Chapitre 18
Après l'interrogatoire surprise de ma sœur ce matin, j'ai pris une douche rapide puis j'ai enfilé un T-shirt lambda, un jean noir, mes Doc Martens –qui me rappellent celles de Kurt-, puis ma veste bleue. Et sans attendre je suis sorti.
N'ayant plus grand-chose dans le réfrigérateur je décide d'aller faire quelques courses, même si cela a comme but premier de me sortir la nuit dernière de la tête.
Alors que j'attrape une boite de pâtes d'une étagère un peu haute, j'entends tout à coup une voix douce s'élever derrière moi.
- Jeune homme, pourrais-tu m'attraper une de ces boites de pâtes. Je suis trop petite pour les attraper.
Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je reconnais cette voix, et je ne tarde pas à jeter un coup d'œil pour reconnaitre Lisa.
La brune est vêtue d'un gros sweatshirt noir, avec un pantalon rose avec des motifs vraiment gamins. Elle semble voir mon intérêt pour sa tenue et elle lève un doigt accusateur avant de s'exclamer.
- Pas un mot sur ma tenue. On est samedi matin, je ne pensais pas te croiser.
- Pourquoi, si tu l'avais su tu te serais fait belle pour moi ?
- Dans tes rêves.
Je me mets à rire, puis pose ma boite de pates dans mon cadi avant de me tourner une nouvelle fois vers elle. La brune attrape une autre boite puis la met dans son propre cadi avant de s'avancer vers moi et d'engager de nouveau la conversation.
- Je pensais que tu avais des esclaves qui faisaient tes courses à ta place.
- Ma sœur était occupée.
Lisa rit puis se frotte le visage totalement épargné de maquillage.
Cette fille est vraiment belle, qu'elle soit apprêtée ou non. Ses traits sont d'une beauté qu'elle ne doit pas soupçonner elle-même. Ses cheveux bruns coupés au carré lui donnent du caractère et une force réelle, c'est son air assuré qui m'a attiré vers elle en premier lieu, c'est une femme de caractère et j'aime cela chez elle.
Alors que nous déambulons dans les rayons, attrapant des articles au passage, je prends la parole.
- Comment était la soirée d'hier ?
- Tu le saurais si tu étais venu.
Son ton est piquant, mais je ne m'en offusque pas. Au contraire je roule des yeux puis lui réponds d'un ton las.
- J'étais occupé.
- A quoi faire ? Tom était déçu de ne pas te voir, il en a même pleuré.
Je fais un sourire moqueur, mais la brune se met à rire pointant alors son ton totalement ironique. Or elle insiste de nouveau.
- Alors, tu faisais quoi de plus important ?
- Ça ne te regarde pas.
- Oh, tu joues au mystérieux.
- Je ne joue pas, je suis mystérieux. Tu devrais le savoir, enfin, non vu que tu ne sais pas qui je suis.
Je ris avec elle, mais mon esquive de sa question ne passe pas inaperçue et comme à son habitude, Lisa revient de plus belle pour avoir une réponse.
- Blake. Tu sais que je ne vais pas abandonner aussi facilement. Alors réponds-moi avant que je ne t'arrache ta réponse de force.
Qu'est-ce qui ne va pas aujourd'hui ?
Déjà ma sœur ce matin, puis maintenant Lisa. Je ne comprends pas pourquoi elle porte un soudain intérêt à mes secrets.
Je soupire puis lui donne une réponse pas si éloignée de la réalité.
- J'étais en compagnie d'une femme.
- Comment s'appelle-t-elle ? Est-ce que je la connais ?
- Jane, et non tu ne la connais pas.
- Elle est à l'université ?
Ses yeux pétillent de curiosité et je sais que je lui en ai déjà trop dit. Elle est déjà prête à dresser le profil de Jane si je ne n'arrête pas de lui donner des informations.
Je lui adresse un regard plein de mystère puis j'enchaine.
- Tu n'en sauras pas plus.
Elle grogne mais ne dit rien.
J'apprécie alors la victoire de son silence, mais cette dernière est de courte de durée quand la brune revient en force encore une fois.
- Dis-moi seulement à quoi elle ressemble.
- Lisa !
- Très bien, je me tais. Mais je pensais qu'on était ami tous les deux, je suis déçu de voir que ce n'est pas le cas.
Je lève les yeux au ciel puis affiche un petit sourire en passant mon bras autour de ses épaules en chuchotant quelque chose à son oreille.
- Elle est blonde, ça te va ?
Lisa pousse un petit cri de victoire puis commence à danser en tirant la langue. Je ris devant ce spectacle puis nous continuons nos courses.
Je ne sais pas à quel jeu je joue en prétextant être avec une femme, surtout quand cette femme est liée à un gang dangereux. Mais à vrai dire quand j'ai dit qu'elle était blonde, ce n'était pas son visage qui s'est dessiné dans mon esprit, mais un plus masculin.
Penser à Kurt a fait apparaitre les souvenirs de la veille dans mon esprit, de mon corps mêlé au sien, de ses lèvres sur les miennes. Je repense à la sensation nouvelle que je n'avais jamais ressentie auparavant, et un sourire apparait alors. Mon ventre est bousculé par des centaines de papillon et je ferme les yeux pour apprécier d'avantage cette sensation.
- Tu penses à elle ?
Je suis ramené brusquement sur terre par la voix de la brune, teintée de malice à peine dissimulée.
Ma tête se tourne vers elle et je vois qu'elle m'accorde un grand sourire, voulant une réponse franche.
Alors je mens, mais à moitié.
- Oui.
Si on part du principe que la blonde en question est Kurt, alors c'est la vérité, mais si jamais la blonde est belle et bien Jane, alors c'est un mensonge.
De toute façon Lisa n'en sait rien, et son air heureux m'empêche de ressentir la culpabilité de lui avoir menti.
Alors que son air commence à m'agacer, je décide de renverser la situation.
- Et toi Lisa, tu as quelqu'un en tête ?
La brune rougit, puis s'empourpre rapidement en se mélangeant dans ses mots.
- Je, enfin, non, je... Peut-être. Ça ne te regarde pas !
Un rire éclate de ma bouche, alors que j'écarquille les yeux d'une grande surprise.
- Tu rigoles j'espère ? Je t'ai donné des réponses, à toi de m'en fournir.
Lisa secoue la tête et commence à accélérer le pas, mais je l'attrape par le bras pour la retenir, ne voulant pas la voir fuir tout à coup.
Alors que son visage se tourne vers moi, je lis un peu de peur dans ses yeux.
Je suis perturbé par ce que je vois, ne comprenant pas pourquoi sa joie s'est envolée aussi rapidement, et surtout pourquoi elle fuit mon regard de cette façon.
Mon air enfantin s'arrête net, et je prends une voix très sérieuse.
- Qu'est-ce qu'il se passe Lisa ?
- Rien.
Elle essaye de se détacher de ma poigne, mais je la retiens.
- Lisa, tu peux me le dire.
Elle pousse un grand soupir en gardant le regard rivé sur ses pieds, puis elle s'adresse à moi faiblement.
- Je ne sais pas comment tu pourrais réagir.
Je fronce les sourcils, complétement perdu.
Mais tout à coup il se passe comme un flash dans mon esprit, et une évidence s'impose à moi. Je ne sais pas comment j'ai fait pour pas le voir plus tôt, surtout que je traine beaucoup avec elle. Et ce fait aurait dû me mettre la puce à l'oreille.
Tout devient plus clair, mais je ne veux pas la mettre mal à l'aise. Alors je lui affiche un sourire amical.
- J'ai compris ce qu'il se passe, tu n'as pas à t'inquiéter de ma réaction. Je suis seulement désolé de ne pas m'en être rendu compte avant ?
- C'est vrai tu comprends ?
Je lui fais un signe de la tête et elle me sourit à pleine dent, je vois la peur s'échapper de son regard et je ne peux m'empêcher de déclarer.
- Tu n'es pas la première à tomber sous mon charme !
Son sourire se fige, puis elle cligne des yeux ne comprenant pas ce que je viens de dire.
Puis elle prend un visage de colère, se mordant l'intérieur de la joue avant de me donner un grand coup sur l'épaule en s'exclamant.
- T'es vraiment qu'un con !
Puis elle tourne les talons.
Je ne comprends, rien. Qu'est-ce que j'ai fait pour la mettre en colère ? Je lui ai seulement dit que ce n'était rien, que ce n'était pas la première à être amoureuse de moi. C'était ça, c'est pour ça qu'elle avait peur de me le dire.
Enfin c'est ce que je pensais.
Je commence à courir derrière elle, poussant mon cadi un peu lourd avec difficulté, puis finalement j'arrive à sa hauteur. Je l'interpelle mais elle regarde droit devant elle.
- Qu'est-ce que j'ai fait ? Je ne comprends pas.
- Ça c'est sûr, tu n'as rien compris !
Je m'arrête essayant de comprendre pourquoi je me suis trompé, et je vois qu'elle s'arrête avant de me rejoindre en soupirant.
- Tu n'as rien compris, je ne t'aime pas.
- Ah, merci.
J'affiche un air blessé, car je le suis un peu.
Elle lève les yeux en ciel, puis enchaine pour m'expliquer ses mots.
- Je t'aime oui, mais pas comme tu l'as sous-entendu, ça serait trop bizarre de ressentir de telles choses pour toi, tu es comme un frère, pas plus.
- D'accord, je comprends. Mais qu'est-ce que tu pensais que j'avais compris alors ?
Je revois une once de peur apparaitre dans son regard, ce qui me perd de nouveau. Mais cette fois-ci elle ne reste pas dans le silence, elle inspire profondément et m'affronte en se confiant à moi.
- Il y a bien quelqu'un qui me plait.
- Pourquoi tu as peur de ma réaction ? Tant mieux s'il y a quelqu'un qui te plait.
Elle reste silencieuse quelques seconde, puis elle finit par lâcher sa bombe.
- Parce que c'est une fille.
- Oh.
Je ne sais pas quoi dire de plus, et ma réaction est loin d'être appréciée par la brune, car celle-ci rougit tout à coup, me hurlant dessus, plusieurs clients se tournant dans notre direction à cause du bruit.
- C'est pour cette réaction que je ne voulais pas te le dire !
Je réalise à quel point je me comporte comme un con et je m'en veux. Lisa est une très bonne amie, et je ne veux pas qu'elle ait cette image de moi, celui d'un gros connard. Image qu'une grande majorité de personne a déjà de moi.
Alors je me précipite de lui répondre, posant ma main sur son épaule pour faire en sorte qu'elle se calme un peu.
- Je suis désolé, c'est juste que je ne m'attendais pas du tout à ça. Je n'aurais jamais pensé que tu sois de ce bord-là.
- C'est-à-dire ?
Elle ne parait plus en colère, mais elle n'est pas amicale non plus. Je ne sais pas ce qu'elle veut m'arracher de la bouche, or je sais qu'il faut que je fasse attention à mes mots.
- Que tu étais lesbienne.
- Et ça te dérange ?
Comment est-ce que je pourrais être gêné de cela ?
Certes je ne me suis toujours pas montré très compréhensif envers les personnes ouvertement gays, je me suis même montré très offensant, disons-le clairement homophobe. Alors c'est normal pour elle d'avoir eu peur de me le dire, que je la juge comme j'en ai jugé beaucoup avant elle.
Mais je n'ai jamais été repoussé par les gays, au contraire je les enviais. Ils aiment qui ils voulaient, ils se montraient avec la personne qu'ils aimaient, alors que moi j'étais seul, je voulais ce qu'ils avaient sans le savoir.
Jusqu'à ce que John m'ouvre les yeux, jusqu'à ce que je l'embrasse et qu'il me m'oblige à me connaitre moi-même. Et ensuite il y a eu Kurt. Je ne sais pas encore ce que je suis, si je suis gay, bisexuel ou bien asexuel, je n'en sais rien, ces mots ne font pas trop sens dans ma tête. Je suis perdu, mais je sais que je suis fou de Kurt, et donc que je ne peux pas rejeter mon amie.
- Bien-sûr que non ça ne me dérange pas, tu aimes qui tu veux.
Son sourire éclatant revient sur son visage, puis elle me prend tout à coup dans ses bras, chose qu'elle n'avait jamais faite auparavant. Puis elle s'exclame.
- J'avais peur que tu sois un connard.
- Je le suis, mais pas avec toi.
Elle sourit et nous continuons nos courses.
J'ai essayé de savoir l'identité de la fille en question, mais comme je l'avais fait avant elle, Lisa ne m'a donné que deux informations : son prénom et la couleur de ses cheveux.
La fille s'appelle Lydia, et elle est brune.
C'est tout ce que je sais, pour le moment.
Après les courses, nous nous sommes quittés en riant, Lisa me remerciant de ne pas être un abruti.
Puis je suis rentré chez moi pour le reste de la journée, évitant ma sœur pour ne pas être confronté à ses questions trop personnelles, et j'ai été ravie de réussir cette mission. Ma sœur étant partit voir son copain Medhi.
Il est 20 heures. Ma sœur n'est toujours pas rentrée et un message de sa part m'a indiqué qu'elle passait la nuit chez Medhi. Donc je suis seul.
Je ne cesse de regarder mon téléphone, fixant le numéro de Kurt, mais me refusant de l'appeler bien que je meurs d'envie de le faire. Je veux que ça soit lui, il me faut la certitude qu'il va faire le premier pas et pas seulement passer à autre chose, m'oubliant jusqu'à ce qu'il ait besoin de moi.
Mais je me sens craquer, j'ai envie d'entendre sa voix, j'ai envie de le voir et je sais que je vais bientôt appuyer sur son numéro.
Alors je me lève tout à coup, attrapant ma veste au passage, décidant d'aller manger dehors pour me changer les idées.
J'ai donc mangé dans un fast-food, seul, et même si cela parait triste de l'extérieur j'étais heureux de pouvoir me retrouver avec moi-même, observant les autres sans que je n'aie l'obligation de parler.
Je sors dans la rue, puis décide de marcher un peu, les températures étant assez bonne pour la fin du mois d'Avril.
Mais alors que je marche, sans but précis, je me retrouve près de la rue où j'ai rencontré John. Et sans réfléchir, je commence à m'enfoncer dans la ruelle, ne sachant pas vraiment ce dont sur quoi je peux tomber.
Je regrette quand mes yeux se posent sur un couple, à quelques mètres de moi. Je m'arrête quand je reconnais John, et je comprends qu'il n'est plus John à ce moment-là, mais qu'il est simplement Honey.
Mes jambes sont comme fixées au sol, et mon esprit cesse de fonctionner.
Alors je reste là, comme un idiot pendant plusieurs secondes. Puis d'un seul, sans réfléchir, je fonce vers eux et bouscule le client de John.
Les deux sont surpris, ne m'ayant pas vu.
Le client, un homme roux au visage très laid, tombe sur le sol, la braguette de son pantalon grande ouverte.
John lève ses grands yeux verts vers moi puis sa bouche s'ouvre alors qu'il se met à crier.
- Bordel, qu'est-ce qu'il te prend ?
Je suis sur le point de répliquer, mais le roux se lève brusquement et vient me pousser avec colère. Alors en un réflexe je viens lui donner un coup de poing dans la mâchoire, ce qui provoque un cri de la part de John.
Le roux pose sa main sur sa joue mais revient rapidement vers moi me donnant un coup dans le ventre.
Finalement John vient s'interposer entre nous en s'exclamant.
- Arrêtez ça !
Ma respiration est saccadée due à la colère, mais j'écoute l'homme à côté de moi, la cicatrice sur son visage le rendant menaçant.
Cependant le roux prend à son tour la parole, rendant ma colère d'autant plus grande.
- Je baise la pute avant, attends ton tour connard.
Un coup de poing s'abat en plein dans son visage et je suis d'autant plus surpris que le coup ne vient pas de moi. John est rouge de colère et il se met à hurler sur le client qui ouvre la bouche de surprise.
- Casse-toi connard, avant que la pute ne te frappe une nouvelle fois.
Il hésite, mais il finit par partir en nous insultant bien correctement.
A peine le roux a-t-il disparu, que John se tourne vers moi, me poussant brusquement en s'exclamant.
- Bordel Blake, pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Encore !
Je hausse les épaules, mais cette réponse ne semble pas lui convenir. Alors il secoue la tête et reprend d'une voix plus hargneuse.
- Est-ce que je viens te faire chier quand tu vis ta vie. Putain, tu viens de me faire perdre de l'argent !
- Tu ne devrais pas faire ça John. Si je l'ai fait c'est pour l'empêcher de poser ses sales mains sur toi.
- Ses sales mains allaient me donner un bon billet !
Je ne comprends pas pourquoi il fait ça. Il m'a dit qu'il avait un autre boulot et que ça allait mieux au niveau des finances, qu'il n'avait plus besoin de faire cette chose, alors pourquoi est-ce que je le retrouve ici ?
Ma main passe sur mon visage pour venir frotter mes yeux, puis elle descend sur ma mâchoire pour frotter mon menton.
- John, je pensais que tu n'avais plus besoin de faire ça.
Mon ami passe une main dans ses cheveux châtains totalement en désordre, puis il soupire en marchant devant moi.
- J'ai, j'ai un autre boulot, mais il ne paie pas aussi bien que celui-là. Je veux mettre de l'argent de côté, pour ne plus avoir besoin de faire ça de ma vie. Quand j'arrêterai ça sera pour toujours.
- Arrête tout de suite, tu as un autre boulot mieux que celui-là.
Je veux poser mes mains sur les épaules de John, mais il se recule, gardant son regard vert rivé sur le sol.
Mon ventre se tord un peu à cause du geste de mon ami, et je me sens même vexé qu'il me repousse alors que j'essaye de lui montrer de la compassion. Alors sans comprendre je sens la colère monter un peu plus en moi, d'autant plus quand il me répond.
- Tu n'es pas à ma place, et tu n'as pas le droit de me donner de tels ordres.
Alors je parle, sans réfléchir.
- Si tu veux continuer de te salir en faisant un boulot anormal c'est ton choix.
Je réalise l'importance de mes mots au moment où ils sortent de ma bouche, mais il est déjà trop tard pour faire marche arrière. Et le regard empli de haine de John m'indique que j'ai vraiment déconné cette fois.
Il me donne une claque et s'écrie.
- Casse-toi, ne traine pas avec une personne sale et anormale comme moi !
- John, ce n'est pas ce que je voulais dire...
- Casse-toi !
Mais je ne bouge pas.
Alors il part à ma place, il me donne un coup d'épaule en passant, puis disparait de la ruelle, me laissant seul avec mes remords.
Bordel qu'est-ce que j'ai dit ?
Je m'en veux terriblement, je sais que sa vie ne doit pas être facile, même si la plupart du temps il laisse paraitre seulement son côté heureux. Faire ce qu'il fait requière énormément de courage que je n'en serais jamais capable. Je n'avais pas le droit de lui balancer cela au visage, même si je le pensais. John a été la personne qui m'a fait ouvrir les yeux, et je ne pourrais jamais assez le remercier.
A vrai dire voilà comment je le remercie, en le laissant penser que je le considère comme étant sale et anormal.
Je suis vraiment un connard.
Alors sans réfléchir je sors mon téléphone de ma poche, puis je l'appelle sans attendre, espérant qu'il décroche.
Il ne décroche pas la première fois, ni la deuxième, mais lors du troisième appel j'entends finalement sa voix. Bien que celle-ci soit peinte d'une réelle colère dont je suis le responsable direct.
- Blake arrête de m'appeler.
Je sais qu'il est sur le point de raccrocher donc je me précipite pour essayer de le convaincre de rester en ligne avec moi.
- Non, attends je t'en prie. Je suis vraiment désolé, je ne suis qu'un connard, et je n'aurais jamais dû te balancer ça en pleine tête.
- Parce que tu penses ce que tu as dit ?
Je comprends qu'il interprète mal mes paroles et il faut que je le corrige rapidement avant qu'il ne raccroche.
- Non, enfin je pense que ce travail n'est pas sain pour toi, tu mérites mieux que ça, tu mérites d'être traité convenablement, et pas qu'on te traite comme un objet qu'on peut baisser puis payer comme ça.
- Mais je suis sale pour toi.
- Non, absolument pas ! Tu n'es pas sale, tu es courageux et une personne très pure à qui il est arrivé des mauvaises choses. Tu es une belle personne John.
Je suis franc et j'espère qu'il le sait.
Mes mots n'auront peut-être aucun impact sur l'idée qu'il se fait de moi maintenant mais au moins j'aurais essayé.
Alors en dernière tentative je lui fais une promesse, que j'ai bien l'intention de tenir.
- Il faut que tu arrêtes. Peu importe si tu as peur de devoir refaire ça un jour, ça n'arrivera pas. Et je te fais la promesse, que si un jour tu en es au point de retomber là-dedans, que je serai là pour t'aider. Et je le pense vraiment.
- Arrête, tu ne le penses pas.
- Je le pense, vraiment. Tu es quelqu'un de bien, reconstruis toi.
John marque un moment de silence, puis il reprend, sa voix était faible, un peu attristée.
- Je te laisse, j'ai besoin d'être seul pour réfléchir.
- Très bien. Pardonne-moi.
- Je te pardonne, au revoir Blake.
Puis il raccroche, me laissant seul avec l'espoir qu'il écoutera ce que je lui ai dit.
AudreyPh18
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