Chapitre 14
Je n'ai pas adressé la parole à mon père depuis dimanche midi. Et même s'il a essayé de venir vers moi, je l'ai repoussé. Même si une partie de moi sait que j'agis comme un enfant pourri, je préfère ne pas y penser et rester sur mes positions.
A vrai dire l'ignorer n'a pas été difficile, car à peine le lundi arrivé, il avait disparu, passant très certainement ses soirées avec la belle brune.
Danielle m'a fait la morale, mais aussitôt son discours fini, elle est partie sur un autre sujet de conversation, oubliant mon comportement ainsi que l'atmosphère un peu lourde qui régnait chez nous. C'est ma sœur, et elle ne peut m'en vouloir une éternité pour une histoire avec une femme qu'on ne connait pas.
Jeudi est arrivé vite.
J'ai été heureux de voir Kane revenir en cours le lundi et ainsi suivre les jours suivant d'une manière très appliqué. C'est là que j'ai compris qu'il m'avait manqué, ses petites remarques sur les autres, ses mots glissés durant les cours auxquels je ne peux résister et donc rire bruyamment. L'Université sans lui n'est pas la même chose. Même s'il a changé, qu'il parait plus perturbé, pas totalement avec moi, c'est juste bon de le retrouver.
Ned aussi a été heureux de voir Kane, au début, car dès qu'il a commencé à parler de Sarah, le blond n'a pas cessé de l'emmerder et de se moquer de lui. Et tout cela a provoqué une dispute entre les deux avec un départ de la part de Ned.
J'étais si heureux que je n'ai pas reproché le comportement de Kane envers notre ami, surtout que Ned s'était défendu comme il le fallait, en insultant bien correctement Kane.
Bien sûr le retour de Kane impliquait le retour de Kurt dans ma tête.
Après plusieurs jours sans nouvelles, son visage ne cessait de rester dans mon esprit, la sensation de ses mains sur ma peau étant maintenant un souvenir lointain, malgré mes efforts pour m'en remémorer les sensations.
J'ai hésité à demander à Kane comment allait son frère, mais ça aurait été étrange. Je ne me suis jamais intéressé à Kurt, je le fuyais même, alors pourquoi est-ce que je lui demanderais une telle chose ? Il n'aurait pas compris et ça aurait été compréhensible. Mais malgré ça je mourrais d'envie de le savoir.
Kane a effleuré le sujet à un moment, disant que son frère ne sortait plus beaucoup de sa chambre. Mais très vite il est passé à autre chose et n'a plus jamais évoqué Kurt.
Donc je n'en ai pas parlé. Mais je n'ai cessé d'y penser.
Alors que je me dirige vers ma voiture, les cours du jeudi touchant à leur fin, je sens mon téléphone vibrer dans la poche de mon jean.
Je le sors et sens mon cœur s'arrêter en voyant le nom sur l'écran.
Comme sortie de nulle part, un lointain espoir, les lettres formant le nom de Kurt s'illuminent soudainement.
Je reste quelques instants interdit, hésitant à répondre.
Il m'a laissé plusieurs jours sans nouvelles, m'ignorant parfaitement comme si j'étais une personne qu'il ne désirait pas voir. Certes il n'a aucun devoir envers moi, mais je pensais qu'il me portait plus d'intérêt.
Le téléphone continue de vibrer, touchant bientôt à sa fin, alors je me précipite de répondre avant qu'il ne soit trop tard.
Ma voix est dure et rancunière.
- Quoi ?
Un rire froid s'élève dans mon oreille, suivit d'une voix grave.
- Quel accueil.
Je ne dis rien.
Il soupire et comprend que c'est à lui de continuer, ce qu'il fait d'une voix plus lente cette fois-ci.
- J'aurais besoin de toi.
- Evidemment.
Je me prends une douche froide. S'il est revenu vers moi c'est qu'il avait un but, non pas pour prendre des nouvelles, mais pour m'utiliser.
Je suis blessé, mais d'un sens je suis heureux d'entendre de nouveau sa voix.
Il rit puis enchaine, ne prenant pas en compte mes états d'âmes.
- J'ai besoin que tu retournes voir Jane, pour te rapprocher un peu plus d'elle.
- Dans quels buts ?
- Ça ne te regarde toujours pas.
J'hésite un instant.
Est-ce que je suis prêt à me jeter une fois de plus dans la gueule du loup sans vraiment savoir ce que je risque, juste pour plaire à quelqu'un qui m'ignore aussi facilement ?
Je prends alors sur moi et réponds d'un ton décidé.
- Eh bien il faudra te passer de moi.
Il ne répond pas, provoquant un silence soudain.
Je sens mon cœur battre plus fort, n'étant plus certain d'avoir agis comme il le fallait. Je repense à la peur qu'il provoquait chez moi, et je crains tout à coup qu'elle revienne et qu'il me manipule avec celle-ci.
Je l'entends inspirer profondément, et j'ai peur qu'il rentre dans une colère noire tout à coup.
Il finit par parler d'une voix puissante.
- Tu es sûr de toi ?
Non.
- Je ne veux pas être un pion.
- Très bien.
Je suis perdu. Je ne sais pas s'il se passe de moi, ou s'il se plie à ma demande d'être d'avantage impliqué. Son silence ne m'aide pas, pas plus de ses réponses évasives, ne me montrant pas dans quel état d'esprit il est.
Mes mains tremblent légèrement, j'essaye de les calmer en inspirant et expirant doucement.
- Si j'ai besoin de toi avec Jane, c'est parce qu'elle pourrait nous aider à découvrir ce qu'il se passe avec mon frère.
Je reste bouche-bée.
Certes il ne m'en a pas tellement dit, et il reste assez vague. Mais il a pointé quelque chose d'important : son frère.
Il se joue peut-être de moi, utilisant Kane pour me rendre plus docile, mais je ne peux me poser de questions. Si c'est vrai, je veux en être. Et je pense qu'il le sait très bien.
J'essaye de calmer les tremblements dans ma voix en m'exprimant enfin.
- En quoi Jane serait liée à Kane ?
- Moins tu en sais, plus tu es efficace.
- Je ne suis toujours qu'un pion.
- Tu sauras tout, le temps voulu.
Je ris nerveusement.
Je suis bel et bien un pion. Mais qu'est-ce que je peux faire ? Reculer et refuser car cela blesse ma fierté ? Ou bien plongé la tête la première pour enfin découvrir ce qu'il se passe avec Kane ?
J'hésite un court instant, mais ma décision est prise.
Kurt m'interroge une dernière fois.
- Tu en es ?
- Comment est-ce qu'on s'y rend ?
J'entends Kurt souffler doucement, mais il ne me laisse pas le temps d'apprécier mon soulagement. Il enchaine et me donne quelques explications.
- Cette fois-ci tu prends ta voiture. On se rejoint là-bas. Je resterai dans la voiture en t'attendant. Je ne peux pas encore me montrer, Jane sait qui je suis, et elle ne sera pas la même si je suis présent dans le bar.
- D'accord. Et qu'est-ce que je dois faire ?
- Te la mettre dans la poche. Fais la te désirer.
Ce n'est pas une bonne idée.
Mais je marche.
Kurt m'a donné rendez-vous là-bas vers 19h30.
Je suis donc rentré chez moi, je me suis changé, enfilant un léger pull noir, sur mon jean brut, ainsi que mes Docs. Puis je suis resté dans mon lit, fixant le plafond en attendant que l'heure tourne.
Puis, aux alentours des 19 heures, je suis parti, prenant la route en direction du bar miteux de la dernière fois.
La route a été assez simple à retrouver et j'ai même eu l'impression que le trajet a été plus court, mon angoisse augmentant au fur et à mesure que les kilomètres défilaient.
Quand je me gare sur le parking, je remarque tout de suite la Chevrolet de Kurt, et presque immédiatement mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. C'est sans surprise que je vois le nom du blond s'afficher.
Je réponds, gardant mes yeux rivés sur la Chevrolet.
- Je suis là.
- Je sais.
Il est garé assez loin, mais je peux facilement dire que son regard doré est braqué vers moi, des frissons parcourant mon corps à cette pensée.
Kurt inspire et reprend.
- Jane est à l'intérieur. C'est à toi de jouer.
- Je sais.
Puis je raccroche.
Je ne sais si mon assurance est due à la colère que j'ai ressentie envers Kurt depuis la dernière fois où nous nous sommes parlé, mais je sais qu'il n'y est pas indifférent et qu'il comprend qu'il a déconné.
Je claque ma portière puis me dirige vers le bar, prenant un visage innocent.
Le barman, Ed, est toujours là, debout derrière le bar. Il me jette un coup d'œil quand j'entre et là encore il parait méfiant. J'arrive vers lui et commande une vodka, puis je m'assis sur un des tabourets, attendant ma commande.
Il ne suffit que de quelques minutes pour qu'une blonde me rejoigne, son regard si sombre et si intense se posant sur moi.
Je me retourne et fais face à Jane. Cette dernière porte un débardeur à dentelle bleu nuit et un short en jean avec un collant noir. Elle impose sa présence et son corps ne passe pas inaperçu.
Je lui adresse un sourire et je prends les devants.
- J'ai espéré te voir.
- Et bien je suis là.
Je donne un coup de tête vers le barman et m'adresse à elle d'une manière séductrice, voulant l'attraper dans mes filets.
- Je peux te payer un verre.
- Bien sûr. Je prends la même chose que toi.
J'acquiesce puis commande un autre verre de whiskey à Ed. Recevant un grognement en guise de réponse.
Alors qu'elle boit une gorgée de son verre, je pense à ma technique.
Je ne pense pas que tourner en rond serait une bonne décision, elle sait ce que je veux, et si je ne lui impose pas tout de suite mes pensées, elle risque de me trouver ennuyant et donc de passer à autre chose. Or je veux qu'elle me désire, que je provoque une curiosité en elle. Il faut que j'agisse, sûr de moi.
Je m'avance vers elle et lui adresse un sourire alors que je murmure doucement.
- J'ai longuement pensé à toi, depuis la dernière fois.
Jane me rend mon sourire, ce dernier étant plus satisfait, comme si elle savait qu'elle faisait cet effet chez les hommes. Mais elle ne se renferme pas, au contraire elle se rapproche de moi, pour murmurer à son tour à mon oreille.
- A vrai dire toi aussi. Je me demandais quand tu allais revenir.
- J'ai hésité à revenir c'est vrai.
Elle affiche un visage surpris, mais je ne lui laisse pas le temps de dire quoi que ce soit, j'enchaine, et cette fois-ci ma voix est lente et douce.
- Je ne savais pas si une femme telle que toi pourrait me porter de nouveau de l'attention. Mais finalement je suis revenu, voulant absolument tenter ma chance. Est-ce que j'ai eu raison ?
Jane sourit, puis s'avance de plus en plus de moi, elle vient même jusqu'à frôler mes lèvres des siennes avant de finalement murmurer doucement.
- Je pense que tu as toutes tes chances.
Puis elle s'éloigne de moi, me souriant franchement avant de reprendre d'une voix un peu plus sérieuse.
- Mais ça ne sera pas aussi facile.
- J'aime les défis.
Je lui adresse un clin d'œil puis bois quelques gorgée de mon verre, très vite suivit de Jane. Finalement, peut-être que je vais réussir cette mission.
J'ai parlé presque une heure avec elle, lui commandant des verres, alors que de mon côté je me maîtrisais, pour ne pas perdre tout contrôle. Or l'alcool commence à avoir de l'emprise et bientôt j'y succomberai.
Durant cet échange, j'ai appris quelques petites choses sur Jane. Elle m'a confié avoir eu peur de moi au début, mon physique un peu impressionnant ayant provoqué une réaction de protection chez elle, et elle s'est de nouveau excusé de m'avoir presque embroché. Je lui ai demandé pourquoi elle avait été aussi méfiante et c'est là qu'elle m'a glissé une information que j'ai pensé importante.
En effet elle m'a dit qu'elle avait un rôle important et que des personnes voulait sa chute, donc elle se méfiait de tous les inconnus qui débarquent dans le bar. Et à vrai dire elle n'a pas tort, car je suis là pour me jouer d'elle.
Je n'ai pas réussi à lui demander pourquoi elle était importante, mais je pense que c'est quelque chose que Kurt doit savoir.
Jane m'a ensuite confié qu'elle n'avait pas de famille, après que je lui ai parlé de mon histoire avec mon père, lui montrant une partie de moi pour avoir sa confiance. Elle m'a raconté que sa mère l'avait abandonné à la naissance et que son père l'a battait. Le fait que sa mère l'ait abandonné ne m'a pas échappé, et je lui ai confié que j'avais vécu la même chose.
Je ne pense pas que c'était une bonne idée de lui en dire tant sur moi, mais à vrai dire ça s'est révélé facile. Elle s'est livrée à moi, et j'ai réussi moi aussi à le faire.
Le jeu est dangereux, je sais. Mais je suis peut-être trop faible pour y jouer.
Nous avons ensuite partagé quelques banalités sur l'alcool, puis tout à coup j'ai reçu comme un choc électrique.
Alors que je parlais avec la blonde, un homme a posé sa main sur son épaule. J'ai tout de suite levé les yeux vers lui et c'est là que j'ai vu son visage. Un homme très grand au crâne rasé avec une longue barbe. Je le reconnais immédiatement. C'est celui qui discutait avec Kane le soir où Kurt et moi l'avions suivit, j'en suis sûr. Ce soir-là je n'avais pas pu voir ses yeux, mais là je les vois très clairement, d'un gris ombrageux.
Je me raidis quand il pose son regard sur moi, fronçant les sourcils alors qu'il ignore qui je suis. Il fait une pression sur l'épaule de Jane et chuchote à son oreille.
Je n'entends pas ce qu'il dit, mais la réponse de la blonde m'indique que c'était par rapport à mon identité.
- C'est Blake, un ami.
L'homme acquiesce puis s'exprime enfin.
- On a besoin de toi, il est là.
J'ignore qui est ce 'il', mais Jane a retrouvé un visage sérieux et même froid, celui que j'avais vu quand elle m'avait menacé du couteau.
Elle hoche la tête puis fait un signe de la main à l'homme, indiquant qu'elle le rejoint. Puis, l'homme barbu parti, elle se concentre de nouveau vers moi, me souriant franchement.
- Je suis désolée, mais je dois aller faire quelque chose. J'espère te revoir.
- Pas de problème, j'espère aussi.
Elle me détaille durant quelques secondes, puis elle passe le bras par-dessus le bar, attrapant un stylo qui trainait là. Sa main se pose sur la mienne, et elle la retourne pour mettre en évidence ma paume, puis elle écrit dessus.
Jane relève la tête et je peux enfin voir ce qu'elle a écrit sur ma peau : un numéro. Elle parait satisfaite, puis se penche vers mon oreille pour chuchoter quelques mots.
- Appel moi.
Je sens ensuite ses lèvres contre ma joue et finalement elle tourne les talons et part rejoindre le barbu.
Je serai bien resté pour voir ce qu'ils font, mais le regard noir d'Ed m'indique que je ferais mieux de ne pas trop traîner ici. Alors je paie mes consommations ainsi que celles de Jane, et je sors du bar.
Ma paranoïa m'ordonne d'attendre quelques instants, pour vérifier que personne ne me suit. Je profite pour allumer une cigarette.
Quelques minutes plus tard je décide enfin de rejoindre ma voiture, faisant attention à ne pas regarder en direction de Kurt.
Ce n'est qu'une fois installé que je l'appelle. Il décroche après seulement quelques tonalités.
- Comment est-ce que ça s'est passé ?
- Plutôt pas mal. Tu me suis, on va ailleurs pour en discuter.
- Où veux-tu aller ?
Je pense tout d'abord au parking du supermarché, mais ça serait trop risqué. Kane pourrait y être, ou bien n'importe qui d'autre. C'est alors que je pense à un endroit où Kurt m'avait rejoint et je décide alors qu'on ira là-bas.
- A l'ancien skate-park.
J'entends comme un sourire, et je souris alors moi-même. Puis Kurt me répond, une voix intrigante.
- D'accord, on se voit là-bas.
Je n'ai même pas encore démarré que je vois la Chevrolet noire passer devant moi, le blond au volant, me jetant un rapide coup d'œil accompagné d'un sourire.
Une vingtaine de minutes plus tard je me retrouve près du skate-park. Kurt est monté sur le trottoir et s'est garé directement à côté des rampes. Je monte à mon tour puis le rejoins très rapidement.
Quand je sors de ma voiture je pose directement mes yeux sur Kurt. Ce dernier est adossé à une barrière autour du skate-park, un sweat gris sur le dos, un jean bleu et une paire de baskets blanche, alors qu'une cigarette pend entre les lèvres. Son regard d'or se pose sur moi et il me faut de peu pour défaillir.
J'avance vers lui et m'adosse contre la même barrière que lui. Je tressaille quand il souffle sa fumée contre ma peau et je cesse de respirer quand il prend la parole.
- Tu es resté longtemps, j'espère que tu as des résultats.
Je souris et lui montre la paume de ma main, fier de moi.
Une lueur traverse son regard quand il remarque le numéro écrit à l'encre noir, puis, très lentement, il prend ma main dans la sienne pour la rapprocher de son visage.
Je sens un frisson courir le long de mon bras alors qu'il détaille ma paume.
Puis finalement il me relâche la main, grognant tout à coup.
- Elle donne vraiment son numéro à n'importe qui.
Je reste surpris.
Le but de ma mission était de me rapprocher d'elle, et là j'ai son numéro, ce qui est un rapprochement conséquent. Alors pourquoi Kurt ne semble pas être content ? Il parait même dédaigneux.
Je veux en savoir plus, mais il me coupe l'herbe sous le pied en enchainant tout à coup.
- Mais c'est une bonne chose. Tu as appris des choses ?
- Seulement qu'elle était quelqu'un d'important, et c'est pour ça qu'elle avait tendance à se méfier des inconnus.
- Pas seulement des inconnus.
Kurt pousse un rire forcé, puis il secoue la tête, prêt à changer de sujet.
Or je ne vois pas les choses comme ça, il est temps pour moi d'en savoir plus sur cette femme, avant d'aller plus loin.
- Qui est-elle ?
Kurt soupire en passant une main légèrement tremblante dans ses cheveux.
- Je t'ai dit que tu n'avais pas à savoir.
- Je t'apporte des résultats, à toi de me donner des informations, je serais plus utile comme ça.
- Non. Tes résultats ne sont pas suffisants. Je savais qu'elle était importante, tu ne m'as rien appris.
Je me prends sa réponse comme une claque en plein visage.
Etre un pion n'est vraiment pas quelque chose d'amusant. Surtout quand ce que j'apporte comme information se révèle être inutile.
C'est alors que l'homme barbu me revient en mémoire.
- Je pense que j'ai d'autres informations qui pourraient t'intéresser.
Il hausse un sourcil en jetant son mégot sur le sol avant de l'écraser sous son pied.
- Quel genre d'information ?
- Des informations très intéressantes.
- Et bien dis les moi.
Je secoue la tête alors qu'un sourie manipulateur apparait sur mon visage. J'ai le pouvoir maintenant, je le sais.
- Je te donne mes infos, si tu m'en donnes de ton côté.
- Tu te fous de moi ?
- Non, pas du tout.
Kurt me foudroie du regard. Il semble réfléchir à la façon par laquelle il pourrait me faire cracher mes informations. Et au vue de son sourire sadique, je regrette un peu mon affront.
Mais il acquiesce et s'exprime d'une voix calme.
- Très bien, tu as raison. Tu as le droit de savoir quelques petites choses.
J'attends, impatient d'en savoir plus. Mais c'est me réjouir trop tôt, en effet la réponse de Kurt n'est pas celle que j'attends.
- Je t'en dirais d'avantage quand tu m'auras donné tes informations. Et si celles-ci sont pertinentes, alors je t'apprendrais quelques trucs sur Jane.
Je suis sûr qu'il ne tiendra pas parole, et je ne veux pas tomber dans le panneau aussi facilement. Bien que je réalise que je n'ai plus le pouvoir tout à coup.
- Comment être sûr que tu vas tenir parole ?
Kurt acquiesce puis me tend sa main.
- Je te donne ma parole.
J'observe sa main.
La mienne se rapproche. Je ne sais si c'est l'envie de savoir d'avantage sur Jane ou si c'est seulement le fait de pouvoir toucher sa peau qui me fait prendre la décision de glisser ma main dans la sienne.
Je serre sa main et je sens une sensation agréable en sentant sa peau douce sous mes doigts, puis finalement il retire sa main. Et c'est à moi de me lancer.
- Tu te rappelles l'homme qu'on a vu parler avec Kane l'autre soir ? Eh bien il était là. Il connaissait Jane, il lui a dit qu'un homme les attendait, et cet homme devait être quelqu'un de sérieux au vue du visage de Jane.
Les sourcils de Kurt se froncent, puis tout à coup son visage devient livide, sa bouche d'entre-ouvre même alors que ses bras tombent le long de son corps.
Il commence à chuchoter, les yeux dans le vide.
- Bordel j'aurais dû savoir. J'aurais dû le reconnaitre.
Il commence à faire les cents pas, et au fur et à mesure qu'il marche, son visage passe de la surprise à une colère puissante. Ses chuchotements passant maintenant à des cris de rage alors que ses poings sont serrés.
- J'aurais dû le reconnaitre ! Je le connaissais ! Pourtant je n'ai rien fait ! Putain.
Il donne soudainement un violent coup de poings contre une plaque en bois qui soutient une rampe. Je sursaute, ne m'attendant pas à une telle chose. Puis je panique quand il enchaine les coups, le bois se colorant peu à peu de tâches rouges, alors que du sang perle des mains du blond.
Sans réfléchir je me rapproche, j'entoure son corps de mes bras, l'immobilisant pour qu'il cesse de frapper contre le mur. Je sens qu'il est plus fort que moi, mais contrairement à ses coups, il se laisse faire, me laissant l'éloigner en douceur.
Sa respiration est bruyante et je peux percevoir qu'il peine à respirer.
Je fais alors une pression autour de lui, le serrant de toutes mes forces espérant que cela fonctionne.
C'est alors que sa respiration devient plus calme, ses poings s'étant relâchés et son corps ne luttant plus contre moi.
Nous restons ainsi pendant plusieurs minutes, moi étant incapable de le lâcher, ne pensant pas y survivre, et lui devenant dépendant de mes bras pour se calmer.
AudreyPh18
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