Chapitre 11
Finalement, tous les barmans sont des bombes atomiques.
C'est pleine de sueur que je réussis à déplacer le dernier carton brun de l'arrière-boutique. Je m'essuie le front le sourire aux lèvres de fierté en observant mon magnifique rangement à la Tetris.
Depuis qu'elle est seule, Anita m'a confié avoir accumulé beaucoup de travail à droite et gauche du café et n'a jamais pris le temps de s'en occuper. Alors tout au long de la semaine, j'ai redoublé d'efforts pour régler ces petites tâches ingrates, il faut dire que réparer une des bibliothèques m'a valu deux échardes et trois bleus ! Mais le plaisir de se rendre utile vaut tous les bleus du monde. Grâce à ce petit coup de pouce, j'évite des douleurs de dos à Anita par-dessus celles qu'elle a déjà. La pauvre tente de me cacher son mal, mais parfois son visage est trop expressif.
Néanmoins, cette semaine est passée plus vite que je ne le pensais. Je n'ai pas eu l'occasion de revoir les filles ou Greyson, bien qu'elles aient pris de mes nouvelles par téléphone. Elles aussi ont un emploi du temps de ministre en plus de leur job ce qui nous a empêché d'organiser notre soirée cinéma. Harper avait d'autres idées de sorties mais...trop sensuel pour moi.
Quant à Gareth, une semaine s'est écoulée depuis qu'il m'a ramené, et une semaine s'est écoulée sans nouvelles. Il ne faut pas croire que j'ai cherché à le contacter, mais c'est vrai qu'au vu du dernier soir...je m'attendais à ce que ma vie se poursuive comme dans un film.
Rends-toi à l'évidence Eden, ton Robert Pattinson n'existe pas ! Aucun vampire sexy et brillant ne viendra t'offrir des fleurs pendant que tu manges des sushis sur ton canapé !
Je soupire en me lavant les mains au savon lilas avant de retourner derrière le comptoir, sans vampire à l'horizon. Pour un samedi, le café est très calme, voire trop calme. Maintenant que j'ai fini toutes mes tâches, il va bien falloir que je m'occupe sans client ! Mais c'est alors que la tempête Anita arrive, faisant voler des chiffons et tourner les quelques têtes sur son passage. C'est vrai que son tourbillon de couleurs vives et son afro parfaitement entretenu ne laisse pas indifférent. J'aimerais bien voir des photos d'elle jeune...
- Ma belle, ça t'ennuie si je ferme le café plus tôt ? Me demande gentiment la vieille dame.
Un peu surprise, je lui réponds qu'il n'y a aucun souci même si c'est inhabituel pour un samedi.
- Je sais bien, mais comme tu le vois, hormis ce vieux grognon de Joshua (celui-ci, se sentant concerner, tourne la tête en fronçant les sourcils à l'intention d'Anita), il n'y a personne. La journée a été longue, j'aurais voulu rentrer plus tôt exceptionnellement. Et il faut dire que tu as très bien travaillée cette semaine donc tu mérites d'aller t'amuser un peu ! S'exclame-t-elle.
Je ne prends pas la peine de lui demander plus d'explications et sur un hochement de tête, je pars me changer tandis qu'elle renvoie ce pauvre Joshua qui n'a rien demandé à personne. Heureusement qu'Anita est aimée de tout le monde, car sinon se serait la femme la plus détestable sur Terre.
***
La tête en bas, je finis de feuilleter un magasine beaucoup trop vieux pour être encore d'actualité. Il est seulement 18 heures mais je ne sais pas quoi faire. Après avoir mangé des sushis sur mon canapé vert devant un film Twilight, ma vie peut s'arrêter maintenant, je serai sereine. Mais comme ce n'est pas le cas, l'ennui m'a vite gagné et la flemme de regarder un autre épisode de la saga m'a attrapé pour me manger toute crue.
Pitié, si tu me manges met au moins de la sauce soja salé !
Harper m'a bien envoyé un message dans l'après-midi me disant de passer au club ce soir mais je ne sais pas si j'en ai réellement envie. Voir les filles ne me ferait pas de mal et me permettrait de mieux le connaître. Vu la semaine que je viens de passer, je pourrais m'accorder une petite sortie pour détendre mes muscles douloureux autour d'un verre. Mais d'un côté, je risque de revoir gareth à coup sur. Gareth qui est plus souvent dans les pensées que je le voudrais. Gareth qui change plus d'humeurs que quand j'ai mes règles. Mais Gareth qui est terriblement sexy, faut bien se l'avouer. Gareth. Gareth. Gareth. Plus je le répète dans ma tête et plus son prénom devient bizarre.
Après tout, ce n'est pas grand-chose. Je suis juste tombée sur lui, ce n'est pas grave. Nous n'avons pas fait des bébés devant toute la plage non plus !
Tant pis pour Robert, je décide de me préparer, dans l'objectif, bien sûr, de voir mes amies avant tout.
Et non de croiser Gareth.
Surtout pas.
Se serait mal me connaître.
***
C'est une heure plus tard que je me pointe au club, passant plus que facilement les vigiles que la première fois. Juste en montrant ma carte, c'est à peine s'ils l'ont regardé. Mon prénom a suffi, ce qui a eu le don, je l'avoue, de gonfler plus que nécessaire mon égo. Dis donc, je ne serais pas une super amie du patron maintenant ? Bien joué Eden, tu as un ami péter de thunes maintenant !
Le torse gonflé à bloc, je traverse le long couloir de graffitis qui me fascinent toujours autant. Les lumières sont dans les tons rosés et or ce soir, se reflétant parfaitement sur ma robe blanche en dentelle. Je prends le temps de regarder un peu mieux le couloir comme il n'y a pas grand monde dedans.
Hormis les grandes fresques multicolores, je remarque qu'il y'a quelques néons et des leds dissimulés pour que la lumière arrive de la grande salle jusqu'au couloir.
Aucune porte, juste des longs murs qui mènent à une seule pièce. Mais en m'approchant, c'est surtout un lieu de souvenirs que je découvre : entre les dessins, des centaines de mots plus ou moins longs, écrit de toutes couleurs, de tous stylos, retraçant le passage des clients. Plus je viens ici, plus je suis étonnée. On dirait plus une boite de nuit qu'une boite de striptease... C'est vraiment particulier.
Je constate en arrivant dans la grande salle que le club grouille de personnes contrairement au café. Même s'il n'y a personne dans le couloir, l'autre pièce est bondée. Des hommes comme des femmes de tout âge boivent et rient ensemble tout en observant les danseuses dénudées se donnant à fond sur scène. Je décide de rapidement prendre un verre au bar en me faufilant entre les personnes. Je remercie ma petite taille pour cette fonctionnalité appréciable.
Je passe ma commande auprès d'un homme blond d'une trentaine d'année que je n'ai pas vu à ma première apparition. Quelques minutes plus tard, celui-ci me tend un Manhattan qui m'a l'air plus que délicieux. Je sors de quoi payer quand il me stoppe directement, me dévorant de ses yeux bleus. Décidément, tout le monde à les yeux bleus dans cette ville ?
- C'est moi qui offre, crie-t-il presque pour que je l'entende par-dessus la musique et le monde. Va profiter du spectacle et n'hésite pas à venir me voir si jamais tu veux parler du beau temps.
Tout en m'adressant un clin d'œil, il repart auprès d'un homme impatient d'un verre de rhum. Les joues rougies, je retourne vers la scène tout en espérant voir mes amies et potentiellement leur expliquer que je viens de me faire draguer. Peut-être que ça vous étonnera, mais je n'ai jamais été draguée comme ça auparavant. Surtout venant d'un aussi bel homme...
Eden, tu divagues !
Cette fois personne ne me dérange quand je m'installe à une table — différente de la dernière en date. Les sourires ne cessent pas mais aucun homme ne fait le pas de venir m'aborder. L'ambiance est assez différente de la dernière fois, plus « familiale ». Les filles sont investies dans un gros show — sur terre et dans les airs —, les clients parlent entre eux et paraissent moins intéressés par la nudité. Certains spectateurs observent les stripteaeurs et stripteaseuses avec admiration, les regardant un verre à la main avec leurs maris. Sans mentir, l'ambiance me plait, plus que la dernière fois. C'est moins intéressé, plus accueillant et surtout ça me semble plus encadré — plus safe.
Malgré la lumière aveuglante qui tourne dans tous les sens, je remarque Courtney qui me fait un signe de la main puis me lance un baiser que je fais semblant d'attraper en riant. Elle finit par faire un grand écart incroyable en équilibre sur une barre de pole dance qui me fait éclater de rire. Je le reconnais : je n'ai pas cette souplesse et cette confiance en moi. Elle est incroyable.
***
Les minutes passent aussi rapidement que la journée qui s'est écoulée, surtout quand on observe les filles. Mais les verres descendent à une vitesse hallucinante aussi. Je décide de me lever pour aller commander au bar — sans tanguer —, espérant secrètement retomber sur ce mystérieux barman. Peut-être m'offrira-t-il plus qu'un verre au fil de la soirée ?
Je me lève donc, range proprement ma chaise et attrape mon verre vide. En me retournant, je percute un — encore — homme de plein fouet.
- Oh excusez moi ! je m'exclame sur le point de tomber en arrière à cause de l'alcool. Heureusement que mon verre était vide sinon...
L'homme éclate de rire et en relevant le nez, je me rends compte que je suis en face de Greyson. Même avec la vue trouble, je ne peux pas dire que cet homme est immonde. Sa carrure imposante et son sourire adorable le rendent assez attirant.
Ne glousse pas Eden. Ne glousse pas.
- No problem ma belle, dans tous les cas, rempli ou non, je ne t'en aurais pas voulu.
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