Chapitre 16
Tenez-vous bien les Spice Girls, une stripteaseuse et une française, ça fait des étincelles !
La musique bât dans la grande maison, faisant trembler les murs, tandis que je me fraie un chemin entre les corps en sueurs. La « petite » fête s'annonce bien plus grosse que prévu on dirait. Je ne suis pas énervée contre Gareth pour m'avoir menti à ce sujet, mais un peu contrariée. L'alcool a l'air abandonnant et je suis presque sûre d'avoir vu des gens fumer des joints à l'entrée. Au moins, ma petite taille me permet au moins de zigzaguer entre les gens mais m'empêche de me repérer. J'avance à l'aveugle, espérant trouver quelqu'un que je connais à force d'avancer dans la marée humaine.
Les filles m'ont abandonné en entrant dans la maison sans même m'indiquer où aller. En vérité, je pense qu'elles-mêmes ne connaissent pas cette maison mais sont bien plus habituée que moi à ce genre de fête. Et rien ne peut en démontrer l'inverse : des étudiants partout, aucun signe d'une personne plus âgée que 30 ans hormis Greyson que je remarque à quelques gens d'écart. Malgré sa danse plutôt chaotique et Harper qui se trémousse contre lui, sa chemise est toujours impeccable. Il faudra vraiment que je pense à lui demander la marque de son déodorant, je suis sûre d'avoir déjà des auréoles. Leur danse est tellement torride que je n'ose même pas les approcher pour les déranger — c'est eux qui doivent me faire suer en fait.
J'ai beau essayer de reconnaître des visages, plus je m'enfonce et plus les inconnus deviennent pressants et gênants. J'essaye tant bien que mal de refuser quelques invitations à danser mais ça devient de plus en plus difficile. Les hommes et femmes se pressent contre mon petit corps, frottant n'importe quelles parties à n'importe quels endroits.
Quand d'un coup, j'entends un marmonnement chaud près de mon oreille qui me fait sursauter. Je suis prête à repousser la personne une énième fois mais il s'agit de Gareth, qui me contemple en riant de toute sa hauteur. Il est tellement grand que lui a sûrement pu me repérer dans la foule.
Je lui souris quand même en le saluant. Mon prince charmant est venu à ma rescousse !
Bruce, tu es définitivement remplacé.
Hein ? Qu'est-ce que je viens de dire ? Prince de rien du tout oui, oubliez.
- Tu veux que je te serve quelque chose ? Me demande-t-il en me montrant le verre qu'il tient à la main.
- Oui je veux bien, sers-moi ce que tu veux je m'en fiche. Mais pas quelque chose de trop fort, j'ai encore des séquelles de hier soir.
- D'accord, attends-moi à trois personnes derrière toi.
Je ne comprends pas trop ce qu'il vient de me dire mais je me retourne et remarque un canapé à une échelle de trois corps dansants plus loin de notre position. Gareth ayant disparu, je ne me fais pas prier et fonce prendre une place sur le canapé étonnement vide. Il aurait simplement pu me dire « On se rejoint au canapé », ça aurait été moins bizarre.
La plupart des gens dansent et très peu discutent dans cet endroit de la pièce plutôt respirable. La baie vitrée donne sur un immense jardin avec piscine où la fête se poursuit en sauts, acrobaties, et moments torrides dans la flotte. Même avec toute la volonté du monde, je ne suis pas sûre d'avoir les moyens de m'offrir cet endroit un jour ni d'organiser une fête de cette ampleur. Qui a autant d'amis ?
Il ne faut pas plus de temps pour que Gareth émerge de la foule et me rejoigne. Comme d'habitude, il n'a pas vraiment fait d'effort sur sa tenue. Ça change des jours où il travaille en chemise noire mais bon, un t-shirt noir...
Il me tend un gobelet rempli d'un liquide qui ressemble à de la bière.
- Promis je n'ai rien mis dans ton verre, il me devance. Je me doute que tu y as pensé mais j'ai fait attention aux autres invités, et moi... Tu devras juste me faire confiance. En tant que barman, je suis assez vigilant sur cette pratique inadmissible.
Pour toute réponse je lui souris et porte le verre à mes lèvres. Le liquide piquant coule dans ma gorge et je me rends compte que toute cette chaleur m'a donné soif.
Effectivement, j'allais penser au fait qu'il avait peut-être mis quelque chose dans mon verre mais je me dis que s'il avait voulu le faire il l'aurait fait la dernière fois quand nous n'étions que deux, sans Grey et les filles. Et puis, un barman qui fait ce genre de chose... Si j'en payais les frais, il serait viré avec Grey aussi sec.
- Honnêtement, commence-t-il sans me regarder, je ne pensais pas que tu viendrais.
- Je ne serais peut-être pas venue si j'avais su que ça serait une aussi grosse fête. Je ne suis pas trop remise de l'autre soirée.
- Je suis désolé, je n'étais pas au courant. J'ai été aussi surpris que toi. Tu sais, Greyson n'a pas la même notion que nous quand il s'agit de « petites » fêtes.
J'éclate de rire en le voyant se gratter la nuque, mal à l'aise par son demi-mensonge. En effet, le soir-même il m'a envoyé les instructions pour cette fête, ainsi que la mention de « petite » fête. Je me doute qu'il a fait confiance à Greyson mais ce n'est pas de sa faute s'il m'a menti. Ce n'était pas volontaire en tout cas.
- Je rigole Gareth, ça ne me dérange pas. Crois-moi, en France c'est certes un tout autre style mais on est habitué aux fêtes, je le rassure. Et beaucoup plus alcoolisés que ça ! Le seul truc qui me met mal à l'aise, c'est cette proximité et toute cette drogue... Je ne suis pas habituée.
Il rit avec moi et nous continuons de parler de tout et de rien jusqu'à ce que Courtney vienne nous voir. Quand elles sont passées chez moi pour me conduire à la fête, j'ai trouvé hallucinant leurs tenues. Toutes de paillettes vêtues, elles ont décidé de mettre la même robe très courte avec un dos nu incroyable. Courtney a opté pour une bleu nuit qui lui donne un air très classe et sérieux tandis qu'Harper a choisi une rouge sang très à son image. A côté, je fais un peu tache avec mon jean en patchworks multicolores et mon croc top jaune — je l'ai juste choisi pour le petit soleil brodé entre les seins, il est trop mignon. En fait, je n'ai pas vraiment changé de style que tous les jours. Mais ce n'est pas grave, l'important c'est que ça me plaise avant tout.
- Coucou mes chats, elle nous dit, je dois déjà y aller, un souci avec le petit. Rien de très grave mais profitez de la soirée pour moi !
- Oh tu as un enfant ?
Cette question est sortie de ma bouche sans que je ne puisse la retenir. J'ai beau adorer les filles, je sais très bien qu'elles ne connaissent rien de ma vie et elles de la mienne. Je sais que le temps fera les choses mais jamais je n'aurais imaginé qu'elle a un enfant. Est-ce que Harper en a un aussi ? Je ne pense pas, elle est très jeune quand même.
- Oui ! Et un mari tout ce qu'il y'a de plus merveilleux sur cette Terre, me répond-elle un grand sourire aux lèvres.
Elle nous salue une dernière fois en nous faisant des gros câlins puis disparaît entre la foule pour atteindre la porte de sortie avec une rapidité folle ! Et moi qui a bataillé au milieu des corps puants pendant 10 minutes...
- Bon, il y'a du monde et j'ai cru comprendre que ce n'étais pas ton fort, reprend Gareth en se levant. On va aller dans le jardin si tu veux, avec un peu de chance on trouvera un endroit respirable.
J'acquiesce et me lève à mon tour pour le suivre. Le jardin n'étant qu'à quelques mètres, je ne me perds pas dans la foule. L'air frais de la nuit me fait frissonner mais me fait aussi un bien fou ! Je ne me rendais pas compte de la fournaise avant de sortir.
Il y'a plus de monde que tout à l'heure, discutant ou fumant je ne sais quoi. La musique s'entend si fort que je m'étonne de ne pas voir la police débarquer pour tapage nocturne.
Comme s'il avait lu dans mes pensées, Gareth me dit :
- Les voisins sont du genre fêtard aussi dans ce coin de la ville. Si l'un déclenche une guerre de bruit l'autre répliquera et ainsi de suite. Personne ne balance personne ici. C'est une sorte d'accord entre les riches.
- Tu vas me faire peur à force de lire dans mes pensées, j'espère que tu ne me fais pas un remake de Men in Black parce que je ne suis pas prête pour les extraterrestres !
Il y eu un petit moment d'incompréhension dans son regard avant qu'il n'explose de rire. J'avoue que même moi je trouve ça drôle ce que je viens de dire. Je suis trop rigolote comme meuf en fait.
Nous n'avons pas plus de temps tous les deux qu'une Harper déchaînée me saute dans les bras en me disant que je lui ai manquée, suivi de près par un Greyson décoiffé et presque torse nu. Sa chemise si bien repassée n'est plus ce qu'elle était !
- Olala ma Eden, commence Harper en desserrant sa prise, tu aurais dû venir danser avec nous ! On a inventé des chorégraphies de malade avec d'autres filles ! J'ai même failli convaincre Greyson de nous suivre.
Elle jette un regard à droite et à gauche avant de reprendre.
- Il semble que Courtney soit partie. Dommage, on s'amusait bien mais John ce cochon n'attend pas.
- John ? Je relève sans faire exprès.
- Oui, son mari, m'explique Gareth qui se mure dans le silence depuis quelques minutes. Il est adorable, la personne la plus gentille que je connaisse mais se chamaillent souvent avec miss casse-pieds ici présente.
Pour toute réponse, Harper lève les deux mains en l'air et tourne sur elle-même en riant comme si elle voulait se transformer en Winx.
- Et fière de l'être qui plus est !
Tout le monde se met à rire sauf Greyson qui relève que Courtney ne les a pas prévenus quand elle est partie. J'ai à peine le temps d'ouvrir la bouche que Gareth réplique pour défendre la concernée.
- Vu comment vous dansiez, je pense que vous ne l'auriez même pas entendu ! C'est vous les cochons, oui...
Une minute de silence, une Harper rouge pivoine, un Greyson ahuri et moi qui me retiens de rire, la scène est comique mais c'est Harper qui rompt le silence en toussant pour évacuer sa gêne.
- Vous, vous venez danser maintenant ! Et pas de négociations !
Comme prévu, Gareth décline et Greyson l'embête pour qu'il vienne avec. Moi ? Je n'ai pas le choix. Harper m'attrape la main et m'entraîne dans la foule de corps dégoulinants. Et pour une fois, je me détends et me prête à son jeu.
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