29. Découvre-moi
- Tu veux boire quelque chose ? propose Antoine entre deux baisers.
Nous sommes entrés depuis plusieurs minutes, mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'admirer les environs, trop absorbée par ses lèvres. Pourtant, Voltaire tente de capter notre attention depuis notre arrivée et sa truffe humide cogne ma main à la recherche de caresses. Je m'éloigne un instant de l'humain pour tourner mon intérêt vers l'animal, ravi de m'accueillir en ses lieux.
Antoine ouvre le mini-frigo de sa mini-kitchenette pour m'en énumérer le contenu :
- Bière ou eau pétillante ?
- Va pour une bière !
J'observe autour de moi. La visite est rapide. Deux pas jusqu'au bureau, deux autres jusqu'au canapé. La télé en face, une table basse au milieu. Si j'écarte les bras, je pourrais presque toucher les murs opposés. La décoration est très sommaire. À part les livres qui occupent chaque espace de libre, je remarque une photo de la fratrie, un peu plus récente que celle trouvée dans sa librairie, près du portrait d'un couple plus âgé que je devine être ses parents.
- Comme tu vois, mon palace est beaucoup moins vaste que le tien, explique-t-il, en me tendant une canette. Mais j'ai mon petit luxe, moi aussi.
Il pousse alors le seul velux de la pièce, assez large pour qu'il s'engouffre dans l'ouverture, Voltaire sur les talons. Curieuse, je le suis à mon tour et me retrouve sur les toits de la capitale, la Seine nous observant en contrebas.
- Mon Paris à moi.
- C'est magnifique, soufflé-je.
- Pas autant que toi.
Ses yeux ne mentent pas, mon cœur non plus.
De retour à l'intérieur, la température semble avoir augmenté. Ou peut-être est-ce l'étincelle luisant au fond de ses rétines qui irradie chacun de mes atomes ?
Il trouve la boucle de mon trench et m'interroge avant d'aller plus loin :
- Je peux ?
D'un signe de tête, je lui donne mon accord et les pans du vêtement retombent sur mes épaules. De ses phalanges délicates, il repousse le tissu sur mes bras jusqu'à ce qu'il s'étale à mes pieds. Ses iris devenus brasier ardent ne me quittent pas, ses mains non plus. Les boutons de ma chemise se dégrafent un à un et dévoilent chaque fois un peu plus de peau, offrant aux lèvres d'Antoine la possibilité d'explorer davantage de territoire après chaque obstacle franchi. Il ne reste bientôt qu'une attache retenant juste assez de matière pour camoufler ma poitrine, mais la barrière cède sans insistance, laissant mon corps en offrande à mon amant. La pulpe de ses doigts glisse sur mes chairs tel un virtuose sur la glace qu'il fait fondre avec douceur.
J'en veux plus. J'agrippe les bords de son t-shirt et lui retourne sa requête :
- J'aimerais te voir, moi aussi.
Il s'écarte d'un pas pour que je l'en libère et, comme lui plus tôt, je ne me prive pas de le détailler centimètre par centimètre. Son torse, discrètement hâlé et parsemé de poils bruns, n'est pas très musclé, mais le grain de sa peau appelle au voyage.
Son dos heurte le mini-bar.
En manque de son parfum, je me raccroche à lui sans que plus aucune étoffe ne fasse barrage.
Mon coude cogne le meuble télé.
Nos langues s'ébrouent de cette sensation de liberté et nos mains vagabondent, toujours plus loin dans des contrées inconnues.
Un pas de côté, je trébuche contre la table basse. J'étouffe un cri dans sa bouche. Il me rattrape de justesse.
- Si on continuait dans la chambre ? susurré-je, en humant ses cheveux emmêlés.
Il se met à rire, et sans rien ajouter, déplie son canapé, en se contorsionnant au milieu de cet espace confiné. Il y parvient au bout de quelques secondes de lutte acharnée, non sans pester contre le mobilier entravant sa route, puis se redresse, essoufflé :
- Tada ! présente-t-il. La suite parentale !
Il passe la main dans ses cheveux, un sourire gêné.
- Ce n'est peut-être pas le lieu idéal pour...
C'est l'endroit parfait, au contraire !
Je réponds en le poussant sur le matelas. Une canette de bière vide roule au sol et je me retrouve allongée sur lui, hilare. Voltaire nous rejoint en sautillant, croyant à un jeu auquel il peut participer.
- Volt ! On t'a pas invité ! File dans ton panier.
Le chien obéit, déçu, alors que la pièce résonne de nos fous rires.
Le sérieux retombe, et le souffle court, je me raidis, soudain terrifiée par la suite. Antoine m'enlace de toute sa bienveillance et s'inquiète :
- Tu as peur ?
Je me blottis simplement dans son cou tandis qu'il répond :
- Moi aussi.
Je remarque alors que son cœur tambourine aussi fort que le mien, que ses mains tremblent autant, que sa respiration est encore plus saccadée.
- On peut s'arrêter là, si tu préfères, ajoute-t-il.
Il me bascule sur le côté, mais je me colle à lui, plus effrayée à l'idée de perdre son contact, que d'être dans ses bras.
- Non. Reste, le prié-je.
Le soulagement se lit dans ses yeux.
Il couvre ma poitrine de baisers sulfureux, descendant les étages à mesure que mon pantalon dégringole le long de mes jambes trémulantes de désir.
Sa bouche s'attarde sur mes cuisses, mon ventre. Elle contourne mon antre, s'approche toujours plus près. Son souffle effleure ma vulve, la pointe de sa langue mon clitoris, puis il s'éloigne à nouveau, en m'excitant toujours plus.
Il remonte lentement, comme s'il goûtait chaque cellule de mon épiderme, jusqu'à son point de départ. Ses lèvres trouvent mon sein pour mon plus grand plaisir et en lèchent le cœur avec tant de sensualité que je m'évapore sous ses gestes. Ses gémissements de délectation résonnent contre les miens et son timbre vibrant ne fait qu'accroître mon envie de lui.
Je retire son pantalon qui l'encombre toujours et libère l'objet de mes convoitises. Antoine retrouve celui qu'il avait délaissé et le savoure dans un râle étouffé, tandis que ma main s'enroule autour de lui et entame les va-et-vient. L'extase se précipite lorsque ses doigts entrent en moi. Ses caresses coulent partout, si bien que je n'en devine plus l'origine. Je ne reconnais que son corps, brûlant contre le mien.
Je suis à la limite de toucher les étoiles, lorsque sa langue part à la cueillette de ma perle gorgée de désir. Il me goûte timidement, me savoure délicatement, se repaît avidement. Sa douceur contraste tant avec ce que j'ai l'habitude de vivre que je perds pied. La sensation est inédite, déroutante, enivrante. Ébouriffante, époustouflante, fracassante.
Il me fait atterrir d'urgence lorsqu'il s'éloigne sans prévenir.
- Tu es certaine de vouloir aller jusqu'au bout ? susurre-t-il, essoufflé par son exploration.
- Je ne veux plus jamais que tu t'arrêtes, menacé-je, haletante, en l'attirant contre moi.
Ses gestes d'une sensualité irréelle se multiplient. Ses doigts peignent sur moi sa propre œuvre d'art. Ma peau fusionne au contact de la sienne. Nos corps se mélangent et l'osmose est aussi évidente qu'un tableau de Rembrandt, aussi pure qu'un Monet. Une explosion de couleurs en parfaite harmonie.
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