Chapitre 28
Quel est le bruit d'un lapin déjà ?
Gareth
Comme souvent en ce moment, le lundi soir est vraiment une torture. Les gens ne sont pas au rendez-vous et le temps passe aussi rapidement qu'une course d'escargot. Et je ne parle pas de ceux dans Turbo. J'ai beau compter les verres que je sers et les minutes qui me séparent de la fin du service, j'ai l'impression que 22 heures n'arriveront jamais.
Alors quand je vois Michael s'approcher pour discuter et tuer le temps, c'est vraiment que l'heure est grave. Quand j'y repense, Greyson doit être dans tous ses états. Je sais qu'il est en déplacement mais je sais aussi qu'il sent quand un de ses établissements ne marche pas bien.
- C'est calme, plus calme que lundi dernier, déclare Michael en riant. Pour une fois, je pense que je n'aurai personne à jeter.
Michael est une des personnes que j'apprécie le plus dans ce club. Nous ne sommes pas amis mais c'est un collègue en or qui nous sort bien des galères du quotidien. Il en impose en videur et pourtant il n'est pas très costaud : son presque deux mètres l'aide beaucoup pour être impressionnant. Mais si on compare, le patron est beaucoup plus mastoc derrière son costume 3 pièces à des milliers de dollars. Michael est tellement gentil qu'il n'est pas rare de le voir entourées de femmes qui tentent de le draguer ou lui amène de la nourriture en remerciement de plusieurs services. Monsieur muscle a beau ne pas être très bavard quand il ne connaît pas, les femmes ne peuvent pas passer à côté de ses incroyables yeux verts et sa barbe bien taillée. Ça m'est déjà arrivé de le titiller sur ses beaux yeux et ses taches de rousseurs de beau gosse mais j'ai vite regretté.
- Et moi, je ne servirai pas 50 verres et shots de vodka pour une fois, je ris doucement en lui répondant.
Nous regardons en silence les danseuses pendant que j'essuie les derniers verres qu'il me reste. Elles aussi s'ennuient et ça se voit, dès qu'un client ou une cliente entre, c'est la folie et trois filles sautent dessus pour s'amuser. Les clients sont un peu dépassés mais ne disent rien, heureux d'avoir autant de personnes pour eux tout seul. Mais rien de très amusant car ils finissent vite dans le couloir réservé aux chambres.
- J'ai cru comprendre que tu t'entendais bien avec la petite brune qui traine ici de temps en temps, brise le silence Michael avec sa voix grave. Tu sais, l'amie de Courtney et Harper.
- Oui, Eden, je lui rappelle en me retenant de sourire.
- Oui c'est ça, j'avais un trou. Je ne la connais pas vraiment mais elle a l'air chouette. Et aussi très caractérielle de ce que j'ai entendu et vu.
- Un peu, elle sait ce qu'elle veut on va dire mais c'est un chaton. Elle sort les griffes facilement mais elle est très gentille.
- Je l'ai mise en garde, par rapport à Jason. Je crois qu'elle m'a écouté. Tu m'en dois une, en plus d'avoir dit la vérité je t'ai écarté un adversaire.
Je ris en repensant à la faveur que je dois à cet idiot de Jason. J'ai peur de ce qu'il me demandera même si je suis prêt à mettre ma main à couper que se sera en rapport avec Eden. Pour l'instant, il ne m'en a pas reparlé donc il a peut-être oublié.
- Je ne te dois rien du tout, il n'avait aucune chance de toute façon. Regarde ce fessier d'enfer, je lui dis en me tournant pour illustrer mes propos, personne à part Greyson ne peut l'égaliser. Et sache que les meufs adorent les fesses. C'est une sorte de truc inné, destressant. Un peu comme les nouvelles peluches qu'on voit un peu partout. Celles qui sont toutes molles là.
Michael rit aussi à ma remarque, conscient que je ne dis que la vérité.
Jason n'est pas quelqu'un de très apprécié dans le club. Tous espèrent secrètement qu'il sera licencié. Pas qu'il soit méchant ou inintéressant mais plutôt qu'il a un comportement dérangeant envers les femmes que je ne partage pas. Flirter avec 15 femmes en même temps en leur promettant mariage et amour, pas mon style. Ça ne m'étonne même pas qu'il est tenté avec Eden. Harper et Courtney en ont fait les frais. Résultat : un nez cassé grâce à un magnifique coup de point de John, le mari de l'asiatique, et un coup dans les bijoux de famille de la part de l'hyper-active. Rien que ça.
- En tout cas, reprend Michael en s'asseyant sur un tabouret du bar, je ne t'avais jamais vu avec une femme comme tu es avec elle. Je t'ai vu flirter pour des pourboires mais depuis quelques temps, tu les ignores royalement. Et je ne veux pas te mentir, mais ça m'étonne un peu venant de toi.
- Elle est différente, je déclare simplement. Je ne saurais pas t'expliquer mais du jour au lendemain j'avais envie d'être tout le temps avec elle, savoir tout d'elle et de son univers. C'est un peu comme si le mien avait arrêté de tourner pour elle, ou pour s'aligner avec le sien. Elle veut vivre, elle l'a fait comprendre à tout le monde en arrivant là. Et c'est peut-être ça qu'il me manque, cette liberté dont on m'a privé. Elle m'aide à reprendre goût à tout ça. Et quand j'ai compris ça, je me suis dit ok, on va vivre comme dans un putain de film pendant le temps que nous sommes ensemble.
- Dis donc, Eden quel sort as-tu lancé sur notre Gareth international ? Parce que c'est fort son truc, se moque gentiment le colosse. Mais c'est romantique c'est sûr. Je parie même qu'elle a eu le droit au coup de la moto et tout le tralala.
J'éclate de rire et hochant la tête. Michael aime autant que moi les deux roues, alors nous avons sympathiser naturellement. Il s'y connaît beaucoup plus que moi mais il a pris le temps de m'apprendre quelques trucs, à dépasser la vision de la moto mais voir tout le reste. Je me débrouille plutôt bien maintenant en mécanique grâce à lui.
- En même temps, qui ne craquerait pas pour ma moto, sincèrement ? Je réplique en riant. La tienne est plus impressionnante mais t'inquiète, je suis sûre qu'un jour tu trouveras ta perle rare.
Michael ouvre la bouche pour me répondre mais un bruit de verre brisé sur le sol le coupe dans ses paroles. Deux hommes commencent à crier dans la salle presque vide, s'insultant de tous les noms. Les danseuses s'écartent rapidement, mains sur les hanches, la mine énervée.
- J'ai perdu mon pari, soupire Michael en se levant du tabouret. Ce n'est pas pour aujourd'hui que les hommes apprendront à être moins cons.
***
Je me dépêche d'enfiler ma veste de moto, hâte de retrouver Eden chez elle. Après cette bagarre un peu nulle, je n'ai servi aucun autre verre ce qui n'a fait qu'accroître mon ennui. Je n'ai jamais fait autant de ménage de comptoir de ma vie ! Alors quand 22 heures ont approché, je me suis précipité de partir, abandonnant mes collègues à leur triste sort. J'en profite pour envoyer un texto à Eden lui disant que je pars du club donc je vais être là rapidement.
J'enfile rapidement mon casque, démarre la moto et m'élance dans la nuit en direction de l'appartement.
Quand j'arrive devant chez elle, Eden n'est pas encore descendue. J'en profite pour enfiler une chemise propre que j'ai emmené pour être le plus présentable possible. Elle descend au même moment, rangeant son téléphone dans son petit sac. Quand elle relève la tête, je lui souris. Ses yeux descendent sur mon abdomen nu, faisant rougir ses grosses joues. Je mets fin à son moment de gêne en fermant ma chemise rapidement tout en m'approchant d'elle pour l'embrasser. Je pourrais passer ma vie à embrasser ses lèvres roses.
- Hop, demi-tour, je lui dis en la retournant vers la porte.
- Hein ? Mais non, ma mère est en haut. On ne va pas passer la soirée à l'appartement !
Je lève la tête et effectivement, sa mère nous observe du deuxième étage, le nez presque collé à la vitre.
On dirait un cochon déguisé en Barbie...
- Non, ne t'inquiète pas. Je veux juste que tu mettes la plus belle tenue que tu as. C'est une surprise.
Elle s'arrête deux secondes le temps d'observer sa tenue basique.
- Tu es très belle comme ça, agapi mou, mais je veux que tu sois mieux habillée pour ma surprise.
Elle râle un peu avant de me suivre finalement dans l'escalier. Je dois reconnaître que ce petit pantalon orange lui va parfaitement bien — ses fesses sont magnifiquement bien misent en valeur— mais je veux que ça soit incroyable ce soir.
Quand nous arrivons dans l'appartement, sa mère s'écarte de la fenêtre pleine de buée pour me saluer. Elle se retient de me sauter dans les bras, et essuie la vitre pleine de buée, l'air de rien.
- Ce n'est pas ce que vous croyez ! Il y avait une tache sur ta vitre et...
Eden la coupe sans scrupule en soupirant très fort tout en partant vers sa chambre, me laissant seul avec une Steph plus calme qu'hier. Cette fois, elle a abandonné sa mini-jupe pour mettre un tutu bleu et un bandeau jaune en guise de haut. Ce que je remarque, ce sont ses oreilles de lapins qui encadrent sa chevelure blonde. Niveau style, je dois dire que je comprends d'où vient certains goûts d'Eden. Mais ce qui me surprends, c'est que ça n'a rien à voir avec ce que j'ai déjà pu voir.
Ah ! Elle a les talons aiguilles, je retire tout !
- Tu emmènes où ma fille, Apollon ? Me demande Stéphanie en allant s'assoir dans le canapé.
- C'est une surprise, je lui explique poliment.
- Fais gaffe à ma petite fille, j'ai des griffes.
Sa mise en garde ne me fait pas peur le moins du monde mais ça me rassure de voir qu'elle fait attention à sa fille.
- Et une queue.
Elle me montre une queue en fourrure qu'elle sort de sous sa jupe. Je ne sais pas quoi répondre et bégaye en demandant à Eden de se dépêcher. Et dire pendant quelques secondes que j'ai cru voir une mère tout ce qu'il y a de plus normal...
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