Chapitre 15

           

Kurt s'éloigne alors de moi, les bras ballant, il s'assit sur le sol, le dos collé à la barrière. Puis il pose son regard sur ses mains ensanglantées. Je m'assis à ses côtés, regardant ses mains trembler. Mais tout à coup je le vois essuyer ses mains sur son sweat et l'enlève en grimaçant avant de le jeter sur le sol un peu plus loin.

  Je regarde Kurt, maintenant vêtu d'un T-shirt blanc, sur lequel vient perler quelques gouttes de sang. Son visage est tiré d'une expression que je n'arrive pas à déchiffrer, sûrement de la douleur mélangée à de la tristesse, je n'en sais rien.

  Mes mains ont envie de se poser sur lui, mais je me retiens.

  J'attends qu'il parle, ne voulant pas le voir retourner dans une telle colère qu'il y a à peine cinq minutes.

  Après quelques minutes de silence, Kurt lâche un soupire, il se passe une de ses mains dans ses cheveux blonds puis prend enfin la parole, sans me regarder.

-          Je connaissais cet homme, je te l'avais dit. Mais je ne me souvenais plus d'où à ce moment-là.

-          Maintenant tu t'en souviens ?

  Je le vois serrer les poings.

  J'ai peur qu'il rentre à nouveau dans un état de rage, mais j'ai besoin de comprendre ce qu'il se passe.

  Mais il reste calme, ou du moins il ne se met à pas à exploser quand il répond à ma question.

-          Oui je m'en souviens.

  Il lève enfin les yeux dorés moi. J'y lis de la confusion et une grande hésitation. Je sais qu'une bataille se livre dans son esprit, celle de me dire ce qu'il se passe ou bien de garder pour lui et de m'éloigner de tout cela.

  Alors sans réfléchir je pose une main son bras nu, pour l'encourager à me parler.

  Son regard se pose sur ma main, puis il prend une grande inspiration avant de finir par se lancer.

-          Tu dois tout savoir pour comprendre.

-          Je t'écoute.

  Je murmure pour qu'il ne change pas d'avis, mais je le pousse à se confier, à m'expliquer ce qu'il se passe. Et c'est ce qu'il fait, un ton sombre et son regard parcourant parfois ses pensées d'un visage inquiet.

-          Jane n'est pas n'importe quelle femme comme tu l'as compris. Si je t'ai demandé de te rapprocher d'elle c'est parce que j'avais des doutes. Kane était en train de se détruire, je voyais bien qu'il y avait un problème. Mais il refusait de se confier à moi, ni même à toi. J'ai donc pris la décision de chercher par moi-même.

  Il marque une petite pause, puis il entre dans le vif du sujet. Je reste hypnotisé par ses mots, totalement concentré par ce qu'il me dit.

-          Il y a un groupe, enfin plutôt un gang en ville. Ils sont au courant de tout ce qu'il se passe, ils ont des oreilles partout que ce soit en centre-ville ou aux alentours. Je me suis dit que peut-être ils étaient au courant. J'ai essayé de demander à l'un d'eux, un en bas de l'échelle. Mais il n'en savait rien. Je ne pouvais demander à ceux en haut de la pyramide, car je ne suis pas une personne très apprécié.

-          Pourquoi ?

  Un rire jaune s'échappe de ses lèvres et je le vois serrer une nouvelle fois ses poings, sûrement à un souvenir peu agréable.

-          J'ai eu... comme un conflit avec leur chef, Cobra. C'est comme ça qu'il se fait appeler. Donc je ne suis plus le bienvenu parmi eux. Je ne pouvais donc pas avoir de réponse de leur part, car je sais qu'il se serait fait un malin plaisir à me renvoyer d'où je venais. C'est pour ça qu'il me fallait une nouvelle tête.

  Nos regards se croisent, et c'est là que je comprends.

  J'avale ma salive avec difficulté et ouvre la bouche.

-          Moi ?

-          Oui toi. J'avais besoin que tu te rapproches de Jane pour avoir des informations. Cette femme est inatteignable si on arrive avec le but de lui soutirer des informations. C'est pour cela que je ne t'ai rien dit, pour que tu aies l'esprit vide et aucun arrière pensé.

-          Quel est son rôle ?

-          Elle est l'un des bras droit du Cobra, enfin plutôt un sous-chef. Elle est celle qui décide quand Cobra n'est pas dans les parages. Cobra a entièrement confiance en elle, donc elle devrait être au courant s'il se passait quelque chose avec mon frère.

-          Et tu penses qu'elle est au courant ?

  Kurt ne me répond pas tout de suite. Il tremble légèrement, contrôlant une colère puissante qui commence à accroitre dans ses veines. Puis il ferme les yeux, prenant une grande inspiration avant de me répondre.

-          Oui. J'espérais que Kane n'ait aucun lien avec ce gang, les Serpents. Mais quand tu m'as parlé de l'homme barbu, c'est là que tout s'est mis en place. Cet homme est Nicolaï, c'est le bras droit de Cobra. Mais il reste très souvent dans l'ombre, s'occupant des affaires sombres, vraiment très sombres des Serpents. C'est pour ça que je ne l'ai pas reconnu tout de suite, je ne l'ai vu qu'une seule fois dans ma vie.

-          Kane est donc lié à eux ?

  Ma voix est faible, ne sachant pas vraiment dans quoi je mets les pieds, cette affaire paraissant plus grave que ce que j'aurais pu penser.

  Kurt me répond immédiatement, sa voix teintée d'une colère qui s'accumulait dans sa tête depuis que je lui ai dit pour Nicolaï.

-          Il n'a plus aucun doute ! Borde de merde, je ne sais pas dans quoi il s'est fourré, mais si ça continue il ne risque pas d'en sortir indemne.

-          Qu'est-ce qu'il a pu faire ?

-          Je n'en sais rien !

  Kurt s'est tourné brusquement vers moi, me hurlant au visage.

  Même si mon cœur s'est accéléré, que je suis comme pétrifié, je ne montre pas ma peur, je reste de marbre, affrontant son regard devenu si sombre tout à coup.

  Le blond se lève et commence à faire les cents pas devant moi, reprenant la parole, mais cette fois-ci d'une voix plus calme, bien que toujours hachée par l'angoisse.

-          Les Serpents trempent dans tellement de choses, ça pourrait être n'importe quoi, du petit trafic à l'organisation de meurtre.

  Je me crispe.

  L'organisation de meurtre. C'est vraiment sérieux. Et quand je repense à Jane, je comprends qu'elle n'aurait pas hésité à me planter la lame dans ma cuisse, ne s'occupant peu des problèmes qui pourraient s'en suivre.

  Je réalise que Kurt m'a emmené dans un bordel, que maintenant que j'avais été en contact avec l'un d'eux, je ne suis plus aussi protégé que j'ai pu l'être avant de rencontrer Jane. Et à vrai dire je lui en veux.

  Certes je suis l'ami de Kane, mais si j'avais su que ses problèmes pourraient être aussi graves et dangereux, je ne pense pas que j'aurais accepté d'aider Kurt. Ça me dépasse, et je ne fais pas partie de ce monde.

  Kurt voit mon visage, il comprend ce qu'il se passe dans ma tête et il s'assit donc de nouveau à côté de moi, prenant une voix réellement douce cette fois, alors qu'il me regarde intensément, donnant du poids à chaque mot qui franchit ses lèvres.

-          Je n'aurais jamais dû te trainer la dedans. Je ne te connaissais pas, j'avais besoin d'un pion, et tu as été la personne parfaite. Mais cette histoire part trop loin, et j'en suis désolé.

  Il marque une pause puis reprend.

-          Tu n'as plus besoin d'aller voir Jane. Je m'en occupe seul maintenant.

  Ses yeux se posent sur ma main, là où le numéro de Jane est toujours inscrit. Il attrape son téléphone, rentre le numéro, puis attrape ma main alors qu'il continue de parler.

-          Tu n'as plus besoin de ça.

  Son pouce commence à frotter le numéro de téléphone pour l'effacer, mais, comme un réflexe, je retire ma main rapidement, sous le regard empli d'incompréhension de Kurt.

  Il essaye de reprendre ma main, or je me lève et m'éloigne de lui. Je regarde ensuite ma paume et m'aperçois que le numéro est toujours inscrit, quoi que le dernier commence à s'effacer.

  Kurt se lève à son tour et s'exclame.

-          A quoi tu joues ? Tu n'as plus à avoir ce numéro, c'est fini, tu n'as plus besoin d'aller voir Jane.

  J'aurais pu fuir. M'éloigner au plus loin de cette histoire qui me dépasse, de ce monde qui parait terrifiant. Mais sans réfléchir j'ai pris une décision, ne sachant pas exactement mes motivations.

  Je secoue la tête et lui réponds d'un ton assuré.

-          Non, je n'abandonne pas. J'en sais plus sur Jane, et elle commence à avoir confiance en moi. Je ne peux pas arrêter. Je peux savoir ce qu'il se passe avec Kane, sans que tu n'aies besoin de te montrer.

  La colère qui avait disparu de ses yeux réapparait tout à coup, et celle-ci m'est vraiment destinée cette fois-ci.

  Il fait un pas brusque vers moi, m'attrapant le bas avec force alors que ses mots se heurtent à moi.

-          Il en est hors de question. Ça ne te regarde plus. C'est trop dangereux, et tu n'as rien à faire dans ce monde.

-          C'est toi qui m'as emmené dans ce monde, c'est trop tard. J'en suis.

  Le visage de Kurt s'approche tout à coup du mien, quelques centimètres seulement nous séparant. Son souffle rapide frôle ma peau, alors que son regard me défie de le contredire et donc d'affronter sa colère.

  Sa main est toujours autour de mon bras, me tenant fermement, comme s'il ne voulait que je m'échappe. C'est alors qu'il s'adresse à moi d'une voix qui n'autorise aucune contradiction, une voix me donnant des ordres que j'ai intérêt à suivre.

-          Ta mission est finie. Tu ne connais pas ce monde, tu ne dois pas t'en approcher. Tu en as déjà assez fait avec Jane, merci, mais c'est fini maintenant. Retournes à ta petite vie tranquille. Sois l'ami de mon frère à l'université, mais rien de plus. Tu oublies tout ça et tu me laisses gérer. Tu m'as compris ?

  Je n'ai pas envie, mais je sais que c'est peine perdu.

  Alors j'acquiesce, mon regard planté dans le siens alors que je lui impose mes pensées, puis je finis par parler.

-          D'accord.

  Kurt semble soulagé.

  Puis il me lâche enfin, et il part. Il part sans m'adresser le moindre mot, sans m'adresser le moindre regard. Il part sans faire attention à moi, sans faire attention à ce que je pense ou bien à ce que je ressens.

  Or s'il était resté, il aurait compris. Il aurait compris que je n'abandonne pas, que avec ou sans sa permission, la mission n'est pas terminée.

  Je ne suis personne, mais je peux au moins essayer d'aider Kane, et surtout d'aider Kurt.

  Je suis sur le point de partir à mon tour, quand tout à coup mes yeux se posent sur le sweatshirt gris de Kurt. Il est resté sur le sol, des tâches de sang sur le vêtement. Je m'approche et l'observe. Puis finalement je le ramasse, un sourire satisfait sur le visage.

  Il est presque minuit quand j'arrive chez moi, le sweatshirt de Kurt à la main. Je ne sais pas trop pourquoi je l'ai ramassé, si c'est pour le lui rendre, pour le garder ou m'en débarrasser pour exprimer ma haine. Mais je le serre fermement dans ma main.

  Je monte à l'étage et me dirige vers la buanderie.

  Je reste quelques instants devant la machine à laver, hésitant. Puis finalement j'enfourne le sweatshirt, et mets en marche la machine sans attendre. Celle-ci se déclenche provoquant un bruit, qui résonne dans le silence de la nuit.

  Je m'assis sur le sol, les yeux rivés sur le hublot de la machine alors que je repense aux paroles de Kurt, sur les Serpents et le rôle que je ne devrais jouer dans cette histoire.

  Une voix s'élève derrière moi, me faisant sursauter brusquement.

  Je me retourne tout à coup et croise le regard noir de ma sœur sur moi. Elle a ses cheveux en bataille, son pyjama froissé à cause du sommeil et surtout des cernes sous les yeux. Elle regarde la machine et s'exclame tout à coup.

-          Bordel à quoi tu joues ?

-          Quoi ?

  Elle montre la machine du doigt et se met à crier.

-          Pourquoi est-ce que tu fais une machine en plein milieu de la nuit ? Alors que certaines personnes sont en train de dormir ! C'est-à-dire moi !

-          Désolé.

  Je ne le suis pas.

  Danielle pousse un grognement, puis appuie sur le bouton arrêt de la machine avant de tourner les talons. Mais à peine est-elle sortie que je relance la machine, un hurlement de rage s'élevant en guise de réponse.

-          Je vais te tuer Blake !

  Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de revenir dans la buanderie, je me précipite pour fermer la pièce à clef, m'y enfermant à l'intérieur.

  Elle se met à marteler contre la porte durant plusieurs minutes, puis finalement elle crie depuis l'autre côté de la porte avant de partir en frappant des pieds sur le sol.

-          Je te hais !

  Je profite de ce moment pour sortir mon téléphone et de recopier le numéro de Jane, qui commence peu à peu à disparaitre.

  Puis je m'allonge sur le sol froid de la buanderie, mon regard rivé sur le sweatshirt tournant encore et encore, l'eau rougissant un peu à cause du sang. Puis finalement je m'endors, le visage de Jane, Kurt et Kane en tête.

  Une sonnerie bruyante me réveil en sursaut.

  Je me lève brusquement, la douleur dans mon dos me faisant grimacer, alors que je regarde l'origine de ce bruit.

  Il me faut quelques instants pour comprendre ce que je fais sur le carrelage froid et que la sonnerie provient de la machine à laver. J'inspire puis m'étire maladroitement, alors que je m'approche du hublot, avant d'en sortir le sweatshirt presque sec grâce au cycle de séchage.

  Je sors de la pièce, emportant le sweatshirt avec moi.

  Mais alors que je passe devant la porte de la chambre de ma sœur, je l'entends hurler depuis son lit.

-          Tu n'es qu'un connard !

  Je hausse les épaules, puis marche jusqu'à ma chambre.

  J'étends le sweatshirt sur un cintre puis je m'allonge sur mon lit, regardant l'heure. Je grogne en voyant les 3 heures du matin s'afficher, devant me lever dans à peine trois heures et demi. Puis je ferme les yeux pour pouvoir me rendormir.

  Mais alors que je suis sur le point de sombrer, mon téléphone vibre dans ma main, et je suis immédiatement de nouveau réveillé.

  J'écarquille les yeux, voyant le nom de Kurt s'afficher, et cette fois-ci je n'hésite pas avant de répondre.

-          Allo ?

-          Blake. Tu réponds encore alors que je n'en ai pas envie.

  J'entends à sa voix, qu'il est une nouvelle fois sous l'effet de l'alcool, mais cette fois-ci il parait vraiment triste, vraiment perturbé. Je n'entre pas directement dans son jeu, mais je reste tout de même un peu sur la défensive.

-          Pourquoi m'as-tu appelé si tu ne voulais pas que je réponde ?

  Je l'entends rire nerveusement, puis il répond, d'un ton lent avec un peu d'amertume dans sa voix.

-          Si tu ne prenais pas autant de place dans ma tête je n'aurais pas eu envie de t'appeler.

  Ma bouche s'entre-ouvre. Mon estomac est parcouru par une sensation étrange mais très agréable. Je sens même des frissons caresser ma peau.

  Je ne sais quoi dire, alors je reste bouche-bée.

  Il reprend, ne me laissant pas le temps de dire quoi que ce soit, comme s'il avait réalisé ce qu'il venait de dire.

-          Ça n'a aucune importance vu que c'est fini.

-          C'est-à-dire ?

  Je ne sais ce que ses mots veulent dire, ils peuvent avoir tellement de sens, mais je ne sais lequel pourraient-ils prendre.

  Alors je patiente, attendant qu'il me livre le fond de sa pensée. Mais il ne semble pas vouloir le faire, au contraire il change tout à coup de sujet.

-          C'est vraiment la merde. Je ne sais pas quoi faire, je sais que ça va déraper, mais je suis perdu. Il faut que je le fasse.

  Je comprends qu'il parle de Kane et donc des problèmes qui l'entourent avec les Serpents. Il ne sait pas que je n'ai pas abandonné, que je compte bien continuer.

  Mais je ne lui dis rien, restant silencieux.

  Kurt continue, passant sur un autre sujet.

-          Je suis chez moi. Complétement arraché, je ne sais même pas pourquoi j'ai bu. Mais je l'ai fait.

-          Tu veux que je vienne ?

  Un court moment de silence.

  Puis il me répond.

-          Non.

  Je sais qu'il va raccrocher, comme la nuit dernière. Mais je ne veux pas que ça se passe de la même façon, alors je prends les devants, mes pieds sortant de mon lit alors que j'enfile ma veste avec un peu de difficulté.

-          Je serai en bas de chez toi dans 10 minutes.

  Puis cette fois-ci c'est moi qui raccroche, ne lui laissant pas le temps de parler, de s'opposer à ma décision. J'impose mon choix, et je le fais en ignorant son appel suivant, alors que je sors de chez moi et que je monte dans ma voiture.

  10 minutes plus tard je suis en bas de son immeuble.

  J'hésite à l'appeler pour lui dire que je suis là, mais à peine ai-je sorti mon téléphone que je vois la porte du hall s'ouvrir, et Kurt apparaitre.

  Il porte un jogging noir, aux bandes blanches sur les côtés, ainsi qu'un sweatshirt avec un zip sur le devant. Il parait fatigué, ses cheveux blonds étant indisciplinés alors qu'il s'avance vers ma voiture en trainant des pieds.

  J'ai envie de sourire, mais je me retiens, me contentant de lui faire un signe de la tête.

  Kurt entre dans ma voiture, il ouvre la fenêtre et s'allume une cigarette, puis il s'adresse à moi d'un ton froid.

-          Qu'est-ce que tu fous là ?

-          Tu m'as appelé, je suis venu c'est tout.

-           Je n'avais pas besoin que tu viennes en bas de chez moi. Tu as assez foutu la merde comme ça.

  Je ne sais pas s'il me reproche le fait d'avoir rendu réel le fait que les problèmes de Kane étaient liés aux Serpents, ou s'il me reproche autre chose.

  Mais je n'y fais pas attention, et j'attire son attention ailleurs.

-          Tu me passes ta cigarette ?

  Kurt hausse un sourcil, puis me tend sa cigarette.

  Alors que je frôle ses doigts des miens, je me sens tout à coup hypnotisé, comme coupé du monde alors que mes yeux rencontrent son regard doré. Même s'il reste triste et sombre, je vois une lueur que j'ai vue plusieurs fois dans son regard.

  J'avale un peu de fumée puis la recrache, les yeux toujours rivés dans les siens. Il ouvre la bouché légèrement, restant silencieux.

  Puis il finit par parler, prononçant un seul mot, comme s'il renonçait à beaucoup de chose, qu'il succombait à la tentation.

-          Merde.

  Il attrape la cigarette, la jette par la fenêtre, puis d'un seul coup il s'avance vers moi.

  Je reste immobile, durant une fraction de seconde je ne sais quoi faire, je reste à le regarder mon cœur battant la chamade.

  Puis ça se produit.

  Kurt pose ses mains sur mes joues, il m'observe quelques secondes, puis pose ses lèvres sur les miennes. Je sens une libération, comme une explosion dans mon ventre. Mon esprit est totalement ailleurs bien que je reste immergé dans les sensations de ses lèvres sur les miennes.

  Il a bu, je le sens au goût de sa langue sur la mienne. Le goût du tabac se mélange alors, mais, habitué à cette sensation dans ma propre bouche, je ne suis pas rebuté. Au contraire, mon corps se rapproche du siens.

  Je pense alors au baisé avec John.

  C'était la première fois que j'embrassais un homme. La première fois que j'embrassais une personne dont je ressentais vraiment de l'attirance et un désir profond. C'était dévastant, dans le bon sens du terme, mais aussi dans le mauvais. J'étais mis chaos par ce que je ressentais, je refusais de croire en ce que je ressentais, je refusais de me dire que j'aimais les hommes.

  Mais là c'est différent.

  Je suis conscient de mon attirance pour les hommes, je sais ce que j'aime, je sais ce que je désire. Et à ce moment-là je sais ce que je désire : je veux Kurt.

  Je l'embrasse en retour, je ne lui laisse pas une seule seconde pour s'échapper, car durant ses quelques minutes que durent se baiser, il est à moi.

  Cela fait un moment que je ressens des choses pour lui, que je les enfouis au fond de moi, pensant qu'elles ne sont pas partagées. Mais je me trompais, Kurt m'a embrassé, c'est lui qui a fait le premier pas. Je ne l'ai pas rêvé, c'est vraiment arrivé.

  Ses mains glissent sur mon torse, et elles ne trompent pas. Lui aussi me désire, je le sais. L'alcool joue peut-être un rôle dans sa désinhibition, mais je sais qu'il ne peut inventer ce qu'il fait, ses désirs cachés.

  Alors je profite, de ses lèvres, de sa peau, de ses mains sur mon corps. Je profite avant que le contact soit rompu entre nous, mettant fin à ce moment dont j'avais tant besoin.

  Mais il y met fin.

  Kurt se recule tout à coup, sa bouche entre-ouverte, sa respiration saccadée, et ses yeux illuminés de désir. Il me regarde durant un moment, détaillant mon visage, comme s'il voulait se les remémorer. Puis il s'éloigne de moi, en secouant la tête.

  J'essaye de pose ma main sur sa joue, mais il me repousse. Ses mains glissent sur son visage, puis il soupire avant d'ouvrir la portière et de sortir de la voiture.

  Je veux sortir à mon tour, mais je suis paralysé. Je crie son nom, pour qu'il reste.

-          Kurt. S'il te plait.

  Mais il tourne les talons.

  Je le regarde retourner dans l'immeuble, puis disparaitre sans me dire le moindre mot, comme s'il ne s'était rien passé.

  Mes doigts ont caressé mes lèvres, me souvenant de l'émotion qui m'avait parcouru quand ses lèvres ont capturé les miennes.

  Je suis resté un moment en bas de chez lui, n'arrivant pas à me résoudre à partir, ni même à sortir de la voiture.

  Le silence de la nuit m'enveloppait, alors que mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, menaçant de s'échapper, ou bien d'exploser.

  Et finalement je suis parti. Espérant que Kurt n'allait pas regretter ce baiser, et que demain serait un jour nouveau pour moi, mais aussi pour lui.








Voilà, alors beaucoup de chose se passent dans ce chapitre !J'espère qu'il vous a plu, et que la petite surprise de fin vous a fait plaisir !

AudreyPh18

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