11 ans auparavant...(14 février 2006)

Yanis avait huit ans et des idées déjà bien arrêtées. Forcé de quitter sa ville natale pour suivre sa mère qui elle même suivait un homme récemment rencontré, il ne décolérait pas.

Le coup de foudre qu'elle avait dit. Un coup de foudre qui séparait la vie du garçon en deux : son père resté à Denver et sa mère ici. Et lui au milieu des deux, obligé de suivre la volonté maternelle.

En quelques mois sa vie avait volée en éclat : nouvelle famille (demi-frère et demi-sœur inclus), nouvelle ville, nouvelle maison, nouvelle école, nouveaux voisins.

Il avait tout détesté. Sa mère avait toujours tendance à lui parler comme si c'était encore un bébé, en exagérant tout, en embellissant tout. Yanis ne voulait parler à personne. Il voulait ses vrais amis, Sarah, Jessica et Maxence. Et tous les autres qui étaient restés à Denver. Avec toute sa vie d'avant et son père.

Il n'avait d'ailleurs pas tardé à le faire payer à tout le monde ici. À sa "famille", à ceux qu'ils croisaient, à ceux qui essayaient d'être sympas avec lui. Il leur faisait vivre l'enfer. Caprices, arrogance, insolence, tout était bon pour pousser sa mère et son beau-père à bout. Il essayait de leur faire honte partout où ils allaient.

La première rencontre avec leurs voisins fut d'ailleurs d'anthologie. Rien que d'y penser il en riait encore. A peine entrés, sa mère lui avait conseillé d'aller saluer le garçon de son âge qui le regardait avec curiosité. On aurait dit son contraire total : blond aux yeux bleus, il arborait un sourire poli. On aurait dit un ange. Yanis lui retourna un regard de dédain. L'ange lui tendit sa main et se présenta :

-'Je m'appelle Camille. Et toi?'

-'Camille? C'est moche. Surtout pour un garçon.' cracha Yanis en évitant sa main tendue.

-'C'est un prénom mixte.' lui avait répondu l'intéressé, pas près de se laisser faire malgré son apparente tranquillité.

-'Bah c'est moche quand même.'

-'C'est toi qui est moche.'

Le brun l'avait frappé en retour.

Ça avait été la provocation de trop. Au lieu de le punir encore, cette fois, sa mère s'était excusée auprès des voisins, mortifiée et avait tiré son fils à l'extérieur pour le ramener à la maison. Là, elle avait pleuré puis appelé son père, à bout :

-'Reprend le, Christian, reprend le, je t'en supplie, il est impossible!

Il avait gagné. Il était rentré et son père s'était arrangé avec sa mère pour la garde. Plus jamais il ne reverrait cette ville pourrie et ces ploucs. Du moins c'est ce qu'il croyait.

............

Voilà pour cette première partie. Elle est extrêmement courte et c'est voulu car c'est juste une étape pour le contexte.

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AngusMalivolo ☮