Chapitre 39

Pyjama party !

— 1 mois plus tard —

Pour la première fois de ma vie, ce mois a été le plus agréable et le plus doux que j'ai vécu. Le poids si lourd que je trainais sur mes épaules depuis ses années m'a enfin été enlevé. Et je le dois à moi-même.

Ma complicité avec Anita autour du café n'a fait que grandir, au point qu'elle m'a laissé carte blanche pour réaliser mon projet de club de lecture. J'ai eu un peu de mal à motiver des étudiants mais une fois qu'ils ont pris l'habitude de venir au café, de plus en plus de groupes ont demandé à en être. Cette nouvelle vague de client a ravi Anita qui en a profité pour changer un peu sa carte pour se mettre à jour au niveau des nouvelles tendances. Sa bataille de tous les jours avec le Matcha me fait bien rire.

Mes amies, Courtney et Harper, n'ont pas cessé de m'amener à droite et à gauche, s'incrustant à des fêtes toutes plus grosses les unes que les autres. Nos virées shopping ont doublé, tellement Harper adore me transformer en poupée humaine. Mais ce que je préfère, ce sont les après-midi goûter que sa mère nous a organisé ; nous discutons autour d'un bon thé et d'une tonne de gâteaux préparés avec amour. Parfois, Henriette convie les hommes ce qui rend la maison encore plus vivante, ravissant la mère de mon amie. J'ai même eu la chance de rencontrer Nate, le petit garçon de Courtney et John, qui nous a rejoint lors d'une soirée pizza chez sa tante Harp comme il l'appelle. J'ai tenté de tisser quelques liens mais ce petit garçon est totalement l'opposé de sa famille : très silencieux, dégageant une sorte de mystère et de mal-être que je n'ai pas pu déceler. Après, il est encore jeune, je n'ai pas vraiment peur pour lui, il finira par s'ouvrir au monde.

Les filles m'ont entrainé plusieurs fois dans leur représentation, sous l'influence de Greyson qui a adoré ma précédente prestation. Je suis persuadé qu'une part de lui souhaite toujours me recruter mais il respecte mon choix et m'offre quelques représentations sous l'encadrement de Harper ou Courtney. L'équipe est adorable avec moi, ce qui me met le doute quant à mon choix de rester au café de temps en temps, mais rien ne change : j'y tiens trop pour le quitter.

Avec Gareth, tout se passe merveilleusement bien. Nos virées en moto sont devenues des sorties obligatoires et fréquentes, nous permettant d'être libre le temps d'un trajet. Il m'a promis de me faire vivre comme dans un film, et il tient parole pour l'instant. Il rend ma vie meilleure et il le sait. Mais il sait aussi que c'est réciproque.

Petit à petit, il essaye de m'inciter à m'installer chez lui mais je ne me sens pas prête. Je viens juste de couper les ponts avec ma mère, j'ai besoin d'être seule encore quelques temps.

Concernant celle-ci, je n'ai eu des nouvelles qu'une fois avant de bloquer son numéro de téléphone. Elle m'a écrit pour me prévenir de sa sortie d'hôpital. Elle s'est excusée mille fois avant de me dire qu'elle partait s'installer chez Brice.

Je ne lui ai jamais répondu.

***

Gareth est censé finir tard au bar donc j'ai décidé de m'accorder une soirée tranquille toute seule à l'appartement. Mon service est passé si vite que je n'ai pas vu la journée passer.

Les filles m'ont prévenues qu'elles ne pourraient pas venir manger avec moi comme elles travaillent, ce qui m'a un peu étonné vu que je connais leur emploi du temps.

Ok je n'ai prévenu personne que ce jour est spécial pour moi, mais je ne dis pas non à un peu de calme, me retrouver avec mes peluches devant Titanic pour regretter Jack et m'énerver sur ce problème de planche soi-disant trop petite. 

Je vais attendre le weekend pour organiser mon anniversaire, comme ça tous ceux que j'aime pourront être présents.

À peine arrivée chez moi, je lance mes chaussures et balance mon sac dans l'entrée pour me jeter dans mon pyjama Pokémon. Certes la journée est passée rapidement, mais j'ai quand même rêvé d'un bon pyjama pendant plusieurs heures. J'enfile mes pantoufles et retourne récupérer mon sac à main qui détient mon portable en otage. Au même moment, je reçois un message de mon amoureux.

« Sorry Agapi Mou, j'ai tâché ma chemise au boulot à cause d'un mec. Elle est totalement irrécupérable et j'ai vidé mon casier il n'y a pas longtemps. Tu peux m'en amener une vite fait ? Je t'aime. »

Rahhh, pourquoi je l'aime déjà ? Je soupire longuement en fixant le message avant de lui prévenir de ma venue. Je suis vraiment une copine adorable pour lâcher Jack — l'homme de nos vies — pour lui.

Je récupère une de ses chemises noires qui traine dans ma penderie et la plie proprement. Cette fois, je fais voler mes chaussons à travers la pièce pour remettre mes chaussures rose brillant et enfile un sweat-shirt à l'effigie de Ramoloss, mon Pokémon préféré, pour cacher un peu mon accoutrement de maison. 

Avec un peu de chance, ce sera Michael, le garde du corps présent à l'entrée et je pourrai lui donner discrètement le vêtement pour m'éclipser.

Quand je mets le premier pied dehors, la nuit est déjà presque entièrement tombée ce qui me fais lâcher un autre râlement. 5 minutes dans la nuit pour l'homme que j'aime, ce n'est rien mais en même temps beaucoup trop. Si seulement j'avais ma propre moto ! Mais l'écologie... Argh.

Je décide de me presser au maximum pour me réchauffer. Les nuits sont de plus en plus froides, rappelant l'hiver qui arrive à grands pas.

Quand j'arrive rapidement à destination, le Milady semble mort. Aucune queue, aucun videur, aucun néon. Juste la lumière de la nuit et des lampadaires. Je fronce les sourcils en sortant mon téléphone de ma poche, prête à écrire à Gareth que je suis arrivée quand quelqu'un m'attrape par derrière. Je tente de hurler mais la personne est beaucoup plus forte que moi et me pose une sorte de sac sur la tête.

La terreur me ronge les os au point que je lâche mon téléphone dans un fracas sourd, tombant au sol. J'écoute autour de moi pour évaluer la situation, et mon agresseur n'est pas seul car il me tient fermement alors que quelqu'un semble ramasser l'objet au sol.

Mes jambes tremblent plus que je n'ai jamais tremblé, au point de trébucher quand on me fait avancer. On finit par attraper mes jambes pour me porter plutôt que de tomber à cause de la panique, mais ça ne fait qu'augmenter mon angoisse.

J'ai déjà eu peur comme ça une fois avec Gareth, ce n'est pas pour réellement me faire enlever quelques mois plus tard !

Je tente de me débattre en contorsionnant mon corps dans tous les sens mais faute de souplesse et de kidnappeurs trop forts, ils ne me font pas tomber ou ne desserrent pas leur prise. Je ne sais pas où ils m'emmènent mais je sens qu'on rentre dans un bâtiment car la température extérieure augmente d'un coup, signe que l'endroit est chauffé.

- Je te jure, si c'est toi Gareth, je dis en essayant de ne pas manger le sac qui m'entoure, tu peux courir vite, très vite pour garder ta teub !

Quelqu'un semble s'étouffer mais rien de plus qui me permette d'identifier le ravisseur. Soudain, je voltige quelques secondes avant que mes fesses ne trouvent un endroit dur. On vient de me poser sur une chaise je devine.

Plus personne ne me tient mais je sens de nombreuses présences tout autour de moi.

- Si vous voulez de l'argent, je n'en ai pas tant que ça ! Je leur dis en retenant ma panique pour ne pas qu'on l'entende. Je suis en pyjama, laissez-moi partir, s'il vous plait...

On ne me laisse pas continuer à plaider ma cause car quelqu'un prend l'initiative d'enfin m'enlever ce sac insupportable de ma tête. Je mets quelques secondes à m'acclimater à la lumière rouge qui éclaire la pièce. En face de moi, j'arrive à distinguer une scène qui ressemble à la grande scène du Milady mais je n'en suis pas sûre. Quand je commence à tourner la tête pour essayer de reconnaître les gens autour de moi, une musique retentit, m'obligeant à observer la scène qui s'illumine. Un homme s'approche de la scène, dos à moi, visant à rejoindre la barre de pole dance.

Je hausse un sourcil et retient un rire ; je reconnaîtrais ce dos et cette chemise noire traditionnelle entre mille. Mon copain se retourne pour se retrouver face à moi, la lumière sur lui. Il me lance un sourire avant d'empoigner sa chemise pour l'arracher, se retrouvant torse nu à la vue de tous.

J'éclate de rire quand il s'avance vers moi de manière animale, me faisant taire d'un doigt sur ma bouche. J'entends des rires autour de nous et un début d'acclamation du public.

Pitié, faites que ce ne soit pas des clients du club sinon je vais mourir de honte d'être l'objet d'un striptease.

Il commence à se déhancher autour de moi avec un ridicule... J'admire l'effort mais il ne sera jamais au niveau de mes amies. Là, on dirait juste une parodie de YouTube.

Je l'admire en pleurant de rire et applaudis quand deux autres hommes se joignent à lui. à mon grand étonnement, Greyson et John sont très à l'aise aux côtés de Gareth, faisant une chorégraphie digne de Magic Mike.

Je reconnais les rires de mes deux amies parmi ceux du public, qui ne contiennent pas leur hilarité.

Je prie silencieusement pour qu'ils ne finissent pas en caleçon et cette prière semble exaucée. À la fin de leur représentation, la musique diminue et Gareth s'approche pour me prendre la main. Je l'accepte et me lève pour me joindre à lui. J'ignore son corps collant de sueur et me laisse entraîner dans un câlin qui me fait le plus grand bien. Je continue de rire en sentant son souffle dans mon cou.

Je dois dire qu'ils se sont donnés tous les 3, je ne les pensais pas aussi bons danseurs.

- Joyeux anniversaire, Agapi Mou, il me dit en écartant quelques mèches de cheveux de mon visage.

Au même moment, des centaines de confettis explosent de tous les coins, submergeant tous mes amis réunis. Je balaye la pièce du regard pour voir ma famille du Milady ainsi que ceux du café, quelques étudiants avec qui j'ai sympathisé et même les parents d'Harper. Dans un coin, Nate est tout rouge de honte face à la prestation de son père mais retient tout de même un léger sourire.

J'essaye de contenir les larmes qui menacent de couler et mon nez qui me pique atrocement quand Gareth me porte comme une princesse. Je m'accroche à son cou pour ne pas tomber et tous mes amis se mettent à scander mon nom puis une chanson d'anniversaire.

- Je n'ai dit à personne que c'était aujourd'hui, je dis à Gareth qui me sourit de toutes ses dents. Comment tu as su ?

- Tu sais, Anita a des ressources...

Je cherche ma patronne du regard qui se trouve en compagnie de Henriette et Isaac. Elle m'applaudit de toutes ses forces sans cacher les larmes qui coulent abondamment sur ses joues ridées. Je lui fais un signe de tête pour la remercier et le torrent double malgré moi.

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