Chapitre 4

Comme dit l'enfant

Toute cette noirceur dans laquelle ils étaient plongés se transforma en une lumière aveuglante. De cette lumière, un décor prit place, d'abord flou, puis, peu à peu, les détails se soulignaient. Un lit blanc aux draps roses dans lequel jonchées de nombreuses peluches, une commode de couleur beige dans laquelle de nombreux livres attendaient d'être lus, de longs rideaux roses bonbons accrochés laissant la fenêtre libre, un bac à jouet en bois blanc dont certains jouets se trouvaient encore au sol. Jake se leva de sur le lit et s'approcha de la commode. Il observa les livres, un par un et prit celui qui lui était familier. Une voix enfantine lui vint aux oreilles :

— Moi, je serais peau d'âne et toi, tu seras mon prince Jake, et moi, je t'attendrai en me cachant, comme peau d'âne est restée cachée des yeux de son prince.

Jake se souvînt encore de sa réponse. Pour lui qui avait encore une âme d'enfant à l'époque lui avait répondue en riant :

— Peut-être, mais le prince est un idiot de ne pas reconnaître sa peau d'âne. Elle a le même visage si ce n'est qu'elle n'a pas ses belles robes. Moi, contrairement à lui, je te reconnaîtrai, je te reconnaîtrai toujours.

Elle avait simplement rit, son rire raisonnait encore aujourd'hui dans son esprit, tout comme l'odeur qui se dégageait d'elle, la rose. Il n' avait jamais oublié ce son melodieux, il restait toujours avec lui tout comme l'image qu'elle avait renvoyé à ce moment-là, et cet arôme flottant dans la pièce. Une enfant innocente qui ne se souciait pas du monde qui l'entourait.

Jake posa le livre où il l'avait pris. Il riva son regard à la fenêtre où Callista s'était assise, les pieds dans le vide. Il s'approcha d'elle et s'assit à ses côtés.

— Qu'est-ce que tu veux dire par ne pas laisser le vent souffler Callista ?

Il la fixa attendant une réponse, mais elle regardait toujours l'extérieur, comme si, le dehors pouvait la libérer. Elle poussa un soupir en baissant son regard sur ses jambes qu'elle balançait.

— Il vaut mieux que vous ne le sachiez pas Jake, il ne faut juste pas qu'il souffle car quand la tempête se sera déchaînée, vous ne pourrez plus l'arrêter. Et si vous ne pouvez plus l'arrêter, alors nous serons tous perdus. La seule chose que vous devez savoir, c'est que les gens que nous voyons ne sont pas toujours ce qu'ils semblent être. Ils peuvent être différents de ce que l'on pense et pourtant, être exactement comme ils sont. Seules ces choses savent ce qu'elles sont, ils ont une conscience. Ne laissez pas le vent souffler Jake, je vous en prie, ne le laissez pas souffler.

Jake la regarda longuement, il ne parvenait pas à comprendre chaque mot qu'elle disait, comme si elle ne parlait pas sa langue. Malgré son intelligence, il comprit que certaine chose subsistait grâce au mystère qui l'entourait.

— Je ne comprends pas Callista, tout ce que tu me dis n'a aucun sens.

Callista se retourna vers lui et lui sourit tristement. Elle se redressa, les pieds toujours dans le vide et le regard de nouveau tourné vers le ciel.

— Pour l'instant, vous n'avez pas besoin de comprendre. Tout ce que vous devez retenir, c'est que je compte sur vous, vous êtes la seule personne à pouvoir m'aider de même que mon apparence n'a rien de semblable à ce que vous verrez de moi à l'extérieur. Dans ce monde, mes yeux et mes cheveux sont ce que je suis à l'intérieur.

— Comment ça ? Tu veux dire que tu n'as pas les cheveux gris et les yeux rouges ?

Elle rit, un rire comparable à celui de son souvenir, similaire à cette enfant innocente.

— Mes cheveux et mes yeux sont normaux, je suis blonde aux yeux bleus.

Son rire disparut après cette phrase, comme si un souvenir lui revenait car son regard se fit vitreux, bloquée dans ses propres cicatrices. Des larmes silencieuses tombèrent sur ses joues délicates que Jake s'empressa d'effacer, il ne pouvait supporter la voir à ce point affecté par ces pensées obscures.

— Jake... Vous devez me sauver, ne me laissez pas finir comme Julia, je ne supporterai pas de la voir souffrir.

— Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? Tout s'embrouille dans ma tête, explique-moi, je t'en prie...

Elle fit semblant de ne pas l'avoir attendu, du moins, c'est ce que croyait Jake jusqu'à ce qu'elle se leva et se dirigea vers la porte de la chambre.

— Plus vous découvrirez de chose sur nous, plus vous serez en danger vous aussi. Cherchez-moi. Trouvez-moi. Mais sauvez-nous. Je trouverai les réponses sur Mina pour vous si j'en ai la possibilité. Je m'excuse mais je dois y aller, je l'entends, mais comprenez qu'il me fait peur. Quand je le vois, il me fait des choses et je ne peux plus les endurer encore longtemps. La seule force que je possède, c'est quand mes yeux se posent sur vous. Au revoir, à bientôt Jake...

— Non je t'en prie, attends ! J'ai d'autres questions !

Il venait de se réveiller et sa mère était à ses côtés, elle avait sa main sur son front et sursauta quand il se leva brusquement.

— Tout va bien mon chéri ? Tu as dû faire un cauchemar, tu t'agitais dans ton sommeil.

Le jeune adolescent était perdu, il avait l'impression de devenir fou,il voyait cette fille partout, jusqu'à avoir confondu sa mère avec celle-ci. D'autant que le rire dans ses oreilles n'y changea rien puisqu'il s'agissait de celui de son souvenir, cette petite enfante peau d'âne riant avec son beau prince.

— Jake, tu es sûr que tout va bien ? Lui dit sa mère avec inquiétude.

— Tu n'as pas à dire cela du prince. Jake, je suis sûre qu'au fond, tu es comme lui. Tu n'arriverais même pas à voir la princesse sous tes yeux. lui avait répondu cette enfante.

Jake sortit de sa chambre et se dirigea vers une pièce qui avait été barricadée il y a maintenant cinq ans. Il l'ouvrit et tout était à sa place, comme elle l'avait laissé, si ce n'est que sa mère y venait faire le ménage une heure par jour en replaçant chaque chose à sa place.

Des rideaux roses bonbons volant au gré du vent passant par la fenêtre déjà ouverte par sa mère. Une commode beige dans laquelle les livres étaient toujours impeccablement rangés par ordre alphabétique dans le coin gauche de la chambre. Le lit, collé au mur de droite dans lequel trônait de nombreuses peluches assises fièrement sur les draps roses. Et un bac en bois blanc se trouvant au pied de ce lit joliment décoré.

Tout laissait croire à l'existence d'une petite fille vivant dans cette pièce, un rire toujours en écho dans cette salle silencieuse l'aurait même confirmé si cette scène douloureuse ne se déroulait pas encore et encore dans sa tête.

Jake s'avança vers la fenêtre. Il se pencha et regarda le ciel à partir de celle-ci. Il s'assit sur le rebord, à l'endroit où Callista s'était assise plus tôt. Sa mère entra juste après lui et le regarda tristement. Aujourd'hui, cela faisait pile cinq ans que sa petite sœur était morte et tous deux ressentaient cette culpabilité dévorante.

— Jake... Je sais que c'est dur, mais si nous ne nous entraidons pas,on ne parviendra pas à surmonter cette épreuve, cela fait déjà cinq ans et nous continuons à vivre dans le passé. Il faut que nous avançons, même si la douleur est forte.

— Je le sais maman, mieux que personne, mais Mina était celle qui nous faisait rire quand on avait envie de pleurer. Il n'y pas un jour où je me dis que j'aurais pu la sauver...

Sa mère le prit dans ses bras et le consola, ou bien était-ce elle-même qu'elle consolait ?

— Tu étais trop jeune pour comprendre quoi que ce soit. Tu n'avais que douze ans. Tu n'as pas à te sentir coupable, j'aurais dû plus vous surveiller. Tu étais encore un enfant pour t'occuper d'elle.

Jake la regarda avant de soupirer, il ne savait pas quoi faire aujourd'hui, comme chaque dimanche, même si celui-ci était particulier. Alors, il se leva et alla au cimetière voir sa petite sœur. Mais il vit une jeune fille de dos à la tombe de Mina, elle se leva et se retourna. Son regard et son visage, tout chez elle laissait croire qu'il s'agissait de Callista. Il alla pour lui parler, mais elle leva la main en signe de silence, remit ses lunettes de soleil et lui dit d'une voix froide et cinglante.

— Demain. Aujourd'hui est un jour de deuil.

Il la regarda partir sans ne rien comprendre jusqu'à ce que la vérité le frappe au visage. Il l'avait déjà croisé au lycée, mais une question restait en suspend. Qui était-elle, qui était-elle vraiment ?

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