le monde des Serpents est loin d'être un jeu.

Il me sourit et dépose un baiser sur mes lèvres.

Mais alors qu'il commence à se diriger vers sa voiture, je m'exclame, le forçant à se tourner encore une fois vers moi.

- Quand est-ce qu'on se revoit ?

Son sourire réapparait, et il devient même un peu plus éclatant. Sa langue passe sur sa lèvre inférieure alors qu'il me regarde avec une grande envie.

Et enfin il me répond.

- Quand tu veux.

Je souris à mon tour.

Il rit doucement et entre dans sa voiture. Alors j'entre dans la mienne, lui jetant un coup d'œil à travers la vitre puis je mets le contact.

Kurt m'adresse un clin d'œil puis il démarre et part.



AudreyPh18

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