Doutes et haine.

Jake se leva de bonne heure et se dirigea vers la salle de bain. Cette nuit, aucun rêve ni cauchemar n'était venu entraver son sommeil. Seul le souvenir de sa petite sœur demeurait encore à son réveil, la voyant face à lui, tout sourire. Après avoir pris sa douche, il descendit prendre son petit-déjeuner. Rien de bien extraordinaire puisqu'il s'agissait d'un simple morceau de pain à la confiture. Cependant, cela le satisfaisait pleinement et il s'en contentait.

Après avoir terminé tout ce qu'il avait entrepris, il décida de partir en direction du lycée et comme à son habitude, il arriva en avance et s'appuya contre le mur en sortant une cigarette qu'il fuma. Lorsque la sonnerie retentit, il l'écrasa et rentra dans l'établissement, saluant certaines personnes déjà présentes et qu'il acceptait de côtoyer.

Pendant les cours, Jake ne prêta pas attention à ce que le professeur expliquait, au lieu de cela, il se répétait en boucle ce que lui avait dit la jeune fille. Après avoir longuement réfléchi, il était venu à la conclusion qu'il s'agissait bien d'une personne du lycée et qui le connaissait. Néanmoins, il continuait de se questionner sur sa présence devant la tombe de sa sœur et pourquoi elle lui avait mise des roses blanches.

Il est vrai que d'un certaine angle, les roses blanches sont les fleurs représentants l'innocence, mais seule quelque rare personne savait que Mina aimait ses fleurs, plus que d'autre. Et si Jake partait de ce principe, du principe que celle-ci les avait déposées parce que Mina les aimait, alors, cette adolescente l'avait connue. Or, il ne se souvenait pas avoir entendu sa petite sœur parlait d'une quelconque amie plus vieille qu'elle et du même âge que lui.

Il s'affala sur sa table avant de se relever précipitamment, la sonnerie tonna la fin du cours et tous les élèves se dirigeaient déjà vers le cours suivant, comme des robots, tous, sauf lui. Au lieux de cela, il se dirigea vers le bureau du professeur.

— Excusez-moi Monsieur, mais j'aimerai savoir si ma mère vous avait envoyé les documents pour la sortie ?

— Oh, bien sûr, je les ai mis par là-bas. Alors, Blackwood, Black...Ah ! Le voici. J'ai vérifié, et il ne manque que la signature de votre responsable numéro deux.

— Mon père n'est plus dans cette ville, il ne peut pas signer. Je l'ai appelé mais il n'a pas décroché, c'est si indispensable que cela ?

— C'est vrai que j'ai cru comprendre ce qu'il s'était passé il y a cinq ans pour votre petite sœur, mais c'est indispensable que votre père donne son autorisation, sans quoi, vous ne pourrez pas venir à cette sortie.

Jake commença à avoir du mal à garder son calme, alors d'une voix qui trahissait sa colère il dit.

— De toute façon, cet homme n'est pas mon père, alors vos regards de compassion, et de grandeur, gardez les pour vous.

Il partit juste après cela rejoindre son prochain cours, et il enchaîna ainsi jusqu'à l'heure du midi, heure durant laquelle il sentait que quelque chose de positif à son encontre aller se produire. Et en effet, c'est dans un coin de la cafétéria qu'il la vit, cette même fille. Cependant, elle était différente, non pas car elle était seule, mais parce qu'il émanait d'elle une alchimie qu'il semblait être le seul à ressentir.

Elle releva la tête, sentant un regard sur elle. C'est là qu'elle le vit, Jack Blackwood, le garçon populaire du lycée. Elle aussi l'était, mais pour un garçon comme lui, elle ne devait être qu'une fille dans le décor, cela ne la dérangea pas plus que cela et elle retourna dans son livre qu'elle ne lisait pas. Non, elle était dans un autre monde, son monde. C'est dans ce monde qu'une de ses semblables la trouva.

— Alors ? Le vent s'est-il calmé ?

— Julia... Pour l'instant, oui. Dit-moi, comment est ce monde-ci ?

— Tu sais Luna, ce monde n'a rien d'envieux à la Terre. Ici, c'est comme les abysses, un monde de lumière où brille toutes les étoiles possibles et imaginables. Tu t'y plairais pour sûr.

— Cela me donne très envie ma chère amie. Tu es bien la seule qui me permet de ne pas devenir folle. clama-t-elle ironiquement

— Plus sérieusement Luna, vas-tu aider ce garçon ?

Luna, comme l'appelait cette jeune fille, la détailla de haut en bas. Elle était comme elle si ce n'était qu'elle avait les cheveux teints en gris et que ses yeux étaient d'un bleu-gris proche du bleu nuit. Elle la trouvait belle au point que, savoir tout ce qu'elle avait enduré, lui comprima le cœur.

— Je ne sais pas Julia. Dans un sens, je sais qu'il aura besoin de mon aide, mais dans un autre, si je le fais, je sais que rien ne sera plus comme avant, je le sens au plus profond de moi.

— En même temps, il faut avouer qu'il est plutôt beau garçon...

Le monde autour d'elles redevient la cafétéria, et face à elles, ce garçon s'approchant. Luna entendit des murmures, et sans doute lui aussi puisqu'il s'arrêta en fronçant les sourcils. C'était son nom que les murmures prononçaient.

— Pourquoi il s'avance vers la reine ? dit une fille de première année.

— Est-ce que Lunélia va l'envoyer bouler comme tous les autres ? en disait une autre.

— Il vient d'attirer l'attention de la grande Lunélia Grey ! venait à l'instant de dire railleusement un membre de l'équipe de football. Sans doute un quaterback pensa-t-elle.

Elle se leva et s'approcha de lui. D'une voix presque tranchante, elle lui murmura à l'oreille.

— Pas maintenant, ce soir, devant le lycée. Je t'y attendrais. Ne sois pas en retard.

Elle partit et laissa Jake en pleine réflexion. Ainsi, elle était cette reine impitoyable, toujours dans son coin que tous les garçons reluquaient et que toutes les filles admiraient. Cette reine que tout le monde respectait, même les professeurs. Cette reine qui, contre toute attente, aidait ceux qui se faisaient maltraiter par les autres populaires. Personne ne la comprenait, personne ne lui parlait et surtout, personne ne savait qui elle était. Son regard de couleur turquoise était censé montrer la chaleur en été de la mer, mais au lieu de cela, il était comme glacé par des cicatrices énormes.

Jake la regarda passer la porte avant de reporter son regard vers les autres élèves qui continuaient de murmurer certaines idioties qu'il ne supportait pas, comme d'habitude pensa-t-il narquoisement. Il supporta encore moins tout ceci quand il vit la pompom girl arriver et sortir, elle aussi, une idiotie sans nom.

— Je ne l'aime pas cette fille, elle est vraiment ignoble, elle passe son temps à nous regarder de haut comme si nous n'étions rien ni personne. Qu'est-ce que tu lui voulais ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit dans l'oreille ?

— Bettany, tu ne peux pas me laisser tranquille, je t'ai déjà spécifiée plusieurs fois que je ne voulais pas traîner avec tes amis et toi-même.

Il alla pour partir mais celle-ci ne lâcha pas l'affaire. Elle était de ceux qui étaient prêts à tous les sacrifices pour obtenir ce qu'ils souhaitaient, tout... sauf se soumettre.

— Écoutes moi bien Jake, toi et moi, on est fait pour être ensemble...

Il n'écoutait déjà plus un mot de ce qu'elle lui disait car venant de l'extérieur, cette fille, Lunélia, revenait, cherchant dieu savait quoi sur les tables. Elle arriva près d'eux et prit le livre qu'elle avait abandonné, là, quand Jake s'était approché d'elle. Elle le regarda lui, puis Bettany.

— Tu ne sais pas ce que cela signifie non ? Non est employé pour exprimer l'idée de négation. Il exprime le désaccord concernant une question affirmative et l'accord concernant une négative. Peut-être devrais-tu revoir ton français ma chérie ?

Bettany regarda celle que l'on nommait reine de haut en bas avec un air dédaigneux. Elle fit un rictus en se retournant vers ses soi-disant amis puis regarda de nouveau Lunélia.

— Toi, pour qui tu te prends. Madame est dans la poche des professeurs alors elle se croit tout permis c'est ça ?

Lunélia la regarda avec indifférence en hochant les épaules et en inclinant la tête sur le côté.

— Je préfère être dans leur poche que sous le bureau. C'est bien ce que tu faisais vendredi dernier à la fin des cours non ?

Lunélia remarqua qu'autour d'elle tout le monde riait, tout le monde sauf elle. Même le dit Jake riait à côté d'elle. Elle le détailla, sa paume d'Adam montait puis descendait et son regard luisait d'amusement. Étonnamment, sa présence, contrairement aux autres, ne lui déplaisait pas, à l'inverse de ce qu'elle aurait pu prévoir, il l'apaisait. Il était tel que chaque maux qu'elle ressentait semblaient être aspirés par cet être qui restait, malgré tout ce qu'il avait vécu, lui-même.

— Et bien Luna, tu restes figée sur lui, il pourrait croire que tu l'aimes bien. lui dit la voix de son amie de toujours, cet esprit qui restait attaché à elle comme à une bouée, Julia Roswell.

— Tu n'as pas d'autre chat à fouetter ?

— Mais j'aime bien t'embêter, tu es ma seule véritable distraction Luna, tu ne peux pas m'en vouloir pas vrai ? Allez, va l'aider encore un peu.

Lunélia la regarda exaspérée avant de soupirer. Cependant, elle ne fit pas ce qu'elle lui avait suggérée puisqu'elle partit juste après. Elle déambula et rejoignit son cours prochain, physique lisait-elle. Le seul cours où elle ne voulait jamais être à cause des regards insistants que lui lançait son professeur. De ce fait, elle était toujours la dernière à arriver et la première à sortir de cette salle de l'enfer.

— Mademoiselle Grey, j'aimerai vous voir à la fin de l'heure. lui dit cet odieux personnage.

— Pardonnez-moi, mais je suis pressée, j'ai un rendez-vous juste après ce cours et je dois me dépêcher. lui avait-elle répondu.

Après quoi, il ne lui avait pas adressée une nouvelle fois la parole, même si il continuait de la regarder. Les cours s'enchaînèrent et Lunélia attendit devant le Lycée. Jake sortit dans les premiers ce qui était particulièrement étonnant. D'aussi loin que Lunélia pouvait remonter, Jake faisait parti de ces élèves ni en retard ni en avance, seulement quand cela l'arrangeait. Alors, principalement, il se retrouvait avec les élèves qu'on qualifiait de « normaux ». Il s'approcha d'elle et avant même qu'il ne lui dit quoi que ce soit, elle releva la tête comme si elle ne faisait que de l'observer et lui déclara d'une voix égarée.

— Tu l'as vue n'est-ce pas ? Tu as vu Callista.