trente-et-un


Nous pivotâmes à quatre-vingt-dix degrés. Rudy agrippa violemment mon menton pour relever ma tête, il fixa un instant Ewen, se pencha puis colla ses lèvres contre les miennes. Surprise, je me laissais faire. Il bougeait ses lèvres de plus en plus vite. J'ai peur.

C'est quand il essaya de pénétrer sa langue dans ma bouche que je compris. Il m'embrassait, preuve d'amour, à mon insu. Je plaçai mes mains sur sa poitrine pour le repousser mais il s'enlevait de lui-même. Qu'est-ce que c'était ?

Je séchai ma bouche avec le revers de ma main. Puis crachai sur le sol pour essayer de faire partir la sensation de ses lèvres sur les miennes. J'entendais Ewen bouillonner de rage mais rien de la part de Bambi. Je relevai la tête vers mon agresseur qui me coupa en prenant la parole tout en me regardant.

« - Mao ?

- Quoi ?! S'éleva une voix agressive. »

Surprise, je tournai la tête. Il avait répondu. Bambi aussi l'observait, mais méchamment.

« - Quoi ?! Quoi ?! Et re-quoi bordel ?! »

Ewen répondait à cette appellation. Ewen s'y reconnaissait. Ewen s'appelait Mao. Ewen était Mao. Et Rudy le savait.

« - Mao, tu es démasqué ! Ricana le musclé.

- Mais je m'en bats les fesses d'être démasqué ! Moi, ce que je sais, c'est que tu as embrassé ma Pistache ! Tu as posé tes lèvres sur ma Pistache ! Tu m'as volé ma Pistache ! Hurlai-t-il alors que le village devait sans doute dormir. »

Je reculai. Mao était avec nous. Il nous regardait essayer de trouver un bon magicien alors que lui-même l'était.

Les paumes du magicien se mirent à scintiller Je le vis empoigner le cou de Rudy qui lui-même agrippa celui de son jumeau. Ils se plaquèrent à tour de rôle, se frappaient, se dévisageaient, se faisaient du mal alors qu'ils formaient une fratrie. Je ne me vois pas faire ça avec Framboise moi !

Je vis du sang. Ils saignaient comme ils frappaient : abondamment. Je ne voulais pas qu'une fratrie se dissoude en quelques secondes. Je partageai un regard entendu avec Bambi qui était étonnamment restée en retrait puis séparâmes les deux jumeaux en en prenant un chacun.

Je me retrouvai avec Ewen –ou plutôt Mao- qui lâchait des grognements bestiales. Il semble vraiment en colère. Je l'assis à terre et m'accroupis à sa hauteur. Il haletait comme un chien. D'ailleurs, heureusement que Pega n'a pas vu cela.

« - Chut... Calme-toi, ça va aller ! Le calmai-je en secouant ses épaules. »

Je constatai les dégâts : son œil virait au noir ce qui signifiait un coup de poing, sa bouche était remplie de sang, ses joues étaient griffées, son cou devenait rouge, son torse se bombait irrégulièrement et tout ce qui était visible montrait des hématomes ou des griffures.

Ça doit faire mal tout ça.

Je chevauchai ses cuisses, les pris comme sièges et enlaça celui qui avait deux prénoms. Il resserra notre étreinte comme s'il avait l'impression que je partirais à tout moment. J'ouïe un reniflement puis des sanglots. Il pleurait. Je passai ma main dans ses cheveux pour le calmer. De l'autre côté de la pièce, Rudy hurlait des insultes à tout bout de champs. Bambi peinait à le calmer.

« - C'est ça pleure, va ! Sale fragile ! T'façon t'as toujours été fragile ! C'est pour ça que maman ne t'aime pas ! T'entends ça connard ?! Maman, elle ne t'aime pas ! Et ce depuis que t'as tué papa ! »

Les pleurs de Mao redoublèrent. A-t-il vraiment tué son père ? S'il est fragile, comment aurait-il pu tuer son paternel ? Ce n'est pas logique !

Je l'écartai légèrement, pris son front entre mes mains et l'embrassai, son front.

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