Chapitre 31
Dans la famille Pernet, je demande la mère !
Gareth
- Je te jure que c'est vrai ! S'exclame Harper totalement hilare.
- Je ne te crois pas ma belle, c'est impossible ! Lui répond Courtney en lissant d'une main son carré foncé.
Pour une fois qu'elles ont un peu de repos, ces deux-là arrivent quand même à venir au club pour leur apéro. Je leur sers deux verres de tequila pendant qu'elles continuent leur conversation houleuse à propos d'une série ou d'un film. Je ne vais pas mentir mais je n'ai absolument pas suivi.
La première excuse qu'elles m'ont offerte en arrivant, c'est la plainte reçue d'Eden comme quoi elles ne se sont pas vues depuis trop longtemps. La deuxième, c'est qu'elles n'allaient évidemment pas trahir un autre bar. Et la troisième, que je ne voulais pas rendre triste ma petite-amie, en appuyant bien sur le mot petite-amie. Ces deux-là seront toujours désespérantes, mais je dois reconnaître que leur troisième argument était le plus convaincant.
Quand Eden arrive un peu plus tard, je suis étonnée de la voir aux bras de sa mère. Comme chaque fois que je l'ai rencontrée, elle est habillée de manière très particulière. Talons aiguilles aussi fins qu'un cathéter, robe rouge à la limite de l'indécence et cheveux de poupées lâchés, c'est presque si on ne la confondrait pas avec les danseuses.
Et mon analyse ne trompe pas quand je remarque une partie des têtes tournées vers cette femme qui fait son entrée, un gros sourire au visage.
Quand Eden arrive à notre hauteur, il est impossible de ne pas voir la fausse expression joyeuse qu'elle a fixé sur son visage. Malheureusement Courtney et Harper ne semblent pas y porter attention tellement leur excitation est à son comble.
- Les filles, annonce la brune avec un semblant de regret dans la voix, je vous présente ma mère, Stephanie. Maman, voici Harper à gauche et Courtney à droite.
- Je suis tellement heureuse de vous rencontrer ! S'exclame la mère en s'avançant pour faire la bise aux filles. J'ai tellement entendu parler de vous !
Les filles ont un léger réflexe de recul, pas habituées à saluer de cette manière mais se laissent faire en souriant.
- On va s'amuser ce soir entre fille, elle continue pendant qu'Eden s'assoie en bout de comptoir pour laisser une place à sa mère à côté de Courtney. Enfin, sauf si Apollon veut se joindre à nous bien sûr. Un petit plan à 5, ça peut être marrant !
À ces mots, elle se tourne vers moi et les deux tornades explosent de rire face à ce surnom ridicule que m'a donné ma belle-mère mais aussi face à sa suggestion.
Jamais de la vie.
Harper mime un chiot pendant que Courtney boit les paroles de Stéphanie. Eden semble totalement ailleurs mais je me rends compte qu'elle prend énormément sur elle pour ne pas craquer. Et commençant à connaitre le phénomène Steph, elle n'est pas au bout de ses surprises.
- Bon, tournée de cocktail pour toutes les filles ! M'annonce Stéphanie sous les applaudissements d'Harper et Courtney.
Quand elles ont fini d'applaudir, elles boivent cul sec leur tequila avant de me tendre leurs verres vides que je récupère. Je jette un coup d'œil à Eden en commençant la préparation des cocktails et j'ai bien fait, elle m'explique sans bruit qu'elle ne veut pas d'alcool. J'acquiesce en lui offrant mon meilleur sourire puis retourne à ma prestation de barman sous les acclamations des clients.
***
Les filles n'ont pas bougé de la soirée, à boire, danser et discuter. J'ai tenté de venir les voir plusieurs fois mais au fil du temps, le monde a commencé à affluer et je n'avais plus une seconde pour elle. Je n'ai pas pu m'empêcher de regarder régulièrement Eden qui est totalement recluse dans son coin, ne participant pas vraiment à la soirée ou du moins pas mentalement. Ce qui me dépite d'autant plus, c'est que ces amies sont totalement fans de Stéphanie, ne cherchant pas à comprendre le conflit mère-fille. Je peux les comprendre, ça ne les regarde pas et ce n'est pas l'endroit ni le moment. Cependant, elles laissent quand même beaucoup Eden toute seule et ne cherchent pas à l'inclure. Et je reconnais que ça me tord le bide de la voir comme ça.
Plusieurs hommes ont tenté d'approcher sa mère durant la soirée, et tous ont été chassés férocement par une Eden plus sanglante que jamais. Alors de temps en temps, je viens l'aider discrètement à chasser ces hommes en leur demandant ce qu'ils veulent boire ou en menaçant d'appeler Michael. Je sais que lui au moins s'en donnerait à cœur joie de les virer par la peau des fesses.
***
Quand mon service se finit, je rejoins directement les filles qui semblent sur le point de quitter les lieux, non sans plainte de Stéphanie qui souhaitait rester jusqu'au bout de la nuit. Il me semble que son taux d'alcool soit beaucoup trop élevé pour rester ici, dans un club de striptease, sans les filles en videur personnel.
Eden semble très tendue, je vois qu'elle se retient de tout son être pour ne rien dire qui pourrait déclencher une dispute avec sa mère. Courtney et Harper semblent quant à elles un peu pompettes, mais elles tiennent surtout incroyablement bien l'alcool. Je comprends pourquoi Stéphanie est dans cet état si elle a décidé de suivre les 2 folles ! Elles tentent de convaincre la mère d'Eden qu'il vaut mieux rentrer et vite se coucher pour refaire la fête un autre jour. Leurs visages tirés m'indiquent qu'elles commencent à comprendre le pourquoi du comment concernant cette femme.
- Steph, je pense que les filles ont vraiment envie de rentrer retrouver leur famille pour la nuit, je déclare en posant une main sur son épaule. Courtney a aussi un petit garçon dont elle doit s'occuper avec son mari, John.
Elle hoche la tête, sachant qu'elle ne fera pas le poids face à moi si je me décide à la sortir de force.
Les filles nous saluent une dernière fois avant de disparaître par le couloir tagué menant à la sortie.
- Je vais t'aider à la ramener à l'appartement, je dis à Eden sans lui donner le choix.
Ça ne semble pas l'embêter car elle rassemble leurs affaires pendant que je cale le bras de sa mère sur mon épaule. Quand Eden a ramassé les deux sacs à mains, nous sommes prêts à rentrer à pied, Eden la tête dans les nuages et moi la tête suant sous le poids de ce corps dégoulinant d'alcool.
***
Ça serait mentir de dire que le trajet fut simple. Au programme : 5 petites minutes ; Au final : un bon 20 minutes. Entre les escarpins à enlever, moi qui essaye de ne pas tomber ou tituber avec la blonde, les lampadaires qui s'éteignent sans raison sûrement dû à un problème d'électricité ; je me suis dit qu'heureusement j'aime un minimum Eden. Parce que je ne suis pas sûre que quelqu'un aurait aidé sa mère comme je le fais dans ce club. Ou du moins, pas avec une bonne intention derrière.
L'avantage c'est qu'Eden a été un peu plus bavarde que durant la soirée, rembarrant sa mère quand elle était reprochée d'avoir fait fuir des beaux hommes, mais aussi quand celle-ci tente de me faire des avances. Non pas que ça ne me plait pas, mais bon, elle a 20 ans de plus que moi et je sors avec sa fille. Et puis les mini-jupes je ne suis pas très fan, je reconnais.
L'escalier a été l'épreuve la plus difficile et j'ai dû me résigner à porter sa mère qui n'a pas attendu plus longtemps pour caresser mes pectoraux. Alors une fois dans l'entrée, je l'ai directement reposé et ai demandé qu'elle arrête ça.
- Vous savez quoi ? Demande-t-elle en essayant de tenir debout, stoppant Eden dans son rangement de sac. Je veux qu'on aille tous manger ensemble demain soir. Mercredi, Eden travaille pas, bonne occasion.
- Maman, ce n'est pas parce que moi je ne travaille pas que ce n'est pas le cas de Gareth.
Stéphanie se recule, posant deux doigts sur ses tempes pour réfléchir. Les yeux revolvers que me lancent Eden me font effacer le sourire que j'ai esquisser face au comique de la situation.
- Oui ! C'est ça que je voulais dire, reprend-elle dans un éclair de génie. Tout à l'heure, j'ai croisé un homme incroyablement sexy, un mec un peu blond foncé et une barbe grr. Mais en fait c'était le patron d'Apollon ! Je lui ai demandé si Apollon pouvait prendre sa soirée, il a fait une grimace mais il m'a dit oui !
- Maman, tu es allé parler à Greyson ? Sans nous en parler ! C'est grave maman, tu n'as pas à t'immiscer dans la vie des gens sans leur consentement ! Combien de fois je vais devoir te le dire ?!
Si nous étions dans un dessin animé, Stéphanie baverait et aurait un œil à l'est et un au nord-ouest tandis qu'Eden sortirait de la fumée de ses oreilles. Très comique dans ma tête mais moins drôle en vrai.
- Écoute Eden, reprend sa mère calmement. Je repars samedi matin, je voulais juste qu'on se retrouve tous ensemble une dernière fois avant mon départ. C'est le seul jour où tu as vraiment le temps et je suis sûre que Gareth fera un compromis pour toi.
- Eden, je me tourne vers elle en lui parlant, elle a raison. Souviens-toi de ce que je t'ai dit. Je ferai des heures supplémentaires mais ça ne me dérange pas de venir.
- Ouiii ! Eden, ma chérie que j'aime de tout mon cœur. Écoute ton homme. En plus j'ai déjà réservé un restaurant chic, je suis sûre que tu vas adorer !
Eden me fixe du regard, sans même prendre la peine de regarder sa mère qui lui parle. Je sens qu'elle hésite profondément mais qu'elle n'ira pas à mon encontre si je lui promets que tout ira bien.
- D'accord, elle cède en soupirant bruyamment. Mais vas au lit maintenant.
Sa mère saute de joie une fois, deux fois, tourbillonne, puis part finalement en sautillant vers la chambre où on l'entend sauter sur le lit.
Eden se dirige vers le canapé et je la suis, la rattrapant pour la prendre dans mes bras.
- Je suis fier de toi, Eden. Merci pour elle d'avoir fait cet effort, je lâche en la serrant fort.
Elle s'écarte un peu de moi et ouvre la bouche pour répondre. Mais je commence à connaître sa tête et son caractère, je plaque ma main sur sa bouche avant qu'elle ne puisse continuer.
- Si tu t'excuses, je te promets que je vais devoir te faire des choses que tu n'es pas prête d'oublier.
Elle rit doucement en dégageant ma main avec la sienne.
- Tu sais que je réfléchis sérieusement à ta proposition ? Me dit-elle en riant doucement sans conviction. Heureusement que ma mère est dans la pièce d'à côté, parce que sinon...
Je l'embrasse sur le front et l'entraîne avec moi sur le canapé. Elle ne parait même pas surprise mais tellement fatiguée qu'on dirait une coquille vide. Posant sa tête au creux de mon épaule, en deux minutes elle sombre dans les bras de Morphée, ses respirations devenant de plus en plus régulières.
Son apaisement joue rapidement sur moi, car c'est rassuré que je m'endors à mon tour, la serrant contre moi pour ne pas qu'elle s'échappe.
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