Chapitre 14
Edward, est-ce toi ??
Il m'entraîne un peu plus loin, où se trouve un petite cour-parking que je n'avais jamais repéré. Au milieu, une seule gigantesque moto s'y trouve. Ce n'est que quand Gareth se dirige vers elle que je comprends que c'est la sienne.
Logique nounouille, il n'allait pas t'emmener là pour rien !
Il me tend un gros casque à visière, son petit sourire en coin toujours présent. Je secoue la tête en repoussant le casque.
- Non, non, non, je regrette mais je ne monte pas sur cet engin de la mort, je déclare totalement pétrifiée.
- Tu ne risques rien, je n'irai pas vite tu sais ?
Il essaye de me rassurer mais ce n'est pas vraiment le cas. Il prend le temps d'éteindre la cigarette qu'il fumait avant de poursuivre. Je n'avais même pas vu qu'il en a allumé une.
- Pourquoi tu es venue ici Eden ? Pour vivre non ? Me demande-t-il.
J'hoche doucement la tête, comprenant où il veut en venir. Il veut que je lui fasse confiance. C'est vrai que je suis venue ici pour découvrir des choses mais de là à monter sur une moto ? Je ne sais pas si c'est raisonnable. J'ai vu tellement de reportage d'accidents où les motos finissent en charpies, les conducteurs qui volent à des centaines de mètres comme des poupées de chiffon. J'ai rarement peur. Je n'ai pas peur. Je trouve juste bête de rouler en deux roues.
- Je te promets de rouler doucement. Il ne peut rien t'arriver si tu te tiens bien à moi, m'affirme-t-il. Je te donne mon casque et ma veste de moto si tu veux. Comme ça, tu seras bien protégée si je fais une sortie de route. Ça n'arrivera pas cela dit.
Je finis par céder et prendre le casque, les doigts tremblants. Il m'aide à le mettre et l'attacher, n'ayant aucune idée de comment le mettre. C'est plus lourd que ça en à l'air mais mon cerveau est conforté en se disant plus c'est lourd, plus ça protège. Il me tend aussi une grosse veste en cuir que j'enfile : on dirait un clown dans ces vêtements larges ou un enfant qui utilise les vêtements de ses parents. Il s'installe et me fait signe de monter derrière lui. Je réussis tant bien que mal, gênée de cette proximité forcée. La route est très proche, trop proche de nous. Si nous penchons trop, mes genoux seront réduits en cendres.
J'essaye de ne pas penser aux millions de façons de mourir, en vain.
- Tu ne mets pas de casque toi ? Je lui demande un peu étonnée et inquiète pour sa sécurité.
- Tu as le mien princesse, je préfère que ta petite tête soit en sécurité. Ça serait dommage de défigurer Gollum.
Sa réponse ne me plait pas mais je suis obligée de me contenter de ça. Et puis, s'il roule doucement, il ne peut rien lui arriver de grave, si ?
Il démarre le moteur ce qui me fait sursauter. Le bruit est carrément plus impressionnant que l'engin lui-même. On se croirait dans une course automobile.
- Accroche-toi bien à moi d'accord ?
Je passe mes bras hésitant autour de sa taille et me tient à lui en essayant de toucher son corps le moins possible. Mais cela ne semble pas lui convenir car il les replace, de sorte à ce que je sois plaquée contre son dos, les mains fermement collées contre ses abdominaux.
Comme je le sais ? Rien qu'à travers de sa chemise, je sens les fameuses tablettes de chocolats bien formées.
Miam, du chocolat.
Les deux secondes suivantes, il enlève la béquille qui tenait la moto, et s'élance dans la rue doucement. S'il me parlait avec ce bruit, je ne suis pas sûre que j'entendrais. Je me concentre sur le chocolat pour ne pas penser aux tremblements qui parcourent mon corps.
***
Le rugissement de la moto et la vitesse me terrifient mais j'essaye de rester digne. Être si proche du sol avec cette rapidité c'est comme aller sonner chez la faucheuse et lui proposer directement ton âme comme cadeau d'anniversaire. Je n'arrive pas à sortir ces éléments de ma tête, ils tournent en boucle.
Bizarrement, la proximité qui m'a un peu dérangée au début me convient parfaitement maintenant ; c'est de moi-même que je me suis collée davantage à lui comme si, en cas d'accident, cela serait utile. En vérité, je me demande même comment il peut respirer avec mes bras qui lui compriment le ventre. Mais sentir que je suis agrippée à lui me rassure quand même.
J'essaye de me détendre un peu tandis que je m'habitue aux à-coups, aux bosses et au vent qui paraît bien trop fort. Comme mes bras reposent sur Gareth, j'essaye de caler ma respiration sur la sienne ; il est si calme !
Comme promis, il ne roule pas aussi vite qu'il ne le devrait et essaye d'être le plus doux possible quand il tourne ou ralenti brusquement. Je l'imagine bien rire seul en sentant ma position de bébé constipé derrière lui, sans aucune classe, alors qu'il doit ressembler à un dieu au volant de son bolide.
Quand j'essaye de me changer les idées, je me rends compte que je n'ai pas vraiment réfléchi à le suivre et c'est assez dangereux. C'est vrai, qui me dit que ce n'est pas un violeur ou un dangereux psychopathe qui va me couper en 6 morceaux ? J'ai peur de rentrer à 5 minutes de chez moi seule mais par contre monter sur la moto d'un quasi inconnu je fonce ! Je commence à croire que je n'ai aucun instinct de survie en ce qui concerne...tout en fait. Que ce soit en matière de gens, d'action, ou même de film ! J'ai failli m'étouffer avec un pop-corn devant The Vampire Diaries, Stephan aura ma peau... La seule chose où j'espère exceller, c'est lors d'une invasion de zombis : j'ai tellement regardé de séries sur ce sujet qu'il est hors de question de mourir en première.
Mais en réalité, je pense surtout que je n'ai pas envie d'avoir cet instinct. J'ai passé ma vie à me remettre en question, à faire attention à tout le monde et et à me plier aux décisions qui sont prises pour moi. Alors maintenant je veux prendre ma vie en main. Ils ne sont personnes pour me dire ce qui est dangereux ou non, ce que je dois faire ou non. Et au moins, si je meurs, ce sera aux mains d'un appétissant mâle barman-motard-lunatique.
***
Au bout d'un quart d'heure, la moto ralentit jusqu'à s'arrêter complètement. Quand je relève la tête du dos de Gareth, je remarque qu'un lac se trouve à quelques mètres, reflétant la lune dans ses eaux. De grands arbres décorés de lanternes lumineuses bordent les rives et entourant les chemins de promenade. Quelques lanternes sont aussi suspendues offrant un spectacle magnifique de fausses lucioles. J'ai totalement l'impression d'être dans La princesse et la grenouille, au fin fond du Bayou.
Je descends tant bien que mal la première, suivit de près par Gareth qui descend avec beaucoup plus de facilité. Le pire, c'est qu'il le sait et que son petit air supérieur me fait me sentir ridicule. Je sais qu'il le fait exprès pour m'embêter, mais je ne peux pas m'empêcher de rougir de honte sous mon casque. Il m'aide à l'enlever tandis que j'enlève sa grosse veste pour lui rendre.
Enfin j'ai l'impression de respirer ! Sous ces kilos de vêtements, je me sentais prise au piège.
- Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Je demande en observant tout autour de moi.
Ce que j'ai vu à travers la visière du casque est bien réel. Les couleurs sont encore plus belles quand on les regarde de nos propres yeux. Quelques couples et groupes d'amis se promènent, brisant le silence par des rires ou discussions mouvementées. Je suis étonnée de voir autant de monde à cette heure plus que tardive ; ce n'est pas tous les jours que les Américains prolongent leur soirée aussi tard.
- Enfin, je veux dire, c'est magnifique ! Mais on ne m'a jamais parlé d'un tel endroit.
- Pourtant c'est un lieu assez fréquenté, surtout la nuit, il me répond en mettant sa veste noire. Mais comme tu es assez nouvelle ici, j'avoue avoir voulu te surprendre. Les gens aiment bien se retrouver ici pour discuter sans devoir aller en boite de nuit ou prolonger la soirée chez quelqu'un.
- Me surprendre ? Pourquoi faire ? Je déclare en riant. Ne crois pas que nous sommes en date. J'ai juste accepté par politesse une discussion d'adulte. Je n'ai pas besoin d'être surprise.
Il lève les mains en riant, symbole de capitulation. Il me fait signe de le suivre tandis qu'il s'avance vers l'un des chemins. Je prends le temps de jeter un coup d'œil à la moto mais oui, elle est bien garée et éteinte. Rien d'anormal jusqu'ici.
Je le suis, tout en observant le fabuleux spectacle. C'est vraiment un lieu unique, toutes ces lumières ! Ça me fait un peu penser au café mais en plus impressionnant. La nature et la nuit apportent un petit truc en plus qu'on ne peut retrouver nulle part. En fait, on dirait presque qu'Anita s'est inspirée de cet endroit pour créer son café de toutes pièces. Les arbres au bois brun me font penser aux tables que ma patronne chérit tant ; les guirlandes lumineuses donnant une impression de centaines d'insectes colorés ressemblent aux lumières pendantes dispersées sur le plafond ; et ce calme, cette chaleur... je ne sais pas comment elle a réussi à retranscrire aussi parfaitement cet univers. J'ai envie de l'appeler directement pour la remercier du cadeau qu'elle fait à tous ces clients en apportant ce lieu dans ses locaux.
Mais la surprise n'en finit pas quand je découvre vers où débouche le chemin : une petite clairière apparaît, avec quelques arbres de temps en temps, reliés entre eux par des guirlandes lumineuses en forme d'étoiles rondes, deux petites cabanes — ou plutôt des bars — regroupent des petits tas de personnes, des tables basses avec des bancs ou des poufs un peu partout réunissent des amis avec un verre. Même dans mes rêves, je ne pensais pas que ce genre d'endroit pourrait exister. Une musique douce se mélange aux gens qui parlent mais pourtant tout semble si calme. Cet endroit est tellement apaisant, chaleureux et convivial.
- Comme je te disais, c'est assez fréquenté mais pas vraiment non plus, déclare Gareth en me sortant de ma rêverie. Il y a trois endroits comme celui-ci, qui bordent le lac. Les gens y viennent en général pour se retrouver et pour le calme reposant du lac. C'est ouvert toute l'année, sauf quand il fait moche. L'été, on peut même se baigner dans le lac mais je te déconseille ; on ne sait pas vraiment comme il est en dessous. J'y ai été une fois avec Grey, quelque chose m'a touché le pied malgré la vase alors je n'irai plus jamais !
- C'est encore plus beau que dans mes rêves, j'avoue avec rêverie.
Même si je l'ignore, le sourire ravi dessiné sur son visage ne m'échappe pas, ce qui a tendance à me faire rougir.
- On va s'assoir ? Il me propose en tendant le bras vers des sièges libres.
Je lui souris et m'avance tandis qu'il fait une courbure ridicule et un « après vous ». Nous nous installons dans de gros poufs colorés en jaune et bleu, disposés près d'un petit jardin de fleurs de toutes les couleurs. A peine posé mes fesses dedans que je m'enfonce presque jusqu'au sol. Je retiens un petit cri de surprise pendant que Gareth explose de rire et se moque ouvertement de moi.
- Bah alors ? On est trop petite et on disparaît dans les poufs ?
J'ai beau lui tirer la langue de toutes mes forces, son hilarité est contagieuse. Les gens se tournent pour nous observer en chuchotant, mais étonnement, je m'en fiche. Rire peut faire du bien parfois, même si c'est pour se moquer de soi.
- Tu veux quelque chose à boire ? Me demande Gareth après avoir essuyer la dernière larme qui perlait dans le coin de son œil. C'est moi qui offre bien sûr, en parfait gentleman.
- Gentleman qui se moque d'une femme ? Hum...intéressant, je déclare en calant une mèche de cheveux derrière mon oreille. Mais j'accepte, ça excusera un minimum ton comportement inadmissible.
- Mes plus plates excuses, Princesse. Je tacherai de me souvenir de ne pas me moquer d'un minimoys.
Et il part en direction des cabanes, le dos bien droit, le torse bombé fier comme un paon. J'avoue que mon regard dévie rapidement sur son magnifique fessier digne des plus grands acteurs. J'ai beau ordonner à mes yeux de regarder autre part, ils ne m'écoutent pas. Si bien que je pourrais vous dire à quelle fréquence il balance une fesse sur l'autre.
En 5 minutes chrono, il revient avec deux bières à la main et m'en tend une. Je le remercie tandis qu'il s'assoit dans le pouf. Mais celui-ci ne manque de renverser sa boisson quand il s'enfonce encore plus profondément que moi dans le siège. Je lui fais remarquer ce qui me vaut un tirage de langue. Dis donc, il apprend vite on dirait.
- Je ne m'attendais vraiment pas à te voir au club tout à l'heure, m'avoue-t-il. Je ne pensais pas que tu resterais vraiment en contact avec les filles.
- Et pourquoi ça ?
C'est vrai que je peux paraître insociable, mais il faut juste me donner un temps. Certes elles sont spéciales, mais je m'entends très bien avec et je ne connais personne d'autre. Je n'ai pas envie d'être seule dans ce pays toute ma vie, il faut commencer quelque part pour connaitre du monde.
- Eh bien, tu as vu comment sont les filles... Je les adore de tout mon cœur mais elles sont vites usantes, il m'explique entre deux gorgées d'alcool. Elles sont très intrusives et ne laissent pas beaucoup de place pour respirer. J'aurais vraiment compris que tu les zappes rapidement ou qu'elles fassent un faux pas qui te fasse fuir.
Je comprends où il veut en venir. En fait ce n'est pas moi le problème. C'est vrai que les filles peuvent être très étouffantes mais elles me font rire, je me suis attachée à elles en très peu de temps. Elles ont le don de tout dédramatiser, de dire ce qui leur passe par la tête directement et de ne pas tourner autour du pot. Si Harper est très spontanée, Courtney est plus réfléchis, ce qui fait de leur duo le meilleur possible.
- Greyson m'a dit qu'il était aussi surpris de me voir au club, je déclare en haussant les épaules. Que vous ne me croyiez ou non, je les aime bien, Harper et Courtney. Je ne les connais pas autant que vous, certes, mais elles me font rire. Et puis, je suis déjà venue une fois. Je ne sais pas pourquoi vous vous étonnez que je revienne.
- D'accord, je comprends. Mais s'il te plait, ne me compare plus jamais avec Greyson. Mais en réalité je ne sais pas trop, tu es très différente des gens qui fréquentent le club. Pas physiquement ou quoi, ne pense pas ça. Je dis que mentalement, tu es différente. Tu ne cherches pas à avoir de sexe, tu n'es pas là pour te bourrer — du moins aujourd'hui n'est pas un bon exemple. Ce que je veux te dire, c'est que quand on t'observe assise face à la scène, tu as des étoiles dans les yeux. Tu vois au-delà de leur nudité. Tu as tes préjugés, c'est normal, mais tu ne cherches pas à les garder absolument. Tu acceptes de changer ta perception des choses.
Je ris tout en lui demandant pourquoi il me dit ça. C'est vrai que j'aime beaucoup voir ces personnes si sûres d'elles sans pour autant vouloir les rejoindre.
- Je ne sais pas. Je pense juste que ça peut être bénéfique pour toi de savoir comment les autres te perçoivent au Milady. Je ne fais pas une généralité, bien sûr, mais voilà.
- Merci en tout cas, ça amène à réfléchir ce que tu me dis. C'est vrai que je ne suis pas là pour aller coucher avec n'importe qui, ou du moins payer pour ça. Je n'ai rien contre ceux qui le font, mais moi je ne le ferai pas. Mais sinon, pourquoi tu ne veux pas être comparé à Greyson ? Il est ton ami pourtant, et plutôt un bel homme qui réussit bien. Beaucoup de gens aimeraient être comparé à lui, je pense.
- Je n'aimerais pas être à sa place. Gérer tout ça... On ne se rend pas compte mais c'est beaucoup de temps et de pression. Et son mode de vie est assez différent du mien aussi, je n'aime pas. Il n'y a rien de très compliqué à comprendre, c'est un homme compliqué.
Je comprends. Il a l'air de ne jamais se reposer, de vivre dans le travail ou en soirée quand il ne travaille pas. Beaucoup aiment ça, mais je ne suis pas sûre que je le supporterais personnellement.
- Bon, assez parlé de mon meilleur ami, s'exclame-t-il en tapant dans ses mains. Comment c'est la France ? Je n'y suis jamais allé.
Je lui souris, et commence à lui parler des paysages, de la culture, de la nourriture, tout en essayant de ne pas parler de ma famille de dingo.
***
La conversation dure assez longtemps, mais l'ambiance et la simplicité de nos échanges ne me font pas remarquer le temps qui passe et l'heure plus que tardive. J'aime que l'on parle de tout et de rien. Nous avons discuté aussi bien de mon pays natal que de la « sorcière » — pour le citer — d'Anita et d'une proposition d'être mon guide personnel dans cette ville. J'ai accepté, car un guide dans cette drôle de patelin ne serait pas de refus. Après avoir fini nos boissons, il m'a proposé d'aller faire le tour du lac, que j'ai accepté.
Les conversations persistent en marchant, entre les USA et les études que je n'ai pas faites. De mon arrivée, des filles... Mais très peu de lui. Même si, au final, nous n'avons pas parler de moi non plus ou de choses qu'il ne sache déjà. Lui comme moi, nous avons instauré une barrière sur nos entourages, d'un commun accord silencieux. J'aimerais beaucoup en apprendre plus sur lui, mais si je ne dis rien sur moi, ça me semble injuste qu'il doive en parler.
- On parle, on parle, mais toi tu n'as pas dit grand-chose à ton sujet mister Bad-Boy, je lui fais remarquer ce qui me vaut son petit sourire en coin.
Pour seule réponse, il me prend la main et m'entraîne vers un groupe de gens dansant près d'un kiosque. J'aurais essayé en tout cas.
Il me fait tournoyer une première fois sur moi-même puis me plaque contre lui — j'ai l'impression d'être à un bal des Bridgerton. J'essaye de me caler sur ses pas, mais la danse n'a jamais été mon point fort. Si je ne lui fais pas perdre un doigt de pied avant la fin, je pourrais me féliciter.
- Ça n'a pas d'importance... il répond doucement en me berçant comme un bébé. La tienne n'a pas d'importance non plus. Vivons juste, non ?
Il n'y a pas de groupe de musique, seulement une grosse enceinte débitant une musique douce, pareille à celle de tout à l'heure. Et moi, je danse avec lui comme une idiote. La fatigue et l'alcool pointant le bout de leur nez une nouvelle fois, je reste là, un pas à droite et l'autre à gauche, fermant les yeux. Les gens tout autour de nous semblent dans le même état, à la fois épuisés mais ne voulant pas quitter cet endroit magique.
Vous voyez les films américains ? J'en suis dans un. Même le kiosque blanc entouré de lierre grimpant me semble surréaliste.
A la fin de la musique, je ne cherche pas à me détacher de Gareth. Être dans ses bras me fait du bien, juste sentir quelqu'un dans mes bras me fait du bien. Et cela me terrifie en même temps. M'attacher à quelqu'un ici, si rapidement, si soudainement, ne me laisse pas beaucoup de portes de sortie si jamais je veux partir. Et le fait qu'il soit un potentiel psychopathe me trotte toujours dans la tête, je le reconnais.
C'est Gareth qui s'écarte de moi en premier, me faisant ressentir un frisson de froid à la perte de son contact. Il m'observe une seconde avant de se mettre à rire. Il ne s'arrête jamais de rire et de sourire une fois qu'il connait quelqu'un !
- Allez princesse, on rentre. Tu commences à ressembler plus à Javotte qu'à Cendrillon, il déclare doucement.
Il garde emprisonnée l'une de mes mains, tout en m'entraînant vers sa moto garée à quelques mètres. Je n'avais pas fait attention que nous sommes si près du parking. En tout cas, je ne vais pas me débattre maintenant car je suis à deux doigts de tomber de fatigue.
***
Le retour se fait en silence. Je ne manque de m'endormir contre son dos mais je lutte pour maintenir les yeux ouverts. J'ai laissé la visière du casque ouverte pour sentir le vent contre ma peau : peut être la seule chose qui arrive à me maintenir éveillée. Et je ne peux pas ignorer le sourire qui tord mes lèvres depuis notre départ. Ma conscience intérieure me crie d'arrêter ça immédiatement. Niaise va.
Il me dépose devant chez moi, et je ne manque pas de le remercier une bonne cinquantaine de fois pour la soirée qu'on vient de passer.
- Merci à toi, je ne sors pas si souvent et je pense qu'il le faudrait, il se confie. N'hésite pas à m'envoyer un texto... Ou de passer demain, on ira sûrement à une soirée chez un ami avec les filles. Je te préviens, si tu refuses, je ne manquerais pas de le leur dire et elles vont t'emmener de force !
Je lui souris, imaginant très bien Harper prendre mes bras tout en criant à Courtney de me prendre les pieds pour m'emmener.
- Je vais y réfléchir, je lui promets.
Il me fait un dernier salut de la main auquel je lui réponds, avant de me retourner pour rentrer dans l'immeuble. Je ne me retourne pas, le bruit du moteur suffit pour que je sache qu'il s'est évaporé dans la nuit.
***
Dix minutes plus tard, je lui envoie un message avec le numéro qu'il a entré dans mon téléphone plus tôt. Je trouve « Ryan Gosling en mieux » dans mes contacts et me retient de rire devant ce nom ridicule. Je lui dis que je veux bien venir, à condition que je ne reste pas trop longtemps, car Rocky le requin ne supportera pas que je m'absente encore longtemps.
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