5 / Nirvana

Dans moins d'une demi-heure, nous ouvrons le club. Les filles sont déjà dans les vestiaires et Tom est posté à l'entrée.

Derrière le bar avec Rid, je nettoie les derniers verres avec nervosité. Elle devrait arriver d'une seconde à l'autre. J'y ai encore pensé toute la nuit. Ma décision est prise, j'ai envie de jouer avec elle, la pousser à bout, et la déstabiliser afin de finir en elle. Les commentaires de Kays à son propos me mettent en rogne, la compétition ainsi que le besoin de l'avoir avant lui m'enragent. Rien de plus. Storm peut me dire ce qu'il veut, j'ai juste envie de la baiser. Elle sera mon prochain plan cul. Une fois mon envie assouvie, je passerai à autre chose. K pourra même se la faire, puis s'en vanter, ça ne me fera plus rien.

La porte d'entrée claque, ce qui me sort de mes pensées. Savanah. Elle se dirige droit vers nous, contourne le bar et nous rejoint.

— Salut, Riddle.

— Salut, lâche mon pote en lui claquant une bise.

Un truc cloche. Au-delà du fait que même cet enfoiré au sourire à la con veut se la cogner, quelque chose ne va pas.

— Nirvana.

Son parfum...

— Bon, je commence par quoi, ce soir ?

Le rictus qu'elle essaie d'afficher ne me trompe pas, elle a l'air préoccupée. Hier encore, elle l'aurait rembarré pour sa bise, mais ce n'est pas mon problème. Moi, tout ce que je veux, c'est ce qui se trouve entre ses cuisses. Ses états d'âme ne m'intéressent pas.

— On a déjà tout préparé avec Rid. Il t'expliquera pour le reste. Après tout, monsieur est un pro des cocktails. Je vous laisse, si besoin, je ne serai pas loin.

Il me lance un regard complice et je sais à quoi il pense. Il aime faire les cocktails, surtout le Molotov.

La soirée se passe tranquillement. Kays a mis du son, les filles frottent les barres sensuellement afin d'enchaîner les pourboires. Storm et moi surveillons les clients qui bavent devant le cul de nos danseuses et Rid, qui me fait signe, est toujours au bar avec Savanah. Mis à part pour servir les consommateurs, elle ne s'est quasiment pas déridée depuis son arrivée.

— Il nous faut des bouteilles, Nir.

— OK, je vais en réserve.

Une fois les bras chargés, je retourne au bar et il me débarrasse de mon fardeau. La barmaid est dos à moi, ses cheveux remontés en queue de cheval, un foulard autour du cou. J'ai envie de la surprendre afin de lui changer les idées. J'ai du mal à l'admettre, mais son sourire sincère et provocateur me manque. Je m'approche, puis dépose mes lèvres sous son oreille en inspirant profondément. Elle fait volte-face en me repoussant. Son petit froncement de sourcils ne la rend que plus attirante, néanmoins ses yeux jade me transpercent. Si, à cet instant, elle avait pu me fusiller, elle l'aurait fait sans hésiter.

— Ne recommence jamais !

Elle se détourne sans rien ajouter et continue de nettoyer nerveusement le comptoir. Moi, je plane. Elle vient de me griller les neurones avec son parfum d'une sensualité démoniaque. Mon sexe enfle dans mon jean, réduisant l'espace disponible. Putain, elle me rend dingue avec son sale caractère depuis quinze jours. J'inspire profondément. Si je pouvais, je la prendrais là, contre le bar. Nir, ce n'est pas en pensant à de telles choses que ta queue va se ramollir, mec ! Je saisis un verre d'eau glacée et l'avale d'un trait. Tout en essayant de calmer mes ardeurs, je jette un coup d'œil à Savanah. Elle écarte légèrement son foulard en grimaçant. La vision des marques violacées qui se dessinent sur son cou me fait instantanément l'effet d'une douche froide. C'est quoi, ce bordel ? D'une, je ne bande plus, de deux, elle n'avait pas ça samedi et de trois, je sens la colère m'envahir.

— Riddle, je peux prendre une pause ?

— Vas-y, Sav, c'est presque l'heure de la fermeture et tu n'en as pas pris une seule.

— Merci.

Avant qu'elle ne sorte de derrière le bar, je lui saisis doucement le poignet. Elle se retourne et son regard plonge dans le mien. Si la colère n'envahissait pas tout mon être, j'aurais souri devant ce petit visage énervé.

— Quoi, encore ? Tu veux me rouler une pelle maintenant ?

Sa remarque et le ton qu'elle emploie m'agacent. Mes doigts se resserrent.

— Te culbuter serait le mot exact.

D'un geste vif, elle se dégage de mon emprise. Aucun son ne s'échappe de ses lèvres pulpeuses, mais ses yeux parlent d'eux-mêmes. Ses prunelles ont beau être menaçantes, je sais que je viens de la blesser. Alors qu'elle se dirige vers les sanitaires, je reste là, comme un abruti. Je passe les mains dans mes cheveux et sur mon visage. Je voulais seulement savoir si elle allait bien et, si possible, connaître la cause de ces hématomes. Alors, pourquoi lui ai-je balancé cette connerie ? Peut-être parce que Rid lui a donné un petit surnom, ou parce qu'elle est froide avec moi, peut-être parce que je suis un véritable imbécile qui ne gère pas ses émotions quand il s'agit d'elle ! J'ai déconné.

— Un problème, vieux ?

— J'en sais rien, Rid.

— Vas-y mollo avec Sav, elle est cool et pas vraiment en forme ce soir.

— Depuis quand tu l'appelles comme ça ?

— Joue pas au con avec moi.

Il est à deux doigts de m'en coller une pour me remettre les idées en place.

— Excuse-moi, j'ai merdé, j'irai la voir.

— Je préfère ça. Casse-toi de mon bar, maintenant.

Même si on ne fait que baiser, nous respectons les femmes. Ce sont elles qui nous donnent le feu vert. On propose, elles disposent. Rid a entendu mes propos et ça ne lui a pas plu. Je me dirige vers Kays toujours derrière les platines et son PC.

— Hé.

— Nir, ça va ?

— Dis-moi, Savanah a un mec ?

— Pas à ma connaissance, ironise-t-il en souriant, pourquoi ?

— Pour rien.

— Mec ou pas, je vais la mettre dans mon pieu !

Trop absorbé par les hypothèses qui naissent dans mon esprit, je ne relève pas son allusion. Je ne vois qu'une seule chose qui aurait pu laisser de telles marques.

Savanah...

Dans un quart d'heure, le club sera fermé. Je me ferai alors pardonner et j'aurai une explication avec elle. Je jure que si ce n'est pas accidentel, le connard qui l'a touchée ne sera plus de ce monde.

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