CHAP 38
Jimmy, enfin au chevet de Jenna, luttait contre la fatigue qui menaçait de l'emporter à tout instant.
— Je vais nous chercher un café, encore...
Alfred sortit de la chambre laissant Jimmy accroché à la main de la blessée. Il n'avait pas pris la peine de répondre à son oncle tant il était perturbé par la vision qu'il avait juste devant lui. Il n'était d'ailleurs, tout simplement pas de bonne compagnie. Le visage entièrement bandé de Jenna lui torturait l'esprit, mais cela s'avérait nécessaire pour la protéger si toutefois, Gwendal envoyait des hommes pour la rechercher. Son dossier avait été faussé des mains du médecin. D'après celui-ci, elle avait survécu à un grave accident de la route, accident véridique qui s'était produit quelques heures auparavant et dont la victime avait atterrit dans le service du docteur Cruz justement. Les blessures relatées n'avaient rien à voir avec la réalité. Pour plus de prudence, Jenna ne resterait que deux jours à l'hôpital sous le nom de Myrtille Dessange, lequel ne sera inscrit nulle part dans la chambre, histoire de gagner encore un peu plus de temps si cela s'avérait nécessaire. Les soins seront ensuite prodigués à domicile, chez Jimmy. À lui d'organiser sa venue et il comptait bien s'en occuper dès les premières heures de la journée.
Il la regarda une dernière fois, avant de poser sa tête au niveau de son ventre et de s'endormir d'un seul coup.
Quand Alfred revint avec les cafés, et qu'il le vit endormi de la sorte, il eut un pincement au cœur. Quelle injustice de faire subir à deux si jeunes êtres une telle horreur... Il posa le café de son neveu sur la table de nuit puis s'assit dans le fauteuil en face du lit, prêt à veiller sur eux autant de temps qu'il le faudra.
Jimmy se réveilla en sursaut. La lumière passait entre les interstices du volet roulant, il faisait jour. Il vérifia l'heure sur son portable, il était un peu plus de huit heures et demi du matin. Il posa les yeux sur la tête enturbannée de Jenna et eut un choc. Elle avait les yeux ouverts, fixés sur lui...
— Jenna ? l'appela-t-il doucement en lui serrant la main qu'il tenait toujours.
Elle voulut bouger la tête, mais ne le put, à la place, un gémissement de douleur sortit de sa gorge.
— Non, ne bouge pas. Je vais chercher une infirmière, d'accord ? Je reviens tout de suite.
Il embrassa sa main et la reposa délicatement sur le lit.
— Reste avec elle, j'y vais, lança Alfred en se levant du fauteuil.
— D'accord, merci.
Alfred sortit rapidement de la chambre. Jimmy se pencha sur Jenna.
— Est-ce que tu arrives à parler ?
Elle ne répondit pas mais au travers des fentes du bandage, il vit dans ses yeux qu'elle était paniquée. Elle ne devait rien comprendre à ce qu'il lui arrivait.
— Essai de parler Jenna, l'encouragea-t-il.
D'une voix rauque et qui ressemblait à un râle, elle prononça alors son prénom.
— C'est bien. Tu es à l'hôpital, tu as eu un... euh, accident. Est-ce que tu t'en souviens ?
— Oui, dit-elle toujours d'une voix rocailleuse.
— D'accord, dis-moi qui t'as fait ça.
Elle eut besoin d'un instant avant de lui répondre.
— Lewis, souffla-t-elle en fermant les yeux, comme si elle avait mal.
Il ne put déterminer si c'était son corps qui la faisait souffrir ou bien le nom de Lewis. Il avala sa salive. Il encaissa le choc, se retenant de faire exploser sa colère et sa haine devant elle.
— Tu ne crains plus rien, lui dit-il, se voulant rassurant.
Le docteur Cruz suivit d'une infirmière entrèrent dans la chambre.
— Bonjour mademoiselle Dessange, je suis content de vous revoir parmi nous.
Alfred fit signe à Jimmy de le suivre dans le couloir.
Avant de partir, il s'adressa à elle :
— Je te laisse avec le médecin, je suis juste derrière la porte, d'accord. Je reviens dès qu'il a fini.
Il lui embrassa la main et avant de rejoindre son oncle, il lança un regard inquiet au docteur Cruz.
— Je vous vois après, lui dit ce dernier sur un ton rassurant.
Jimmy faisait les cent pas dans le couloir. Il l'avait parcouru de long, en large et en travers sans s'en rendre compte tellement il était angoissé. Puis, se plantant devant son oncle, il lui lança tout de go :
— C'est ce fils de pute de Lewis qui lui a fait ça, elle vient de me le dire !
— Je sais, se contenta de lui répondre Alfred.
— Tu le sais ? Et comment tu peux le savoir ?
— La carte mémoire que tu as donné à Samuel, je l'ai visionnée. C'est une vidéo... Ils ont filmé ce qu'ils lui ont fait...
— PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!! explosa Jimmy. Comment ont-ils pu faire ça ???
— Calme-toi, tu es dans un hôpital, essaya de le tempérer Alfred. Je sais que c'est difficile à concevoir qu'il puisse exister sur terre des monstruosités pareilles, mais je te demande de prendre sur toi.
— C'est impossible, tu peux le comprendre, non ?
Alfred fût frappé de plein fouet par le regard à la fois torturé mais aussi emplit de souffrance de son neveu. Il fallait absolument qu'il trouve les bons mots pour le calmer afin qu'il ne commette pas un acte irréparable.
— Chaque chose en son temps Jimmy. La priorité c'est Jenna. Assure-toi qu'elle va bien, prépare son arrivée chez toi, parce que c'est pour bientôt, et une fois qu'elle sera installée, on réfléchira à ce qu'on peut faire, d'accord ?
Jimmy ne répondit pas et repris sa marche désordonnée.
— Je deviens dingue ! lâcha-t-il à bout de nerf.
— C'est compréhensible. Voilà ce que tu vas faire, une fois que tu auras vu le médecin, tu rentres chez toi...
— NON !
— SI ! Tu rentres chez toi et tu prépares une chambre pour elle. Tu vois avec le médecin pour le matériel médical, il te guidera et après, tu te reposes ! Je ne veux te revoir qu'en fin d'après-midi. Je vais rester avec elle jusqu'à ce que je sois remplacé, d'accord ?
— J'ai le droit de te détester ?
— Oui, ça ne me pose pas de problème, tant que tu rentres dormir.
— Putain, je déteste quand on me parle comme si j'étais un gamin !
— Tu l'es, pour moi...
Jimmy s'adossa contre le mur du couloir et y appuya sa tête. Il était tellement à bout de forces, qu'il n'arrivait même pas à tenir tête à son oncle. Fixant la lumière du plafond, il dit d'une voix résignée :
— Elle était juste à côté de moi quand...
Il se tût, ne pouvant continuer sa phrase.
— De quoi tu parles ?
— Lewis lui a fait ça dans la suite voisine de la mienne. Pendant que je me rongeais les sangs à l'attendre, elle... elle souffrait le martyre, juste à côté de moi !!!
— Arrête de te faire du mal, ça ne fera pas avancer les choses. Jenna va avoir besoin de toi, de ta force physique et mentale pour se relever d'une telle épreuve.
— Et si je n'y arrive pas. Si je suis incapable de l'aider ?
— Quelqu'un d'autre prendra ta place, comme par exemple Victoria et Tennessie, mais je doute que ça te convienne parce qu'au fond de toi, tu veux être là pour elle, donc... Et puis tu ne seras pas tout seul, on sera tous là pour t'épauler ou prendre le relais, tu n'as pas à t'en faire.
Le docteur Cruz sortit de la chambre de Jenna. Il s'approcha des deux hommes et se fut sur un ton rassurant qu'il leur exposa les dernières nouvelles.
— Son état est stable, elle pourra sortir demain matin. Je ne la laisse sortir que parce que sa situation est particulière, mais il vous faudra lui assurer les soins à domicile pendant encore plusieurs semaines.
— Ce sera fait, répondit Alfred.
Le médecin fit ensuite une liste du matériel médical dont Jenna aura besoin quand elle sera chez lui. Bien qu'épuisé, Jimmy se força à écouter attentivement pour ne rien oublier. Puis, quand le médecin prit congé, il rejoignit Jenna. Il s'assit près d'elle, sa main trouvant naturellement la sienne.
— Comment ça va ?
— J'ai mal... partout.
Sa voix était un peu moins éraillée, mais elle souffrait toujours, cela lui fit de la peine.
— Je sais. Demain tu rentres à la maison, tu y seras plus au calme.
La tête enrubannée de Jenna se tourna doucement vers lui.
— À... la maison ? parvint-elle à dire avec difficultés.
Il plongea son regard dans le sien, et y vit de l'étonnement. Tendrement, il lui sourit.
— Oui, à la maison. Tu te souviens, on en avait déjà parlé ?
— Oui.
Il sentit qu'elle lui serrait la main. Il resserra alors son emprise sur la sienne.
— Un jour, c'est moi qui t'emmènerait "ailleurs qu'ici", lui dit-elle les larmes aux yeux.
— J'attends ce jour avec impatience, affirma-t-il ému par sa phrase.
...
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