Rappel : Il s'agit d'une romance entre homme. Si vous n'aimez pas ce genre de romance, mieux vaut ne pas lire. Tout commentaire homophobe sera signalé. 

PDV Éros

Je cours. Plus vite à chaque pas. Le vent frappe mon visage alors que j'essaye de lui échapper. J'entends mon souffle se mêler aux bourrasques. Mes pieds nus s'écorchent contre le sol jonché de branches et cailloux. Les arbres, les buissons, les feuilles fouettent mon corps nus lui aussi. Et mon visage. J'avance en battant des bras, essayant d'éviter le contact au maximum.

Mon cœur bat à toute allure, et pour une fois, ce n'est pas d'excitation en attendant le réveil de Blanche-Neige, ou en pleurant devant la mort déchirante de Mufasa.

Cette fois c'est de la peur. De la peur pour ma propre vie.

Je capte ses pas derrière les miens. Il, ou elle, va vite derrière moi. Sa voix m'appelle, et cela me fait accélérer encore un peu.

Je sais ce qu'il fera de moi si il me rattrape.

Mon pied se prend dans une racine, comme si la malchance m'appelait à venir me blottir dans ses bras. Ou la mort, à choisir. J'avoue qu'aucun des deux ne m'attire. Peut-être est-ce du à la préposition féminine. Le féminin et moi, ça colle pas. Je préfère le masculin. Genre, LE nutella. Ceux qui ont inventé cette merveille sont des génies. Des décennies plus tard, c'est toujours aussi succulent.

Mais là n'est pas le sujet. Alors continuons de courir. Enfin de tomber, puisque c'était ce que je faisais avant d'être rappelé par mon estomac.

Je m'étale au sol, et j'aimerai bien faire la comparaison avec une crêpe, mais ça va me faire repartir sur le nutella et ses bienfaits, alors je vais dire comme une merde. C'est moins alléchant. J'ai envie de dire, c'est féminin, cela explique sûrement tout. Ou alors c'est seulement à cause de ce que cela représente.

Bref, je m'égare.

J'ai le temps de relever ma tête avant de toucher le sol, histoire d'éviter d'avaler de la terre, ça me dit rien. Tiens, c'est féminin.

J'essaye de me relever, mais mon pied et pris dans la racine qui m'a fait tomber. Je me retourne, les coudes ripant contre le sol, laissant s'échapper des gouttes de sang. Les endroits manquant de peau sont comblés par de petits cailloux. Hé les cailloux, on vous a pas appris que votre place était par terre ?

Mes mains essayent de me dégager de cette monstrueuse germe qui me retiens prisonnier. Méchante racine, méchante. Féminin.

Mais c'est trop tard, il est là. Enfin elle, à priori. J'essaye de reculer à mesure qu'elle avance vers moi, mais je ne peux rien faire, toujours enchaîné.

Elle me regarde méchamment et lève le bras, s'apprêtant à abattre sa hache sur moi.

Je hurle, en regardant cette cacahuète géante prête à me couper en deux.

« Libérée, délivrée ! Je ne mentirais plus jamaaaaais »

J'ouvre grand les yeux en hurlant, me redressant.

Un rêve. Tout n'était qu'un rêve. Je regarde autour de moi. Aucune cacahuète géante. Je souffle un coup et me tourne vers mon réveil avant de sourire.

Je repousse mes draps, et me lève, me mettant à danser au rythme de la musique, rejouant chacune des scènes comme si j'étais une princesse. Je suis sur que ce rôle m'irait à merveille. Bon, je serai un prince. Mais avec des robes à paillettes. Je ne vois pas pourquoi les princesses sont les seules qui peuvent avoir de jolis robes qui brillent.

Je me stoppe en plein mouvement, comme un arrêt sur image, quand je me retrouve nez à nez avec un garde, qui vient d'ouvrir la porte. Il se racle la gorge, comme si il était gêné de voir ça. C'est plutôt moi qui devrait être gêné d'être en présence d'une personne incapable de sentir la magie de Disney. Monstre va.

- Monsieur Éros, je m'excuse, j'ai frappé mais il semble que vous n'ayez pas entendu...

Bah il fallait refrapper alors, pas rentrer.

Je me remet dans une position normale, de toute façon la chanson est foutue maintenant.

Mes mains se placent sur mes hanches, pas du tout gêné de mon pyjama Stitch intégrale.

- C'est pour quoi ?

- Et bien, le conseil...

Oui le conseil ! Je suis conseiller ! C'est wahou ! Bon, j'avoue que les réunions c'est un peu chiant. Trop long. Toujours pareil. Reconstruire un royaume, trouver les derniers partisans ennemis, politique, économie, tout ça quoi. Les conseillers savent pas rigoler, et Shawn non plus. Il est pas drôle, Wendy doit bien s'ennuyer.

Enfin, elle est tellement amoureuse qu'on dirait qu'elle rayonne.

Ils sont beaux. Ils s'aiment. C'est tellement... envieux. Je le veux moi aussi. Je veux un amour si puissant qu'il brave la mort, qu'il brave toutes les logiques déjà établies, qu'il met à terre toutes les traditions vieillottes mais encore trop ancrées.

- Monsieur Éros ?

- Hum ?

Je veux sentir mon cœur battre et ma respiration se couper à son contact. Ses bras qui m'entourent et ses mots qui me rassurent. Je veux ses yeux dans les miens, son aura défiant quiconque voudrait nous séparer.

- Je vous disais que le conseil vous attendais pour sa réunion. Depuis plus d'une heure.

- Hum.

Un homme, un...

Quoi ?

Je relève la tête vers le soldat toujours aussi gêné.

Oh putain. Merde.

En un instant mon corps est dans le couloir et s'élance vers la salle du conseil. Y'avait une réunion ce matin ? Je n'en ai aucun souvenir. Il faut dire que je n'écoute pas trop. En courant, je croise Wendy qui me regarde avec de grands yeux, l'air de pas comprendre.

- Éros, qu'est-ce que tu...

Je m'arrête et lui dépose un baiser sur le front. Si Shawn voyait ça, il me ferait empaler. Heureusement, il est loin, en train de m'attendre accessoirement.

- Je t'expliquerai ma poule, pas le temps maintenant !

Et je suis déjà reparti en courant, alors que sa voix se perds dans le vent de ma course.

- Mais Éros tu ... !

Et je n'entends pas la suite. Ce n'est pas grave, ça ne peut pas être plus important que de faire attendre son copain depuis autant de temps.

Quand j'arrive devant les deux grandes portes battantes, très jolies avec de belles décorations -mais qui manque cruellement de couleur à mon avis- je ne m'arrête pas et les pousse rapidement. Je vois toutes les têtes se tourner vers moi.

Ils ne disent rien et m'observe en silence. Quoi ? Ça va, on va pas faire toute une histoire pour une petite heure de retard.

L'un des conseillers, je ne sais plus son nom, s'adresse à moi.

- Monsieur Éros, je crains que cette tenue...

Tenue.

- Féminin !

Merde, c'est sorti tout seul. Il reprend ne comprenant pas franchement ce que je voulais dire.

- Je disais, je crains que cette tenue ne soit pas convenable pour...

Shawn le coupe. C'est vrai que je ne me suis pas changé. Bon, au moins, ça mettra un peu de fun dans cette réunion quoi ! On se détends !

- Passons. Éros, vas t'asseoir.

En voyant son regard, je m'exécute. Il a l'air vachement furax. Je suis sur qu'il s'est retenu de dire « Assis » en claquant des doigts. Ah ces rois, toujours à vouloir tout commander. Comment ça c'est leur boulot ? Non.

Je reçois un regard noir. Je crois qu'il m'a entendu. Wendy a raison, il est toujours fourré dans la tête des autres, squatteur.

Je crois qu'il faut que je me taise. Enfin que j'arrête de penser. Ce qui est compliqué en soit, vu qu'à priori, le cerveau des vampires comme celui des humains ne cesse jamais de penser.

Pendant ma tirade dans ma tête, je remarque à peine que le silence règne toujours dans la pièce. Vous avez pas des trucs à vous dire ? Je relève la tête pour voir Shawn qui se pince l'arrête du nez.

Je ne peux m'empêcher de lui demander ce qui ne va pas.

- Un problème Majesté ?

C'est tellement bizarre de l'appeler comme ça. Mais bon, même si j'aime pas trop les règles tout ça, on va éviter d'être trop familier pendant une réunion du conseil. Je suis pas con non plus.

Il relève les yeux vers moi.

- Je me rends seulement compte de pourquoi vous vous entendiez si bien tous les deux.

Pas besoin de préciser qu'il parle de Wendy. Mais franchement, il vient seulement de le remarquer ? Genre, qui ne savait pas que nous étions des âmes-sœurs amicales ?

Je crois qu'il se retient fort de me dire de la fermer, alors je décide de me redresser pour écouter. Au moins une fois, histoire de prouver que je suis pas un conseiller qui sert à rien. Même si faut dire que depuis le début j'ai pas servis à grand-chose. 4 mois que je suis là, et les missions sont pas folichonnes pour le moment.

Heureusement que ma petite Wendy est là, sinon qu'est-ce que je m'ennuierais dans ce château ! Elle a toujours plein de chose à raconter, ou plutôt j'ai toujours plein de chose à dire et elle écoute. Et puis comme c'est drôle de voir leur relation évoluée aux yeux de tous, tout en sachant des détails que personne ne peut savoir !

Un ré-gal !

Mais nous en parlerons plus tard. Je crois que ce n'est pas le moment. Je me concentre (un peu), sur la discussion qui a reprise. C'est un vieux conseiller qui parle, le mec un peu amoureux de tradition et rabat-joie à mort.

- Si je peux me permettre Majesté, nous avons dépensé énormément pour votre « unité d'élite », et pourtant, nous n'avons pas encore vu ce qu'ils avaient de si particulier. Je veux dire, ils sont particulièrement fort c'est vrai, mais nous n'avons aucune idée de ce qu'ils font de leurs journées.

C'est Karas qui répond. Lui j'ai retenu son nom, il a sauvé Wendy, et en plus il est canon.

- Nous nous entraînons, c'est ce que font des soldats. Et nous mettons en place sur la demande du roi un programme afin d'enseigner nos savoirs de la guerre aux soldats des autres unités.

Malgré les explications, qui sont pourtant pas compliqué à comprendre, le vieux rechigne encore.

- Mais cela vaut-il réellement autant d'argent ? Nous avons un royaume à faire tourner tout de même.

Cette fois c'est Shawn qui intervient.

- Je pense que nous avons suffisamment de fond pour ne pas nous en soucier à ce point. Mais puisque certain d'entre-vous sont perplexes, pourquoi ne pas vous montrer que les investissements valent le coup. L'un d'entre-vous pourrait très bien accompagné Karas et son unité pendant un certain temps, afin de vous rendre compte par vous-même de leur travail.

Le conseiller acquiesce mais trouve à redire.

- Une idée forte avisée votre Majesté, mais nous sommes fort occupé dans nos fonctions, et je doute que l'un de nous est le temps de nous occuper de cela.

Alors comme ça ils sont occupés mais moi j'ai rien à faire ? Je suis une plante verte dans ce conseil en fait. Bon, temps mieux, je ne fais rien, je peux profiter de mon amie et de ce palais toute la journée. La vie est belle en fait.

- Effectivement je me doute que vos journées doivent être bien remplis.

Qui a capté l'ironie dans la voix de Shawn ? Moi !!

- Fort heureusement, je connais quelqu'un ici qui sera ravi de faire cette « mission ».

Ah bon ? Je regarde un par un chacun des hommes ici, et la seule femme -vive la parité d'ailleurs- et me demande de qui il peut bien parler.

- Éros.

Je relève la tête vers lui.

- Quoi ?

Vive les bonnes manières Éros.

- C'est toi qui t'en chargera.

- Me charger de quoi ?

Un poisson nage dans mon cerveau. Beau, rouge. Je vais l'appeler Homer. C'est mignon, Homer. Nage Homer, aussi loin que tes petites nageoires peuvent te porter !

- De la mission ! Tu vas accompagner Karas et son unité pour nous faire un rapport.

Suivre un beau gosse ? Okaaaaay ! J'adhère à l'idée !

Je vois que l'un des conseillers -ou plusieurs- n'adhère au contraire pas trop. Quoi ils n'ont pas confiance en moi ? Je vois pas pourquoi.

De toute façon, il semble que Shawn n'ai pas envie de leur demander leur avis. Il se lève.

- Bien, nous sommes tous d'accord. Clôturons cette réunion pour le moment. Je vous ferai parvenir un message quand je souhaiterais vous revoir. Éros, je compte sur toi.

Et il sort.

Ouai ! J'ai une mission enfin !

Attends une seconde. Accompagner Karas, j'espère que ça ne veut pas dire participer à l'entraînement.

Oh non.

Pas du sport.

Pitié.

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Et c'est parti pour une nouvelle histoire ! Prêts ? J'espère que vous êtes préparés mentalement aux répliques et pensées d'Éros ! Il va falloir x)

Précision, niveau publication, ce ne sera pas un chapitre tous les dimanches, mais tous les mercredis. De façon à ne pas écrire trois histoires en un jour x)

A part ça j'espère que vous êtes heureux de retrouver les personnages, l'univers, et que cette histoire vous plaira autant, voir plus, que la précédente. 

Ne vous inquiétez pas, malgré le caractère et la façon d'être d'Éros, l'histoire aura tout de même son lot de sérieux, de mystère, et surtout de romance. Ce n'est pas juste une histoire pour rire, et je souhaite comme pour son premier tome réussir à vous faire ressentir un panel d'émotion. Sacré défi hein ! 

Sur ce, je vous dis donc à mercredi pour le chapitre 2, ou à dimanche pour ceux qui lisent les autres histoires. 

Kiss :* (Le retour)