2 / Savanah

Je sors du club, un léger sourire sur les lèvres. Quelle bande d'obsédés ! Ils pensent sans doute qu'avec leurs physiques d'Apollon et leurs airs de mauvais garçons, toutes les femmes sont à leurs pieds ? Erreur, Messieurs, ce n'est pas ma tasse de thé.

Le soleil m'éblouit. La chaleur caresse ma peau. Un temps superbe pour tracer sa route, libre, à pleine vitesse. J'enfourche ma moto, enfile ma veste ainsi que mon sac à dos. Bon, pour ce job, c'est loupé. Dommage, ça m'aurait changé les idées, sans compter sur le fait que ce Nirvana était plutôt agréable à regarder. Je l'ai remarqué dès mon arrivée sur ce parking. Grand, cheveux noirs, mâchoire carrée, bras musclés, mais pas à outrance. Un véritable fantasme sur pattes. Pourtant, ce qui m'a le plus attirée reste le bleu électrique de ses yeux. Il a un charme fou et sent le sexe à plein nez.

Je soupire, il est à tomber. Ça fait un bail qu'un homme ne m'a pas bousculée émotionnellement. Seul problème, vu notre entretien, il doit coucher avec toutes ses danseuses et ce n'est pas mon délire. Je m'apprête à mettre mon casque quand la porte du club s'ouvre. Elle claque contre le mur. Quand on parle du loup. Il se stoppe net en me voyant. Sur son visage, le stress fait place au soulagement.

— Attends, dit-il en s'approchant, déterminé. Si tu es toujours d'accord, tu as le poste de barmaid.

Tout en le fixant, je pose mon casque devant moi.

— Qu'est-ce qui vous a subitement fait changer d'avis ?

Ma question le surprend et, du bout des doigts, il ébouriffe ses cheveux. Mon cœur s'emballe. Dans le moindre de ses mouvements, il a un sex-appeal de dingue.

— Kays est vraiment con. Il nous faut absolument quelqu'un. Avec du caractère, c'est encore mieux.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que c'est une demi-vérité. Préférant partir afin d'éviter une perte de temps supplémentaire, je saisis les poignées de ma MV pour la reculer. Il pose sa main sur la mienne. Un frisson parcourt mon corps et la chair de poule m'envahit de la même façon qu'à notre premier contact. Légèrement troublée, je me soustrais à sa paume.

— Je t'en prie, juste un essai. Et si ça te tente... reste.

Il me regarde droit dans les yeux. Mon Dieu. Je pense qu'il ne fait pas seulement allusion au poste. Je gifle mes pensées. Ressaisis-toi, Savanah ! Ne lui facilite pas la tâche ! Souriant malicieusement tout en inclinant la tête sur le côté, je le scrute. La chaleur ambiante augmente de quelques degrés et, après une longue minute à le détailler, je replonge dans ses iris bleus.

— OK, pourquoi ne pas se laisser tenter, alors ?

Un sourire apparaît au coin de ses lèvres si alléchantes, et je lutte pour garder toute ma contenance.

— Est-ce que tu as un moment pour le contrat, et faire le tour des lieux ?

— Oui. J'ai toute la journée.

Je stationne ma moto avant de le suivre à l'intérieur. Les gars affichent une mine étonnée. Nirvana a-t-il pris cette décision seul ? Ou sont-ils tout simplement surpris que j'aie accepté de revenir ? Aucune idée. Nous nous installons autour d'une table où Storm me propose un verre que je refuse. Tout aussi grand et bien bâti que Nirvana, il est des plus charmants. Ses cheveux sont châtain foncé. Ses yeux gris, à la fois perçants et réconfortants. Il s'éclipse un instant, puis me tend un feuillet.

— Voilà le contrat.

Sous leurs œillades impatientes, je le vérifie avec minutie. Chaque paragraphe y passe, et je me délecte de leur empressement plus que palpable. Une fois satisfaite, je me redresse en souriant.

— OK, tout à l'air clean, cependant il y a encore une chose qui me tracasse.

Sans dire un mot, ils attendent la suite.

— Petite mise au point. Ce corps n'appartient qu'à moi. Ni mes patrons ni les clients de ce pub ne me tripoteront. Je ne montrerai mon cul à personne. Je ne baise pas et n'accorde aucune faveur sexuelle. À moins de l'avoir décidé moi-même, j'exulte. Pour la prochaine embauche, vous devriez penser à une clause supplémentaire.

Je crois qu'ils sont à deux doigts de s'étouffer avec leur propre salive. Surtout Riddle, le blondinet aux yeux noisette avec son bouc parfaitement dessiné. Kays sourit avec son air d'obsédé et son regard vert que sa peau métissée fait ressortir.

— J'aime les challenges, ma belle. C'est d'autant plus excitant, me lance ce dernier avec une pointe de désir non feinte.

Nirvana, visiblement crispé, lui jette un regard en coin. Le rigolo se met à rire et Storm lui donne une tape sur la nuque.

— Pas de soucis, je prends note pour ce nouvel alinéa. Désolé pour Simplet, c'est un vrai pervers. Au moins, il te plonge directement dans l'ambiance, alors tu sais à quoi t'attendre.

— Pas de problème, j'en ai vu d'autres et, comme on dit, l'espoir fait vivre, Kays.

Il m'envoie un baiser. Quel guignol ! J'en sourirais presque. Storm se lève, puis se dirige vers ce qui doit être les locaux privés avec, entre ses mains, le contrat signé.

— Je te fais faire le tour du proprio ? m'interpelle nerveusement Nirvana.

— Allons-y avant que quelqu'un fonde d'envie et perde la vue.

Je suis le grand brun à travers le club. La salle principale, les toilettes, l'arrière-scène, le bar, les issues de secours, les locaux privés... j'ai droit au topo complet. Pour finir, nous arrivons dans une pièce très spacieuse.

— C'est mon bureau, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à te servir. Un coup de téléphone ou autre, termine-t-il presque dans un murmure.

L'ambiance est très masculine, néanmoins tout est rangé au millimètre près et, comme lui, cet espace est une tentation, un appel au sexe. Mobilier en bois sombre, cuir noir, tons bordeaux. Il ne manque plus qu'un lit, enfin... la méridienne a dû être utilisée plus d'une fois ! Une grande vitre pourvue de stores donne sur la piste de danse en contrebas. Je fais le tour en m'attardant sur chaque détail. J'effleure du bout des doigts son secrétaire quand mon regard se pose sur une boîte de préservatifs ! Là, c'est clair, je me trouve en plein dans sa garçonnière. Au moins, il se protège. J'attrape une capote et le regarde droit dans les yeux.

— Tu permets ? Ça pourra toujours me servir.

Je la glisse dans ma poche arrière. Il passe une main dans ses cheveux. Décidément, je dois vraiment le mettre mal à l'aise, mais j'aime ça.

— Oui, en effet. C'est toujours utile d'en avoir sous la main.

Il y a de l'électricité dans l'air, il m'attire.

— Ton antre est bien décoré, je ne m'attendais pas à ça.

— C'est un peu comme ma deuxième maison. On passe pas mal de temps ici, alors, autant y être bien installé.

— Tu m'étonnes... Bon, je pense que les gars nous attendent, on devrait y aller.

Bien installé. Tu parles. Surtout de quoi se détendre en se tapant n'importe qui, n'importe quand. Je me contenterai de le reluquer, ce genre de bad boy n'est malheureusement pas fait pour se satisfaire d'une seule femme.

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