CHAP 40
Le temps ne passait pas, il lui parut durer une éternité. Il n'avait pas réussi à se rendormir, dès qu'il fermait les yeux, il voyait Jenna subir les coups de Lewis. Il comprenait qu'elle craigne des représailles. Venant d'hommes tel que Lewis ou Gwendal, rien n'était jamais fini, sauf si son oncle arrivait à les faire tomber. Il aurait voulu la mettre à l'écart des prochains évènements qui ne manqueraient pas de se produire, tel que le tribunal, ou même simplement témoigner sur ce qu'elle avait enduré depuis toutes ces années. Mais si elle et les trois autres filles ne témoignaient pas, ces ordures ne seraient pas inquiétées et de cela, il n'en n'était absolument pas question. Ils devaient pourrir en prison, tous autant qu'ils étaient, même si c'était leur mort qu'il souhaitait du plus profond de son âme...
Jimmy se perdit encore un bon moment dans ses pensées, puis il regarda l'heure sur son portable. Il ne restait plus qu'une demi-heure avant qu'ils ne viennent la chercher. Il se leva, embrassa Jenna sur le bandage au niveau du front et il quitta la chambre pour aller chercher un café. En passant devant le bureau des infirmières, il leur signala son absence de courte durée, afin qu'elles prennent le relais de la surveillance, puis il prit l'ascenseur pour rejoindre le rez-de-chaussée.
À peine Jimmy fut-il partit, qu'un homme sortit en douce d'une chambre qui se trouvait à l'opposé de celle de Jenna. Il se cacha dans les sanitaires, et il attendit. Quand l'alarme de la chambre qu'il venait de quitter retentit, il écouta au travers de la porte, les pas rapides des infirmières se précipitant dans celle-ci. Il jeta un coup d'œil dans le couloir et constatant qu'il était vide, il s'y engagea sans perdre de temps. Arrivé devant la porte de Jenna, il fut rejoint par un deuxième homme. Sans perdre un instant, ils pénétrèrent à l'intérieur de la chambre, refermant doucement la porte derrière eux. Ils s'approchèrent du lit, et à l'aide d'une lampe électrique, ils regardèrent le dossier accroché aux barreaux, aux pieds de Jenna.
— Accident de voiture, murmura celui qui tenait la lampe. Ça ne correspond pas...
Il s'approcha de la personne étendue sur le lit, souleva doucement le drap afin de ne pas la réveiller et inspecta le bras nu qui se trouvait devant lui. Il remit le drap en place et dirigea la lumière en direction de la tête bandée. Les yeux étaient clos, la respiration régulière. Il revint à pas de loup près de son compère.
— Il n'y a rien qui permette de dire si c'est une femme ou un homme.
Il se pencha à nouveau sur le dossier.
— C'est curieux, dit-il toujours à voix basse, sur les autres dossiers qu'on a vus, il y avait les noms d'inscrits, il y a rien sur celui-ci...
— Tu crois que c'est elle ?
— Possible, il faut qu'on vérifie d'une autre façon. On trouvera rien de plus ici.
Ils ressortirent aussi discrètement qu'ils étaient entrés, laissant la porte à moitié ouverte. Quand Jenna n'entendit plus de bruit autour d'elle, elle ouvrit les yeux et vérifia qu'elle était bien seule. Elle réalisa alors qu'elle venait d'échapper aux hommes de Gwendal. À ce moment là seulement, elle fut prise de panique. Elle tendit le bras pour atteindre la sonnette d'alarme qui était juste à côté d'elle, posée au niveau de sa tête. Geste qui lui arracha un cri de douleur à cause de ses blessures. Elle appuya sur le bouton et attendit en essayant de garder son calme, que les infirmières arrivent.
— Où tu es Jimmy ? s'inquièta-t elle.
Quand il sortit de l'ascenseur, Jimmy vit tout de suite une lumière rouge qui clignotait dans le couloir. Quant il réalisa qu'elle se trouvait au-dessus de la porte de la chambre de Jenna, il se précipita jusqu'à celle-ci. Il fut soulagé de la voir dans son lit, et réveillée.
— Ils étaient là, lui dit-elle paniquée.
— Qui ?
— Les hommes de Gwendal, ils me cherchent !!!
— Putain ! lâcha Jimmy gagné à son tour par la panique.
Il sortit son portable de la poche de son pantalon et appela Alfred.
— Il faut que Jenna quitte l'hôpital maintenant ! annonça-t-il à son oncle quand celui-ci eut décroché.
— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Alfred qui émergeait brutalement du sommeil.
— Les hommes de Gwendal la recherchent, ils étaient dans sa chambre y'a même pas cinq minutes. Alfred, faut qu'elle parte d'ici tout de suite !!!
— Ok, ok, ok, calme toi, je m'en charge tout de suite. Reste près d'elle, je te rappelle dès que tout est prêt.
— Fais vite, s'il te plaît...
— J'aurais été plus efficace avec un café et un bon croissant dans le corps, mais je te promets de faire au mieux.
— Merci Alfred.
Jimmy raccrocha et s'approcha de Jenna.
— Ils étaient combien ? lui demanda-t-il sur un ton grave.
— J'ai entendu deux voix différentes. J'ai fait semblant de dormir quand j'ai compris que ce n'était pas toi qui parlait...
— Tu as eu le bon réflexe, affirma-t-il. Qu'est-ce que tu peux me dire de plus ?
— Ils ont remarqué qu'il n'y avait pas de nom sur le dossier. Ils vont faire des recherches...
— Ok, je reviens tout de suite.
Il avait quitté la chambre avant qu'elle n'émette une opposition. Elle avait peur de rester seule...
Jimmy alla jusqu'au bureau des infirmières. N'y trouvant personne, il appuya sur la sonnette qui devait les prévenir que quelqu'un les sollicitait. Une porte de chambre dans le fond du couloir s'ouvrit et une des infirmières pencha la tête en direction du bureau. Quand Jimmy la vit, il se rua sur elle.
— Je dois joindre le docteur Cruz tout de suite, c'est urgent !!!
L'infirmière sortit un téléphone portable de la poche de sa blouse et appuya sur une touche.
— Docteur Cruz, c'est Hélène. Monsieur Laroche doit vous voir le plus rapidement possible.
Elle hocha de la tête à plusieurs reprises avant de raccrocher.
— Il vient d'avoir votre oncle, il arrive tout de suite. Je vous rejoins dans une minute pour préparer mademoiselle Dessange au départ.
Jimmy la remercia et bien que très nerveux, ce fut rassuré, qu'il retourna auprès de Jenna.
Dans le quart d'heure qui suivit, elle fut évacuée. Jimmy fut étonné par la rapidité et l'efficacité de l'infirmière et du docteur Cruz. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le brancard de Jenna avait été conduit jusqu'au sous-sol de l'hôpital, au service mortuaire qu'ils avaient traversé. Arrivé sur le parking souterrain, le docteur Cruz fit un signe de tête entendu au conducteur d'une camionnette. Celui-ci en sortit et alla ouvrir les portes arrières.
— C'est une plaisanterie ? demanda Jimmy, sidéré par ce qu'il venait de comprendre.
— C'est l'idée de votre oncle et je la trouve très bonne !
— Mais vous comptez pas la mettre là-dedans quand même ?
— Ah si, si. C'est juste le temps de la route, ça ne prêtera pas à conséquence. Êtes-vous superstitieux monsieur Laroche ?
— Non, ronchonna ce dernier.
— Bien, la discussion est close alors !
Le brancard de Jenna fut alors installé dans le corbillard prévu pour son transport. L'infirmière se trouva une petite place à ses côtés pour tenir la perfusion dont le tube avait été préalablement dévissé pour le raccourcir afin de pouvoir tenir dans l'habitacle qui n'était pas haut de plafond.
— On se retrouve à l'entrée de votre parking souterrain, affirma le conducteur du corbillard qui referma les portes en les claquant.
— Mouais, marmonna Jimmy en frissonnant.
Il était pris d'une sensation bizarre qui le mettait très mal à l'aise. Voir Jenna installée dans un tel véhicule lui fit réaliser qu'il n'avait pas été loin de réellement vivre une telle scène. Il prit son visage entre ses deux mains et frotta énergiquement ses joues et ses yeux, comme pour se réveiller et sortir d'un horrible cauchemar. Se tournant vers le docteur Cruz, il lui tendit la main.
— Merci encore pour tout. Si un jour vous avez besoin de quoi que ce soit, je serais ravi de pouvoir vous aider.
— Aider mon prochain est ma devise. Tenez moi au courant de l'avancée de sa guérison, qu'elle s'en sorte, et je serais récompensé. Je vous laisse, je vais effacer toutes traces de son passage avant que certaines personnes n'envisagent de revenir fouiner.
Jimmy quitta le médecin et avant de monter dans sa voiture, il rappela son oncle.
— Un corbillard ? lui reprocha-t-il quand ce dernier décrocha. Tu ne pouvais pas trouver quelque chose de plus approprié ?
— Oui, je sais que ce n'est pas de très bon goût, mais j'ai pensé "discrétion", en plus de "pratique" car déjà sur place, vois-tu ?
— C'est complètement morbide comme idée !!! insista Jimmy.
— Désolé. Tu me rappelles quand elle sera chez toi ?
— Mouais, évidemment...
Jimmy raccrocha et se dépêcha de démarrer la voiture pour rejoindre ce foutu et déprimant corbillard.
...
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