CHAP 49
Jenna se glissa à la hauteur de Jimmy. Dans cette ambiance rendue chaude par la couleur rouge de l'eau, elle frissonna de plaisir quand celle-ci toucha sa peau. Hésitante et sans un regard sur cet homme qui se trouvait juste en face d'elle, elle prit le gel douche qui était posé sur l'étagère près d'elle avec l'intention de s'en servir, mais elle n'eut pas le temps de le faire. Dans un geste qu'il voulut doux, Jimmy l'interrompit en lui prenant le gel douche, mais elle sursauta. Il l'ouvrit, s'en versa dans le creux de la main et entreprit de lui passer sur chaque parcelle de son corps. Surprise, elle leva les yeux sur lui et plongea un regard gêné dans le sien. Jimmy perçu sa réticence. Loin de se décourager, il continua pourtant son approche. Doucement, il la retourna et passa le gel douche sur son dos. Avec parcimonie, il effleura la longue cicatrice.
— Jenna, on sait tous les deux comment ça va finir, lui murmura-t-il à son oreille. Détends-toi, ne pense à rien et laisse-moi faire. Tu peux y arriver, je le sais.
Pour lui, il ne faisait aucun doute qu'elle était prête à combattre cette peur qui l'empêchait de se laisser aller. Cette même peur qui la bloquait depuis son agression. Il ne voulait pas la forcer à quoique ce soit qu'elle n'accepterait pas, mais il voulait l'aider à passer ce cap difficile, celui de laisser aller son corps au plaisir en chassant les fantômes de l'agression qui la hantaient si souvent.
Elle émit son accord dans un soupir résolu. Il poursuivit alors ses caresses, lentement, en descendant le long de son dos.
— Si ça ne va pas, si tu ne te sens pas bien, dis le moi et j'arrêterais, d'accord ?
— D'accord, accepta-t-elle.
Il la tourna pour la mettre face à lui et la détailla avec envie. Elle ne lui avait jamais paru aussi fragile qu'en cet instant. Elle donnait l'impression que s'il continuait à la toucher, elle se briserait en mille morceaux. Non, elle ne pouvait pas se briser plus qu'elle ne l'avait déjà été, elle avait survécu à l'horreur absolue, elle ne pouvait que remonter. Il se mit à genoux et posa les lèvres sur son ventre en la maintenant fermement par le dos. Il la senti frissonner et comprit que dans l'instant, elle supportait son contact. Il continua à parcourir son ventre de ses lèvres, lentement afin de ne surtout pas la brusquer. Quand il sentit les doigts de Jenna s'enfoncer dans ses cheveux, il fut soulagé, mais ne le montra pas. Elle ne le repoussait toujours pas. Il se releva et prit son beau visage entre ses mains. Il l'embrassa tendrement avant de lui dire :
— Tu es plus forte qu'eux. Ils n'ont pas réussi à t'abattre.
— Ils sont toujours là, dans ma tête. Ils ne veulent pas partir.
Jimmy la regarda avec tendresse. Il ne savait pas comment lui enlever ses pensées sombres. Il savait juste qu'il ne supporterait pas de la perdre.
— Chassent les, il n'y a que toi qui puisse le faire; lui dit-il entre deux baisers réconfortants.
— Je ne veux pas qu'ils t'éloignent de moi.
— Ça ne risque pas d'arriver. Ils ont réussi une fois à m'éloigner de toi, je ne laisserais pas une telle chose se reproduire Jenna, tu me crois ?
La chaleur de l'eau les englobait tel un cocon dans lequel ni l'un ni l'autre ne souhaitait plus sortir. Jenna apprécia particulièrement ce moment à deux, où elle arrivait un peu, même si ce n'était pas encore suffisant, à expliquer à Jimmy ce qui l'empêchait réellement d'avancer. Pourtant, en cet instant, elle y croyait. Jimmy lui transmettait un peu de sa force, il l'encourageait à se battre contre ses démons, à les chasser, comme il disait. Elle voulait y arriver pour lui, pour elle et pour prouver à ceux qui lui avait fait tant de mal, qu'ils n'avaient pas gagné.
Jimmy reprit le gel douche et lui passa toujours aussi doucement, mais sur les épaules, puis, lorsqu'il constata qu'elle ne le repoussait pas, il descendit le long de sa poitrine, avec toute la délicatesse dont il était capable pour ne pas l'effaroucher. Quand il frôla son sein, il sentit tout de suite son corps se raidir. Il n'insista pas, et reposa le gel douche. Ce qu'il vit alors dans ses yeux lui déchira le cœur. Il trahissait un mélange de terreur et de tristesse qui se propageait sur son visage. Il n'y avait pas besoin de mots pour exprimer ce qu'elle ressentait. Il l'attira à lui et la serra contre lui.
— Je suis désolée, lâcha-t-elle dans un sanglot. C'est trop dur...
— C'est pas grave, on a le temps, je te l'ai déjà dit.
Il resserra son emprise sur elle, et restèrent là, sous l'eau, sans bouger.
Après un certain temps, il prit son visage devenu triste entre ses mains pour la forcer à le regarder.
— Tu as progressé aujourd'hui. Ne retient que ça, d'accord ?
— Oui, dit-elle dans un souffle lassé.
— On sort ? On va préparer le repas.
Jenna acquiesça, et le suivit sans ajouter une parole. Il l'aida à enfiler un peignoir, et il fit de même. Il attrapa une serviette et s'en servit pour essuyer les cheveux de Jenna. Elle le regarda faire. Elle avait de la peine pour lui. Elle stagnait, contrairement à ce qu'il lui avait dit, alors qu'il se démenait sans compter pour la faire avancer. C'était tellement injuste qu'il subisse les conséquences de ce qu'elle avait vécu. Il méritait d'être avec une personne sans problème, sans son passé. Une fille pleine de vie, de joie, lui apportant le bonheur dont il avait droit et non pas une épave complètement fracassée, comme elle considérait l'être, qui n'était même pas foutue de simplement le satisfaire. C'était quand même le comble pour la prostituée qu'elle avait été pendant tant d'années. Jimmy lui prit la main et l'entraîna à sa suite au rez-de-chaussée, la sortant de ses sombres pensées.
Pendant le dîner, il avait réussi à la faire rire. Oui, il avait ce pouvoir là sur elle, celui de faire des miracles. Elle le dévorait des yeux, l'observant à la dérobée pour ne pas qu'il s'en aperçoive. Il risquait de ne pas comprendre pourquoi elle le dévisageait alors que plus tôt, elle l'avait repoussé. C'était pourtant simple, tant qu'il n'était pas question de sexe, tout allait bien. Elle supportait même le contact physique, tant que cela restait platonique. Mais la question qui la travaillait était : pendant combien de temps accepterait-il d'être repousser ? Elle ne connaissait pas cette facette patiente de l'homme, surtout quand cela concernait le sexe.
— Jimmy ?
Il releva sur elle un regard interrogateur qui l'encouragea à poursuivre :
— Tu as dit tout à l'heure, qu'on avait le temps.
— Oui.
— De combien de temps est-ce que tu parles ?
— D'un temps infini. Ça te va comme réponse ?
Elle ne méritait définitivement pas un homme tel que lui. Patient, attentionné, gentil et terriblement beau...
Il posa sa fourchette sur le bord de l'assiette et plongea un regard indescriptible dans celui de Jenna. Il ouvrit la bouche pour parler, mais il la referma. Il paraissait réfléchir intensément.
— Est-ce que partir d'ici, te plairait ? finit-il par lui demander.
— Comment ça partir ? Tu veux dire quitter l'appartement ?
— C'est ça.
— Pour aller où ?
— On t'as jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ?
Jenna changea sa question :
— Pendant combien de temps, un temps infini ? lui dit-elle avec malice en rebondissant sur ce qu'il lui avait dit précédemment.
— J'ai des obligations à tenir ici, donc non, pas un temps infini. Mais une semaine, ou même deux, c'est comme tu veux.
— On peut faire ça ?
— Bien sûr. J'ai juste besoin de ton accord.
— Tu l'as, s'écria-t-elle enjouée.
Un petit sourire taquin apparut sur Jimmy. Il s'approcha d'elle pour lui prendre la main.
— Es-tu capable de me suivre sans poser de question sur notre destination ? Me fais-tu assez confiance Jenna ?
— Euh, oui, évidemment.
Bien qu'elle l'affirma, elle n'était plus très sûre d'elle. Il lui était apparu subitement mystérieux.
— C'est bien, approuva-t-il. On partira après-demain. Demain sera réservé à l'organisation de notre séjour, par moi, cela va de soit. Quant à toi, lui dit-il en lui prenant le menton entre son pouce et son index, je te prévois une autre activité, qui devrait, je pense, beaucoup te plaire.
— Ah oui ? C'est quoi ?
— Tu verras demain curieuse !
La discussion était close. Elle n'en sut pas plus. Après avoir rangé la cuisine, ils montèrent se coucher. Ce fut la tête emplie de questions qu'elle s'allongea près de Jimmy. Lui, étendu sur le dos, les mains glissées sous sa tête et les yeux fermés, avait un sourire figé sur son visage rien qu'en imaginant sa tête quand elle découvrirait ce qu'il lui réservait pour le lendemain, mais aussi pour leur petite excursion.
"Il se fout de moi en plus !" songea-t-elle amusée.
...
Jimmy se leva le premier. Il avait pas mal de choses à organiser pour leur départ, mais avant de s'en occuper, il avait un coup de fil à passer, de préférence tant que Jenna dormait encore. Mais il changea d'avis, un sms suffirait bien, et en terme de discrétion, c'était plus sûr. Il pianota donc un message sur son portable, puis s'attela à préparer le petit déjeuner qu'il mit sur un plateau qu'il monta ensuite à l'étage. En douceur, il réveilla Jenna et il fondit quand elle gémit, la voix encore pleine de sommeil.
— Allez fainéante. On émerge !
Avec peine, elle ouvrit un œil qu'elle posa sur Jimmy, puis sur le radio-réveil.
— Il est six heures...
— Oui, mais j'ai du pain sur la planche aujourd'hui, et toi, tu dois aussi te préparer.
Prenant appuis contre le mur tout en allongeant ses jambes, il posa le plateau sur celles-ci. Jenna se redressa. Elle se frotta les yeux, puis bailla à s'en décrocher la mâchoire.
— Alors c'est quoi le programme ?
— Ce matin je vais aller au bureau histoire de mettre au point pour les jours à venir avec Freddy. Je vais déjeuner avec lui et avec Marie et je reviendrais en début voir milieu d'après-midi.
— Marie ?
— Ma secrétaire. Elle est très sympa, tu t'entendrais bien avec elle.
— Ta secrétaire...
Jimmy leva un sourcil.
— Euh oui, ma secrétaire. Dans toute entreprise, il y a une secrétaire.
— Les secrétaires dans les entreprises ne me dérangent pas.
— Et qu'est-ce qui te dérange alors ?
— Le "MA" placé juste devant "secrétaire"...
Jimmy voulut éclater de rire, mais devant la mine boudeuse de Jenna, il se retint, mais il ne put s'empêcher de la taquiner.
— Tu sais que tu es très mignonne quand tu me fais une crise de jalousie ?
Elle ne répondit pas et sans se départir de son air contrarié, elle prit sa tasse de thé et une tartine que Jimmy avait préparée qu'elle trempa avant de la savourer.
— Et après, c'est quoi le programme de l'après-midi ?
— Après, je reste avec toi pour le reste de la journée. On préparera nos affaires tranquillement.
Jenna leva un sourcil interrogateur.
— Pourquoi je dois me préparer alors ?
— Pour parer à toute éventualité ?
— Hein ?
— Au cas où l'envie me prenne que l'on parte dès cet après-midi !
— Ça me laisse le temps. Je ne suis pas obligée de me préparer tout de suite, objecta-t-elle. Pourquoi tu m'as réveillé si tôt ?
— Pour pouvoir apprécier ton visage juste avant de partir, dit-il attendrit en lui effleurant la joue.
Alors qu'elle le regardait, ses yeux exprimant une émotion non feinte, il lui piqua le reste de sa tartine et l'engloutit d'un seul coup.
— Eh !!!
— Je me sauve ! dit-il en mettant le plateau sur les jambes de Jenna.
En plus de sa tartine, il lui vola un baiser et s'extirpa du lit rapidement, sans lui laisser le temps de réagir. Arrivé à la porte, il se retourna et lui demanda :
— Tu te débrouilleras pour le repas de ce midi ?
— Évidemment !
— Je te téléphone vers midi, quand je prendrais ma pause déjeuner.
— Pause déjeuner que tu prendras accompagné de "TA" secrétaire, glissa-t-elle l'air de rien.
— C'est tout à fait ça. En fait, si je t'appelle précisément à ce moment là, c'est juste pour avoir bonne conscience.
— Jimmy !!!
Elle prit le plateau dans ses mains et le posa sans ménagement un peu plus loin sur le lit qu'elle quitta précipitamment et fonça sur lui. Arrivée à sa hauteur, elle lui mit un coup de poing dans le ventre qui n'eut absolument pas l'effet escompté. Il n'en souffrit pas. Il n'avait même pas bougé.
— Fais-toi plaisir, recommence mais un peu plus fort, parce que là, je l'ai à peine senti.
Et en plus, il se fichait ouvertement d'elle. Elle n'était pas de taille face à lui. Alors elle changea de tactique. Elle lui sauta au cou et l'embrassa à pleine bouche. Surpris, il mit un quart de seconde avant de répondre. Il l'entoura de ses bras et la pressa un peu plus contre lui. Il aimait par-dessus tout quand l'initiative venait d'elle et là, c'était le cas. Il apprécia d'autant plus la saveur de ce baiser qu'il était imprévu. Leurs langues se caressèrent sensuellement forçant Jimmy à interrompre brutalement leur échange.
— Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Jenna.
— Euh, c'est pas très judicieux de me chauffer alors que je pars au bureau...
— Donc, quand tu seras avec "TA" secrétaire...
— Marie, la coupa-t-il en souriant.
— "TA" secrétaire, s'entêta-t-elle, tu repenseras à ce baiser.
— À vos ordre chef !
— Allez, file vite.
— Arrange-toi pour être prêtes quand j'arriverai tout à l'heure, ok ?
— Mais pourquoi tu insistes autant pour...
Jimmy l'interrompit en posant un doigt sur ses lèvres.
— Chut, lui intima-t-il. C'est une surprise, d'accord ?
Rapidement, il déposa un baiser sur son front et partit avant qu'elle n'eut le temps de réagir.
Elle resta un bon moment sans bouger, respirant les effluves du parfum de Jimmy, un sourire béa étirant ses lèvres. Elle retourna vers le lit en se demandant quelle pouvait bien être la surprise qu'il lui réservait. Elle n'en n'avait bien sûr aucune idée, et elle abandonna vite la recherche qui serait d'une façon ou d'une autre totalement infructueuse, elle n'en doutait pas. Elle reprit sa place, réinstalla le plateau au niveau de ses cuisses, par dessus la couette dont elle s'était recouverte et termina son petit déjeuner. Quand elle eut fini, elle mit le plateau sur le sol, et elle se permit de prendre une petite heure de rab de sommeil. Elle jugeait qu'elle avait largement le temps avant le retour de Jimmy. Par précaution, elle régla le réveil sur l'heure voulu et le positionna sur le buzzer, afin d'être certaine de l'entendre. Elle se rendormit, la tête enfoncée dans l'oreiller de Jimmy imprégné de son odeur.
...
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