CHAP 18
Attention, ce chapitre est exceptionnellement long !
Bonne lecture à vous ;)
Ce fut dans un même élan parfaitement synchronisé que Jimmy, Christopher et Donovan sautèrent de joie quand l'équipe qu'ils soutenaient marqua un essai.
— S'il le transforme, on a gagné !!! s'extasia ravi Donovan.
— De justesse, mais ça on s'en fout, tant qu'on gagne, renchérit Christopher.
Dans un climat tendu, les trois amis serrèrent les poings, ne respirèrent plus pendant tout le temps que le joueur, concentré à l'extrême, tira dans le ballon ovale. Ils suivirent des yeux sa trajectoire et lorsque, enfin, il passa entre les grands poteaux blancs, ils hurlèrent leur joie en s'embrassant et en sautillant sur place. Jimmy en perdit son gobelet rempli au trois quart de bière, Donovan se prit un coup de coude dans le visage de la part de Christopher, mais qu'importe, leur équipe avait gagné !!!
Ils assistèrent solennellement à la haie d'honneur offert par les vainqueurs aux perdants, puis au tour de terrain que les vainqueurs, encore eux, firent en marchant et en applaudissant le public pour le remercier de son soutien. Seulement après, les trois amis suivirent la foule qui s'évacuait tranquillement des gradins.
Tout en marchant en direction de la voiture de Jimmy, Christopher s'alluma une cigarette et tira longuement dessus avant de recracher un gros nuage de fumée.
— Et voilà, dit-il rêveur, deux cent cinquante euros dans ma poche... T'aurais dû parier Jimmy, je te l'avais pourtant dit qu'ils gagneraient !
Donovan le regardait en souriant.
— Qu'est-ce qui te fait sourire, Don ?
— Rien, répondit l'adolescent, toujours en souriant.
Mais il se ravisa :
— C'est con, à une journée prêt, ça aurait pu te servir pour le Secret's Club ! argua-t-il innocemment.
— Jimmy, dis lui de ne pas parler de ce qu'il ne connaît pas, s'il te plaît !
Jimmy qui était resté plus ou moins en retrait de ses amis, se rapprocha d'eux et l'air de rien, tendit l'oreille.
— De toutes façons, c'était fermé hier soir...
— Oh, mais quel dommage, se moqua Donovan. C'était pas trop dur de rester sur ta faim ?
— Si tu veux tout savoir Don, une charmante demoiselle s'est proposée pour me mitonner un bon petit plat, je n'ai donc pas eu à m'inquiéter de mourir de faim. Et le plus fort, c'est que ça ne m'a pas coûté un euro !
— Oh, mais t'es un vrai buffle ! réagit vivement Donovan. Dis-lui Jimmy que c'est un connard avec les filles !
— Comment ça fermé ? s'inquiéta ce dernier sans prêter attention aux reproches du collégien.
— Ouais, c'était fermé. D'après ce que j'ai pu glaner comme infos, il y aurait eu une bagarre dans la boite et ensuite des coups de feu. Mais j'ai pas réussi à obtenir plus de détails.
— Y'a eu des blessés ?
— Je viens de te dire que je n'en savais pas plus. Les serveuses n'ont rien voulu lâcher, malgré mon charme fou, étonnant non ?
Le cerveau de Jimmy se mit en pause. Une peur panique s'empara de lui instantanément, celle qu'il ait pu arriver malheur à Lou. Quand le choc s'atténua un peu, il interrogea son ami :
— Les coups de feu, c'était dans la boite ou dans la salle ?
— Vu que la boite n'est pas fermée, j'aurai tendance à dire dans la salle...
Jimmy n'insista pas, il n'en apprendrait pas d'avantage, mais sa soirée était définitivement gâchée, et toutes tentatives de sortir Lou de sa tête, inenvisageables...
Sans s'en rendre compte, il avait accéléré son allure, créant un écart entre lui et ses amis.
— Pourquoi il réagit comme ça ? demanda Donovan.
— Je sais pas, il est bizarre depuis qu'il a mit les pieds là-bas, répondit Christopher pensif.
Le chemin du retour se fit dans le silence. Donovan s'était endormi, quant à Jimmy et Christopher, ils étaient perdus dans leurs pensées. Christopher rompit le silence, il voulait en savoir plus...
— Je peux te poser une question à laquelle, et j'insiste vraiment, tu me promets de répondre le plus sincèrement possible ?
Jimmy accepta, sachant d'avance quel sujet serait abordé.
— Pourquoi ce qui se passe dans la salle te perturbe autant ? lui demanda son ami, son regard braqué sur lui.
Se sentant observé, il lui jeta un rapide coup d'œil, avant de lui répondre :
— C'est peut-être pas le bon endroit pour en parler, observa-t-il en faisant un signe de la main en direction de l'arrière de la voiture.
— Oh, je t'en prie Jim, il en écrase depuis plus d'une demi-heure !
— Laisse tomber Christo, je pense pas que tu puisses comprendre...
— Répond à ma question, s'il te plaît ! le coupa-t-il.
Jimmy respira un grand coup avant de se lancer :
— Je vois une des danseuses en dehors de la salle...
— T'es pas sérieux mec ?
Christopher était scié. Il avait remarqué que son ami n'était plus vraiment lui-même mais il ne s'attendait pas à cette réponse là. Devant son absence de réaction, il enchaîna :
— Est-ce que tu te rends compte que tu es entré dans le territoire du diable ? Non mais Jim, putain mec, si son souteneur l'apprend, tu es mort !!! Elle te l'a dit au moins que t'avais un pied dans la tombe en fricotant avec elle ???
— Je savais que tu comprendrais pas !
— Mais comprendre quoi putain Jimmy ? Que t'as perdu tout discernement ? C'est une pute et elle le restera quoique tu en penses.
Christopher fit une pause. Il était à cours d'arguments pour convaincre son ami de l'énormité de la situation ou plutôt, il y en avait tellement qui lui venait à l'esprit, qu'il ne savait pas lequel serait le plus percutant afin de faire réagir Jimmy.
— Il faut que tu arrêtes de la voir, Jim. Ça ne peut pas être autrement. Elle ne t'appartiendra jamais, elle sera toujours la propriété de son mac ! Tu comprends ?
— Ne crois pas que je n'y ai pas pensé, Christo. Je sais tout ça, j'en ai conscience...
— Alors c'est quoi le problème ?
Puis tout à coup, Christopher comprit d'où venait réellement le problème. Jimmy était amoureux, il n'y avait pas d'autres explications possibles.
— Oh non, pas ça... Tout mais pas ça. Pas toi, Jim... Avec toutes les nanas qui tournent autour de toi, il faut que tu t'entiches d'une pute... C'est la p'tite Lou, j'ai raison ?
— C'est elle, avoua Jimmy songeur.
— J'aurais dû m'en douter, soupira Christopher. Tous les signes étaient là, et j'ai rien vu...
Tous les deux s'enfoncèrent alors dans une réflexion profonde. L'un regrettant d'avoir trop parlé, tandis que l'autre regrettait d'avoir fait découvrir la salle secrète à son ami.
Tandis qu'ils approchaient du domicile de Christopher, Jimmy eut une dernière requête à demander.
— Christo, tu pourrais essayer d'en savoir plus sur ce qui s'est passé ?
— Rien de ce que je pourrais te dire ne te fera changer d'avis, c'est ça ?
Jimmy hocha de la tête.
— Ok mec, je vais voir ce que je peux trouver. Mais promets-moi de faire super gaffe, parce que c'est pas des tendres que t'as en face de toi.
— Promis !
Jimmy se gara, Christopher descendit. Ce dernier, avant de refermer la portière, se pencha de sorte à pouvoir voir son ami.
— Si t'as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas, je serais toujours là pour toi, tu le sais !
— Merci Christo...
La voiture s'éloigna, Christopher dans un accès de rage se prit la tête entre les mains.
— MAIS QUEL CON ! MAIS QUEL ABRUTI !!! hurla-t-il à plein poumon sans s'occuper que la plupart des volets autour de lui étaient fermés.
...
Étendu sur son lit, Jimmy se torturait l'esprit à envisager tous les scénarios possibles sur ce qui avait pu se passer le jeudi soir au Secret's Club.
Il était déjà quatre heures du matin et il ne dormait toujours pas. Ne pas savoir si Lou allait bien le rendait fou. Il ne pouvait compter que sur Christopher pour obtenir des informations, mais apparemment, cela relèverait plutôt du miracle vu que dans ce milieu clos, personne ne parlait...
Attendre jusqu'au mardi suivant lui paraissait impossible. Comment allait-il supporter trois journées sans savoir ? Parce que c'était bien de ne pas savoir qui le désespérait autant.
Il vit, ou plutôt il subit, les heures défiler sur le cadran du réveil. Il se tourna et se retourna sous sa couette. À huit heures du matin, il se leva et descendit se préparer un petit déjeuner.
Pour ne plus penser, il s'occupa des perroquets. Dans la salle de jeux, il les lâcha, les laissant se distraire avec leurs jouets. Sur la terrasse et à l'aide d'un karcher, il décapa la cage, puis en brossa minutieusement chaque barreau jusqu'à la disparition totale de traces suspectes.
Tout occupé qu'il était, il ne vit pas Shelby déposer son cadeau du matin non loin de lui. Sachant parfaitement qu'elle venait de commettre une faute, elle tenta d'esquiver la réprimande en tentant de trouver refuge dans sa caisse. La queue entre les jambes et les oreilles en arrières, elle entama, patte après patte, la distance qui la séparait de son refuge.
Alors qu'elle approchait de la baie vitrée, dernière étape avant la caisse, elle fut trahie par l'odeur qui arrivait aux narines de son maître. Relevant subitement la tête et reniflant bruyamment, Jimmy jeta un coup d'œil à la chienne et comprit instantanément à sa posture de coupable, quelle bêtise avait été commise.
— SHELBY !!! tempêta-t-il, alors que cette dernière avait déjà détalé et s'était couchée, ou plus exactement, aplatie dans sa caisse, les oreilles plaquées en arrière.
Il s'approcha de la baie vitrée, la menaça de son index, mais comme à chaque fois qu'elle lui faisait sa bouille de malheureuse qui le faisait craquer, la remontrance ne sortait même pas de sa bouche. Baissant le doigt, il se contenta de lui jeter un regard noir.
— Tu m'agaces Shelby, tu le sais que tu m'agaces ! T'as pas pensé que j'avais assez les mains dans la merde comme ça, non, il a fallu que t'en rajoute une couche... Tu m'agaces Shelby, tu m'agaces...
La chienne n'avait cessé durant tout le temps du sermon d'avoir les oreilles en arrières.
La cage des perroquets nettoyée, la bêtise de Shelby évacuée, l'appartement approximativement rangé, Jimmy prit une douche puis se prépara pour le déjeuner rituel du dimanche midi chez ses parents.
À partir du moment où il passa la porte de chez lui et qu'il repensa à Lou, son cerveau se mit en mode automatique. Guidé par la chienne qu'il suivait sans vraiment s'en rendre compte, il prit l'ascenseur jusqu'au sous-sol, monta dans sa voiture, démarra et lorsqu'il réalisa qu'il était arrivé chez ses parents, il eut l'impression d'avoir raté un épisode, il n'avait aucun souvenir des minutes précédentes. Seules lui restaient en mémoire les questions qui le hantaient depuis la veille : Qu'est-ce qui a bien pu se passer au club ? Lou a-t-elle été blessée ? Est-ce qu'elle va bien ? Qui a tiré les coups de feu ? Est-elle en sécurité maintenant ou au contraire, est-elle en danger ? C'était une vraie torture que de ne pas avoir de réponses...
Il survola le repas, malgré d'innombrables tentatives de concentration pour suivre la discussion en cours. Mais quand son père prononça le nom de Lewis, il réussi à faire surface et à reprendre la conversation.
— As-tu des nouvelles de lui d'ailleurs ? demanda très sérieusement Jimmy à son père.
Arthur, mais aussi Isabelle et Georges s'arrêtèrent de manger pour le regarder avec stupéfaction.
Jimmy s'aperçut de leur réaction, mais ne la comprit pas.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Mon fils, ça fait facilement vingt minutes qu'on parle de Lewis, dit Arthur doucement.
— Ah... Désolé, j'étais ailleurs...
— T'es souvent ailleurs en ce moment, Jim. As-tu oublié de nous parler de quelque chose d'important ? tenta Isabelle en lui lançant un regard soupçonneux.
— Non, pourquoi tu dis ça ?
— Peut-être parce que je suis ta mère...
— On en parlera après manger, la coupa Arthur. J'ai découvert quelques petites choses croustillantes à son sujet qui sont tout à fait jubilatoires !
— Tu m'intéresses là, dit pensivement Jimmy.
— Et je vais encore plus t'intéresser quand je t'aurais dis tout ce que je sais !
Les trois Laroche étaient installés dans la bibliothèque, leurs tasses de café posées sur une table basse. Arthur exposait ses dernières découvertes sur le dénommé Lewis.
— Dans la chemise verte, j'ai regroupé tout ce que j'ai trouvé et qui est en rapport avec l'argent tel que extorsion de fonds, détournements etc. Dans la chemise bleue, en rapport avec la prostitution. Et dans la rouge...
Il s'arrêta, regardant gravement tour à tour son père et son fils pour bien attirer leur attention.
— ... Dans la rouge, les enlèvements et les meurtres !
— Il fait limite peur ce type, dit sérieusement Jimmy.
— C'est pas un rigolo, ça c'est certain. J'ai mis ton frère et ta sœur sur les deux premières chemises. Une Avocate et un flic dans la famille, ça devrait nous servir... Enfin j'espère qu'ils vont me trouver quelque chose...
— Qui as-tu mis sur la chemise rouge ? demanda Georges, les yeux subitement brillants.
Arthur ne répondit pas immédiatement. Il savait que son père avait compris.
— Il a accepté de nous aider ? s'enquit le vieil homme, un accroc dans la voix trahissant une émotion naissante.
— Oui, souffla Arthur.
— Euh, je vous suis plus là. Qui a accepté la chemise rouge ? demanda Jimmy qui crut pendant un bref instant avoir raté un wagon.
— Ton oncle Alfred, lui répondit son père.
Le regard empli d'incompréhension de Jimmy se balada de son père à son grand-père.
— Et c'est qui celui-là ??? hasarda-t-il en pensant très sérieusement que son manque de sommeil lui jouait de sacrés tours.
— Mon fils aîné, que j'ai eu d'une première union...
Jimmy se frotta les yeux que la fatigue irritait.
— Ok. Et vous aviez prévu de m'en parler un jour ?
— NON !!! répondirent en cœur Georges et Arthur.
— Ça a le mérite d'être clair, mais je ne suis pas sûr d'apprécier et de comprendre votre sincérité...
— C'est compliqué. Ma vie, à une certaine époque, a été compliquée. Je t'expliquerai tout une autre fois, si tu le veux bien.
— Bien sûr, quand tu voudras.
— Il se trouve qu'Alfred peut nous être d'un grand secours. Il détient la plupart des cabinets de détectives privés de ce pays. Accessoirement, il pourra même aider Callie et Andy dans leurs recherches.
— C'était ça, les nouvelles croustillantes alors ? voulu savoir Jimmy.
— Euh, non. Alfred a déjà commencé ses investigations. Il a trouvé des traces de notre bonhomme dans plusieurs villes et toujours en relation avec les raclures de ces villes. Il a réussi à dégoter des témoignages qui vont dans notre sens. Le hic, car forcément, il y en a un, c'est que personne ne veut entendre parler d'un procès. Ils crèvent tous de peur...
— On peut le comprendre, argua Jimmy en serrant les dents.
Arthur ouvrit alors la chemise rouge de laquelle il sortit trois photos qu'il posa sur la table basse, devant Jimmy et Georges.
— Mais, nous avons depuis peu un témoin... Cette demoiselle était entre les mains de Lewis pas plus tard que jeudi dernier, et ici, dans notre ville. Je vous laisse constater de quoi il est capable...
Jimmy la reconnue au premier coup d'œil. Malgré les bleus sur son visage, les lèvres enflées avec des traces de sang séché, il sut que c'était la danseuse Vicky. En plus des marques éparpillées un peu partout sur son corps, probablement le résultat d'un tabassage en bonne et due forme, d'autres marques, moins nombreuses cependant s'ajoutaient aux premières.
— Et c'est quoi ça ? demanda Jimmy en désignant les traces qu'il n'arrivait pas à identifier.
— Des brûlures de cigarettes, répondit tristement son père.
— Seigneur, lâcha Georges complètement estomaqué par ce qu'il voyait.
— Oui, y'a pas de mot pour décrire cette abomination, attesta Arthur. Mais ça me motive encore plus pour aller au bout de ma démarche !
— Et qu'est-ce qu'il s'est passé jeudi ? demanda Jimmy qui espérait avoir enfin la réponse à sa question.
Arthur expliqua alors comment cette demoiselle, prostituée, travaillant dans un club de la ville connu sous le nom de "Secret's Club", avait été sortie des griffes de Lewis, et dans le même temps, de celles de son souteneur, un dénommé Gwendal.
— Alfred a envoyé un homme à lui dans ce club. Pour cela, il a d'abord fallu trouver une personne de l'intérieur qui puisse le faire entrer car ce genre d'endroit est généralement exclusivement réservé aux habitués. Ensuite, il a fallu qu'il gagne je ne sais quoi pour avoir accès aux salles où se trouvent les prostituées. J'ai rien compris à ce qu'il m'a expliqué donc je fais l'impasse sur ça, et c'est de toute façon pas le plus important. Pendant que l'homme d'Alfred était occupé avec une des filles dans une des salles, il a entendu un cri à réveiller un mort. Il a voulu questionner celle qui était avec lui, mais il a rien pu en tirer. C'est quand il a entendu un deuxième hurlement que tout a basculé. Alfred a bien insisté sur le fait que cet homme va toujours au bout des missions qu'il lui confie, mais là, les cris de cette femme à l'agonie, il n'a pas supporté... Tout s'est passé très vite. Il est rentré dans la salle où il supposait que les cris provenaient, et là il est tombé sur une scène d'horreur, ce sont ses dires... La fille avait les mains attachées par une corde et elle était suspendue. Un homme était près d'elle qui déroulait un rouleau de scotch pour la bâillonner. Il y avait du sang sur elle, elle gémissait, son sang à lui n'a fait qu'un tour, il n'a pas réfléchi à ce qu'il a fait, mais il l'a fait.
— Il a fait quoi ? s'enquit impatiemment Jimmy, qui pour connaître les lieux et une partie des personnages n'avait aucun mal à imaginer la scène.
— Il a mis K.O. les deux hommes qui se trouvaient dans la salle, il a ensuite sorti son arme pour menacer celui qui se trouvait près de la fille, il s'avère que c'était Lewis mais je pense que vous l'avez compris. La fille pouvait marcher, il l'a donc détachée. Pendant ce temps là, un des deux hommes de Lewis s'est relevé et a tiré sur lui, mais il l'a loupé. Notre homme a riposté en tirant à son tour et lui, il l'a touché à la jambe. Ils se sont enfuis tous les deux grâce à celui qui a fait rentrer l'homme d'Alfred. Il les a menés vers une porte qu'il leur a ouverte. Quand ils l'ont franchi, il a dit qu'il ne fallait pas qu'elle revienne, jamais. Elle devait disparaître pour toujours car s'ils remettaient la main sur elle, ils la tueraient !
— C'est un récit effroyable, réagit vivement Georges. Est-ce qu'elle va bien ? Est-ce qu'elle a parlé ? Est-ce qu'elle va nous aider ?
Devant l'afflux de questions de son père, Arthur leva la main pour le freiner.
— Pour l'instant, les seules paroles qu'elle a dites sont "Nessy" et "Jenna". Alfred pense qu'il doit s'agir de deux autres filles pour lesquelles elle doit s'inquiéter. Sinon, elle se remet doucement, c'est plus le mental qui est atteint que le physique. Il va lui falloir du temps pour la mettre en confiance et qu'elle accepte de témoigner, et là, c'est pas gagné !
— Est-ce qu'on peut la rencontrer ? demanda un peu trop précipitamment Jimmy qui était véritablement inquiet pour Lou, car dans ce qu'il venait d'entendre, rien n'y faisait allusion.
— Oh, je laisse faire Alfred. Ce genre de situation, il connaît, et beaucoup mieux que nous. Il nous tiendra au courant des avancées avec la fille.
— Alors on fait quoi en attendant, on se tourne les pouces ? lança vivement Jimmy, agacé par l'inaction de leur part.
— Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse de plus ? s'agaça Arthur. On y connaît rien dans ce domaine, on ne peut pas se permettre de faire n'importe quoi !
Jimmy se rendit compte de son emportement excessif et se calma aussitôt.
— C'est vrai, t'as raison. Je suis désolé, mais quand je vois ça, dit-il en indiquant du doigt la photo, j'ai un peu de mal à me contenir...
— Je sais, je comprends mon fils...
La discussion continua, mais sans Jimmy. Il prétexta une trop grande fatigue et rentra chez lui. Il en savait plus sur les évènements du jeudi soir, mais sans être vraiment plus avancé. Rien sur ce qui l'intéressait. Rien sur Lou, quoique...
En y réfléchissant bien, la première fois, à la salle secrète, quand Lou avait gagné, elles étaient deux à l'avoir ovationner, Nessy et Vicky. Quand dans la suite, Lou lui avait avoué que s'était elle au restaurant, il se rappelait parfaitement qu'elles étaient trois, et toujours ce soir là, dans la suite, elle avait mentionné deux fois le nom de Nessy... Les seules paroles de Vicky auraient été deux prénoms : Nessy et Jenna. Et si Lou était en fait Jenna ? Ça concordait, c'était tout à fait possible !
Même si ça ne le rassurait en rien sur le sort de Lou, il était soulagé de peut-être, en avoir découvert un peu plus sur son compte.
Bien qu'il ne fût pas encore l'heure de boire de l'alcool fort, il s'enfila quand même un verre de whisky. Toutes ces révélations l'avaient épuisé. Il était revenu de chez ses parents avec un oncle sorti de nulle part et l'explication sur le déroulement des faits du jeudi soir dans la salle secrète. Il trouvait aussi complètement fou qu'un membre de sa propre famille fut l'instigateur de ces faits !
Sa petite vie si tranquille, si bien ordonnée, glissait doucement vers quelque chose de moins stable, de plus sombre. Il ne se l'expliquait pas, mais il le percevait au plus profond de lui-même. Peut-être parce qu'il se sentait impliqué par tout ce qui concernait Lou, elle s'était imprégnée dans son esprit, dans sa peau, il ne voulait pas se battre contre ça, il ne le pouvait tout simplement pas ! Ce qu'il désirait, c'était se battre pour elle, avec elle.
— Faites qu'elle vienne mardi ! dit-il en se jetant platement sur son lit. Je vais devenir dingue sinon...
La fatigue ainsi que l'alcool le plongèrent finalement dans un sommeil sans rêve, mais réparateur.
...
— Tu peux me dire quel est l'abruti qui t'a donné le permis de conduire ??? s'étonna Georges devant le manque évident d'assurance et d'automatisme de Jenna.
— Mais j'y arrivais pourtant vendredi ! s'énerva celle-ci en pestant contre elle-même. Et puis qu'est-ce qu'ils ont tous à être sur la même route que nous au même moment ???
— Je vais faire comme si j'avais rien entendu... Comme si tu n'avais pas sous entendu que ta première fois était vendredi. Je parle de conduite, qu'on se comprenne bien.
Jenna ne releva pas. Elle n'avait pas vraiment écouté le vieil homme, elle était trop prise par le flot incessant de voiture qui l'entourait. Elle avançait tant bien que mal, non sans faire des frayeurs à son passager qui s'accrochait vaille que vaille à la poignée de la portière tout en serrant les fesses. Puis, un moment de calme relativement appréciable survint. Jenna venait de stopper la voiture à une intersection, ce qui parut bizarre au vieil homme.
— Euh, tu attends quoi au juste ? lui demanda-t-il alors qu'il se trouvait dans l'incompréhension la plus totale.
— Que ça passe au vert, répondit-elle sans hésiter.
— D'accord. Je vais surveiller avec toi alors, parce que avant de mourir, je veux voir de mes propres yeux un panneau stop passé au vert !
Jenna tourna la tête vers lui, puis vers le panneau stop. Quand elle réalisa son erreur elle éclata d'un rire nerveux.
— J'en peux plus, lâcha-t-elle comme si elle souffrait le martyre. Vivement qu'on arrive...
— T'oublies pas qu'il y a le retour ?
— Avant d'envisager un retour, on va déjà essayer de terminer l'aller, dit-elle on ne peut plus sérieusement.
— Me v'là rassuré !!! affirma-t-il sarcastique.
Ce qu'il ne fut réellement plus l'instant suivant, quand il entendit le moteur de la voiture hurler.
— Lâche l'embrayage Myrtille !!!
— C'est quelle pédale l'embrayage déjà ???
...
Le retour fut moins chaotique. Jenna avait retrouvé quelques automatismes de conduite qui lui avaient permis de ramener la voiture, mais surtout Georges, en un seul morceau, à la résidence.
— Demain, on reprendra la voiture et je te donnerais quelques leçons ! décida Georges alors qu'il sortait du véhicule avec difficultés.
Jenna lui proposa son bras en guise d'appui, comme elle l'avait fait lorsqu'ils avaient quitté la voiture pour atteindre le cabinet du dentiste et Georges s'y agrippa.
— J'espère que ce n'est pas une de vos ruses pour esquiver le tapis de course ? répondit-elle méfiante.
— Je pourrais, vu que tu as essayé de me faire croire avoir oublié de mettre le fauteuil roulant dans le coffre de la voiture !
— Mais je l'ai réellement oublié, Georges !!! s'insurgea-t-elle à la limite d'être vexée de ne pas être crue.
— MOI, j'ai le droit d'oublier quelque chose de primordiale, parce que j'ai l'excuse de l'âge. Mais toi, tu n'as pas ce droit !
— Non mais je rêve là ! C'est un peu trop facile l'excuse de l'âge et en plus vôtre fauteuil n'est absolument pas utile et encore moins primordial. Vous pouvez parfaitement vous en passer, vous venez de me le prouver !
— J'ai rien prouvé du tout, je n'ai pas eu le choix !
— Mais arrêtez de supposer à tort ! Je n'ai pas fait exprès d'oublier votre fauteuil !!!
— Je ne suppose pas, j'ai raison ! Les bonnes femmes sont pas censées oublier. À quoi elles serviraient sinon ?!
Jenna fut offusquée des dires de Georges et elle ne se priva pas de lui faire comprendre. Elle le lâcha et se mit face à lui en le fusillant du regard.
— Très bien Georges. Débrouillez vous tout seul pour rejoindre votre maison, parce que là tout de suite maintenant, je fais exprès "d'oublier" que vous existez !!!
Elle lui tourna le dos et le planta là sans autre forme de procès. À l'intérieur de la maison elle trouva Isabelle à qui elle référa l'incident entre Georges et elle-même. Loin de trouver ceci fâcheux, elle éclata de rire devant la mauvaise foi de son beau-père.
— Je sais qu'il peut marcher Isabelle, mais il en fait qu'à sa tête, et ça m'agace sérieusement.
Isabelle prit le temps de réfléchir à la situation. Quand la porte d'entrée s'ouvrit en laissant apparaître Georges, elle dit à Jenna :
— Rentrez chez vous Myrtille, je pense que demain vous aurez une bonne surprise, lui affirma-t-elle en lui offrant un sourire rassurant. C'est pas un bourricot qui va avoir raison de nous, n'est-ce pas ?
Jenna opina de la tête, prit ses affaires et salua Isabelle. Arrivée à hauteur du vieil homme, elle inspira doucement avant de lui dire :
— Demain, quand je vais revenir, j'espère avoir des excuses de votre part. Si ce n'est pas le cas, je ferais demi-tour et vous ne me reverrez pas !
Georges ne la regarda pas une seule fois, s'obstinant à fixer le mur devant lui. Elle n'insista pas, sachant pertinemment qu'il l'avait très bien entendu et elle quitta la résidence.
...
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