Chapitre 8

Quand elle s'avança pour entrer dans la pièce, ses pas résonnèrent dans le complexe vide entre toutes les machines différentes, de frappe, de course, de musculation. Elle n'avait pas l'habitude d'appareils aussi perfectionnés, elle se souvenait surtout de la vieille salle d'entraînement du palais. Elle n'y était pas retournée depuis son retour : elle enchaînait les missions. Mais sans doute le palais possédait-il ce genre d'engins. Elle effleura le métal, se demanda si même il avait déjà été touché par un client tant il paraissait neuf.

Ahelys choisit enfin une machine, près des immenses baies vitrés qui laissaient voir le soleil se coucher derrière la faille, et les lumières de la ville s'élever peu à peu. La jeune femme poussa d'abord du bout des doigts le sac de frappe qui se balança, puis un coup plus franc. D'avant en arrière, le sac revint vers elle. D'un coup de pied, elle propulsa de nouveau le sac dans les airs. Satisfaite de la solidité et de la flexibilité du sac, elle attrapa les gants de protection. Elle resta trois bonnes heures, et parfois quand elle jetait un œil dehors, elle s'apercevait que la nuit avançait un peu plus sur la ville illuminée, jusqu'à la recouvrir complètement.

Epuisée, mais enfin en paix avec ses pensées, Ahelys s'appuya contre un appareil, en face de la lune au début de son chemin. Elle se demandait comment trouver un prétexte pour entrer dans le palais. Ses yeux balayèrent la salle : la réponse se trouvait sous ses yeux. Et elle ne dépendait que d'une chose, la bonne volonté d'Hermais.

Après être rentré dans sa chambre et avoir pris une douche, elle pianota quelques mots sur son téléphone. Elle sourit face à la réponse positive à peine une minute plus tard. Je lui manque à ce point ? s'amusa-t-elle. La jeune femme en tout cas était soulagée d'avoir pu avancer d'un maigre pas dans ses recherches. Il acceptait sa proposition d'entraînement dans 5 jours. Ahelys ne pouvait rien faire de plus qu'attendre.

La jeune femme passa les jours suivants dans la même salle en haut de l'hôtel, ou plutôt ses soirées, à observer le coucher du soleil durant ses séances. La journée, elle flânait dans l'hôtel, ou en ville mais elle arrêta bien vite cette pratique. Chaque minute, chaque seconde elle sentait les regards peser sur elle. Toutes sortes de regards, de haine surtout mais ceux-ci ne la gênaient depuis longtemps. Non, les yeux qui lui hérissait le poil, et la faisait retourner à chaque coin de rue se trouvaient cachés, à l'abri de la foule. Elle était surveillée. Parfois, alors qu'Ahelys parcourait du regard la foule, il lui semblait croiser des yeux bleus, d'un bleu glacial. Mais aussitôt, ils disparaissaient, comme s'ils n'avaient jamais existé. La jeune femme en venait même à douter de son instinct. Est-ce que je ne deviens pas parano ? se demandait-elle avant de secouer la tête et continuer son chemin. La même impression d'avoir une cible peinte dans le dos subsistait, sentiment vague mais qui pourtant l'emplissait de malaise.

Cinq jours plus tard, Ahelys monta dans les rues de la capitale pour accéder au palais. Alors qu'elle avançait vers l'édifice qu'elle n'avait jamais vraiment regardé, habituée à vivre à l'intérieur, elle l'observa. Elle se souvenait du temps où elle devait nettoyer les vitres à une centaine de mètres haut, ces grands vitraux colorés qui participaient au rayonnement arc-en ciel de la structure. Mélange hétéroclite des apports des différentes générations qui y avaient habité, le palais devait bien dater du règne de Thélia Ière. Des hautes tours encerclaient le bâtiment principal dont le toit, bas à ses extrémités montait en pointe à son centre, parsemé de fenêtres et de pièces rajoutées après, accessible avec des escaliers exigus ou des échelles.

— Tu t'es trouvé une passion pour le ciel ? lança une voix.

Ahelys baissa la tête et reconnut Hermais, à l'entrée des jardins qui bordaient les murailles du palais. Grand sourire aux lèvres, content de se voir proposer une séance d'entraînement, inconscient des manigances de la jeune femme. Elle sourit aussi, pour d'autres raisons. Peut-être pensait-il qu'il réussirait à reprendre son amitié. Mais quand Ahelys observait ce sourire sur son visage, un autre apparaissait. Nicolas. Il semblait se superposer à celui d'Hermais, par ce grand sourire qu'ils affichaient tous les deux, avec ces petites rides aux coins des yeux, plissés et rieurs.

Le sourire de la jeune femme s'éteint et elle le salua sans chaleur avant d'entrer dans les jardins et de marcher en direction de l'aile d'entraînement. Il la rejoint à sa hauteur, et pencha son visage vers elle.

— J'ai fait quelque chose de mal ? s'inquiéta Hermais.

— Non rien. Tu sais comment se porte Thélia ? je n'ai pas de ses nouvelles, répliqua-t-elle.

Il fronça les sourcils, pas convaincu de sa réponse mais l'accepta, avant de hausser les épaules.

— Je sais juste qu'elle est enfermée dans ses appartements depuis qu'on est partis au territoire des Métamorphes, et que tous ses serviteurs ont été réaffectés à d'autres postes. Sinon...j'ai entendu des rumeurs de dispute, elle aurait haussé le ton.

— Elle, hausser le ton ? s'étonna Ahelys. Elle est douce comme un agneau.

— Un agneau ? l'interrogea Hermais d'un air naïf.

Elle s'esclaffa : la jeune femme mélangeait parfois des expression terriennes et urissiennes, déclenchant l'incompréhension de ses interlocuteurs. Elle s'apprêtait à lui expliquer mais il s'arrêta soudain pour s'exclamer d'un air ravi :

— C'est ça ! C'est un bébé animal sur Terre, je me souviens, Nico m'en avait...

Hermais devint blême et détourna le regard avant de bredouiller des excuses. Il continua à marcher, les yeux rivés sur le gazon, comme Ahelys. La jeune femme soupira, son ventre soudain noué à cette pensée. Tout était sa faute, comment l'oublier ? En cet instant, elle n'avait même plus envie de faire cette session d'entraînement avec lui pour justifier sa présence au palais. Mais se défiler maintenant, pas question. Elle respecterait sa demande originelle.

Alors Ahelys tenta de mettre cette tristesse dans un coin de son esprit.

Ils avaient traversé la cour intérieure et se dirigeaient maintenant vers l'aile droite du palais, réservée aux soldats et aux entraînements. Sur le chemin, la jeune femme tourna la tête et aperçut un portillon usé par le temps, dont elle reconnaissait les cicatrices dans le bois. Ces fentes, elle les avait faites, des années de cela.

Dans ce coin, encadré par la muraille qui ceignait le palais se trouvait l'ancienne cour d'entraînement. Composée de sable surtout, un porte-arme en bois vide traînait contre le mur qui devait être brûlant avec la chaleur et la lumière. De vieux souvenirs ressurgirent. Elle se souvenait de ses entrainements avec les soldats, puis des heures passées avec Djiy, quand les guerriers ne s'y trouvaient pas. Elle se souvenait quand le porte-arme était rempli de lances, d'épées, d'arcs, de boucliers et de casques. Elle se souvenait des mannequins d'entrainement déplacés depuis, des plastrons de cuir et de métal abandonnés dans le sable après les combats. Elle se souvenait du soleil brûlant et de la protection des murailles quand le vent hurlait dehors.

Ahelys s'arrêta devant le portillon et effleura les entailles. Elle possédait encore le poignard qui avait servi à ses traces, mais elle ne savait plus pourquoi elle les avait faites. Par colère sans doute, ou par ennui.

Elle se tourna alors vers Hermais et lui pointa du menton la cour sablonnée.

- On s'entraîne ici ?

- Mais il n'y a aucune arme, et il fait vraiment chaud dehors, tu es sûre ? s'étonna-t-il.

Face au regard mi amusé mi agacé de la jeune femme, il haussa les épaules et accepta la proposition.

- Tu n'as jamais connu cet endroit ? l'interrogea Ahelys qui poussa le portillon.

- Si peut-être une ou deux fois, elle n'est plus utilisée depuis ton départ d'Urissa, l'informa-t-il.

- Ah bon ? Et toi alors, quand es-tu arrivé ici ? Raconte-moi un peu ton passé réel, pas le baratin lors de notre rencontre, répliqua-t-elle.

A la fin de sa phrase, elle balança à Hermais une épée d'entraînement téléportée. Il soupira et s'adossa au portillon.

- Tu sais, je n'étais pas si loin de la réalité, juste un peu inversée. Je suis bien né bâtard et j'ai bien vécu dans la misère mais un jour des esclaves ont appris mon ascendance, je ne sais comment, et un groupe a commencé à me frapper, m'accuser d'espionnage ou m'accuser juste d'exister. Ça a dû arriver un ou deux ans avant ton départ sur Terre. J'aurais fini mort au milieu de la chaussée d'une rue de la capitale si l'Empereur ne s'était pas interposé. Je n'ai jamais su ce qu'il faisait ici, ni pourquoi il m'a sauvé. En tout cas, il m'a nourri, formé, donné sa protection, promis un monde meilleur entre Terriens et Naëfiliens. Il n'est pas le monstre que tu crois Ahelys, et je donnerais ma vie pour lui. Tu es satisfaite de la réponse maintenant ?

Il planta son épée dans le sable pour clore sa réponse et commencer à s'échauffer. Muette, la jeune femme l'imita. Elle s'attendait à une histoire complétement différente, pas à voir Neferlme comme un sauveur venu de nulle part sauver et un sang-mêlé. Ils n'étaient pas si différents et il n'avait pas tant menti sur lui. Ahelys rejeta cette idée. Si Hermais disait la vérité, l'Empereur le manipulait pour ses propres intérêts, qu'avait-il à faire d'un simple esclave ? Pourtant, elle le savait, le sentait qu'un véritable lien s'était tissé entre eux.

- Et tu sais quoi ? J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour toi. Tu as toujours affiché avec fierté ton côté Naëfilien. Tu étais mon modèle quand tu as quitté la capitale pour rejoindre la Libération. Même après sous la protection de Neferlme, même en ne sachant rien j'étais persuadé que tu reviendrais, glissa-t-il.

La jeune femme se mordit la lèvre, gênée de ce compliment. Assumer son côté Naëfilien ? Pourtant ce côté-là hantait toujours, pour ne jamais avoir su vraiment d'où sa mère venait. Elle avait carrément peur de savoir en fait. Alors, cette confiance, c'était du mensonge pur et dur, une façade que son père lui avait conseillée. Pour faire diversion, elle empoigna son épée et tonna :

- Fini la discussion, si je suis venue ici c'est pour m'entraîner et te battre comme à chaque fois !

Et aussi pour m'infiltrer chez Gaya Tholm, ajouta-t-elle pour elle-même. Hermais sourit d'un air moqueur et répliqua, la main sur le pommeau de bois :

- C'est ce qu'on va voir, je t'ai battu dans le vaisseau, tu ne t'en souviens pas ?

Il fit virevolter l'épée entre ses doigts et attaqua aussitôt, en terminant sa phrase dans la course.

Ahelys se baissa pour éviter le coup horizontal qui fendit l'air. Elle en profita pour projeter du sable d'un coup de pied et recula. Un coup d'œil en arrière lui suffit pour se rendre compte de la proximité, à quelques pas de la muraille. Devant elle, Hermais la scrutait déjà, à la recherche d'une faille.

Cette scène lui était familière...la jeune femme sourit dans son for intérieur et laissa le jeune homme avancer vers elle, jusqu'à buter contre le mur. Il leva d'un air nonchalant son épée mais Ahelys était déjà dans les airs, dans une parfaite réplique d'un saut effectué des années plus tôt.

Mais lui aussi connaissait ce combat. Aussitôt atterrie, la pointe de l'épée en bois chatouillait sa nuque.

Dans un réflexe, elle fit disparaître l'arme et Hermais s'écria :

- Eh, tricheuse ! J'ai gagné !

- Et toi, manipulateur, tu as tout prévu n'est-ce pas ? Tu étais dans les gradins lors de mes combats à l'arène ? s'indigna-t-elle.

- Peut-être...enfin oui j'y étais, ne me regarde pas comme ça ! se défendit le jeune homme face au regard agacé d'Ahelys.

La jeune femme soupira et téléporta de nouveau l'arme en bois qu'elle tendit à Hermais. Une goutte de sueur coula de son bras pour imbiber le bois. Elle jeta un coup d'œil à l'astre qui les surplombait, puis à ses propres habits déjà trempés.

- Pas de coups bas cette fois ? vérifia-t-elle, la main serrée autour de la lame.

- Pas de coups pas, acquiesça-t-il au moment de saisir le pommeau.

Ils passèrent l'heure suivante à enchaîner des combats sous un soleil de plomb. Ahelys avait au milieu de cet entraînement presque oublié ce qui l'avait amené ici, son esprit tout entier concentré sur les esquives ou les attaques. A la fin de l'heure, elle menait la danse avec 6 combats gagnés. Enfin, Hermais se posa contre la muraille pour marquer une pause. Le souffle court, il décolla son dos de la pierre brûlante pour se déplacer à l'ombre, près du portillon en bois où s'était accoudée Ahelys.

- Alors, satisfaite de la séance ? On recommence quand tu veux ! s'exclama le jeune homme avec un clin d'œil.

- Si tu veux de nouveau perdre, pas de souci, répliqua-t-elle, les yeux remplis de malice.

Hermais retroussa sa bonne humeur en une fausse moue boudeuse, sans répondre. Il lui lança une bouteille d'eau, chose qu'elle oubliait toujours et en ouvrit une autre pour lui. Ahelys sourit : il s'en rappelait. Mais elle se souvint soudain de sa venue au palais et elle jura en son for intérieur. Elle n'était pas là pour plaisanter avec lui ! Mais elle devait avouer qu'elle n'avait pas vraiment de stratégie pour s'infiltrer dans le bureau de la capitaine des Eclipseurs...La seule chose qu'elle savait c'était que Gaya Tholm se trouvait en mission, mais où trouver le bureau ? Elle pensait interroger un esclave dans un couloir mais cette option lui sembla soudain moins reluisante. Autant évoquer le sujet avec Hermais, il cherchait à se racheter et ne se doutait pas de ses manigances. Du moins, elle l'espérait. La jeune femme engagea la conversation, pour amener le nom d'Haylmer. Le sujet coula tout seul mais les mots tardèrent pourtant à franchir ses lèvres.

- Je pensais à notre premier entraînement dans le vaisseau et mes pensées ont dérivé vers notre sauvetage, par Adrien et les autres, commença-t-elle.

Elle avait voulu prononcer le nom de Nicolas mais à cette pensée, sa bouche s'était asséchée. Ahelys avait renoncé, réduit son frère en un simple « les autres ». Cette absence n'échappa pas à son interlocuteur et il évita de l'évoquer.

- Oui, leur premier coup d'éclat ! Se faire passer pour des sous-fifres d'Haylmer était osé ! s'exclama Hermais.

D'un mouvement de menton silencieux, Ahelys lui demanda s'ils pouvaient passer le portillon et revenir dans les couloirs du palais. Il hocha la tête et la jeune femme enchaîna :

- D'ailleurs, on n'a aucune nouvelle de lui ? Il a disparu de la surface de Naefilia après ma capture. Qui a pris sa place, déjà ? Une femme, j'ai dû la croiser quelques fois...mais tu la connais plus toi, non ? Tu as quelques missions avec les Eclipseurs ?

Hermais grimaça et elle crut qu'il se méfiait de sa question. Elle avait été trop pressante ? Ahelys croisa ses mains crispées dans le dos et soupira de soulagement à la réplique du jeune homme :

- Enfin, connaître, avec une femme aussi renfermée, difficile d'engager la conversation ! C'est bien plus facile avec toi !

- Je le prends comme un compliment. Je n'ai jamais su où se situait son bureau en plus ! Cela a dû changer depuis le temps, tu me montres ? demanda-t-elle, le visage souriant.

Derrière l'apparence tranquille de sa figure, ses muscles tendus dans l'angoisse de la réponse. Elle craignait que sa voix, ses traits, son allure, même ses pas la trahissent face à l'espion aguerri. Mais aucune trace de doute, au contraire, la joie au contraire de savoir la jeune femme prête à passer du temps avec lui. Derrière sa détermination, une once de culpabilité pointa sous l'amure d'Ahelys. Elle se ressaisit aussitôt : il n'avait pas hésité, lui, à la berner pendant près de deux ans sur son identité et ses motifs. A son tour de profiter de lui.

Alors elle suivit Hermais dans les couloirs, sa stratégie déjà en tête pour revenir. Elle ferait semblant de quitter le palais depuis les jardins et retournerait à l'intérieur, via un passage secret découvert des années plus tôt, accessible seulement avec ses ailes. Du coin de l'œil, elle avait aperçu ce trou dans la muraille, à l'abri des regards des gardes et des nobles qui se promenaient dans le parc. En fait, il se trouvait juste là, dans l'ancienne cour d'entraînement, derrière lequel s'étendait le vide.

Arrivés devant la porte du bureau, Hermais s'arrêta et sembla soudain se rendre compte de l'absurdité de la demande. Merde, il a capté, réalisa Ahelys qui sentit ses mains devenir moites. Que lui répondre ? Curiosité mal placée ? Volonté de voir les changements du palais ?

- Tu voulais savoir ca pourquoi, en fait ? lui demanda le jeune homme, les sourcils froncés.

La voilà, la question fatidique. Elle s'apprêtait à baragouiner une réponse quelconque pour ne pas attirer plus son attention mais le téléphone d'Hermais vibra dans sa poche et il s'en saisit aussitôt. Après un rapide coup d'œil, elle comprit que la question avait été rayée de son esprit.

- Je dois y aller. Je ne te raccompagne pas, désolé. On se refait ça quand tu veux ! s'exclama-t-il.

Il fonça alors dans le couloir, sans doute appelé par l'Empereur pour une mission urgente. Ahelys poussa un soupir de soulagement, ravie de la coïncidence qui lui évitait de faire tout le chemin inverse. Elle resta plusieurs minutes immobile, à s'assurer que le couloir, apparemment peu fréquenté ne serait pas bondé dès qu'elle essaierait de s'introduire dans le bureau. Mais aucun son de pas sur les dalles de marbre silencieuses. Ahelys se décida à se rapprocher de la porte et fit apparaitre deux crochets, qu'elle avait réappris à utiliser durant son passage dans la Libération. A peine une minute plus tard, elle refermait la poignée depuis l'intérieur.

Elle fouilla alors du regard la pièce : une fenêtre qui surplombait le vide et lui permettrait de s'évader sans soupçons. Ahelys se rua alors sur le bureau où traînaient des piles de papier. Mais ses mains tendues s'arrêtèrent. Que chercher ? Gaya Tholm aurait-elle pris le risque de laisser des informations cachées aux yeux de tous ? La jeune femme se rendit soudain compte de la maladresse de se démarche et des risques qu'elle prenait pour peut-être aucun résultat. Ne perds pas espoir, tu trouveras quelque chose ! s'encouragea-t-elle et elle lut en diagonale le premier papier sur lequel elle tomba. Un dossier administratif. Les feuilles suivantes donnèrent le même résultat et elle fouilla les tiroirs où des pochettes s'empilaient.

Son regard fut alors attiré vers une enveloppe au sol qui avait échappé à son attention quand elle était rentrée. Elle s'en saisit et dès les premières lignes, elle pensa : Bingo.

À la suite des évènements mineurs dont vous avez pu vous occuper, nous avons pu mener une enquête sur les phénomènes qui ont eu lieu dans la ville de Neiky et de Pym. Les recherches effectuées ces dernières semaines dans la faille des dragons nous confortent dans la première piste que nous avons évoquée ensemble. Nous avons communiqué directement ces résultats au Conseiller spécialisé de notre Empereur Neferlme mais je vous indique les résultats ci-dessous :

- On s'introduit dans mon bureau et on lit mon courrier ? Je pense que nous allons avoir une petite discussion avec Neferlme.

Dès les premiers mots, Ahelys avait bondi en arrière. La capitaine des Eclipseurs, Gaya Tholm qui ne devait revenir que le lendemain se dressait devant elle. D'une beauté glaciale, elle n'avait pas dégainé le sabre à sa ceinture pourtant Ahelys ressentait une pression immense face à cette femme désarmée. Elle était piégée. S'enfuir par la fenêtre ne résoudrait rien, elle aurait à subir un interrogatoire. Ahelys recula encore. Pas question de se retrouver interrogée par elle. Elle ne doutait pas des rumeurs qui couraient sur son sadisme face aux rebelles pour récolter des informations et connaissait une partie de son parcours. Si elle s'évadait maintenant, au moins peut-être n'aurait-elle pas affaire à elle.

Encore un pas en arrière. Mais au moment où elle allait se ruer sur la fenêtre, un vacarme assourdissant retentit. Tout trembla pendant plusieurs secondes, sans pouvoir distinguer haut et bas tant même l'air se trouvait secoué de terreur. Les murs déversèrent dans un vomissement haché bibliothèques et cadres. Le bureau lui dans un grincement sinistre renversa ses tiroirs au sol. Propulsée contre la vitre, Ahelys avait les yeux grands ouverts sur l'horreur sous ses yeux. A sa droite, toute une aile du palais qui penchait vers le vide s'effondrait, le sol dévalant le long de la faille.

Et cette aile, elle la connaissait très bien. Elle y avait passé des nuits entières. Les appartements de Thélia. Sans s'en rendre compte, elle cria de toute ses forces son nom, certaine de la voir sombrer, comme Nicolas.

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