Chapitre 23
Tu connais la blague à deux balles ? Pan-Pan !
Nous nous dirigeons vers un des bars, Courtney et Harper totalement hilares. Elles n'arrivent pas à se remettre de mon soi-disant « discours de bad-girl » que j'ai sorti à Gareth. Mais je ne regrette rien, il le méritait. Il n'est personne pour dire ce qui est bien pour moi ou non, surtout après m'avoir abandonnée pendant une semaine. Mais je n'oublie pas ce que les filles et Greyson m'ont fait, c'était un coup bas qui méritera plus d'explications. Pour l'instant, j'ai juste envie de ne pas y penser et de continuer de profiter de ma soirée.
- On est fière de toi en tout, me confie Courtney pendant qu'Harper commande trois verres. Il le méritait, tu peux te défendre seule ! Girl power ! En plus, le show était un franc succès. Tu t'es donnée à fond et je pense qu'on n'aura que des bons retours.
- Je suis d'accord, intervient Harper en nous donnant nos verres de ce qui ressemble à de la bière.
- Merci les filles, c'est gentil de votre part mais Gareth n'avait pas tort sur pleins de points pour autant. Je maintiens que c'était très vicieux et j'attendais plus de franchise de votre part. Je ne vous en veux pas trop, mais je déteste les coups bas.
Elles ne disent rien, sirotant le liquide brun en baissant la tête. Harper est rouge comme une pivoine ce qui fait ressortir ses taches de rousseurs sur son nez. Courtney a beau ne pas rougir, ses yeux me fuient, ce qui en dit long.
- Tu sais, ne t'attends pas trop à ce qu'il vienne tout à l'heure...tente de changer de sujet la belle rousse.
- Harper, sincèrement, je m'en contre fiche ! Qu'il vienne ou non, ça ne change rien, je déclare sèchement. Mais toi ma puce, arrête de changer de sujet tu veux bien ? Je ne veux pas perdre mon temps ici, vivre ce que j'ai à vivre et basta. Alors des mecs macho et des amies qui n'en sont pas, trop peu pour moi !
Harper donne son verre à Courtney, faisant mine de verser des larmes. Ses talents d'actrices l'arrachent un sourire mais je me retiens de rire, je suis censée faire l'amie énervée.
- Qu'est-ce que c'est beau ce que tu dis ! S'exclame-t-elle en les séchant. Ma copine est trop forte ! Regardez cette femme, crie-t-elle en faisant tourner des têtes, je vais l'avoir dans mon lit à moi toute seule ce soir ! Soyez jaloux !
Courtney se remet à rire de plus belle devant le sketch de Harper et je finis par céder à mon tour devant le ridicule de la situation.
***
Le deuxième show a fait tout autant de ravis que le premier lorsque nous nous sommes trémoussées, plus tard dans la soirée. Courtney a eu un gâteau d'anniversaire rose fluo et des dizaines bougies à souffler. J'ai été étonnée de la voir recevoir quelques cadeaux d'habitués du club allant du nouveau string à la console de jeu pour son fils. Décidément, les gens qui fréquentent cet endroit ont l'air d'être aussi à l'aise financièrement que Greyson. Après tout, ils font ce qui veulent de leur argent même si c'est offrir des vêtements sexy à des milliers de dollars.
23 heures déjà, je me dirige vers l'extérieur pour attendre Gareth, du moins s'il daigne venir. Je passe par le long couloir de graffitis que j'adore quand je croise Jason, allant à mon opposé. Il est partout ce mec, c'est ouf.
- Eden ! S'exclame-t-il en ouvrant les bras. Je t'ai attendue tu sais, toute la soirée ! Mais tu ne t'es jamais pointée. J'ai même changé de bar plusieurs fois mais tu étais introuvable.
- Excuse-moi Jason, j'étais tout le temps avec les filles et le temps est passé trop vite, lui dis-je en esquivant son étreinte.
- Ne t'inquiète pas princesse, je ne t'en veux qu'un peu. Pour la peine tu me dois bien un petit resto ? Toi, moi, du vin français, et plus si affinité.
Déjà, quelle est cette manie de m'appeler princesse à tout bout de champs ? Et le culot qu'il a ? J'hallucine. « Et plus si affinité », beurk. On dirait la disquette d'un vieux pervers.
- Désolé poupée, intervient une voix grave derrière moi, mais si tu veux un resto avec elle, ce sera aussi avec moi. Et plus si affinité... Mais je te préviens, je ne me mets pas à genoux.
La voix pose sa main sur mon épaule avec douceur. Quand je me retourne, Michael fait face à Jason qui se ratatine sur lui-même, ses yeux bleus devenus sombres.
- Sorry KingKong, les barbes et les pénis ce n'est pas trop mon truc, se justifie Jason pâle comme la neige. On se capte un de ces jours, princesse.
Il disparaît plus vite qu'un éclair après un dernier salut militaire dans ma direction. Michael me lâche et s'avance pour me parler face à face. Sa carrure est impressionnante mais la main qu'il a posée sur mon épaule était si bienveillante qu'il me parait tout de suite plus abordable.
- Méfie-toi de lui, des Jason en général d'ailleurs, commence « KingKong ». Mais surtout de lui, sous ses allures de Dieu surfeur se cache quelqu'un de plus dangereux que tu ne le crois. Tu n'es pas la première depuis le début de la soirée à qui il fait ce genre d'avances douteuses. Alors méfie-toi d'accord ? Non pas que je ne veux pas le mettre dehors, ça me démange de le sortir par la peau du cul. Mais il y a quelque chose qui m'en empêche : il bosse ici. J'ai hâte que Greyson le dégage.
J'hoche la tête, et aussi vite que Jason, il disparaît pour reprendre son poste je ne sais où. Décidément, drôle de soirée jusqu'au bout. Il faudra que je pense à le remercier avec des gâteaux, si ses doutes s'avèrent réels et confirmés.
***
Dehors, un groupe fume tranquillement, recrachant des nuages toxiques dans le ciel étoilé. Tous discutent entre eux, se passant de mains en mains des substances dont je ne toucherai jamais et débattant sur les meilleures danseuses de la soirée. Si un jour on m'avait dit que j'entendrais un débat sur la plus belle paire de sein, je n'y aurais pas cru.
J'attends 15 minutes, un peu plus loin pour éviter qu'on ne m'aborde ou que j'inhale de la drogue passivement, sans que Gareth ne passe la porte. Hors de question que j'attende une minute de plus, j'ai déjà perdu trop de temps à ses côtés comme ça. Je traverse la route, direction mon appartement quand quelqu'un crie mon nom. Assez surprise que Gareth arrive quand même, je m'arrête. Bah dis-donc, l'univers fait vraiment tout pour que je reste avec lui.
- Excuse-moi Eden, commence-t-il essoufflé. Tu m'as dit 23h fin de mon service mais je finissais à une heure. J'ai dû m'arranger avec ce con de Jason pour qu'il prenne ma place. Mais j'ai quand même dû servir mes dernières commandes, après il y a eu une bagarre et...
- Respire Gareth, je l'interromps en soupirant, j'aurais juste pu mourir 100 fois seule, dehors, en t'attendant mais ce n'est pas grave.
- Non, jamais, les videurs auraient tué la personne avant. Et j'aurais débarqué pile poil au bon moment comme un super-héros.
- La dernière fois quand tu m'as fait peur ? Il n'y avait aucun videur pour me sauver si tu avais décidé de me kidnapper. Tu n'étais pas le super-héros, mais le méchant.
- Touché.
- Coulé.
Il ne dit plus rien, et moi non plus. Seuls les rires des passants résonnent dans la nuit. Toutes les étoiles brillent plus fort les unes que les autres, comme si des milliers de paillettes blanches éclairaient le ciel.
- Je voulais te présenter mes excuses, reprend Gareth en se frottant la nuque nerveusement. Mes vraies excuses cette fois. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, je n'avais aucun droit de te dire sur quoi faire pour te défendre ou autre. C'est sorti tout seul, je ne te souhaite pas de rejoindre cet endroit, ça te colle à la peau après. J'ai perdu mon sang-froid comme un adolescent qui ne contrôle pas ses émotions, c'était totalement idiot et irrespectueux.
- Je te remercie pour tes excuses et que tu t'inquiètes pour moi, je commence. Mais ça ne change en rien au fait que ma vie ne te regarde pas ! Je suis grande — façon de parler —, majeure, vaccinée, apte à prendre mes propres décisions, à faire mes propres erreurs et à les corriger au besoin. Donc je suis désolée, mais t'entendre dire tout ça, ça me choque plus qu'autre chose. Je ne sais pas si tu es sincère, mais je commence à en avoir marre des hommes que je rencontre ici, qui pensent pouvoir me manipuler ou pensent que je suis une petite fille en détresse. Je ne vous ai rien demandé, merde ! On n'est pas dans un livre ou dans un putain de film. C'est la réalité, et la réalité c'est que je suis maîtresse de ma propre vie.
Il y eu un gros blanc. Le genre de blanc qui fait mal, qui est gênant et vous fait mal au ventre. Le genre de blanc où tu es mal à l'aise, tu as l'impression d'avoir fait quelque chose de mal. Le genre qui ne fait raisonner que le bruit de nos respirations et celui de notre cœur. Toudoum. Toudoum.
- Laisse-moi faire quelque chose pour te montrer que je suis sincère, il propose finalement. Allons quelque part, un endroit plus calme.
J'hésite quelques instants. Je sais que je vais lui dire oui, mais juste le faire poireauter quelques secondes me fait un bien fou.
- D'accord, à une seule condition, je le préviens tout sourire.
- Je t'écoute, dites-moi tout baby.
- Je veux que tu me fasses découvrir un nouvel endroit, où l'on n'a jamais été et qui ne ressemble en rien à ce qu'on a déjà pu voir.
Il hoche la tête en affichant un grand sourire.
- Je sais parfaitement où t'emmener pour me faire pardonner, suis-moi et monte sur ma moto, c'est moi qui pilote !
- Ce n'est pas plutôt un truc en lien avec une culotte la vraie phrase ?
- Si, mais je ne voulais pas te faire peur en disant ça.
Il me prend la main et m'entraîne à ses côtés vers le parking où se trouve le fameux bolide auquel il tient temps.
Baisse ta culotte, c'est moi qui pilote !
***
Nous n'allons pas très vite mais le vent sur ma peau me fait toujours un drôle d'effet. Ma tresse vole dans tous les sens, limitées dans ses mouvements par le casque que je porte. Cette fois, j'ai relevé la visière pour mieux ressentir notre escapade. Il faudra vraiment que je pense un jour à prendre un casque pour moi ou Gareth en plus du sien. Je me sens un peu mal de le mettre en danger comme ça en lui prenant le sien. Mais je sais pertinemment qu'il n'acceptera jamais que je l'enlève.
Nous roulons dans les rues désertes, passant de quartiers en quartiers, tous inconnus. Plus nous nous éloignons du club, plus les maisons s'étalent, laissant apparaître de beaux jardins fleuris et des parcs pour enfants plongés dans l'obscurité. D'ici, je serais incapable de retrouver ma route pour rentrer à l'appartement. Et même si c'était le cas, nous sommes tellement éloignés du centre ville qu'il me faudrait 3 bonnes heures de marche si ce n'est pas plus.
Quand Gareth ralentit, la rue est assez mignonne avec des maisons plus anciennes que ce que j'ai pu voir près de la plage. Elles sont pour la plupart en pierre, avec des volets de couleurs vives et une toiture en pente. Pendant un court instant, j'ai l'impression d'être en France avec ces vieilles bâtisses qui ressemblent à des maisons de campagnes. Mais le bitume et les grandes allées typiques américaines enlèvent un certain charme à l'ancien. En plus, je suis sûre que vu du ciel, le quartier est une sorte de carré ou rectangle, sans impasses et ronds-points. Nous ne sommes certainement pas en France.
Gareth s'arrête devant un logis en pierre grises et fenêtres bleu turquoise qu'on distingue grâce aux lampadaires projetant une lumière jaunâtre. La maison n'est pas très grande, assez pour une personne ou un couple mais je ne vois pas comment plusieurs chambres pourraient y tenir. L'allée est toute bitumée, avec une petite partie de verdure parfaitement tondue — je suis sûre que le propriétaire la tond au ciseau. Un gros drapeau américain fièrement dressé près de la porte d'entrée semble nous souhaiter la bienvenue. Seulement, il semble tout raplapla sans le vent qui le ferait se mouvoir.
Au final, toutes les autres maisons se ressemblent quand on y fait attention. C'est à la fois joli, et en même temps extrêmement bizarre comme assortiment. Je me demande ce que l'architecte de ce quartier a voulu faire...
Gareth éteint le moteur signe que je dois descendre de la moto pour qu'il puisse le faire à son tour. J'enlève mon casque pesant une tonne et le tend à Gareth pour qu'il puisse le ranger. Celui-ci ne le prend pas de suite mais ouvre grand ses bras au dessus de lui avant de s'exclamer :
- Bienvenue chez moi !
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