Chapitre 6- Promesse
Haylmer jeta un regard éloquent aux deux frères, maintenant sans armes. Les soldats avaient récupéré leurs pistolets avec une grimace de dégoût.
- Je vais vous répondre, car vous serez incapables de nous arrêter. Nous venons d'une autre planète. Cette adolescente est une criminelle recherchée. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus. Maintenant, Alexeï, amenez-moi les deux garçons. Alyos vous accompagnera.
- Franchement, je pense que vous êtes plus en tort qu'elle, répondit Alexeï.
Mais il obéit et s'élança dans le couloir, suivi du garde aux cheveux lilas, qui gardait la main sur la poignée de son épée.
- Vous le regretterez, affirma Nikolaï.
- Estimez-vous heureux de pouvoir encore fouler ce sol, répliqua Leyo.
Quelques instants plus tard, les deux adolescents dévalèrent l'escalier. Nicolas poussa un cri étranglé à la vue de sa sœur roulée en boule et gémissante sur le sofa. Il darda un œil chargé de haine vers les étrangers, mais n'osa faire aucun geste. Blême, Adrien interrogea Nikolaï et Alexeï du regard. Mais les visages graves ne lui apportèrent aucune réponse.
- Il est temps pour nous de partir.
Le soldat aux cheveux lilas releva Apolline, qui tenait à peine debout, tandis que son compagnon menaçait toujours les deux frères de son sabre.
- Je crois que vous devriez nous remettre vos clés de voiture messieurs... les deux exemplaires.
Les deux frères russes sortirent des clés de leurs poches, et les abandonnèrent à Haylmer, toujours aussi nonchalant. Nikolaï serra la main de l'étranger. Sa poigne se raffermit, écrasa les doigts du Capitaine. D'un ton sans réplique, le chasseur promit :
- Nous nous reverrons. Aucune proie ne nous échappe, et vous êtes devenus notre proie numéro une.
Haylmer une moue amusée, et le railla.
- Traversez l'espace et nous en reparlerons.
Alexeï se tourna vers les deux garçons.
- Nous avons une dette envers vous, cet homme nous a trompés. On ne peut pas vous aider pour l'instant, mais voici notre numéro si vous revenez par ici...Enfin, si tu arrives à garder ce morceau de papier.
Il tendit un papier chiffonné avec un numéro de téléphone à Adrien, qui eut un sourire désabusé, après un bref instant de surprise face à cette excuse assez spéciale.
- Bien-sûr, si on s'en sort, on vous appelle. Au moins vous nous croirez, vous. Enfin, si ce que tu m'as dit dans l'escalier est juste. C'est dingue...
Le jeune russe lui donna une tape dans le dos, et l'adolescent sursauta. Ses yeux étaient rivés sur les soldats.
- Je ne sais pas comment vous pouvez être aussi calmes, lui reprocha Nicolas, les poings serrés.
- Que veux-tu que l'on fasse ? On vous servira plus vivants que morts. Ils n'hésiteront pas à nous tuer si on essaye de les combattre.
- C'est ça. Lâches ! assena l'adolescent.
Sans un au revoir, il s'approcha de sa sœur pour l'arracher au soldat. Il passa le bras d'Apolline autour de ses épaules. Le jeune homme jeta un regard furibond à la créature qui avait porté sa main sur la poignée de son épée.
- Je ne compte pas m'enfuir, répliqua le captif, amère.
Adrien leur adressa un bref salut de tête et aida Nicolas à soutenir la blessée.
Leyo et Haylmer en tête, les deux gardes derrière eux, les prisonniers sortirent de la demeure où ils avaient été retenus. Cinq jours d'emprisonnement en dehors du temps.
L'aurore dévorait le ciel de ses couleurs chaudes. Personne ne circulait encore dans la rue déserte. Une camionnette noire garée devant la propriété émit un bref signal lumineux quand Leyo la déverrouilla.
- J'imaginais pas vraiment sortir comme ça, bredouilla Apolline.
Nicolas eut un sourire ironique.
- Un truc du genre héroïque c'est ça, comme cette évasion stupide que tu as tentée hier ?
Il murmura pour lui-même : « Mais qu'est ce qu'ils t'ont fait Appie... » Mais sa sœur l'entendit, et tandis que les soldats ouvraient les portes arrières de la fourgonnette, elle lui marmonna :
- Ils ne m'ont pas blessée directement, c'est leur venue qui me met dans cet état.
Adrien intervint, essoufflé de devoir porter la blessée:
- Tu es une criminelle qui s'est enfuie de ta planète, c'est ça ? Qu'est ce qui va t'arriver alors, qu'est ce qui va nous arriver ?
- Je n'en sais rien. Je ne me souviens pas de tout, leur répondit l'adolescente.
Leur conversation s'interrompit. Avec l'aide des gardes, ils soulevèrent Apolline et la placèrent sur le banc de droite. Les deux garçons s'installèrent à ses côtés, et les portes refermées, les militaires s'installèrent face à eux.
Ils les scrutaient, les prisonniers ne pouvaient même pas avoir un semblant de discussion.
- On avait ce genre de véhicule obsolète quatre-vingt ans avant ces Terriens, grommela Haylmer.
Son fils acquiesça et actionna le moteur.
Alors que la voiture filait sur la route, le meneur se retourna, un large sourire aux lèvres :
- Ces maux de tête, comment cela se passe ?
- Vous aimez la voir souffrir ? grogna Nicolas.
- Absolument. Vous ne la connaissez pas réellement. Quand elle aura toute sa mémoire, elle vous montrera à quel point elle pense que la fin justifie les moyens. Et ne t'avise plus de me parler sur ce ton. Toi et ton ami vous ne représentez rien pour moi, pour elle si.
La rage déforma les traits de l'adolescent qui se leva, prêt à utiliser ses poings serrés pour répondre à cette provocation. Le chuintement des lames hors des fourreaux, et une épée pointée sur son torse le dissuada de discuter et il se laissa tomber sur la banquette en plastique dur.
- C'est mieux... De longues heures de route nous attendent.
Le jeune homme garda le silence. Il écarta avec douceur les mèches rousses qui collaient au visage moite de sa soeur et lui embrassa le front. Il lui prit la main, la serra dans les siennes. Nicolas lui murmura :
- Ca va aller...
Apolline tremblait, la fièvre s'emparait d'elle. Prévenant, Adrien enleva son pull et le posa sur les épaules de son amie.
- Je n'arrive pas...Je n'arrive pas à faire taire ces voix suppliantes. Elles veulent que je redevienne celle que j'étais avant, mais je ne sais pas comment faire, gémit la jeune fille.
- Qui es-tu ?
Leyo, au volant venait de poser cette question. L'adolescente, déconcertée répondit :
- Je suis Apolline Eyrester...je
- Tu ne dois pas te considérer comme Apolline, mais Ahelys. Quand tu accepteras ce fait, tu seras toi-même, assena-t-il.
Ses bras resserrèrent l'étreinte du pull et elle posa sa tête sur l'épaule de son frère. La prisonnière avait froid. Tellement froid. Aucune couverture, feu ou chaleur humaine n'aurait pu la réchauffer à cet instant.
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