CHAP 22

 Installé au bureau de son appartement, Jimmy calculait les heures effectuées par sa femme de ménage pour lui préparer son bulletin de salaire ainsi que le chèque qui allait avec. Quand il eut fini de tout rentrer dans son ordinateur, il imprima le bulletin qu'il glissa, accompagné du chèque, dans une enveloppe. Avant de la fermer, il ajouta un mot dans lequel il expliquait qu'il pouvait tout aussi bien effectuer un virement, pour cela il suffisait de lui faire parvenir un R.I.B.

Il fit ensuite du rangement dans la pièce, ce qu'il n'avait pas fait depuis longtemps, pour faciliter le travail à venir de son employée.

Incapable de se concentrer plus longtemps, il avait quitté l'entreprise plutôt afin de se reposer, mais aussi de réfléchir au moyen de contacter son oncle Alfred et cela s'avérait assez compliqué. Pour des raisons évidentes, il ne pouvait passer ni par son père, ni par son grand-père. Problème, il n'avait pas d'autres moyens pour le joindre. La sonnerie de l'entrée l'interrompit dans son rangement et dans ses réflexions. Quand il ouvrit la porte, un Donovan enjoué lui souriait.

— J'ai fini plus tôt aujourd'hui et je t'ai appelé à ton travail pour savoir si je pouvais sortir Shelby avec deux heures d'avance. Marie m'a dit que tu étais déjà rentré, alors me voilà !

— Ça n'aurait pas été plus simple de me téléphoner sur mon portable ?

— Si tu avais répondu, oui ! Alors, je peux ?

— Bien sûr !

Jimmy appela la chienne qui était vautrée sur la banquette et qui n'avait même pas réagit à la sonnerie et l'entrée de Donovan.

— Je te paye un chocolat quand tu reviens ?

Donovan fit mine de réfléchir avant d'accepter.

— Je m'en voudrais de te vexer en refusant, alors c'est d'accord !

Jimmy leva les yeux au ciel puis referma la porte derrière Donovan et Shelby. Il chercha alors son téléphone portable pour comprendre pourquoi il ne l'avait pas entendu sonner. La raison était simple, il l'avait laissé sur la banquette, pile à l'endroit où la chienne dormait. Elle avait certainement étouffé le bruit...

Il s'empressa de vérifier ses appels. Donovan avait bien essayé de le joindre, et ce à trois reprises. Un autre provenait de Lydie. Merci Shelby, songea-t-il soulagé d'avoir loupé cet appel-ci. Mais rien de Jenna...

Il posa son téléphone sur le bar puis il se lança dans la préparation des boissons chaudes.

Deux mugs fumant étaient posés sur le bar quand Shelby fit son entrée dans la pièce ; elle sauta directement sur la banquette, Jimmy ne put s'empêcher de lui râler après.

— Tu as une caisse je te rappelle, Shelby !

Pour toute réponse, il eut droit à un bâillement excessivement bruyant de la chienne.

Donovan arriva à son tour, tenant quelque chose dans sa main. Jimmy le regarda d'un air interrogatif.

— Qu'est-ce qui te met dans cet état ? lui demanda-t-il surpris par son attitude encore plus enjouée que lorsqu'il lui avait ouvert la porte.

Tout en avançant, Donovan tendit le papier vers son ami. Jimmy se sentit mal quand il le posa devant lui car il reconnu l'encart publicitaire du Secret's Club.

— Où t'as trouvé ça ?

— Dans l'entrée, dans la soucoupe.

Jimmy se maudit de sa négligence, ses parents auraient tout aussi bien pu tomber dessus...

— T'as toujours pas rencontré Myrtille ?

— Euh non, pourquoi ?

— Et bien, on voit pas très bien, mais celle-là, dit-il en pointant du doigt le visage d'une femme, elle lui ressemble beaucoup !

Jimmy fut surpris, il n'avait pas remarqué que quatre danseuses accrochées à des barres, le visage tourné vers l'objectif, posaient en tenue de scène. Lorsqu'il avait récupéré le prospectus, il l'avait simplement plié en quatre, puis glissé dans la poche de son pantalon. En arrivant chez lui, bien que ses pensées étaient toujours dans la salle secrète, il avait eut la présence d'esprit de le retirer pour le poser négligemment dans la soucoupe.

— Imagine une seule seconde que ce soit elle, reprit l'adolescent, ça voudrait dire que tu as une prostituée en guise de femme de ménage ! Non, impossible, elle est trop belle et trop gentille pour en être une. Et puis ce serait en plus du gâchis...

— Soit tranquille, ce n'est pas elle. Ces filles travaillent exclusivement dans cette boîte, et pas ailleurs ! affirma Jimmy pour éviter que Donovan ne se lance dans des scénarios insensés ; ça, il préférait se les garder pour lui. S'il s'avérait que Jenna, en plus d'être Lou, était aussi Myrtille Dessange, ce qui lui paraissait totalement improbable, à ce moment là, il y aurait matière à exploiter.

— Alors, et ta journée ? lui demanda-t-il, pour changer de sujet.

...

Jenna nettoyait la chambre de Georges pendant que celui-ci, sous la surveillance attentive d'Isabelle, travaillait ses jambes sur le tapis roulant. Elle souriait de l'entendre râler et se disait qu'au moins, tant qu'elle l'entendait, cela voulait dire qu'il était toujours dessus.

Quand elle eut fini, elle sortit des vêtements de rechanges pour le vieil homme qu'elle posa dans la salle de bain, puis elle se dirigea vers la salle de sport lorsqu'elle croisa Arthur.

— Bonjour Myrtille, justement je vous cherchais !

— Bonjour monsieur Laroche.

— Voici votre salaire de ce mois-ci, dit-il en lui tendant une enveloppe. Ce n'est pas un salaire complet parce que vous n'avez fait que la moitié de votre temps, mais ne vous en faites pas, le mois prochain tout rentrera dans l'ordre.

Jenna prit l'enveloppe et le remercia.

— Dès que vous pourrez, vous me ferez parvenir un R.I.B, ce sera plus simple.

— Un R.I.B ? Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle timidement.

Arthur releva les sourcils, surprit par l'ignorance de la jeune femme.

— Un relevé d'identité bancaire, voyons.

— Ah mais oui, évidemment, répliqua-t-elle l'air contrit. Dit comme ça, c'est tout de suite plus clair...

— À plus tard Myrtille.

— Au revoir monsieur Laroche.

Elle voulu sauter de joie, mais elle se retint, tout comme d'ouvrir l'enveloppe, bien qu'elle mourrait d'envie de connaître le montant de son salaire, enfin, moitié de salaire. Elle changea de direction pour aller où son sac à main était rangé, dans le placard de la seconde entrée, celle réservée au personnel de la maison. Sur son petit nuage, elle rejoignit Isabelle et Georges dans la salle de sport. Le vieil homme était assis, il reprenait son souffle.

— Sérieusement, Myrtille, c'est bien trop d'efforts pour mon âge, dit-il en grimaçant. Tu n'as donc pas de cœur pour m'obliger à ce supplice ?

— C'est de votre faute Georges, répliqua Jenna. Vous êtes restez trop longtemps dans le fauteuil. Maintenant, il vous faut rattraper le temps que vous avez perdu. Vos jambes sont devenues de la guimauve, il faut les remuscler. Ça ne se fera pas en un jour ni sans souffrance, je suis désolée...

— Arrêtez de vous plaindre Georges, on dirait un enfant. Myrtille à raison, vous avez assez végété, maintenant il vous faut agir !

— Deux contre moi, j'abandonne, lâcha-t-il vaincu.

— Nous sommes là pour vous et non contre vous, le reprit Isabelle. Et nous sommes trois, n'oubliez pas Rosa !

— Oh, je ne l'oublie pas, mais pour l'instant, Rosa ne me martyrise pas, ELLE !

Isabelle leva les yeux au ciel.

— Mieux vaut entendre ça que d'être sourd ! lâcha-t-elle blasée. Je peux vous laisser ma p'tite Myrtille ?

— Oui, oui, je prends la relève. Merci encore pour le coup de main.

— Je vous en prie. On ne se voit pas demain, c'est bien ça ?

— Oui, je serais chez votre fils.

— Bien, à vendredi alors.

Jenna la salua puis se tourna vers Georges.

— Bon, à nous deux, direction la douche !

Elle l'aida à se relever et doucement, ils sortirent de la pièce.

— Tu me frotteras le dos Myrtille, ça me réconciliera avec la vie...

— Oui Georges, je vous frotterai le dos...

— T'es une vraie mère pour moi.

— Oh mon dieu, on me l'avait jamais dite celle-là, dit-elle en éclatant de rire.

Quand elle sortie de la résidence des Laroche, elle se précipita sur son portable.

— Cylian, j'ai besoin d'un R.I.B !

— Oui, je vais bien, merci de t'en inquiéter, Myrtille, dit-il en prenant un ton vexé.

— Pardon. Je sais qu'en ce moment je ne t'appelle que par besoin, c'est pas sympa de ma part. Excuse-moi...

— Oui, j'aurai apprécié avoir de tes nouvelles plus tôt, par exemple pour savoir si tu étais toujours en vie depuis jeudi dernier...

— Désolée. Je vais bien.

— Oh, mais je le sais. Il a fallu que j'envois deux de mes hommes dans ton coin pour m'en assurer...

— Pourquoi tu ne m'as pas simplement appelé ou envoyé un texto ?

— Parce que je voulais vérifier si tu penserais à me rassurer, j'ai eu ma réponse. En plus, si je t'appelle et que tu te trouves à côté de ton mac, tu feras quoi dis moi ?

Le ton qu'il employait était sec et sarcastique et cela inquiéta Jenna. S'il venait à lui tourner le dos, elle perdrait une aide précieuse.

— C'est trop compliqué en ce moment, dès que j'aurai plus de temps, je viendrais te voir, promis !

— Dès que tu auras plus de temps ? Comme le mardi soir, par exemple ?

Jenna en eut le souffle coupé, elle fut incapable de parler.

— Tu choisis bien tes alliés Jenna, tu n'as donc plus besoin de moi. Et pour le R.I.B, y'a rien de plus simple, tu le demandes à ta banque !

— Mais j'ai pas de banque Cylian, je n'y ai jamais mis les pieds ! Je sais pas comment on fait !!!

La conversation était terminée. Cylian avait tout simplement raccroché, laissant Jenna sans réponse.

— Magnifique ! dit-t-elle énervée quand elle réalisa qu'elle venait de se faire jeter pire qu'une vulgaire chaussette.

Résignée, elle se dirigea vers l'arrêt de bus.

Non loin de là, à l'intérieur d'une voiture garée dans la rue de la résidence des Laroche, Jimmy n'avait rien raté de la discussion téléphonique. Il avait voulu lever le doute qui lui avait pourri sa soirée de la veille, persuadé que ça ne pouvait pas être possible, mais il s'était bien trompé. Si Donovan n'avait pas mis le doigt dessus, il n'aurait jamais pu imaginer un tel revirement de situation.

Étrangement, il était calme. La découverte de l'imposture de Jenna au sein de sa propre famille aurait du l'inquiéter, lui faire peur, mais il n'en n'était rien. La Jenna qui était avec lui la veille dans la suite n'était pas manipulatrice, ni malhonnête, il en mettrait sa main à couper. Mais alors pourquoi tout ça ? Pourquoi se mettre en danger en travaillant à l'extérieur du club et surtout tous les jours de la semaine ? Sans compter le mardi soir...

Il la regarda s'asseoir sur le banc de l'arrêt de bus. Elle avait toujours son portable dans la main et paraissait réfléchir. Elle fini par le ranger dans son sac à main et elle sortit à la place une enveloppe qu'elle déchira. Elle regarda à l'intérieur, puis la remit dans son sac. Elle se leva quand le bus arriva puis disparut à l'intérieur.

Et voilà, il ne le reverrait plus pendant plusieurs longs et pénibles jours...

Quand le bus fut hors de sa vue, Jimmy sortit de son véhicule de société. Il avait jugé plus prudent de se servir de celui-ci plutôt que sa propre voiture, de peur que Jenna ne la reconnaisse. Il ouvrit le portillon à l'aide de son pass' et s'engagea dans l'allée qui menait à la résidence de sa famille.

Carlos, le mari de Rosa le salua. Il taillait pour la dernière fois les buissons avant que l'hiver ne s'installe.

— Hey Jimmy ! Ça faisait longtemps. Comment tu vas ?

— Bien merci.

Il prit des nouvelles de Rosa. Celles-ci n'étant pas terribles, il promit à Carlos de passer la voir avant de partir.

— Ça lui fera plaisir, approuva ce dernier.

— Et toi, demanda Jimmy, comment vas-tu ?

— C'est dur, très dur de se sentir impuissant. La voir souffrir, pleurer et ne rien pouvoir faire pour la soulager...

Jimmy compatissant mit la main sur l'épaule de celui qu'il avait toujours considéré comme un membre de sa propre famille.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas !

— Je sais, merci, dit-il en posant à son tour la main sur celle de Jimmy. Mais tout ce qui doit être fait, est fait... Il faut attendre.

— Prends tout le temps dont tu as besoin, mes parents ne s'en offusqueront pas, tu le sais.

— Oui, merci.

Sentant ses émotions prendre le dessus, Carlos se remit rapidement au travail. Jimmy le laissa, attristé par la situation. Pourquoi fallait-il que cela tombe toujours sur des bonnes personnes ?

Il trouva son grand-père dans la bibliothèque, pianotant sur les touches du clavier de l'ordinateur. Les lunettes posées sur le bout du nez lui donnaient un air sévère.

— Depuis quand tu sais t'en servir ? demanda Jimmy surpris de le voir si concentré sur l'écran.

— Depuis qu'une pourriture de première menace ma famille ! Si j'arrive à dompter cette bête là, dit-il en désignant l'ordinateur, alors le Lewis, tout puissant qu'il est, ne pourra plus rien contre moi, foi de moi !!!

Jimmy sauta sur l'occasion pour expliquer la raison de sa venue.

— Justement, j'ai quelques infos à ce sujet.

Georges, intrigué, leva la tête en direction de son petit fils.

— Tu as toute mon attention, gamin.

— Ok, avant toutes choses, il faut que tu me promettes de ne rien dire à papa.

— Pourquoi ?

— Tu vas comprendre. On pourrait peut-être s'asseoir sur la banquette ?

Georges hocha de la tête. Il se leva et avec l'aide de sa canne, se dirigea doucement vers la banquette.

— Mais où est passé ton fauteuil ? interrogea sidéré Jimmy qui n'avait pas vu marcher son grand-père depuis quelques années.

— Hum, c'est l'effet Myrtille, cherche pas à comprendre, c'est un deal entre elle et moi.

Jimmy n'insista pas. En d'autres circonstances, il aurait éclaté de rire, mais ne sachant pas comment son grand-père allait réagir à ce qu'il avait à lui dire, il préféra s'abstenir.

Une fois installés, Jimmy, la gorge nouée par l'angoisse, déplia l'encart publicitaire du Secret's Club qu'il tendit à Georges.

— Est-ce que tu reconnais quelqu'un dessus ?

Georges se pencha sur la photo et après un instant de réflexion, il désigna Jenna.

— Elle ressemble fortement à Myrtille, les autres ne me disent rien.

— C'est bien elle, mais son vrai nom c'est Jenna et elle travaille au Secret's Club.

Georges plongea son regard de vieil homme imperturbable dans celui de son petit fils.

— Qu'est-ce que tu essaies de me faire comprendre ?

— Que Myrtille n'est pas celle que tu crois. C'est une prostituée...

Le choc fut violent pour le vieil homme, mais en se remémorant leurs conversations, il comprenait mieux certaines des paroles de la jeune femme. Elles prenaient même tous leurs sens.

— Tu penses qu'elle veut nous arnaquer ou quelque chose dans ce goût là ? demanda-t-il gravement à Jimmy.

— Je sais ce qu'elle fait, elle se sert effectivement de nous, mais sa cause est noble, je m'en porte garant.

Georges scruta attentivement les yeux de Jimmy. Celui-ci comprit qu'il cherchait la véritable raison de sa venue.

— Donc, tu débarques à la maison à une heure où tu es censé être à ton travail, pour m'apprendre que mon employée en plus d'être une usurpatrice est aussi une prostituée... Je n'ose pas te demander où tu as trouvé ça ? dit il en désignant l'affichette.

Ils étaient arrivés à la partie la plus dure pour Jimmy, celle où il devait avouer à son grand-père ce dont il n'était vraiment pas fier.

— Je l'ai prise dans le club...

Georges siffla d'étonnement.

— Et bien, je pensais avoir tout vu et tout entendu...

— Tu n'as pas encore tout entendu en fait, dit piteusement Jimmy.

— Je m'en doute, maintenant tu vas m'expliquer pourquoi tu te portes garant de Myrtille, je me trompe ?

Jimmy posa ses coudes sur ses genoux, joignit ses mains dont il croisa les doigts.

— J'entretiens une relation un peu plus poussée avec elle...

— Nom de dieu Jimmy !!! Mais tu as perdu la tête ???

— Je suis désolé de te décevoir, mais je n'ai pas vraiment choisis ce qui m'arrive...

Jimmy était au plus mal. Georges s'en rendit compte et prit sur lui pour ne pas exploser de colère contre son abruti de petit fils amoureux.

— Et je n'ai appris que Jenna et Myrtille n'était qu'une et même personne que tout à l'heure.

— Comment tu l'as su ?

— Donovan, mon petit voisin, il est tombé par hasard sur la photo et comme il savait que je n'avais jamais rencontré ma femme de ménage, il m'a montré Jenna, parce qu'elle ressemblait à Myrtille. Je savais qu'elle serait ici aujourd'hui, je suis venu vérifier...

Jimmy pointa de son index un autre visage sur la photo.

— Celle-ci, tu l'as déjà vue.

Georges approcha la photo pour mieux voir.

— Non, je ne pense pas...

— Elle s'appelle Victoria. C'est la fille que papa nous a montré en photo, tu te rappelles, le dossier rouge ?

— Seigneur oui je me rappelle. Ces photos ne cessent de me hanter.

— Moi aussi.

Jimmy montra à Georges une troisième fille. Quand il annonça son nom, Georges réagit.

— Nessy, tu dis ? Jenna, Nessy, ce sont les noms que la fille a prononcés !

— C'est ça, confirma Jimmy.

— Bon, qu'est-ce que tu proposes ?

— Il faut que tu organises une rencontre entre Alfred et moi, très rapidement de préférence.

— Tu t'inquiètes pour Myrtille ?

— Beaucoup. Elle ne veut pas de mon aide, elle a peur que Gwendal, son souteneur, ne s'en prenne à moi. Si elle travaille chez nous sous un faux nom, c'est justement pour se protéger, pour qu'il ne puisse pas remonter jusqu'à elle, enfin c'est ce qu'en j'en déduis. Elle veut se sortir de tout ça, mais toute seule et je ne pense pas qu'elle y arrive avec un Lewis dans son entourage. De plus, chaque fois qu'elle vient ici, elle se met en danger car elle le fait dans le dos de son souteneur, et elle prend d'énormes risques tous les jours. S'il venait à le découvrir...

Jimmy se tut, incapable de poursuivre tant la douleur à l'intérieur de lui fut violente. La peur, la rage, lui firent serrer les poings.

Georges sentit que son petit fils était à limite d'exploser. Il posa sa main sur les poings de Jimmy, geste qu'il voulut apaisant.

— Ok, déjà, pour commencer, tu ne vas plus dans ce club !

— Je n'y vais plus. On se voit dans un hôtel, tous les mardi soirs...

— C'est déjà ça. Ensuite, je vais t'organiser une rencontre avec Alfred. Je vais en parler avec ton père dès ce soir.

Jimmy lança un regard inquiet à son grand-père.

— Pas pour lui raconter tes exploits, mais c'est lui qui est en contact avec Alfred, pas moi. Je te tiens au courant.

Puis, alors qu'il tapota gentiment les mains de Jimmy, il ajouta :

— T'inquiètes pas, pépé s'occupe de tout !

Le soir même Jimmy reçut un appel de Georges, le rendez-vous était prit pour le lendemain soir à son appartement qu'il s'afférait justement à ranger pour la venue de Myrtille Dessange, alias Jenna, femme de ménage, aide à la personne, amante et prostituée... Sacré C.V, songea Jimmy affligé par le mal qu'elle se donnait pour fuir cette vie qui était la sienne. Elle était courageuse, mais cela ne suffirait pas. Rosa aussi était courageuse, il l'avait trouvée très fatiguée. Il n'était pas resté longtemps auprès d'elle afin qu'elle puisse se reposer. Deux femmes qui ne demandaient qu'à vivre, comme tout un chacun, mais qui se trouvaient à combattre chacune un ennemi différent. Si pour Rosa il ne pouvait rien faire à par la soutenir de tout son coeur, il pouvait encore aider Jenna. À la condition toutefois qu'elle n'en sache rien car dans le cas contraire, il savait qu'elle refuserait son aide de peur qu'il ne lui arrive malheur.

Il fit encore deux choses avant de se coucher, il déchira le chèque destiné à Jenna pour le remplacer par du liquide, puis il nota sur le bloc notes les tâches ménagères (très peu) qu'elle aurait à faire le lendemain. Pour la première fois, il eut mauvaise conscience de se comporter tel un patron envers son employée. La savoir chez lui à ne faire que du ménage ne lui convenait pas. Mais il n'avait pas le choix, il devait jouer le jeu jusqu'au bout. À contre cœur, il rajouta quelques tâches en plus.

...

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