Chapitre 10

Pamela Anderson n'a qu'à bien se tenir !

Le soleil commence sérieusement à décliner tandis que nous marchons en silence dans le sable. Le coucher de soleil s'annonce magnifique mais je n'en dis rien à Gareth. Le silence qui plane entre nous commence à être pesant et l'envie de trouver mon chapeau pour m'enfuir avec, urgent.

-    Excuse-moi pour mes amis, déclare-t'il sans lever les yeux du sable qu'il observe à ses pieds. Ils peuvent être envahissants... Enfin surtout les filles, même si Greyson est pas mal dans son genre aussi. Au fond, ce sont de bonnes personnes juste un peu perdues dans leur vie pour la plupart.

C'est vrai que les filles sont assez drôles et n'ont pas la langue dans leur poche mais ça n'empêche en rien d'être de superbes personnes. Je suis heureuse de tous les rencontrer et qu'ils commencent à m'inclure dans leur petite bande.

-    Je ne les connais pas très bien mais tu n'as pas besoin de t'excuser pour eux. Je les aime déjà beaucoup et c'est plutôt à moi de vous remercier, je réplique après un petit silence. Depuis que je suis arrivée, c'est un peu compliqué.

-    Et pourquoi ça ? Me demande-t-il.

Je soupire doucement, relevant la tête pour observer les vaguelettes qui s'écrasent.

-    Eh bien, je sors un peu de nulle part et vous m'accueillez aussi gentiment... Je trouve juste que j'ai de la chance. Ce n'est pas habituel pour moi. Tout le monde est si gentil dans cette ville. Au café, les gens sont adorables et ne posent jamais de soucis, Anita est une patronne incroyable et les filles m'ont aidé naturellement quand j'étais pétrifiée face à ce mec... Je pense que je m'attendais à être déçue, que rien n'ait changé et en fait, tout est comme je l'ai espéré. Je ne sais pas si je mérite autant tout ça.

Je le vois hausser légèrement les épaules sans décoller ses yeux de ses pieds. Qu'ont-ils de si intéressant ? Peut-être qu'il a 6 doigts de pieds... ou des palmes ?

-    Tout ce que je voulais dire, c'est ne te fie pas aux rumeurs. Certes la ville est grande mais tout le monde se connaît. Les rumeurs, ça file, c'est transformé par les uns et les autres et surtout, ceux qui pensent que c'est la vérité ne sont que des idiots. Tu ne fais pas forcément attention à tout ça comme tu ne connais que les gens en surface mais ça parle beaucoup. Tu ne pourras pas te faire oublier si vite.

-    Je le sais, j'avais quelques à priori sur toi mais au final ce n'est pas fondé, confessé-je. En même temps, Anita n'a pas l'air d'être ta plus grande fan donc elle ne m'a pas mise sur la bonne voie.

Il daigne enfin relever la tête de son sable pour m'accorder un regard rieur.

-    Cette vieille peau d'Anita n'est pas ma meilleure amie, mais nous avons un certain respect et une entente silencieuse, avoue-t-il. Ça ne m'étonne pas qu'elle t'ait mis en garde contre moi. Pour elle je suis le monstre Gareth, accro aux petites fesses et culottes s'il y en a, mais qui lui fait les meilleurs mojitos de la ville. J'ai peut-être mes défauts, mais elle aussi. Je ne t'apprends sûrement rien en disant ça, mais elle raffole de ces ragots. Donc son avis est souvent... infondé. Je te mets aussi en garde contre elle, si elle l'a fait pour moi.

-    Il n'y a pas qu'elle a vrai dire. C'est vrai qu'elle a pu m'en parler, ou que son comportement au café révèle un peu ce qu'elle pense de toi mais... Je t'ai quand même jugé trop vite. Je ne pensais pas que tu étais juste barman. Ça ne m'aurait pas étonné que tu ailles renifler des petites culottes tous les soirs.

Il hausse les sourcils, et me regarde en attente d'une explication. Mal à l'aise, je me prends l'arrière de la nuque à deux mains.

-    Eh bien, quand j'ai appris que c'était un club de striptease, j'ai juste cru que tu y allais tous les jours pour...observer. Et ton comportement envers moi a toujours été froid, même tout à l'heure. Tu n'es pas vraiment loquace. Donc rien qui ne puisse contredire mes a priori.

A mon grand étonnement, il se met à rire. Un rire franc et incontrôlable, faisant vibrer la moindre de mes cellules. Séchant une larme qui perle au coin de son œil, il me répond.

-    Je ne te déteste pas tu sais ? Oui je ne parle pas beaucoup aux gens que je ne connais pas et encore moins quand elles sont empotées. Mais ça ne veut pas dire que je ne t'apprécie pas. Et pour répondre à ce que tu as dis plus tôt, je ne renifle pas les petites culottes ; ni en général, ni celles de mes collègues.

Je hoche la tête plusieurs fois, comme pour me convaincre seule de ses paroles. Savoir qu'il ne me déteste pas est un bon point, surtout si je continue à traîner avec ses amis. Seulement ses changements de comportements me perturbent un peu. Il passe trop facilement de « je-te-hais-plus-que-tout-pars-avant-que-je-ne-t'écrase-à-une-main » à « on-rigole-on-rigole-mais-le-bisounours-c'est-moi ». Néanmoins, ses aveux me rassurent plus qu'ils ne me perturbent. Repartir sur de bonnes bases et toujours un bon point, peut-être que la mini guerre que nous nous sommes lancées pourra avoir enfin une fin.

-    Et donc...Tu es barman. Depuis un moment ou pas longtemps ? Je lui demande pour changer de sujet.

-    Ça fait un petit moment maintenant. J'ai rencontré Greyson, il m'a proposé le boulot et j'ai appris sur le tas comme beaucoup. Les filles m'ont adopté, il faut dire qu'elles savent y faire pour t'embarquer dans leur monde. Et leur monde est devenu mon quotidien. Et toi ? Enfin je veux dire, le café, c'est venu comment ?

-    Je me baladais, j'ai vu l'annonce et j'ai rencontré Anita. Aussi simple que ça. Une Française qui débarque en recherche d'un job, je ne pensais pas m'en sortir aussi facilement. Anita m'a directement prise et j'en suis là maintenant. Je lui dois beaucoup, j'ai eu la chance de ma vie. J'en viens à penser que le rêve américain existe vraiment.

Il hoche la tête à son tour et nous poursuivons les quelques mètres qui nous séparent du chapeau en silence. L'avantage, c'est qu'on le voit de loin. Le désavantage, c'est qu'il n'est pas très loin donc la balade les pieds dans l'eau ne dure pas longtemps.

Quand il n'est plus très loin, je pars le récupérer. Il allait finir de justesse dans l'eau avec la marée montante. Je le lève en l'air, montrant à Gareth mon superbe trophée.

Un peu plus loin dans l'eau, une sorte d'étoile de mer d'une étrange couleur est posée contre le sable. Remontant ma robe, je m'aventure dans l'eau pour récupérer ce petit être intriguant. Rose avec 5 bras, la petite étoile semble tout droit sortie d'un film de dessin animée sans les yeux qui vont avec. Je me retourne pour montrer ma trouvaille à Gareth quand une vague ayant éclatée un peu plus loin me trempe tout le corps. Bon sang ! Il n'y a plus de vagues depuis une heure !

Abasourdie et pleine de sel, je vois Gareth au sec commencer à se moquer de moi ouvertement. Folle de rage, je m'approche au maximum et donne un coup de pied dans l'eau, dans l'objectif de tremper l'homme en face de moi.

Cible atteinte chef.

Quand nos regards se croisent, lui trempé et moi morte de rire, je comprends qu'il va falloir que je coure très vite. Lançant l'étoile de mer dans l'eau, je pars à droite pour éviter Gareth qui commence une course poursuite effrénée. Or s'il y a une chose que j'ai pu apprendre sur moi en cours de sport : 1- je déteste courir, 2- je ne cours vraiment mais alors vraiment pas vite.

En même pas 5 secondes de sprint, Gareth finit par me rattraper sur la plage, m'entourant de ses 2 bras pour m'arrêter.

Et là, vous voyez les films à l'eau de rose où quelqu'un trébuche, faisant tomber les deux à la reverse dans le sable tandis qu'il y a un magnifique coucher de soleil ? C'est ce qu'il s'est passé. Gareth a perdu l'équilibre, m'entraînant dans sa chute. Je me retrouve sur lui pendant qu'il git sur le dos, un énorme blanc qui s'installe tandis qu'on s'observe en silence, nos respirations haletantes à l'unisson.

Ses yeux bleus se posent sur mes lèvres et ma tête me hurle de réagir avant que l'on ne nous voie.

Mais Gareth est le premier à réagir, l'air gêné, m'incitant à me relever pour qu'il se relève. Je roule sur le côté pour qu'il se relève, puis il m'aide à en faire de même.

Nous dépoussiérons nos vêtements pour ne pas affronter nos regards, tellement la situation est digne d'une comédie romantique.

-    Bon, j'ai des serviettes à la voiture, allons-y, déclare-t-il.

J'approuve d'un mouvement de tête, et nous nous dirigeons vers le parking, mon beau chapeau rose trempé à la main.

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