C'était une belle chambre, un grand lit confortable, une fenêtre encadrée de rideaux rouges, une commode en bois satiné et un miroir face au mur. 

Natasha en avait assez d'être au lit, effectivement elle avait des côtes cassées... Et sa jambe tremblait encore sous elle... Mais elle en avait marre. Puis c grand miroir lui attirait l'œil. Il ressemblait à celui de son enfance, quand elle dansait. 

Elle roula dans son lit, s'arrachant un petit gémissement et observa son reflet. Depuis deux semaines - l'enlèvement - tout semblait la ramener en Russie. Elle avait de nouveau les cheveux roux, ils étaient décoiffés, dans un état lamentable. Elle n'avait jamais paru aussi laide. S'appuyant sur ses bras, elle se leva et s'approcha du miroir. Elle toucha son reflet comme hypnotisé. Elle cherchait dans ses traits l'adolescente russe qu'elle avait été. Elle ne savait plus à quoi elle ressemblait à l'époque. Le seul point commun entre hier et aujourd'hui c'est qu'elle ignorait toujours ce qu'elle ressentait.

Quel sentiment devrait-elle ressentir ? 

Devrait-elle être humiliée par l'échec de sa mission ?

Enragée ?

Pourquoi le vide était toujours présent en elle ?

"Agit Natacha, la pensée ne permet pas de survivre." 

Elle fit une pointe, sa jambe la tira, elle fit une seconde pointe, s'agrandissant dans son reflet.

"Un - deux - trois."

Elle répéta le mouvement, lever, tourner, clouer au sol. 

Cela n'avait rien d'artistique. 

C'était violent. 

Une danse de haine, de meurtre. 

"Un - deux - trois."

"Achève-le." 

Natasha écrasa son point au sol, comme si elle tenait un poignard. Elle respira tranquillement. Elle avait repris le contrôle, toutes ses pensées semblaient fixées. Elle se releva automatiquement et retint une plainte de douleur. Ses côtes lui faisaient terriblement mal.

"Je devrai t'apprendre à danser la valse, c'est moins douloureux." 

Elle ne trembla point en entendant cette intrusion. Une espionne ne montrait jamais sa surprise. Elle se retourna et observa Steve accoudé sur le cadre de la porte. Il avait un air sévère et Natasha fut heureuse de le constater. Il n'avait pas l'air choqué par ses mouvements, comme s'il l'avait déjà vu accomplir ce rituel.

"Je sais déjà la danser." 

Steve avança dans sa chambre d'hôtel  et conserva son air désapprobateur. 

"Tu ne crois pas que tu es assez blessée ?"

Comme si son corps prenait conscience de ses blessures, le souffle de Natasha se coupa instantanément. 

 Steve vint immédiatement vers elle, il la prit dans ses bras. Elle fondit immédiatement dans sa chaleur, comme si elle avait sa place dans le creux du corps de Steve.

"Natasha. Où est ton anti-douleur ?" 

Il la porta jusque dans la salle de bain, lui fit avaler deux cachés dorés et la garda contre lui jusqu'à que son souffle s'apaise. Ensuite il la déposa de nouveau dans son lit et soupira en passant un doigt sur les haut de son front.

"Je vous épuise Captain." 

Si un jour elle avait cru devenir amie avec un héros national, elle, la meurtrière.

"Tu n'es pas obligé de rester Steve." Commenta simplement la rousse alors que Steve avait ce fameux sourire, si honorable et bienveillant.

"Dit pas de bêtise."

Le silence se fit entre eux.Ce n'était pas gênant, c'était confortable.

"Natasha ?" 

La voix se fit inquisitrice, brisant le calme.

"Depuis quand c'est écrit ?" 

Elle joint son regard au sien, et observe le message inscrit sur le miroir. 

"Le café bleu - 17h15 demain." 

Elle s'observa une nouvelle fois dans le miroir, et elle ne vit pas celle d'autrefois, ni celle d'aujourd'hui, seulement cette gamine aux verts luisant.