CHAP 15


Deux corps s'élevèrent dans les airs pour finir par s'écraser lourdement sur l'herbe.

— Putain Jimmy, t'as bouffé du lion ou quoi ? lâcha Christopher qui venait de subir un impressionnant plaquage de la part de son ami.

— Non, je m'occupe l'esprit !

— Heureusement que tu le précise parce que j'ai plutôt l'impression que tu me fous une toise pour je sais pas quelle raison !

Christopher se releva en grimaçant de douleur. Il regarda son ami repartir sur le terrain.

— Il a quoi ? se renseigna-t-il au près de Donovan.

— J'en sais rien, il a pas décroché un mot de tout le trajet... En tout cas, il t'a fait un sacré plaquage.

— C'est pas un plaquage qu'il m'a fait, c'est une tentative de démontage de bonhomme mais comme je suis encore entier, je vais lui faire regretter de m'avoir loupé !

— Couvre tes arrières, j'ai comme un mauvais pressentiment...

— T'inquiètes gamin, je suis pas en sucre.

— Oh, je m'inquiète pas du tout, je suis DERRIÈRE la barrière, tout va bien pour moi, rétorqua le gamin en question, un brin moqueur.

Alors que Christopher rejoignit les autres joueurs en trottant. Donovan lui cria :

— RAPPELLE TOI QUAND MÊME QUE T'ES PAS EN BÉTON ARMÉ NON PLUS !!!

Finalement, après trente minutes de match intensif, Christopher avait encaissé cinq plaquages provenant tous de Jimmy.

— Tu l'as torturé, apprécia Donovan avec un sourire en coin.

— Non, juste légèrement bousculé, répondit Jimmy qui reprenait sa respiration en s'appuyant sur la barrière.

— On dirait un zombie, le pauvre.

Sans un regard derrière lui Christopher se dirigeait avec difficultés vers les vestiaires.

— Eh ! C'est du rugby !!! Sur le terrain je suis pas censé le dorloter ! se défendit Jimmy.

— Sauf que vous étiez tous les deux dans la même équipe...

— Ah bon ? Pas fait attention...

— C'est difficile de te croire quand vous portez tous les deux des chasubles jaunes fluo !

— Euh, ça m'a creusé l'appétit tout ça, dit Jimmy changeant subitement de conversation. Toujours partant pour des pizzas ?

— Yes ! Moi aussi j'ai la dalle.

— Pendant que je me lave, va te prendre une canette au club house et tu la mets sur ma note.

— Ok, copain, approuva Donovan tout sourire.

— Pas de blonde, évidemment, le taquina Jimmy en s'éloignant, t'es encore trop jeune !

— Avoues surtout que t'as peur de ce que pourrait te dire ma mère, si elle apprenait que tu me laissais me taper une p'tite blonde !!!

Jimmy lui fit une grimace, courut en direction des vestiaires et sauta sur Christopher qui se trouvait sur son passage alors qu'il se traînait toujours. Déséquilibré, Christopher tomba entraînant avec lui Jimmy dans sa chute.

— Et c'est moi qu'on traite de gamin, soupira Donovan.

...

Installés autour de la table basse de Jimmy, les trois amis s'empiffraient de pizzas en regardant un film.

— C'est ça que j'appelle la vie, dit Donovan repu, la VRAIE vie !

Christopher ponctua la phrase d'un rot retentissant qui ne choqua personne.

— Amen, se contenta d'ajouter religieusement l'adolescent.

— Toujours partant pour la muscul' demain soir Don' ? demanda Jimmy.

Ce dernier opina de la tête, les yeux brillants de joie et un sourire aux lèvres qui avait bien du mal à s'effacer. Il aimait passer du temps avec Jimmy, si bien que jamais il ne refusait une proposition de sa part.

— Et samedi le match, enchaîna le gamin, j'ai hâte d'y être ! Tu viendras Christo ?

— Au match oui mais pas à la muscul', j'ai autre chose de prévu.

— Comme quoi ? voulut savoir le gamin curieux.

— Je vais en boîte avec des potes.

— Ah ? Et dans laquelle ?

— Au Secret's Club !

Donovan et Jimmy, parfaitement synchronisés, ouvrirent grands leurs yeux d'étonnements, mais pas pour la même raison.

— Tu traînes dans les boîtes à putes ??? s'insurgea Donovan choqué.

Déstabilisé par les propos très directs de l'adolescent, Christopher se défendit tant bien que mal :

— Quoi ? Moi ??? Mais certainement pas ! Et puis c'est quoi ce langage, gamin ? Je pense pas que ta mère serait ravie de t'entendre parler comme ça !

— Parce que ça lui plairait à la tienne de savoir où tu passes ton temps libre ? lui répondit Donovan du tac au tac.

Christopher se demandait comment sortir de cette conversation.

— Mais qui est-ce qui te dit que c'est une boîte de... Filles de joie ?

— Mes potes. Leurs frères essaient coûte que coûte d'aller dans une salle à l'arrière de la boîte de nuit. Il paraît que ça grouille de putes dedans...

— N'importe quoi !!! le coupa Christopher. Si quatre prostituées ils appellent ça beaucoup, dis leurs d'arrêter tout de suite leurs études parce que dans un avenir proche, notre pays va être très mal barré !

— Donc j'ai raison, tu vas aux putes, targua Donovan. Et tu le laisses faire toi ? demanda-t-il à Jimmy.

Ce dernier n'eut pas le temps de répondre, Christopher s'en chargea avec un plaisir particulièrement sadique :

— Il peut rien me dire vu que lui aussi, il compte jusqu'à quatre...

Le visage des deux amis se décomposa en même temps et une fois encore, pas pour la même raison. Donovan était choqué de découvrir cette facette insoupçonnée de son modèle, quant à Jimmy, c'était une envie subite d'étrangler Christopher. S'être donner tout ce mal pour se sortir Lou de la tête et tout ça pour rien...

— C'est pour les cinq plaquages totalement injustifiés, ajouta fièrement Christopher en levant sa bouteille de bière en direction de Jimmy. On est quitte maintenant !

Jimmy dut faire un effort considérable pour mettre de côté son envie de meurtre afin de tenter d'expliquer à Donovan ce qui en fin de compte s'avérait inexplicable pour l'adolescent.

— Je n'y vais plus, affirma-t-il sûr de lui. Ce genre d'endroit n'est pas pour moi...

— Mais tu y es allé ! Mais merde Jim', t'as plus de cerveau ou quoi ? Qu'est-ce que tu vas payer des putes pour avoir ce que tu peux avoir avec toutes les filles de cette ville ??? Rien que chez toi y'a une créature de rêve qui vient tous les jeudis, elle vaut dix mille fois mieux que n'importe quelle pute sur terre, tu peux me croire !

— Il parle de qui ? voulut savoir Christopher qui comprenait que ce n'était pas de Rosa dont il était question.

— De la nouvelle femme de ménage de Jimmy, dit l'adolescent, elle est juste à tomber !!!

— Hum, renseignement intéressant, apprécia Christopher. Si jamais elle a besoin de quelques petites heures en plus, parles lui de moi, s'adressa-t-il à Jimmy, j'arriverais bien à me débrouiller pour lui en trouver quand je suis chez moi...

Jimmy se leva, débarrassa les boites vides de la table du salon et se dirigea vers le bar de la cuisine où de ses mains, il les compacta avec un agacement non feint.

— T'iras plus, hein ? dit Donovan qui venait de le rejoindre. C'est sale comme endroit, et tu vaux mieux que ça...

— Je n'y vais déjà plus, répondit Jimmy rassurant, et je suis d'accord avec toi, y'a mieux comme endroit.

Il lui fit un clin d'œil et prit les couverts que lui tendait l'adolescent pour les mettre dans l'évier. Les mains libérées, ce dernier grimpa sur le tabouret du bar.

— Je plaisantais pas en ce qui concerne la remplaçante de Rosa, elle est terrible, affirma-t-il en appuyant exagérément sur le mot "terrible".

— J'ai cru comprendre.

— Je suis dégoûté, je l'ai loupé aujourd'hui...

Compatissant, Jimmy lui sourit.

— C'est à cause de la prof de maths. Comme par hasard, il a fallu qu'elle me félicite pour mes bons résultats, juste le jour où j'ai vraiment pas que ça à faire ! C'est pas abusé quand même ?

— Quel drame ! le taquina Jimmy.

— C'est parce que tu l'as pas vu que tu dis ça, ronchonna Donovan.

Jimmy continua dans son élan :

— Qui ça, ta prof de mats ?

— Pfft, même pas je réponds !!! rétorqua l'adolescent vexé.

...

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